Une baleine bleue annoncée au Biome !

[okapi]

Pas tout à fait...
"Le financement pour la fabrication de la Baleine bleue a été trouvé avec le Biome, centre de conservation des espèces en Aquitaine, et ses partenaires la Baleine bleue est en cours de construction. Le Biome s'est imposé tout naturellement comme port d'attache de la Baleine bleue."
Et surtout, l'idée, c'était que cette baleine voyage, pas qu'elle soit ancrée dans un champ...

[raphaël]

La baleine est prévue pour atterrir au Biome depuis le début de sa création et de son installation à la COP.

[okapi]

Il y a toujours un peu d'intox dans ces projets mirifiques:
"Cette baleine bleue sera utilisée comme un formidable outil pédagogique pour les générations futures et notre monde à protéger.
Allant à la rencontre des publics (...) en Europe et plus largement encore..."

[raphaël]

Le projet de Biome se fait discret mais continue visiblement d'avancer, à la lecture de cet article de Sud Ouest daté du 17 mai :

"Chantier, calendrier, philosophie du Biome… Jérôme Pensu et Pierre Douay disent tout ou presque sur la future station d’élevage d’espèces en voie d’extinction

Il y a un mois, Mont-de-Marsan Agglomération a voté une subvention de 200 000 euros et s'est engagée à garantir la moitié d'un emprunt de 540 000 euros. Avec le mécénat et le soutien de la Région déjà voté de 200 000 euros, voilà de quoi poser les bases du Biome, « station d'élevage et de conservation d'espèces animales en danger d'extinction », à Pouydesseaux. Point complet avec le soigneur animalier Jérôme Pensu et le photographe animalier Pierre Douay, les porteurs du projet.

« Sud Ouest » Que contiendra le pavillon témoin ?

Jérôme Pensu : Une volière ronde de 2 000 mètres carrés, une volière d'immersion de 15 000 mètres carrés… Tant que les gens ne les auront pas vues, c'est difficile de se projeter. Il y aura aussi un théâtre de verdure de 250 places, une aire de jeu, un snack, etc.

Pierre Douay : Évidemment, il y aura la Baleine de 33 mètres (une reproduction de baleine bleue grandeur nature en résine, NDLR) et une exposition photographique.

Quand démarreront les travaux ?

J. P. Le chantier d'élargissement de la route d'accès a déjà commencé. Les fondations de la volière ronde ont déjà été creusées.

P. D. La première chose à faire, c'est de sortir la Baleine de son hangar de Saint-Pierre-du-Mont. Ce sera l'objectif prioritaire de l'entreprise Colas : préparer l'endroit où elle va être montée, puis couler les fondations. Après trente jours de séchage, la Baleine sera remontée. Il faut compter une douzaine de jours.

Quand prévoyez-vous d'ouvrir ?

J. P. C'est ce que tout le monde nous demande ! Cela peut aller vite mais c'est difficile d'avancer une date. On peut envisager une ouverture partielle dès que la Baleine sera installée, sur des week-ends ou lors d'événements. C'est un projet totalement atypique, ça prend du temps.

En quoi le Biome est-il atypique ?

J. P. On ne viendra pas au Biome pour voir des animaux. Mais si on vient au Biome, on pourra voir des animaux. C'est très différent. Grâce à l'achat d'un ticket d'entrée, le citoyen, en immersion, deviendra acteur de la protection de la biodiversité tout en s'amusant. La société ne touchera jamais aucun dividende ; tous les résultats seront consacrés à la reproduction et à la réintroduction des espèces menacées.

P. D. Les visiteurs vont apprendre et comprendre que sauvegarder la biodiversité, c'est tout simplement sauver l'humanité !

Quand pourra commencer la reproduction d'espèces en danger, dans la partie interdite au public ?

J. P. Le Biome en tant que station d'élevage a déjà commencé son action avec la reproduction de trois couples de paons spicifères, originaires de l'île de Java, chez un éleveur spécialisé qui fait partie de notre réseau. Idem avec des aras à front rouge.

Le Biome ne va pas repeupler Java à lui tout seul. Son action sera un peu une goutte d'eau dans la protection de la biodiversité ?

P. D. Il agira peut-être de manière infinitésimale mais il s'intègre dans une prise de conscience globale. C'est l'addition de milliards de petits gestes qui nous sauveront.

J. P. Le cheval sauvage de Przewalski a pu être réintroduit à partir d'un tout petit noyau d'individus. Pareil pour le vautour fauve. Avec le Biome, on prend juste notre part.

Certains élus communautaires et le Département estiment que le projet est trop fragile pour vous suivre…

J. P. Combien d'élus communautaires ont voté le soutient de l'Agglomération au Biome en avril ? 50 ! Combien ont voté contre ? Six ! Et parmi eux, quelques déchus de leur mandat de conseiller départemental… « Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose. »

Vous pouvez concevoir que certains aient des doutes, non ?

J. P. Le 24 septembre, sous l'égide du préfet - du préfet ! - tout le monde était autour de la table et a pu s'exprimer. Les arrêtés préfectoraux d'autorisation d'ouverture ont été signés, Colas est prêt à commencer les terrassements, la Région et l'Agglo s'engagent, l'autorisation de travaux a été validée par les services de l'État… Pour certains, ça ne suffit pas. En politique, sur un projet, il y a deux réponses possibles : « oui on y va » ou « non, on n'y va pas ». Qu'on soit contre, je l'entends. Qu'on continue à jeter l'opprobre sur le Biome, à laisser entendre qu'il est fragile, c'est de l'acharnement. C'est ridicule.

P. D. Le 4 avril, une réunion a permis aux élus communautaires de poser toutes les questions. Elle s'est terminée sous les applaudissements. On a toujours agi à livre ouvert. Et on n'est pas des perdreaux de l'année.

J. P. À nous deux, nous avons cinquante ans d'expérience dans la protection de la biodiversité. cela fait cinq ans que je gère, au quotidien, ce projet. Il paraît que je fais ça bien mais ce n'est pas mon métier. Je n'ai qu'une hâte, c'est d'avoir les mains dans la plume.

On vous sent très remontés !

P. D. Le Biome n'est même pas d'intérêt public ou général, il est d'intérêt planétaire et universel.

J. P. Aurait-on peur qu'on réussisse ? On ne fera pas les 65 000 entrées ? Quand on les fera, on verra qui sera ridicule."

source : http://www.sudouest.fr/2016/05/17/le-ci ... 0-2742.php

[raphaël]

Donc déjà presque un demi million d'euros englouti par des collectivités pour un projet dont on ne sait rien... "On ne viendra pas au Biome pour voir des animaux mais en y venant, on peut y voir des animaux". Pourquoi le public viendra au Biome alors ? Pour se promener ? Qu'y aura t'il à part une grande baleine bleue et des volières à oiseaux ?
Quelles seront les espèces concernées ?

Au passage je note que le projet initial prévoyait 200 000 visiteurs et que là, on passe à 65 000...
Echaudé peut être par le Val d'Hérault, j'ai l'impression qu'on a affaire au même profil. J'aimerais bien que ces gens viennent expliquer un peu plus en détail à nous autres passionnés leur affaire. Car le délire "Le Biome n'est même pas d'intérêt public ou général, il est d'intérêt planétaire et universel" ça les rend assez antipathiques, je trouve.

[bastet_75]

Au moins, partir de moins haut évitera peut être une chute mortelle, si je puis dire !

C'est encore assez flou, je ne sais pas trop quoi en penser.

ôtez moi d'un doute, le zoo de Labenne n'est pas dans le coin?

[raphaël]

C'est à une heure de là, Labenne est collé au front de mer et Poydesseaux est juste à côté de Mont de Marsan.

[raphaël]

Un article plus ancien, du 13 avril, précisait le budget :

"Mont-de-Marsan Agglomération : le Biome de Pouydesseaux fait débat

Mardi soir, les élus ont voté une aide de 200 000 euros pour la construction du centre d'élevage d'espèces menacées, ainsi qu'une garantie d'emprunt de 270 000 euros
Mardi soir, par 50 voix pour, 6 contre et 4 abstentions, les élus communautaires ont voté le soutien de Mont-de-Marsan Agglomération au projet de Biome à Pouydesseaux.

Cette station zoologique d'élevage d'espèces en voie d'extinction doit se réaliser en trois tranches, sur une période de quatre ans, jusqu'en 2020.
La première phase consiste en la création d'un pavillon témoin sur 3 hectares. Il comprendra une vallée végétalisée pour accueillir les premiers animaux, une volière ronde, un théâtre de verdure de 250 places, un parking de 49 places et la fameuse baleine bleue en résine, en taille réelle, devenue l'un des emblèmes de la COP 21, à Paris, en décembre dernier.

Coût de l'investissement : 1,9 million d'euros. Il serait couvert par un apport du Biome (154 589 euros), le mécénat dit de compétences (réalisations de travaux ou de prestations pour 814 958 euros), des subventions publiques (Agglo, Région pour 400 000 euros) et un emprunt de 540 292 euros.
Mont-de-Marsan Agglomération a confirmé une participation de 200 000 euros (dont 50 000 qui ont déjà été fournis pour la baleine), ainsi qu'une garantie d'emprunt à hauteur de 50 % de ces 540 292 euros empruntés par le Biome pour se lancer.

"C'est un projet touristique et économique très important pour notre territoire", s'est félicité la présidente de l'Agglomération, Geneviève Darrieussecq.
"C'est un projet séduisant mais son budget n'est pas bouclé. À ce stade, la prise de risques est trop grande. C'est trop tôt pour s'engager", ont souligné les six élus d'opposition socialiste de Mont-de-Marsan et Saint-Pierre-du-Mont, qui ont donc voté contre ces délibérations."
http://www.sudouest.fr/2016/04/13/mont- ... 0-3452.php

Presque deux millions d'euros et des sommes énormes versées par les collectivités ravies de voir donc un projet "économique et touristique"...

[raphaël]

On continue sur le Biome, avec un blog très documenté d'un opposant au projet :

http://place.de.montreuil.free.fr/blog/ ... les-landes

Même si elle est longue, je vous en conseille la lecture. On y apprend un peu le micmac financier et juridiques entre les structures, entreprises, associations, le personnel.
On y voit le plan de collection complétement aberrant présenté en 2011 :

"Voici les espèces annoncées dans le dossier présenté à la commission. Ce sont des petits mammifères, des félins,des primates, des oiseaux pour lesquels les pays d'origine sont incapables de financer la conservation (ce n'est pas vraiment justifié). Elles sont réparties dans deux bâtiments :
Bâtiment A : Diable de Tasmanie, Renard de Darwin, - Chat des sables, Chat-Tigre, l'Ocelot, le Margay, - Tamarin, Lémurien, le Talapoin, - le Kiwi d'Okarito, le Kagou, les Oies naines, le Lori de Tahiti.
Bâtiment B : Binturong, Chevrotin porte musc, Céphalophe bleu – Panthère nébuleuse, Caracal – Cercopithèque de Roloway, Langur de François – Ara à gorge bleue, Penelopides panini, Paon spicifère.
Suit une plus longue liste d'espèces « susceptibles d'être accueillies » à terme. En 2011, le projet annonçait 1200 à 3000 animaux pour 450 espèces. Il a donc été revu très à la baisse, notamment pour les mammifères. Dans un premier temps (la validité de l'autorisation), il faudra se contenter de 30 à 50 espèces."

Le cas de la maquette de la baleine bleue et son attribution est aussi source d'un beau micmac.
Le plus beau étant le commentaire de l'auteur de l'article à la fin :

"Biome et Alca Torda --> Suite à ce billet, j'ai été contacté par la fédération des chasseurs des Landes qui tient à ce que soit précisé la nature de ses relations avec le projet Biome. Elle a signé une promesse de bail emphytéotique du terrain qu'elle possède à Poudesseaux, pour la SAS le Biome, mais cela reste à l'état de promesse. Le Centre Alca Torda (soin pour la faune sauvage), qui dépend de la FDC40, n'a rien à voir avec le projet Biome, ni à plus forte raison avec son financement. Même si les deux promoteurs du Biome ont collaboré comme bénévoles (non salariés) pour Alca Torda pendant un temps. Il était un peu abusif pour Mr Pensu de se présenter comme directeur du centre Alca Torda. Même si aussi le Biome se revendique comme partenaire du centre. La FDC40 a également envoyé un démenti à Sud Ouest qui, dans un article du 17/02/16 avait indiqué que la maquette de la baleine serait installée sur le centre Alca Torda. "

Nous avons donc visiblement un porteur du projet Biome qui n'hésite pas à entretenir le flou voire à mentir sur la situation de sa structure, ses liens avec une association liée à la fédération de chasse. Un CV, un projet de collection gonflé, ça ne vous rappelle rien ?

[bastet_75]

j'ai lu récemment un article assez intéressant sur la manière dont les fonds des collectivités étaient alloués. C'est assez effrayant en réalité.
L'argument principal pour l'élu qui lance un projet au dessus de ses moyens (sous couvert de créer de l'emploi et une activité) est souvent de chercher à faire un coup d'éclat pour atteindre l'échelon social suivant..

[abel]

Pourquoi viendra-t-on au Biome si ce n'est pas pour voir des animaux ?
A part la Baleine, il y aura deux volières, un snack, une aire de jeux, un théâtre de verdure, et puis c'est tout ?
J'espère que ce projet va marcher, que ce ne sera pas un Val d'Hérault bis, en plus ma famille est originaire du coin et j'y retourne régulièrement, mais honnêtement j'ai quelques doutes. Le projet est sans cesse revu à la baisse, et il traîne à se mettre en place. Pouydesseaux n'est pas un coin touristique, on est à plus d'une heure de la plage, et Mont-de-Marsan est une petite ville. Les espèces annoncées sont intéressantes, très rares pour certaines, ce qui pose un autre problème: un parc qui démarre pourra-t-il obtenir des espèces que certains grands parcs européens n'arrivent pas malgré leurs efforts à se procurer (je pense notamment aux diables de Tasmanie) ?

Et puis la mégalomanie du "projet universel et planétaire", le fait de donner l'impression qu'ils sont les seuls à pouvoir sauver la planète, moi je n'aime pas trop ça.

[Simon38]

Je ne connais pas les tenants et les aboutissants (futurs) du projet mais je rejoins évidemment l'avis général. Le projet a l'air bancal, mégalo au possible, enfoncé dans des affaires louches... La collection a l'air intéressante mais je me demande bien comment ils vont obtenir certaines espèces : kiwis ou diables de Tasmanie ? Et puis tant d'espèces menacées concentrées exclusivement en intérieur. À quoi bon ?

[okapi]

Ce pourrait être un Val d'Hérault bis, effectivement, mais ce qui est sidérant, et inquiétant, c'est l'absence de réaction "officielle" des zoos de l'hexagone... J'imagine que ce n'est pas un secret, donc... Sans compter que le discours laisse largement supposer qu'une telle structure manque cruellement en France et que les zoos ne font pas leur boulot... Un demi million englouti pour un projet fumeux où on parle avant tout de deux espèces d'oiseaux chez des éleveurs et d'une baleine géante en plastique... Ils vont être motivés par quoi les 65 000 visiteurs pour quitter la plage?