J'ai visité ce zoo, mon seul établissement zoologique en quatre mois sur le continent, en février 2020. Comme pour beaucoup de parcs, passées les caisses on trouve une place dégagée avec un plan du zoo pour se repérer. Cela dit, une règle simple permet ici de ne pas se perdre : toujours prendre le chemin à droite, et des empreintes jaunes de félin sont dessinées au sol pour faciliter encore plus la compréhension du circuit. Pour vous repérer, vous pouvez consulter le plan du parc : http://www.zoologicosantafe.com/images/ ... io-web.pdf
Place à l’entrée du zoo

Les premiers animaux visibles sont des aras de diverses espèces (araraunas, macaos, chloroptères) perchés sur des échafaudages en bois et probablement rémigés ou éjointés. Leurs espaces, entourés d’arbres et de végétation, ne font toutefois pas trop mauvais effet. A noter qu’ici, les écuelles sont visitées par de charmants habitants natifs, les écureuils, ainsi que de magnifiques petits oiseaux. Ça change un peu des moineaux et des rats !
Enclos des aras dans la végétation





Les premiers mammifères observables sont des bisons d’Amérique. Deux individus vivent dans un étroit enclos sableux.
Enclos des bisons

Côté droit, trois enclos similaires, en longueur, séparés par des haies et isolés du public par un fossé et des barrières basses, accueillent successivement des casoars, des émeus et des lamas. Les casoars sont les seuls de leur espèce en Colombie et sont de vieux individus aveugles.
Enclos des casoars

Enclos des émeus


Enclos des lamas

Au bout de l’allée, un cul-de-sac nous fait découvrir une espèce phare de l’établissement et un des animaux les plus représentatifs de Colombie, l’ours à lunettes. Malheureusement, l’enclos séparé du public par un fossé sec n’est vraiment pas grand et peu aménagé. Les deux individus m’ont paru assez tendus l’un vers l’autre et pas en très bon état. Ils cohabitent avec quelques coatis roux.
En revanche, la pédagogie déployée autour de cette espèce m’a paru de très bonne qualité pour la valoriser. Des informations sont données de manière ludique et esthétique. Une maquette du pays présente les lieux où l’animal se trouve à l’état naturel.
Enclos des ours à lunettes



Pédagogie autour de l’enclos des ours




Revenant sur ses pas, le visiteur se trouve face au classique étang des flamants de Cuba, accompagné de quelques autres oiseaux ainsi que d’un grand nombre d’iguanes verts vivant librement dans tout le parc.
Zone des flamants, oiseaux et iguanes


Dos à ce lac se trouve la « savane africaine » du zoo. Le cheptel zoologique y est assez réduit, car j’y ai vu seulement deux autruches, un zèbre et étonnamment trois antilopes cervicapres. Du coup, pour si peu d’animaux, l’installation n’est pas si mal. Mais le plus drôle fut de voir les autruches interagir avec un urubu à tête noire sauvage, et les iguanes galoper sur l’herbe de cette prairie.
Savane africaine avec quelques iguanes




Longeant la savane se trouve une zone thématique nommée « Les petits géants » et mettant en valeur des petits animaux et la micro biodiversité. J’ai trouvé l’idée fort intéressante, mais j’ai un peu déchanté en voyant le plan de collection bancal et la minuscule taille des terrariums. On y trouve notamment des serpents faux corail, boas arc-en ciel, tortues matamata, hérisson à ventre blanc, un incontournable agame barbu et des blattes géantes, à mes yeux l’espèce la plus adaptée à cette zone.
Terrariums des « petits géants »




Blattes géantes

Au débouché de cette zone, on tombe face à la cuisine du zoo. Et là, c’est plutôt irréprochable. On voit les soigneurs s’affairer, en tenue de sécurité, dans des locaux qui n’ont pas à rougir par rapport aux zoos européens.

Accolé à la cuisine se trouve le vieil enclos des lions, étriqué et entouré de hauts murs et grillages, avec quelques vitres sur les côtés. J’y ai vu un couple et entendu un soigneur dire que le mâle était castré.
Enclos des lions



Le chemin serpente vers une petite zone pédagogique, avec panneaux et écran télé nous présentant les actions de conservation locales soutenues par le zoo et la faune pouvant être aperçue dans les alentours, voire même dans les parcs urbains de Medellin. C’est notamment le cas de l’animal symbole de tout le zoo, et protégé également avec le soutien de zoos européens, le tamarin à mains blanches. Derrière les panneaux, on devine des volières abritant des aras, probablement issus de saisies.




Le chemin longe ensuite la zone boisée centrale où se trouvent les aras et les flamants. De l’autre côté, un petit enclos composé d’une étroite berge sableuse et d’un vieux bassin sert de lieu de vie à deux hippopotames amphibies. Plus loin, un plus vaste espace tout en longueur et discret derrière la végétation accueille des cerfs de Virginie.
Enclos des hippopotames

Enclos des cerfs de Virginie

A l’extrémité du bosquet central se trouve l’île accueillant les fameuses stars du parc, les tamarins à mains blanches, eux aussi valorisés par une jolie pédagogie. Mais enfer et malédiction, les « titis gris » étaient invisibles, le bassin cernant leur île étant en cours de nettoyage.


Face aux tamarins, une installation qui a tout l’air d’un ancien enclos à éléphants avec fossé sec, bassin et quelques rochers a été réhabilité pour loger des capybaras et des kamichis chavarias.
Si j’ai bien tout compris, le fossé sec en lui-même sert d’enclos à tamanoirs que je n’ai pas vu.



Nous longeons alors un vieux pavillon, ancien petit musée de biologie actuellement fermé et en rénovation, pour accéder à une partie entièrement dédiée à la faune colombienne. Cette partie représente plus de la moitié de la superficie du zoo et la plupart des individus présentés sont des animaux issus de saisies ou de donations, ce qui explique parfois la présence d’animaux solitaires ou leur place dans des enclos pas forcément destinés à l’espèce initialement. Un important travail pédagogique y mis en œuvre.
Pavillon du zoo désormais fermé

On commence par le « Ranarium », petite maison tropicale où quelques espèces de dendrobates sont présentées dans des terrariums cylindriques. Je ne suis pas spécialiste mais j’ai eu l’impression d’y voir à peu près les mêmes espèces qu’en Europe, avec en point d’orgue la terrible dendrobate dorée.





On traverse ensuite une zone sur la richesse biologique de la Colombie et sur la région de Medellin en particulier avant de découvrir une succession de cages plus ou moins vastes. La première accueille un petit groupe d’atèles marimondas. Je découvre la mauvaise qualité des vitres plastique, rayées et sales, ne facilitant pas la prise de vue.
Zone pédagogique sur la faune locale



Cage des atèles marimondas


D’autres petites cages abritent des kinkajous, des opposums (mais l’installation était vide) et des ouistitis pygmées. Une volière plus grande accueille des atèles à tête brune.
Installation des kinkajous

Volière des ouistitis pygmées


Volière des atèles



On trouve une pédagogie ludique tournée vers les animaux mal-aimés : vautour, crapaud et serpent. Plus loin, la façade d’un bâtiment présente toute une thématique sur les bons et mauvais comportements envers la faune sauvage et les impacts qu’ils occasionnent. Y sont mentionnés les fameux hippopotames de Pablo Escobar, sans que le nom du bandit ne soit cité. Deux terrariums permettent de comparer l’espèce d’escargot géant locale et la version envahissante d’Afrique.







S’ensuit une série de cages à primates : atèles marimondas, saïmiris communs ainsi que trois espèces de capucins. Toutes sont cubiques, petites, et pourvues de vitres sales et rayées.






Deux volières un peu plus végétalisées et plus adaptées à la taille de leurs occupants me permettent d’observer ceux que je considère comme mon « lot de consolation » pour ne pas avoir vu les titis gris : les tamarins de Geoffroy, que je voyais pour la première fois et voisinant avec leurs cousins tamarins pinchés. Ils leur ressemblent d’ailleurs beaucoup, avec un pelage plus coloré et cette crête punk qui les caractérise.


Un support pédagogique évoque la chauve-souris mais le zoo n’en présente pas.


On découvre alors des installations plutôt insolites aux yeux d’un européen, des enclos extérieurs à reptiles. Tégus communs, anacondas et pythons (je ne me rappelle plus quelle espèce) vivent dans ces espaces herbeux finalement assez pauvres en aménagement.






La zone suivante fait appel aux faux rochers et faux troncs pour séparer animal et visiteurs, avec encore des vitres. Le premier enclos abrite des singes laineux, le deuxième des coatis à nez blanc, ensuite des pacaranas restés invisibles et des renards crabiers.




Enclos des renards crabiers


Le chemin devient un ponton surplombant d’un côté un vaste terrain rempli de tortues charbonnières et de l’autre un petit échafaudage à aras de Buffon, en lutte avec les espèces locales pour l’accès à la nourriture.



Le ponton se termine sur un petit observatoire dominant l’enclos d’un groupe actif de pécaris à collier, certainement un de mes animaux favoris du zoo.



Le sentier part en angle droit pour longer quelques volières toute en longueur dans la végétation. On y trouve plusieurs espèces de toucans, parfois en cohabitation, ainsi que les très rares hoccos d’Albert mais le grillage et le contre-jour ne me permettent pas de bonnes photos.
La dernière volière est étrangement occupée par un calao bicorne, de stature impressionnante par rapport aux toucans.





Le sentier débouche sur une place où se trouve le Mariposarium, une grande volière à papillons malheureusement inaccessible ce jour-là. Des panneaux en face parlent de l’importance des insectes, et des ruches accueillent de minuscules abeilles sauvages qui ne piquent pas, nommées ici « abeilles anges » que je ne connaissais pas.


Les enclos abritant des espèces locales continuent de se succéder, dans un cadre bien plus végétalisé que la partie des singes. Une volière accueille des vautours papes, un enclos extérieur avec bassin loge un crocodile américain et un enclos très grillagé, vraisemblablement fait pour des fauves, accueille un discret tapir terrestre. Tous viennent de la nature et ont été confisqués à des particuliers ou ont été victimes du trafic ou de la chasse.
Volière des vautours papes

Enclos du crocodile


Enclos du tapir

On arrive alors dans la zone des félins, présentés par de jolis supports pédagogiques. Les petits carnivores vivent dans de petits enclos couverts avec vitres et murs de bétons. On peut y voir successivement un ocelot, des grisons (non vus), oncilles (non vus) et un jaguarundi joueur.





Le parc accueille aussi les deux plus grandes espèces de félins de Colombie, le puma et le jaguar. Les individus ont chacun un enclos individuel de petite taille, couvert et bénéficiant de l’ombre des arbres. Pas de bassin en revanche à disposition.



Une île à singes voit cohabiter singes hurleurs roux et saïmiris communs. Le zoo de Medellin participe à un programme de réintroduction des hurleurs issus de trafic dans le milieu naturel.




Vient alors l’allée des rapaces. Là pour le coup, les volières ont une taille tout à fait standard, voire relativement vaste pour celle du condor des Andes. On y retrouve donc les deux plus grands vautours du pays ainsi que des caracaras et des hoccos. Une petite zone, bas de plafond et étriquée, est dédiée aux rapaces nocturnes : chouette à lunettes, grand-duc sud-américain et chouette effraie.
Volières des grands rapaces



Allée des rapaces nocturnes

Enfin, la visite se termine par un des points forts du zoo, une grande volière tropicale pénétrable.
Je n’ai pas la liste précise des espèces présentes ici, mais j’y ai vu des dendrocygnes veufs, un coq de roche, des oedicnèmes bistriés…







Juste avant la sortie, la zone des enfants est constituée d’une aire de jeux et d’une petite ferme.



Ainsi s’achève la découverte du zoo de Medellin.

En terme de qualité de vie pour les animaux, il faut bien reconnaître que la plupart des enclos sont bien étroits, notamment pour les mammifères (lions, ours, hippos, jaguars, singes). Mais on sent bien que le lieu est en transition, tourné désormais vers la biodiversité colombienne, assurant un rôle de refuge de faune sauvage et surtout, remplissant à mes yeux un rôle pédagogique très important. Le zoo a d’ailleurs officialisé récemment son souhait de se transformer en site de protection des espèces locales. A terme, il serait logique de faire partir bisons, casoars ou lions pour donner plus de place aux espèces colombiennes.
L’éternel printemps dont bénéficie la ville est évidemment un avantage énorme pour la végétation du parc, et l’observation des oiseaux, écureuils et iguanes sauvages profitant du site ajoutent quelque chose à la visite.