Quand l’avenir d’un oiseau est soumis aux experts de Chizé

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Quand l’avenir d’un oiseau est soumis aux experts de Chizé

Messagepar nico » Mardi 11 Août 2020 9:51

Ce mercredi 13 août, s’achèvent les trois semaines de consultation nationale visant à prélever 17.460 tourterelles des bois. Au cœur de l’enjeu, Chizé.

Mercredi 13 août prendra fin la consultation nationale lancée le 22 juillet par l’État pour élaborer un projet d’arrêté relatif à la chasse de la tourterelle des bois. Consultable sur le site du ministère de l’Écologie, ce dessein prévoit de « prélever » 17.460 de ces oiseaux présents sur nos terres.
Nichée dans la forêt de Chizé, plus exactement à Villers-en-Bois, voisine du Centre d’études biologiques du CNRS de Chizé, l’antenne de l’Office français de la biodiversité (l’ex-Office national de la chasse et de la faune sauvage, ONCFS) est au cœur des enjeux.
Ici, en pleine réserve nationale de chasse et de faune sauvage de 2.600 ha, on suit particulièrement ce columbidé, notamment cette petite tourterelle en grand danger, puisque classée espèce vulnérable depuis 2015.
Alors, une question : pourquoi autoriser la chasse et programmer ainsi la mort de 17.460 de ces roucoulantes créatures sauvages lors de la prochaine saison de chasse - à compter de la mi-septembre voire de la fin août pour les ouvertures anticipées - alors que ladite charmante bestiole est en danger ?
Le comité d’experts a consulté Chizé
Sollicités pour émettre un avis à titre consultatif par le comité d’experts national en gestion adaptatif, les scientifiques de Chizé ont admis la voie de ce consensus. « Il est évident que dans le contexte l’avis scientifique penche d’abord pour un moratoire visant à aucun prélèvement. Mais l’avis a été nuancé, sachant que les associations cynégétiques s’impliquent dans la préservation de l’habitat de cette tourterelle. L’idéal scientifique serait de ne pas la chasser du tout, mais on doit avoir aussi une approche socio-économique et culturelle afin de ne pas négliger un des facteurs essentiels. La dégradation de l’habitat a été un moteur puissant du déclin, selon ce qu’ont révélé clairement des études anglaises entre autres », répond Hervé Lormée, ingénieur de l’Office français de la biodiversité à Chizé, hautement concerné par le sujet puisque ce chercheur pilote et coordonne en France, au sein de l’unité avifaune migratrice, l’unité de recherche sur les columbidés à l’échelon national.
« Réunir des gens qui a priori sont à couteaux tirés »
« Avec l’évolution de l’agriculture, l’intensification, la disparition progressive des chemins, des haies, des bandes enherbées, on doit tenir compte du rôle important pour ces granivores des associations cynégétiques. Il ne faut pas le négliger : ce qu’on pouvait gagner d’un côté en soulageant la pression de la chasse, on risquait de le perdre de l’autre en démotivant ces associations de chasseurs qui se sont engagées dans des actions concrètes en faveur de l’habitat », poursuit Hervé Lormée, chercheur à l’Office français de la biodiversité à Chizé qui coordonne 180 personnes du réseau des columbidés en France. 17.460 prélèvements, donc, contre 90.000 lors de la saison 2013-2014, 800.000 pendant cette même période en Espagne, à titre de comparaison. « On parle de gestion adaptative. On sait que sous un certain seuil, avec la mortalité hivernale, on n’est pas dans quelque chose d’additif, mais de compensatoire. Cela favorise même des mécanismes de compensation avec un meilleur succès de reproduction quand il y a moins d’individus sur un territoire de meilleure qualité. On peut maintenir un prélèvement alors que l’espèce est en danger, cette gestion adaptative a fait ses preuves aux USA et au Canada, elle débute en Europe. L’outil peut être intéressant avec une gestion plus rigoureuse… Et si on arrive à trouver un consensus on peut réunir des gens qui a priori sont à couteaux tirés », argue également le scientifique.
Suivi migratoire hautement technologique
Au terme de la période de reproduction de juillet, alors que l’Europe a mis la France en demeure avec un carton rouge sur sa gestion de la tourterelle des bois, l’enjeu de la consultation est très fort. Et, aux confins des Deux-Sèvres, en pleine forêt de Chizé où, pour leur suivi migratoire, on a déjà bagué une quarantaine de ces tourterelles des bois avec de petites merveilles de technologie (des balises Argos de 2,5 grammes équipées de mini-panneaux photovoltaïques intégrés valant plusieurs milliers d’euros chacune), on est au cœur de cet enjeu.


Source : https://www.lanouvellerepublique.fr/deu ... s-de-chize
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