Le Zoo La Garenne choie la faune depuis 50 ans
Fondé en 1965 par Erwin Meier, le parc fête son jubilé ce week-end. Retour sur une aventure qui a bien failli s’achever il y a dix ans.
Ebahis face au regard perçant des loups, ébaubis devant le jeu de cache-cache de la femelle lynx Toundra, des ribambelles de bambins ont sillonné les chemins étroits du Zoo La Garenne, ces cinquante dernières années. Pour célébrer ce jubilé, l’équipe du parc animalier de Le Vaud convie le public à une grande fête, ce week-end. L’occasion de revenir sur l’histoire de ce lieu emblématique de la région, créé en 1965 par Erwin Meier – décédé en 2001.
Animaux saisis à la douane
Retour dans les années 1950. Erwin Meier, alors gardien de prison, achète deux parcelles à Le Vaud et s’y installe avec sa famille. Passionné par les animaux depuis sa tendre enfance, il se met à élever des souris. Un trait de caractère qui n’a pas échappé à ses anciens collègues douaniers – métier qu’il a exercé pendant plusieurs années. « Quand ils ne savaient pas que faire d’un animal saisi, ses copains des douanes le lui confiaient », rapporte Roger Perrin, président de la Fondation Zoo La Garenne, créée en 1998.
De fil en aiguille, la propriété familiale devient un véritable petit zoo privé. « Il a commencé à ériger un premier bâtiment, puis des enclos. Dès qu’il avait un peu d’argent, il en construisait un nouveau. Il avait une armée de copains derrière lui, raconte Roger Perrin. Au début, les habitants de Le Vaud le considéraient un peu comme un hurluberlu !»
A force d’accueillir toutes sortes de bêtes à poils, à plumes ou à écailles, une idée surgit : pourquoi ne pas fonder un zoo ? Le projet germe, le parc animalier de La Garenne naît en 1965. Et avec lui les quatre missions défendues aujourd’hui encore: recueillir et soigner les animaux sauvages, participer à la sauvegarde et à la réintroduction d’espèces, sensibiliser les enfants et présenter la faune européenne.
Le parc a toutefois dérogé à cette dernière mission, puisqu’il a également recueilli nombre d’animaux exotiques. « A la fin des années 1960, le zoo de Lucerne a fait faillite. Erwin Meier a donc reçu des ocelots, des servals et des chacals. Puis d’autres espèces sont arrivées, explique encore le président de la fondation. Il ne se demandait jamais s’il pouvait accueillir un animal, il se contentait de se demander comment il allait aménager son enclos. »
Un chat bienveillant
En un demi-siècle, cette aventure rocambolesque a connu son lot d’anecdotes croustillantes. En tête d’affiche, les félins. « Le zoo a reçu un couple de lynx, dont la femelle, accidentée, n’a pas pu allaiter son petit, Bisule, explique Roger Perrin. C’est donc la chatte d’Erwin Meier, Frimousse, qui s’en est occupée ! Elle a aussi joué les nounous pour d’autres animaux. A son décès, le relais a été pris par Purin, une chatte sauvée d’une fosse à… purin. » Le lynx est aussi responsable de l’unique visite à l’hôpital du fondateur du zoo : « Comme tous les félins, ils aiment donner des coups de tête pour saluer. Erwin s’est fait assommer ! »
Le parc animalier peut également se targuer de belles réussites, notamment dans la reproduction du gypaète barbu. Athos, mâle arrivé au zoo en 1972 et décédé en février dernier, fut l’heureux papa de 26 poussins (lire ci-dessous).
Un demi-siècle après sa fondation, La Garenne s’apprête désormais à ouvrir une nouvelle page de son histoire. En mars prochain, les pensionnaires déménageront dans un parc cinq fois plus grand, juste en face du site actuel. Un véritable exploit, lorsque l’on sait que le zoo, au bord du gouffre financier, a failli fermer boutique il y a une dizaine d’années. « L’équipe, la fondation et l’Association des Amis de La Garenne a dû se battre, confie Roger Perrin. Nous sommes très fiers de voir le nouveau parc émerger jour après jour. »
50 ans du Zoo La Garenne
Le Vaud, 13-14 juin (portes ouvertes)
Le gypaète «Athos» sera empaillé
Couple phare du Zoo La Garenne, «Athos» et «Althia», deux majestueux gypaètes barbus, ont largement contribué à la sauvegarde et à la réintroduction de cette espèce qui avait totalement disparu des Alpes au début du XXe siècle. Arrivé à Le Vaud en 1972, «Athos» a élevé 25 poussins.
Malheureusement, il n’a pas pu assister à la naissance de son 26e rejeton, en février dernier : il décédait la nuit même, à l’âge de 47 ans. Mais son souvenir restera gravé dans les mémoires, puisqu’il sera empaillé par des spécialistes au Musée cantonal de géologie, à Lausanne. « La Fondation Pro Gypaète en a fait don pour sa valeur en tant que patrimoine national par sa contribution à la réintroduction de l’espèce dans les Alpes », explique Michel Gauthier-Clerc, directeur de La Garenne. «Athos» sera ensuite présenté au public dans le futur zoo.
Quant à sa veuve, «Althia», elle roucoulera avec un nouveau mâle dès cet été. Le poussin, lui, rejoindra un centre de reproduction en Italie.
Source (avec images d'archives et vidéos) :
http://www.24heures.ch/vaud-regions/la- ... y/22843297