Copenhague : polémique autour de l'euthanasie d'une girafe

Re: Copenhague : polémique autour de l'euthanasie d'une gira

Messagepar bastet_75 » Jeudi 20 Février 2014 10:29

okapi a écrit:Elle est réaliste, certes, mais elle suggère aussi quelque chose d'intéressant: le Muséum qui élève des girafes possède des outils pour maîtriser la plupart des situations liées à cet élevage. En revanche, selon le directeur, peut-être Copenhague n'est-il pas équipé de la même manière pour ce même type d'élevage. Il y a là un beau problème de fond: si pour certaines espèces les installations requièrent un équipement spécifique et complexe, l'EAZA ne devrait-elle pas être sûre que les zoos concernés sont bien à même de remplir ces conditions avant de valider les placements? J'imagine que ça ne concerne que peu d'espèces, mais dans ce cas précis, il y a peut-être un cas d'école à cerner pour le futur.



Attention, Le muséum vient d'acquérir ces modes de contention, d'élevage, et de soin, qui nous viennent tout droit des USA et sont arrivées au Zoo de Paris pour l'ouverture dans le but de mettre le parc à la pointe de la technologie en matière de l'élevage de girafes. C'est un équipement couteux et qui n'est pas encore répandu en Europe. Il me semble qu'ils en ont parlé sur E=M6, et que c'est en partie ce à quoi il fait référence.
bastet_75
 
Messages: 1789
Enregistré le: Jeudi 05 Décembre 2013 10:51
Localisation: Ile de France

Re: Copenhague : polémique autour de l'euthanasie d'une gira

Messagepar Dips » Jeudi 20 Février 2014 12:06

Paris évoque aussi la consanguinité, ce que Sigean exclue de son discours...
Pour l'équipement de Paris, c'est effectivement un équipement à la pointe, rare (voire unique ?) en Europe !
Dips
 
Messages: 402
Enregistré le: Mardi 01 Septembre 2009 8:24

Re: Copenhague : polémique autour de l'euthanasie d'une gira

Messagepar Antoine » Mardi 25 Mars 2014 18:39

Et ça continue :evil: :

"Le zoo danois qui avait abattu un girafon récidive avec des lionceaux

Tristement célèbre pour avoir non seulement abattu un girafon, mais pour l'avoir dépecé devant des enfants, le zoo de Copenhague risque de s'attirer à nouveau la colère des défenseurs des droits des animaux après avoir mis fin aux jours de deux lions et deux lionceaux.
Les responsables du zoo expliquent que les deux animaux âgés ont été abattus « en raison du comportement (…) naturel des lions » après que personne n'a voulu les récupérer. Les deux lionceaux, âgés de 10 mois, ont été euthanasiés car « ils n'étaient pas assez vieux pour se débrouiller seuls ».
Dans quelques jours, un nouveau mâle sera en effet présenté aux deux lionnes nées en 2012 dans le zoo, aujourd'hui en âge de se reproduire. « [Les lionceaux] auraient été tués par le nouveau mâle dès qu'il en aurait eu la possibilité », ont-ils souligné pour justifier leur décision.
A la différence du girafon Marius, il n'y a pas eu cette fois-ci de dissection en public car « tous nos animaux ne sont pas découpés » devant les visiteurs, ont-ils souligné.

PATRIMOINE GÉNÉTIQUE DÉFICIENT
La décision de tuer le girafon de 1 an et demi, début février, avait fait scandale et révolté des internautes du monde entier. Malgré de nombreuses manifestations de soutien, l'animal avait été exécuté avec un pistolet d'abattage, avant une autopsie à laquelle ont assisté des visiteurs, dont des enfants. Il a fini dépecé devant les caméras des médias danois, pour nourrir les fauves, car il ne présentait pas un patrimoine génétique suffisamment original.
Le zoo avait défendu sa décision en expliquant qu'il participe à un programme de l'Association européenne des zoos et des aquariums (EAZA) pour éviter la consanguinité entre girafes. En vertu de ce programme, les gènes de Marius avaient été jugés trop peu originaux pour lui permettre de se reproduire dans son zoo ou dans un autre du réseau de l'EAZA.
Cette position avait été intégralement soutenue par l'EAZA, qui compte 347 établissements zoologiques dans 41 pays, et gère des programmes d'élevage, appelés Programmes européens pour les espèces en danger (EEP), instaurés en 1985."


Source : http://www.lemonde.fr/planete/article/2 ... _3244.html
Antoine
 
Messages: 2977
Enregistré le: Samedi 27 Janvier 2007 18:13
Localisation: POITIERS

Re: Copenhague : polémique autour de l'euthanasie d'une gira

Messagepar bastet_75 » Mardi 25 Mars 2014 19:30

Dans ce cas une EEP bien gérée n'aurait- elle pas retardé l'arrivée du nouveau mâle ou tout simplement pas reproduit les lions ?
bastet_75
 
Messages: 1789
Enregistré le: Jeudi 05 Décembre 2013 10:51
Localisation: Ile de France

Re: Copenhague : polémique autour de l'euthanasie d'une gira

Messagepar Panda21 » Mardi 25 Mars 2014 19:51

Ils ont vraiment un grain les responsables de ce zoo, s'ils ne savent pas gérer leur collection qu'ils changent de boulot...
Panda21
 
Messages: 2152
Enregistré le: Mercredi 15 Avril 2009 20:19

Re: Copenhague : polémique autour de l'euthanasie d'une gira

Messagepar didier » Mardi 25 Mars 2014 20:01

Il me semble que seuls les lions d'Asie sont en E.E.P. , je ne crois pas que Copenhague en présente ? :roll:
En France , la liberté d'expression est un principe intangible, c'est sur cette base que toute personne peut librement émettre une opinion, positive ou négative, sur un sujet mais aussi sur une personne physique ou morale, une institution .
didier
 
Messages: 15732
Enregistré le: Samedi 13 Août 2005 10:28
Localisation: charenton-le-pont

Re: Copenhague : polémique autour de l'euthanasie d'une gira

Messagepar Antoine6259 » Mardi 25 Mars 2014 20:21

Je crois que c'est une mentalité Danoise. Un ami me disait avoir visité il y a quelques années un zoo de ce pays (mais il pense que ce n'était pas à Copenhague, je ne sais plus quels sont les autres zoos connus là-bas ?) et il avait vu un sondage "original" : Un panneau expliquait que le parc ne pouvait reproduire les lions à l'infini, et les visiteurs devaient donc voter pour la castration du mâle... ou pour l'euthanasie des petits !
Antoine6259
 
Messages: 5792
Enregistré le: Dimanche 16 Décembre 2007 13:53

Re: Copenhague : polémique autour de l'euthanasie d'une gira

Messagepar raphaël » Mardi 25 Mars 2014 21:56

Panda21 a écrit:Ils ont vraiment un grain les responsables de ce zoo, s'ils ne savent pas gérer leur collection qu'ils changent de boulot...


Ils savent gérer, sauf que pour eux, la gestion passe par l'euthanasie.
C'est un concept qui nous parait totalement irréaliste, mais qui a ses défenseurs, y compris dans nos zoos français. Il ne faut pas croire que Marius puis ces lionceaux sont des "accidents". C'est la procédure systématique.
Les animaux des zoos sont les ambassadeurs de leurs cousins sauvages. (Pierre Gay)
raphaël
 
Messages: 7204
Enregistré le: Mercredi 10 Août 2005 15:24
Localisation: gironde

Re: Copenhague : polémique autour de l'euthanasie d'une gira

Messagepar Philippe » Mercredi 26 Mars 2014 15:43

« Un zoo n'est pas la SPA »

Les responsables du zoo de Copenhague sont-ils devenus fous ? Après avoir scandalisé les défenseurs des animaux, début février, en abattant un girafon d'un an et demi en parfaite santé au motif qu'il ne présentait pas un patrimoine génétique suffisamment original, ils ont euthanasié, lundi 24 mars, deux lions adultes et deux lionceaux âgés de 10 mois.

La raison de cet acte radical ? Dans quelques jours, un nouveau mâle doit être présenté aux deux lionnes nées en 2012 dans ce zoo, qui ont atteint aujourd'hui l'âge de se reproduire. Les lions adultes étaient devenus vieux, et «les lionceaux auraient été tués par le nouveau mâle dès qu'il en aurait eu la possibilité », ont expliqué les responsables du zoo pour justifier leur décision. Or, semble-t-il, aucun établissement n'a souhaité récupérer les quatre lions, ni même les deux lionceaux. Ceux-ci ne pouvaient donc que trouver la mort.

Traitement indigne ? Remède pire que le mal, quand on sait que pour toutes ces espèces, le nombre d'individus en liberté est désormais compté ? Au sein même de l'Association européenne des zoos et des aquariums (EAZA), qui regroupe 347 établissements zoologiques dans 41 pays (dont certains hors d'Europe), le sujet fait débat.

Colomba de La Panouse-Turnbull, directrice générale déléguée du parc et château de Thoiry (Yvelines),établissement privé membre de l'EAZA, analyse ces pratiques.

Comment réagissez-vous aux nouvelles euthanasies effectuées au zoo de Copenhague ?

Elles m'interpellent. Compte tenu des difficultés que rencontrent les zoos pour gérer leurs groupes de lions, cette décision peut tout à fait se concevoir sur le plan rationnel et scientifique. Dans un zoo français, cela provoquerait un tollé. Mais le public danois est très différent du nôtre : c'est un peuple de fermiers, qui a une vision extrêmement rurale de la gestion des populations animales. De la même manière que les corridas ou la consommation de foie gras sont acceptées, globalement, par l'opinion française – ce qui est inimaginable dans les pays du Nord –, le zoo de Copenhague pratique depuis des années des euthanasies sur ses animaux en surnombre, et cela ne choque pas son public.

Mais la mort du girafon Marius a suscité beaucoup d'émotion dans d'autres pays, émotion qu'il aurait fallu prendre en compte. Il y a peut-être là un manque de discernement. Nous avons, certes, un rôle pédagogique qui consiste à ne pas présenter la nature comme étant un monde de Bisounours. Mais nous sommes obligés de nous adapter à notre public, et de prendre sa sensibilité en compte — même si elle est irrationnelle. Comment gérer ces différences de point de vue culturel dans une association comme l'EAZA ? C'est très compliqué…

Comment se fait-il qu'on n'ait trouvé aucun endroit pour accueillir ces lionceaux ?

On ne forme pas un groupe de lions au hasard ! Il est très difficile de garder plusieurs mâles au sein d'un groupe avec des femelles, car ils entrent en concurrence les uns avec les autres. Pour vous donner un exemple : à Thoiry, nous avons castré trois jeunes lions mâles que nous ne souhaitions pas voir se reproduire. Dans un premier temps, nous avons réussi à les maintenir dans le groupe dont ils étaient issus. Mais à l'automne dernier, il nous a fallu euthanasier notre vieux lion, arthritique et en grave insuffisance rénale. On a alors fait venir un nouveau mâle, dont l'introduction dans le groupe avec les femelles s'est bien passée. Mais ce nouveau venu n'a jamais pu s'entendre avec les trois jeunes mâles castrés, que nous avons du mettre dans un enclos séparé. C'était possible, car à Thoiry, nous avons de l'espace. Mais nous n'aurions eu aucune chance de placer ces trois mâles dans un autre établissement, puisque personne ne peut les introduire dans un groupe constitué.

Les zoos sont-ils victimes du succès de leurs programmes de reproduction ?

Les parcs zoologiques sont devenus tellement experts en reproduction que ce problème de surpopulation, c'est vrai, risque de survenir de plus en plus fréquemment. Mais nous n'avons pas le choix. Les programmes européens pour les espèces en danger (EEP) que nous menons sous l'égide de l'EAZA, et que soutient l'UICN (Union internationale pour la conservation de la nature), concernent des espèces qu'il n'est pas forcément possible de réintroduire aujourd'hui dans la nature, mais qui le seront peut-être dans dix ou vingt ans, ce qui implique qu'on garde en captivité des populations de secours viables.

Nous sommes donc tenus de continuer à reproduire ces animaux, mais la gestion de leurs populations pose parfois un cas de conscience terrible. Entre l'obligation morale que nous avons d'assurer la viabilité d'une population à long terme, celle de veiller au bien-être des animaux et la prise en compte de la sensibilité du public, nous nous retrouvons avec des objectifs qui ne sont pas forcément compatibles. Pour résoudre ces contradictions, il faudrait pouvoir agrandir l'espace des parcs zoologiques, ou créer des réserves spécifiquement dédiées à la gestion de ces populations. Mais ce projet n'est absolument pas dans les plans des gouvernements européens...

L'euthanasie du girafon Marius, début février, par ce même zoo de Copenhague, met en lumière une partie de ces contradictions. Pouvons-nous y revenir ?

Sur un plan totalement rationnel, on ne peut pas condamner ce qui s'est passé pour le girafon Marius à Copenhague. Le problème se situe sur un plan affectif, et sur ce plan-là, je l'ai dit, il y a une énorme différence de perception entre les pays du nord de l'Europe et les pays latins.

A Thoiry, nous ne pratiquons l'euthanasie qu'en dernier recours. Mais les girafes, en terme de populations captives, posent un vrai problème. Sachant qu'il est très difficile de faire coexister plusieurs mâles dans un groupe reproductif avec des femelles (car ils se battent), que faire du surplus de mâles ? En Europe, 41 parcs possèdent déjà des groupes unisexes de girafes mâles. Mais chaque fois que vous utilisez de la place pour garder un groupe unisexe, c'est autant de reproduction que vous ne pouvez pas faire.

Marius était une girafe réticulée, une des sept sous-espèces de girafes existant dans le monde. Cette sous-espèce, très menacée dans son milieu naturel, bénéficie d'un programme EEP. On a beaucoup entendu parler de la mort de Marius, mais ce qu'on a moins dit, c'est que la contribution du zoo de Copenhague à cet EEP et à la sauvegarde de cette sous-espèce a été considérable. Avant tout le monde, mieux que tout le monde, ce zoo a su la reproduire en captivité. Sur les 128 girafes réticulées que l'on compte en Europe – ce qui n'est pas beaucoup –, 69 sont nées à Copenhague. Sur ces 69 girafons, il y avait 33 femelles et 36 mâles. Ils ont réussi à placer 35 mâles dans d'autres zoos membres de l'EAZA. Marius était le 36e.

Mais pourquoi l'avoir fait naître, si c'était pour ensuite devoir le tuer ?

Parce qu'on ne peut pas savoir avant la mise bas si une girafe pleine va avoir un mâle ou une femelle. Dans le cas des girafes réticulées de Copenhague, il était intéressant, en termes génétiques, d'obtenir une femelle. Marius ayant déjà un frère, il était en revanche gênant d'avoir un mâle, pour des raisons de consanguinité. La consanguinité n'est pas un problème chez les reptiles, ni chez les invertébrés. Mais chez les mammifères, elle constitue une réelle menace à la survie des populations.

Pour éviter cette consanguinité, l'EAZA a donc édicté des règles très strictes. Celles-ci indiquent le nombre et le type d'individus d'une même espèce que chaque zoo peut posséder, ceux qui peuvent se reproduire et ceux qui ne le peuvent pas. Elles précisent également que les zoos n'ont pas le droit de vendre ni de céder leurs animaux à des établissements qui ne seraient pas membres de l'EAZA. Dès lors, que fallait-il faire de Marius ? Un parc zoologique en Angleterre a proposé de le prendre, mais c'était précisément là qu'était son frère, et le comité coordinateur de l'EEP n'y était pas favorable. Un autre parc, en Suède, s'est déclaré prêt à le recevoir, mais il n'avait pas les installations requises. Il y avait enfin un milliardaire danois vivant aux Etats-Unis, qui voulait bien le prendre dans son jardin en Californie… Selon les critères de bien-être animal de l'EAZA, cette solution était hors de question.

Quoi faire, donc? Un zoo n'est pas la SPA : il n'a pas pour vocation de préserver chaque individu, mais de conserver l'espèce et sa diversité génétique. Posons-nous la question : vaut-il mieux privilégier le bien-être d'un animal quand il est vivant ? Ou privilégier un maximum d'animaux coûte que coûte – avec les problèmes d'inconfort et de mal-être que génère pour eux la surpopulation ? Cela dit, que ce soit au zoo de Copenhague ou ailleurs, personne ne prend plaisir à euthanasier un animal.

Pourquoi avoir attendu – comme pour les lionceaux de 10 mois – que ce girafon ait un an et demi pour l'abattre ?

On aborde là une autre question, sur laquelle tout le monde ne s'accorde pas. A Thoiry, si nous devons euthanasier un animal, nous le faisons à la naissance, avant qu'aucune relation affective ne se noue avec lui. Mais si on s'en tient à une logique purement biologique, le raisonnement du zoo de Copenhague est valable. Pour ses responsables, l'attitude la plus éthique consiste à préserver le bien-être animal coûte que coûte. Cela veut dire qu'on laisse la mère élever son petit, parce que cela contribue à sa qualité de vie. Cela veut dire aussi que le petit, jusqu'à sa mort, a été heureux avec sa mère... Par ailleurs, l'abattage est une méthode qui, si elle est correctement appliquée (et on parle ici de professionnels qui ne ratent pas leur coup), ne fait pas souffrir l'animal. Marius était en train de manger, il ne savait pas qu'il allait mourir, il n'a pas eu peur... Tout cela a un sens, c'est une logique tout à fait défendable. Mais une logique qu'on ne peut pas accepter en France, pour des raisons essentiellement affectives et irrationnelles.

Ce qui a surtout choqué dans le cas du girafon Marius, c'est la mise en scène de sa mort : la dissection devant des enfants, le dépecage devant les caméras pour nourrir les fauves...

Avant toute chose, il faut préciser – car cela n'apparaissait pas clairement dans les médias – que l'abattage n'a pas eu lieu en public. La dissection non plus : elle s'est faite dans les coulisses, et y étaient invités ceux qui voulaient y assister – enfants compris –, comme c'est l'usage depuis plus de vingt ans au zoo de Copenhague. Les Danois sont des scientifiques de nature, et pour eux, c'est un cours de sciences naturelles !

Enfin, les morceaux du girafon dépecé ont été donnés à manger aux lions et aux tigres, en effet : à l'heure où l'on parle de sécurité alimentaire, mettre à l'équarrissage 500 ou 600 kg de viande saine, ce serait juste incompréhensible ! C'était une mesure tout à fait écologique que de donner cette viande à d'autres animaux du zoo. Tout cela nous a choqué, c'est vrai. En France, ce qui s'est produit à Copenhague avec Marius ne serait accepté ni par l'opinion publique, ni par les vétérinaires, ni par les soigneurs. Mais le Danemark est le pays le plus rural d'Europe. C'est une autre mentalité, une autre approche de la nature. D'ailleurs, au Danemark, la pétition lancée pour protester contre l'euthanasie deMarius a récolté en tout et pour tout 3000 signatures.

Source : Le Monde.
Biofaune : l'actualité de la conservation in & ex situ : http://biofaune.canalblog.com - www.facebook.com/biofaune
Philippe
 
Messages: 11543
Enregistré le: Lundi 29 Août 2005 16:06

Re: Copenhague : polémique autour de l'euthanasie d'une gira

Messagepar Therabu » Mercredi 26 Mars 2014 17:21

Allez, un peu d'humour,

Copenhague – L’émotion est grande après l’annonce par un zoo danois de l’abattage de trois de ses gardiens. Selon le zoo, les trois gardiens n’avaient pas réussi à trouver leur place parmi les autres et n’auraient jamais pu se développer ni grandir convenablement.

En effet, un nouveau gardien est arrivé il y a peu et a rapidement commencé à prendre de plus en plus de responsabilités. Cette annonce intervient au lendemain de l’abattage de plusieurs lionceaux et seulement quelques semaines après celui d’un girafon, qui avait soulevé de fortes protestations. « Il faut arrêter de se leurrer, ces gardiens n’étaient pas viables en l’état » affirme cependant de son côté le porte-parole du zoo qui pointe du doigt l’hypocrisie des critiques reçues. « J’aimerais bien voir dans quelles conditions les gardiens des autres zoos vivent. » a-t-il ainsi lancé.

Plusieurs zoos avaient aussi proposé d’accueillir les gardiens mais les négociations n’ont hélas pas pu aboutir. Des dizaines de pétitions ont fleuri sur les réseaux sociaux, implorant qu’on épargne les gardiens, tandis que certains espéraient qu’ils soient relâchés dans leur milieu naturel. Une action impossible hélas selon des spécialistes. « Ces gardiens ont vécu toutes leur vie dans le zoo, ils ne sont pas du tout adaptés à une vie à l’extérieur, ils ne survivront tout simplement pas » explique de son côté un expert.« La mise à mort est pour eux préférable et plus propre ».

Et à l’instar du girafon, le zoo a annoncé que l’autopsie des gardiens abattus sera aussi ouverte aux plus jeunes puis les restes des corps seront jetés en pâture aux animaux.

La Rédaction


Source : Le Gorafi http://www.legorafi.fr/2014/03/26/apres ... -gardiens/
Therabu
 
Messages: 3918
Enregistré le: Vendredi 30 Mai 2008 16:10

Re: Copenhague : polémique autour de l'euthanasie d'une gira

Messagepar Philippe » Mercredi 26 Mars 2014 17:55

Et maintenant un autre avis, celui de Michel Saint-Jalme, directeur de la Ménagerie du Jardin des Plantes à Paris.

Un girafon et quatre lions: Pourquoi le zoo de Copenhague euthanasie les animaux ?

La liste noire s’allonge : après Marius, le girafon, euthanasié début février et dépecé en public, le parc zoologique de Copenhague a mis fin ce lundi à la vie de deux lions adultes et deux lionceaux âgés de dix mois. L’émotion est vive chez les défenseurs des animaux, mais le zoo justifie ses actes par la gestion des espèces en captivité.

Marius, un an et demi, girafon en parfaite santé, a ainsi été abattu le 9 février dernier en raison de ses gènes : pour éviter la consanguinité entre les girafes des parcs zoologiques européens membres de l’Association européenne des zoos et aquariums (EAZA), le zoo a préféré éliminer l’animal plutôt que de le castrer. Il en va du même principe pour les lions abattus : plutôt que de les empêcher de donner naissance à des petits qui ne pourront pas être échangés avec d’autres parcs, le zoo de Copenhague a préféré laisser faire la nature quitte à se débarrasser par la suite des animaux «en surplus».

Eviter la consanguinité

Cette vision «naturaliste» est loin d’être partagée par tous les zoos européens : « Les zoos danois préfèrent conserver des groupes sociaux proches de ceux que l’on trouve dans la nature pour le bien-être des animaux, explique Michel Saint-Jalme, directeur de la Ménagerie du Jardin des Plantes à Paris. Dans le cas des lions, le groupe est composé d’un mâle, de plusieurs femelles et de leur descendance. Ils les ont laissé se reproduire mais ont dû les euthanasier quand ils ont approché la maturité sexuelle.»

« Les zoos ne vont plus dans le milieu naturel chercher des animaux donc ils doivent avoir une gestion génétique des populations pour éviter la consanguinité et conserver le potentiel d’adaptation des animaux au milieu naturel, précise Michel Saint-Jalme. On fait ainsi en sorte que les gènes des animaux fondateurs de lignées soient également répartis dans la population captive. Pour ceux qui sont surreprésentés, soit on fait en sorte qu’ils ne se reproduisent plus, soit on trouve un zoo pour les accueillir.» Et, si comme dans le cas des lions et de la girafe de Copenhague, aucun autre parc zoologique n’a la place d’héberger les animaux, il ne reste plus que l’euthanasie comme issue.

Deux visions de la «nature» en captivité

A la Ménagerie du Jardin des plantes, on privilégie la contraception, quitte à aller «contre» la nature: « Notre couple de panthères longibandes nous a donné deux petits pendant trois années d’affilée, raconte Michel Saint-Jalme. Le coordinateur de l’espèce nous a indiqué qu’après ces portées, les gènes de la femelle seraient surreprésentés dans les zoos européens et que nous ne trouverions plus de place pour eux. Nous avons donc choisi de poser un implant contraceptif à la femelle. On pourrait considérer que nous nuisons ainsi à son bien-être

Deux conceptions de la «nature» en captivité s’opposent donc. La vision danoise a trouvé sa traduction parfaite dans le destin de la carcasse du girafon: sa viande a été donnée aux lions parce qu’ils en «mangent également dans la nature», s’est justifié le zoo. Foin de sensiblerie, c’est la loi de jungle qui règne.
Michel Saint-Jalme n’est pas du même avis: « L’éthique des parcs zoologiques devrait être en relation avec l’éthique de la société. En France, l’euthanasie des animaux à des fins de gestion est perçue négativement et notre devoir est de respecter nos visiteurs et notre personnel », estime le directeur de la Ménagerie, qui dit avoir entendu ses vétérinaires s’indigner entre eux des agissements du zoo danois.
La réunion annuelle des directeurs de parcs zoologiques européens devrait relancer ce débat déjà houleux : sur les trois jours de réunion prévus fin avril en France, la moitié est consacrée à la gestion génétique, «à la suite de l’affaire du girafon», commente Michel Saint-Jalme, qui espère qu’une politique commune sera décidée à la suite de ces débats.

Source : 20 Minutes.
Biofaune : l'actualité de la conservation in & ex situ : http://biofaune.canalblog.com - www.facebook.com/biofaune
Philippe
 
Messages: 11543
Enregistré le: Lundi 29 Août 2005 16:06

Re: Copenhague : polémique autour de l'euthanasie d'une gira

Messagepar Dips » Mardi 01 Avril 2014 15:15

L’éthique des parcs zoologiques devrait être en relation avec l’éthique de la société.
Tout est résumé là, et très bonne remarque de la part du directeur de Thoiry concernant les corridas et la production de foie gras, globalement acceptées en France... (on aurait pu ajouter les animaux de cirque)
Dips
 
Messages: 402
Enregistré le: Mardi 01 Septembre 2009 8:24

Re: Copenhague : polémique autour de l'euthanasie d'une gira

Messagepar bastet_75 » Mardi 01 Avril 2014 15:33

Dips a écrit:
L’éthique des parcs zoologiques devrait être en relation avec l’éthique de la société.
Tout est résumé là, et très bonne remarque de la part du directeur de Thoiry concernant les corridas et la production de foie gras, globalement acceptées en France... (on aurait pu ajouter les animaux de cirque)


Je ne suis pas bien certain que l'on puisse associer cirque et foie gras..
bastet_75
 
Messages: 1789
Enregistré le: Jeudi 05 Décembre 2013 10:51
Localisation: Ile de France

Re: Copenhague : polémique autour de l'euthanasie d'une gira

Messagepar Dips » Jeudi 03 Avril 2014 14:51

Je n'ai aucunement associé les deux :D
Simplement ce sont des pratiques discutables pour beaucoup (et discutées) mais qui laissent pourtant indifférent bon nombre de français, contrairement à l'affaire qui nous intéresse.
Dips
 
Messages: 402
Enregistré le: Mardi 01 Septembre 2009 8:24

Re: Copenhague : polémique autour de l'euthanasie d'une gira

Messagepar bastet_75 » Jeudi 03 Avril 2014 16:09

Je ne suis pas certain que ces nouvelles aient laissé les français indifférents. Sur beaucoup de pages de zoo j'ai pu lire bon nombre de manifestations de visiteurs lambda, non associés aux "associations" type Codeanimal, et qui s'interrogeaient pourtant sur ces pratiques.

Bien au delà de la nécessité de réguler la population pour des questions génétiques / de consanguinité, c'est l'idée que des animaux soient reproduits inutilement puis euthanasiés qui a le plus choqué.

ça n'a par ailleurs rien à voir avec l'alimentation. Je pense que ça va bien plus loin, c'est de l'ordre du loisir. Cette notion est perceptible dans le Zoo comme dans les cirques. La différence fondamentale avec ces deux univers cirque cependant, reste toutefois la conservation. La pédagogie et le financement de ces programmes in et ex situ se basent sur un principe de loisir dans les parcs zoologiques, chose qui n'est pas présente dans le cirque. Mais Copenhague par sa communication a vraiment rendu très floue cette nuance.

Il faut donc à la fois comprendre les enjeux qui sont mis en avant par l'EAZA, tout en gardant en tête que même si des euthanasies sont parfois inévitable, subsiste quand même une certaine marge de progression. Que des animaux n'ayant même pas atteint l'âge de se reproduire soient abattus témoignent d'avantage d'un dysfonctionnement à mes yeux.

Ce n'est pas un acte anodin. Et j'ai du mal à adhérer à l'argument du comportement naturel véhiculé par le zoo de Copenhague sur ce sujet. Les individus n'ont jamais connu le milieu naturel, viennent de parcs qui n'ont pas forcément cette politique, et il me semble donc évident que ce parc cache derrière cette excuse, une solution de facilité. :cry:


J'espère encore croire (naïvement peut être) que ce ne sont pas des naissances uniquement véhiculées par l'idée d'attirer les foules, et d'attendrir le visiteur. Les parcs zoologiques ne doivent pas pouvoir jouer avec les vies de leur pensionnaires.
bastet_75
 
Messages: 1789
Enregistré le: Jeudi 05 Décembre 2013 10:51
Localisation: Ile de France

PrécédenteSuivante

Retourner vers Actualités

Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur enregistré et 24 invités

Tigre en mouvement