Loi biodiversité, cirques et delphinariums

Re: Loi biodiversité, cirques et delphinariums

Messagepar raphaël » Mercredi 01 Avril 2015 0:02

emil19 a écrit:C'est un peu facile de taper sur le dernier maillon de la chaîne !

Les agriculteurs n'achètent pas des pesticides et autres produits chimiques, qui leur coûtent de l'argent et les empoissonnent, pour leur bon plaisir. Le fait est que les acheteurs veulent des tomates uniformes, sans tâche, pas chères, qui se conservent longtemps et si possible en toute saison ... et pour ça il faut en principe pulvériser, faire des serres, etc.


Je ne suis pas d'accord. Il y a trente ans, avant toute la folie de l'agriculture intensive, les pommes étaient normales, les tomates avaient des défauts, et les gens les achetaient quand même, puisqu'ils ne connaissaient que ça. Ce sont les industriels qui ont inondé les étals de leurs produits calibrés qui ont faussé toute perspective. C'est compréhensible, l'esprit humain choisit le beau, entre une armée de pommes rondes et brillantes et d'autres moins jolies et déformées, l'on choisira les belles, signe apparent de santé. Et ainsi en quelques décennies toute l'échelle de logique a été faussée par les grands producteurs.

emil19 a écrit:Il ne faut pas mettre dans le même sac les quelques "agriculteurs" qui sont plus des industriels (du type "ferme des 1000 vaches" et autres… ) et la grande majorité qui, s'ils ne traitent pas, ne vendront rien et couleront.


Malheureusement, le rapport est faussé aujourd'hui. Les agriculteurs industriels du type ferme des 1000 vaches sont majoritaires, car ils sont les plus riches et pèsent le plus politiquement et économiquement, mais aussi car ils dominent les terres. Là où les petits producteurs sincères sont sûrement les plus nombreux en nombre, ils sont écrasés côté taille. Combien de petits paysans faut-il pour égaler les milliers d'hectares de maïs qui poussent en monoculture intensive dans ma région du Sud Ouest par exemple ?
Les agriculteurs comme on les aime, ceux qui limitent les intrants, qui produisent local, saisonnier, et en respectant leur milieu, existent et sont nombreux je suis sûr. Mais le poids économique des gros industriels est énorme. C'est un véritable lobby, qui se bat contre toute tentative de diminution des pesticides ou contre toute remise en cause de leur mode productiviste. Le combat est noble, mais il sera long et difficile.
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Re: Loi biodiversité, cirques et delphinariums

Messagepar Wilfried » Mercredi 01 Avril 2015 8:20

Sans entrer dans un débat qui dépasse de loin celui de la thématique de ce forum, 4 observations :

- pour ce qui est de la stratégie du monde agricole, je m'en tiens à la doctrine du syndicat très largement majoritaire, la FNSEA, et une fois qu'on les a entendus et vu à l’œuvre, on a tout compris de leur entreprise purement corporatiste et très différente d'autres courants, minoritaires cependant, comme la Confédération Paysanne, par exemple.

- concernant la biodiversité urbaine, aujourd'hui, le miel de loin le moins pollué, est celui que l'on récolte sur les toits de Paris, ou de Lyon...cherchez l'erreur, et sinon, tout va bien !

- lors de la dernière polémique concernant la mise en place de la circulation alternée suite aux conditions anticycloniques ayant entraîné une alerte aux particules fines, selon les propres statistiques d'Airparif, seulement 14% étaient produites par la circulation automobile dans la capitale et sa couronne....et 30% provenait des épandages agricoles périphérique à la ville !!

- concernant les chevreuils et les lièvres, à Tchernobyl aussi aujourd'hui il y en a pléthore...ce n'est pas pour autant qu'ils sont en bonne santé...par contre, trouver aujourd'hui en Brie ou en Beauce une perdrix, rouge ou même grise, dans un milieu autrefois bocager et pastoral mais dont toutes les haies ont été arrachées après guerre dans le cadre du remembrement, s'apparente à dénicher un dahu..
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Re: Loi biodiversité, cirques et delphinariums

Messagepar Therabu » Mercredi 01 Avril 2015 8:23

@Emil19 : Cela revient à se poser la question est-ce que c'est la demande qui fait l'offre ou l'offre qui fait la demande ?

Je n'ai pas la réponse mais les deux sont à mon avis bien imbriqués.

Quant à "l'obligation" de faire avec les standards de l'agro-alimentaire industriel, je veux aussi croire qu'il y a une forme de courage et de sens entrepreunarial dans l'histoire. La conversion au bio, responsable ou autre mode de production alternatif au super-intensif est une prise de risque pour l'agriculteur c'est certain.
Mais bien menée, elle est aussi favorable à une performance économique meilleure (le bio rapporte plus que le conventionnel à taille d'exploitation équivalente), plus pérenne (on est pas soumis aux diktats des distributeurs mais plus indépendants) tout en améliorant l'estime et la santé de l'agriculteur.

Je prend l'exemple de l'élevage porcin en Bretagne. Certainement une des professions les plus dures et ingrates qui existe. La compétition oblige à des investissements monstrueux et difficiles à rentabiliser. Le nombre de suicides dans la profession est révélateur de la difficulté à mener une exploitation. Certains ont su dire non, diviser leur cheptel par 50 et se concentrer sur le qualitatif et la transformation des produits. Maintenant c'est une décision difficile à prendre et risquée.
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Re: Loi biodiversité, cirques et delphinariums

Messagepar okapi » Mercredi 01 Avril 2015 11:27

La décision de détruire les haies a sans doute été l'une des pires pour la biodiversité dans nos campagnes. Le remembrement agricole, largement motivé au début des années 1960 pour simplifier la mise en culture à grand échelle et être à même de nourrir une population en phase de croissance a conduit à l'éradication de 45 000 kilomètres de haies en France. Les agriculteurs n'ont pas une vie facile, certes, mais il y a parfois des choix et des stratégies qui sont meilleurs que d'autres.
Les haies ne sont pas la solution unique, évidemment, mais si nos ancêtres les ont façonnées et protégées, c'est aussi parce qu'ils savaient à quel point ces murs végétaux ont une incidence directe sur l'érosion des sols et à quel point elles sont source de richesse pour la biodiversité.
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