Lille : la fréquentation du zoo a été divisée par trois
Cette année, la municipalité a mis fin à la gratuité du parc zoologique de la citadelle pour les non-Lillois. Résultat à un mois de sa fermeture : la fréquentation a été divisée par trois. Un choix assumé. Il s’agit pour la ville d’apporter plus de bien-être aux animaux et de confort aux visiteurs.
Avec 850.000 à 1 million d’entrées par an, le zoo de Lille était devenu le premier site touristique de la région. Un rayonnement qui avait atteint ses limites selon Lise Daleux, adjointe au maire EELV déléguée à la nature en ville : « Tout ce monde dans un espace d’à peine trois hectares, c’était une pression terrible pour les animaux, les soigneurs et le public lui-même… De nombreux visiteurs venaient pour se promener et non pour observer les animaux. Notre souhait est de proposer un zoo plus accueillant, plus vivant et plus engagé. »
La municipalité se défend de faire dans la rentabilité bête et méchante et de priver les habitants de la métropole d’une rare sortie familiale gratuite. Depuis sa création dans les années 1950, le parc zoologique était ouvert à tous gratuitement. Une gratuité qui coûtait cher aux contribuables lillois. Le zoo coûte chaque année 1,580 million d’euros à la ville.
De nouveaux aménagements
Depuis mai, date de sa réouverture après d’importants travaux, le zoo est payant pour les non-Lillois (4 euros par adulte, 2 euros par enfant). L’accès reste libre aux habitants de Lille et des communes associées d’Hellemmes et Lomme, sur présentation d’une carte nominative à retirer sur le site Internet du zoo ou dans les mairies de quartier.
La ville a profité de la dernière trêve hivernale, entre octobre et mai, pour réaménager l’ensemble du parc animalier. Nouveaux cheminements, nouvelles clôtures, et surtout des espaces plus confortables pour les animaux. Le zoo s’est par ailleurs doté d’un parc immersif de 700 m2 où cohabitent de nouvelles espèces d’oiseaux comme l’ibis rouge, le cariama huppé mais aussi le tatou à six bandes… Sans oublier la star du moment : Angela, une paresseuse. Depuis 2014, le parc a adopté une centaine de nouveaux pensionnaires et compte aujourd’hui 400 animaux et une centaine d’espèces.
Des recettes bienvenues
Sans attendre les chiffres définitifs de la saison qui s’achève fin novembre, on peut dire que la formule payante a fait chuter la fréquentation du zoo de façon vertigineuse. Entre mai et octobre, le parc zoologique a accueilli 192 000 visiteurs. C’est un tiers de la fréquentation enregistrée en 2016 sur la même période. « Nous avions anticipé cette baisse. Elle est conforme à ce que nous imaginions, on s’attendait même à accueillir encore moins de visiteurs. » Concernant les recettes attendues, elles permettront d’amortir les investissements et de développer de nouvelles animations à l’image des petits-déjeuners du zoo ou les contes très appréciés des enfants.
Ouvert tous les jours sauf le mardi, de 10 h à 17 h. Le zoo fermera ses portes pour la trêve hivernale le 26 novembre, réouverture le 24 février.
« On peut prendre le temps de regarder les animaux »
Ce samedi après-midi, on ne se bousculait pas dans les allées du zoo. « Plus besoin de hisser les enfants sur les épaules pour qu’ils voient les animaux », sourit Bernard, heureux papy de cinq petits-enfants. Il vient de Tourcoing : « Cela ne me dérange pas de payer. Ça les vaut largement. »
Lilloise, Naomi, 21 ans, fait visiter le zoo à son amie Mégane venue passer le week-end : « C’est beaucoup plus tranquille qu’avant. On peut prendre le temps de regarder les animaux ! » Mylène et Guillaume viennent de Mouscron. Première sortie au zoo pour leur petit Louis, 10 mois : « On vient chaque année et on a découvert que c’était payant. Ce n’est vraiment pas excessif. »
Du côté des soigneurs, on apprécie aussi ce nouveau cadre : « C’est vraiment devenu un lieu d’observation. Moins de monde, moins de cris… Les animaux sont moins stressés », confie Tatiana.
En chiffres
Entre 850.000 et 1 million de visiteurs chaque année, premier site touristique du Nord – Pas-de-Calais, dont 20 % de Lillois avant le droit d’entrée.
192.000 entrées entre mai et octobre 2017, c’est un tiers des entrées de 2016 pour la même période. Dont 40 000 entrées gratuites désormais réservées aux Lillois.
16.000 cartes nominatives délivrées à ce jour.
4 euros, l’entrée pour les adultes ; 2 euros pour les enfants ; gratuit pour les moins de 5 ans.
14 euros, l’abonnement annuel pour les adultes ; 8 euros pour les enfants.
1,5 million d’euros, le budget de fonctionnement annuel auquel il faut ajouter 80 000 euros de dépenses d’investissement.
400 animaux sont accueillis dans le parc zoologique.
9 soigneurs s’occupent des animaux au quotidien.
La question qui fâche à Lise Daleux, adjointe au maire EELV, déléguée à la nature en ville
On parle beaucoup de la souffrance animale dans les cirques notamment. La ville est-elle sensible à ce sujet ? Quel est le rôle d’un zoo ?
Lise Daleux, adjointe au maire de Lille.
« Le parc zoologique de Lille fait partie d’un programme d’élevage et d’échange européen. Le travail des soigneurs obéit à toute une éthique. Le zoo n’est pas là pour donner des animaux en spectacle ni pour apporter une touche d’exotisme en ville. Il s’inscrit dans une dynamique de préservation des espèces. Il s’agit de perpétuer des espèces en perdition sur leur territoire d’origine et de sensibiliser le public à cela comme nous l’avons fait l’an dernier autour des grands singes et plus particulièrement du gibbon à mains blanches d’Asie. »
Source :
La Voix du Nord.