par 'Abdallah » Jeudi 03 Février 2011 17:29
J'ai visité le Blijdorp Rotterdam mardi et je dois dire que j'ai été particulièrement séduit et surtout enthousiasmé par cet établissement.
Il faisait extrêmement froid (-5°C), de nombreux animaux étaient maintenus dans leurs loges de nuit (où y restaient de leur plein gré), les chutes d'eau et autres ruisseaux étaient gelés, mais cela n'a pas altéré mon plaisir face un établissement faisant preuve d'une telle intelligence dans la présentation animale, la pédagogie et l'immersion.
Ils subsiste bien entendu quelques points noirs, mais il est à noter qu'il s'agit plus d'enclos médiocres et un peu vieillots que de réelles horreurs comme on peut en admirer de temps à autre ici ou là. Ces installations dépassées, si elles dérangent, ne sauraient choquer comme dans d'autres établissements car on ressent comme une évidence, au cours de la visite, qu'elles sont vouées à la destruction ou à la reconversion dans un futur proche. Il est clair que l'on est dans un établissement qui met les bouchées doubles pour faire disparaître, au fur et à mesure, ses points noirs. Pour moi le principal problème reste la volonté pour un zoo urbain de vouloir présenter autant de grosses espèces de mammifère à la fois. La plupart des enclos sont bien pensés, enrichis et esthétiquement agréables, mais souvent c'est la place qui fait défaut. Sans pour autant crier au scandale, on pourrait tout de même s'attendre à plus d'espace pour la plupart des grosses espèces. Le double de superficie dans la majorité de leurs enclos ne serait pas du luxe. Et pour certains ce n'est même franchement pas terrible (tapirs malais, hippopotames pygmées...).
La collection est tout bonnement passionnante. Variée, alternant espèces "impressionnantes" attendues par le grand public et espèces rares. Malgré mon immense dépit de n'avoir pas vu les loutres de mer, les faux gavials ou les élaphodes de Chine, j'ai eu le bonheur d'admirer des civettes de Malaisie, un oréotrague, une salamandre de Chine, des tortues à nez de cochon, des sangliers des Visayas, des cerfs du prince Alfred, des langurs de François, un chat de Temminck et j'en passe.
J'ai été particulièrement séduit par la zone "Amérique du Nord", dans la qualité de toutes ses installations comme dans sa cohérence globale (bien qu'une partie de cette zone ait été en travaux et que je n'ai pu voir renards polaires et harfangs de neiges que dans des enclos provisoire dans la zones de l'ancienne fauverie). Le bâtiments des crocodiles est excellent, en particulier l'installation des oréotragues, damans et tortues à éperons. La superficie n'est pas énorme, mais la surface rocheuse type skopje offre aux deux premières un espace d'évolution intéressant. On peut d'ailleurs y constater leur grande agilité. L'Océanium est quant à lui un modèle de pédagogie et d'immersion.
L'esthétique des zones "Asie" et "Afrique" est très soignée. Le seul reproche (en dehors de la superficie de certains enclos, toujours) que je pourrais faire est le mélange, à certains endroits au long du parcours, d'espèce issues de milieux totalement différents dont le seul point commun est le continent. Par exemple, la volière des manuls fait face à l'enclos des rhinocéros unicornes (je pinaille peut-être un peu, c'est vrai). L'ambiance de savane de la zone africaine est assez réussie. J'ai beaucoup aimé le bâtiment de nuit des girafes ainsi que l'observatoire baobab qui surplombe leur enclos extérieur. La volière des rapaces africains est également très intéressante, plus vaste et haute que ne le laissaient paraître les photos, et ma crainte concernant une éventuelle surpopulation due au nombre important d'espèces présentées a été tempérée. J'ai également apprécié, au sein de la zone asiatique, la maison philippine, reproduction d'une grande habitation typique de l'archipel, regroupant les loges intérieures de différentes espèces en étant originaires (où du moins de l'Insulinde, à l'exception des antilope cervicapres), toutes très intéressantes. L'endroit est un très bon lieu de pédagogie concernant les ravages de l'activité humaine sur le milieu naturel.
Les félins, trop souvent habitués aux volières exiguës et autres enclos basiques, sont tous logés très convenablement. Si les enclos des grands fauves ne sont pas immenses, ils sont tous (à l'exception des lions indiens, logés dans l'anciennes fauverie) très bien végétalisés, immersif et offrent de bons point de vue (mention spéciale pour les tigres de Sumatra et les chats pêcheurs, ces derniers pouvant être observés par le biais d'une vitre au ras du sol intégrée dans un faux tronc d'arbre). J'ai également été frappé, au sein du vivarium, par la taille de certains terrariums et par l'aménagement exemplaire de nombre d'entre eux.
Seule la partie sud-américaine m'a laissé un peu perplexe. Située dans l'extension, juste avant la zone nord-américaine, elle n'est pas très grande et je n'ai pas l'impression qu'un élargissement de cette zone géographique soit envisageable (je me trompe peut-être). Au vu du nombre peu important d'espèces présentées, j'ai la sensation que la partie extérieure de l'extension du parc aurait dû être entièrement consacrée à la faune d'Amérique du Nord. Cette zone "Amérique du Sud" fait un peu gadget, du genre "on a les quatre continents, regardez".
Il y aurait encore des tas de choses à dire sur ce parc, mais beaucoup à déjà été dit sur ce forum. Ce que je retiens de ma visite, c'est une inventivité et une volonté d'aller de l'avant, d'inviter toujours plus le visiteur au voyage et à la découverte. Je retiens un esprit rarement perçu au sein de nos parcs hexagonaux qui, en comparaison avec ce type d'établissement, paraissent (trop) souvent bien frileux et peu enclins à l'innovation.
Un parc intelligent.
Si vous avez des questions, je tenterais d'y répondre mais, les panneaux informatifs concernant naissances, départs et arrivées étant entièrement rédigés en néerlandais et n'entravant pas un mot à cet exotique langage, je ne vous promets rien.