Le parc animalier de La Chaux-de-Fonds a décidé de ne plus donner de noms à ses animaux pour éviter le phénomène de l’anthropomorphisme.
Le parc zoologique du Bois du Petit-Château, à La Chaux-de-Fonds, abrite 80 animaux. Pourtant, une quinzaine d’entre eux seulement ont été prénommés par les responsables du parc, comme le révélaient nos confrères de l’hebdomadaire neuchâtelois a +.
La décision est surprenante, à l’heure où les grands zoos de la planète ne cessent de communiquer sur les naissances et les péripéties des Knut (ours blanc du zoo de Berlin) ou Farah (jeune éléphante du zoo de Zurich).
Loin d’être anodine, cette idée chaux-de-fonnière est le fruit d’une mûre réflexion, comme l’explique Yasmine Ponnampalam, responsable gardienne d’animaux au Bois du Petit-Château.
« Il y a énormément de réactions émotionnelles lorsqu’on parle d’animaux. Dans certains cas, comme celui de Knut à Berlin, la distance nécessaire n’existe plus. Je veux dire par là que les animaux sauvages sont justement, par définition, sauvages. Malgré leur présence dans des zoos, ce ne sont pas des animaux domestiques. Ils doivent rester à leur place. »
Mais, attention, la gardienne cheffe ne porte aucun jugement de valeur. « Tous les êtres vivants doivent être respectés de manière égale. Mais donner des noms aux animaux, c’est oublier leurs véritables problèmes. »
Et la spécialiste parle en connaissance de cause. « Dans le cas du Bois du Petit-Château, nous avons accueilli deux loutres cendrées. À leur arrivée, elles avaient déjà un nom. Chico et Lula. Elles ont été rapidement médiatisées, mais personne ne parlait des véritables raisons de leur venue. À savoir la menace qui pèse sur cette espèce dans son milieu naturel, ou encore les trafics dont elle peut être victime. »
Les noms, c’est du business
Yasmine Ponnampalam avance également une autre raison qui a poussé le zoo à ne plus nommer ses animaux : l’ambivalence du comportement humain face aux espèces animales. « Les gens mangent de la viande, sans se soucier des conditions dans lesquelles les bêtes ont été élevées. Mais ils crient au scandale si un cochon d’Inde est maltraité. Certes, il y a depuis quelques années une prise de conscience autour de la cause animale. Mais il existe encore beaucoup de comportements extrêmes et aberrants. »
Comment expliquer, alors, que les autres zoos ne réfléchissent pas, eux aussi, à cette problématique de l’anthropomorphisme ?
Comme dans beaucoup d’autres domaines, il faut chercher du côté du porte-monnaie. « Le Bois du Petit-Château est un zoo entièrement gratuit. Nous n’avons donc pas besoin de créer des liens entre les visiteurs et les animaux à des fins commerciales. Cela dit, nous ne jugeons pas les autres pratiques en la matière, car, encore une fois, notre existence est assurée par les subventions de la Ville de La Chaux-de-Fonds. »
Et si les subventions venaient à tomber ? « Nous pourrions revenir sur notre décision et par exemple instaurer le parrainage de certains animaux. Dans une telle situation, nommer l’animal en question serait un moyen de stimuler les donations », glisse la gardienne en chef, qui officie depuis douze ans.
Les animaux chaux-de-fonniers se plaignent-ils de leur anonymat ? « Contrairement aux chiens et aux chats, un animal sauvage ne reconnaît pas son nom. Il s’en fiche complètement. »
Source : Le Matin.
Quelques réflexions très intéressantes à mon humble avis de simple visiteur...