Le parc zoologique de Paris, un géant de la girafe

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Le parc zoologique de Paris, un géant de la girafe

Messagepar Philippe » Samedi 06 Avril 2019 13:27

Avec douze femelles et deux mâles, l’ex-zoo de Vincennes héberge l’un des plus importants troupeaux en captivité. Qui s’y reproduit si vite qu’il essaime dans l’Europe entière. Le pourquoi du comment, avec Alexis Lécu, directeur scientifique, à l’occasion des 5 ans du parc rénové.

Adeline, mascotte du zoo, est une girafe. Pas étonnant puisque le Parc zoologique de Paris (ex-zoo de Vincennes), qui fête ses 5 ans les 12, 13 et 14 avril 2019, accueille l’un des plus gros troupeaux d’Europe. Son chef d’orchestre animalier, directeur scientifique et vétérinaire, Alexis Lécu, nous en dit plus sur ces animaux totems du parc.

Comment le zoo de Vincennes est-il devenu le spécialiste de la girafe ?
Historiquement, nous avons reçu pas mal de girafes du Tchad dans les années 1970-80, et le parc zoologique a commencé à constituer un groupe.
Comme nos conditions d’accueil étaient bonnes, les girafes se sont reproduites assez vite et nous sommes devenus une référence en la matière. Cent cinquante girafons sont nés au fil des années, que nous avons envoyés dans différents zoos d’Europe.
Les girafes ont voyagé par la route – en évitant des itinéraires comprenant des ponts trop bas – avec des transporteurs spéciaux, qui ont des vans à chevaux modifiés, dont le toit est surélevé. Aujourd’hui, les effectifs saturent un peu. Comme nous avions de plus en plus de mal à placer nos jeunes, la reproduction a été stoppée pendant trois ans en isolant les mâles des femelles.

Pouvez-vous décrire ce troupeau ?
Avec douze femelles et deux mâles, notre groupe est l’un des plus importants d’Europe. Nous avons plus de femelles car, une fois matures sexuellement, les mâles ne peuvent se tolérer et ils se battent à coups de tête, de pattes et de cou – ce « necking » peut être assez violent. Ici, les girafes vivent tout le temps ensemble et les jeunes naissent au milieu du troupeau sans que la mère soit isolée, ce qui est assez rare.
En termes d’alimentation, nous sommes très exigeants sur la qualité du fourrage. Il nous arrive de refuser de la luzerne si elle manque de feuilles ou si elle est poussiéreuse. Nous leur donnons aussi de la « barbotine », une recette ancienne créée à Vincennes, à base de farine d’orge et d’avoine. Cette espèce de bouillie de gruau est très appréciée des animaux, elle nous permet de leur administrer des médicaments mais aussi de les récompenser lors des entraînements à passer d’une loge à l’autre ou à recevoir des soins sans anesthésie (prise de sang, échographie…).

Les girafes ont-elles des tempéraments différents ?

Absolument, et chacune a un rôle bien défini. Lors des naissances, il y a les protectrices qui s’occupent des bébés et acceptent l’allo-allaitement en nourrissant un ou deux petits si la mère refuse de s’en occuper, il y a celles qui s’en fichent, celles qui jouent avec les girafons.
Certaines sont téméraires et vont au devant de la nouveauté, fait assez rare chez ces animaux très craintifs, qui, en raison de leur mauvaise vision, sont de véritables proies naturelles. Si dans l’enclos, nous refaisons le sol en mettant du sable qui n’est pas de la même couleur, elles vont faire un détour de dix mètres durant deux ou trois jours pour ne pas marcher dessus car elles se méfient. Dans l’ancien bâtiment, nous avions remplacé une tête de robinet ; comme elle brillait un peu plus qu’avant, les animaux ne voulaient plus avancer dans le couloir. Nous devons faire très attention et leur montrer si des choses vont changer.

Pourquoi Adeline est-elle devenue la mascotte du Parc zoologique de Paris ?

Symboliquement, les girafes font le lien entre l’ancien et le nouveau zoo, elles ont traversé les deux époques et sont l’âme du zoo, qui a perduré. C’était important de ne pas casser le groupe, elles sont restées pendant les travaux et ont tout vu s’installer progressivement. Adeline est née ici, elle fait partie des girafes aventureuses, qui ont du caractère. Elle va prendre son courage à deux pattes pour se mettre en face d’un danger, qui peut simplement consister en un caillou plus gris que les autres !

Comment les soigneurs reconnaissent-ils les girafes ?
Grâce à leurs taches, car elles ont toutes des pelages différents, un peu comme nos empreintes digitales. Parfois, on retrouve un seul motif similaire entre une mère et son petit, une étoile ou une rosace sur le poitrail, par exemple. Elles n’ont pas toutes la même couleur et sont aussi de taille différente. Tous ces petits signes distinctifs nous aident à les reconnaître.

Sont-elles visibles en permanence ?
La plupart du temps, elles évoluent dehors, dans leur enclos de 10.000 mètres carrés, mais s’il y a du vent et qu’il fait froid, nous les rentrons car avec leur long cou exposé, les girafes sont très sensibles aux courants d’air. Quand elles sont à l’intérieur, les visiteurs peuvent emprunter une galerie et les voir à hauteur de tête.

Quoi de neuf chez les girafes depuis cinq ans ?

La cohabitation avec les autres espèces (grands koudous, autruches, grues…) se passe très bien, même si nous étions anxieux au départ car les girafes n’avaient jamais été mélangées auparavant. Depuis la réouverture du zoo, deux mâles et une femelle sont nés. Après une pause de trois ans, trois femelles ont rencontré un mâle en 2018, il devrait donc y avoir une à trois naissances cet été. Nous ne serons fixés qu’un mois ou deux avant leur arrivée car cela ne se voit que dans le dernier quart de la gestation, qui dure quatorze à seize mois, donc bientôt !

Comment gérez-vous la chute du girafon de près de 2 mètres de haut lors de la mise bas ?

Nous gardons les futures mères à l’intérieur avec deux ou trois autres femelles pour les rassurer et nous montons de 20 à 40 centimètres la paille et le fumier de leur litière, ce qui sert d’amortisseur naturel. Elles mettent bas la nuit, la plupart du temps, et se débrouillent très bien seules. Les girafons sont en caoutchouc à la naissance, leurs sabots sont comme des marshmallows !

A quoi servent leurs petites antennes wi-fi sur la tête ?
Tout n’a pas une finalité (rire) ! Les girafes s’en servent un peu pour marquer leur territoire en se frottant aux branchages et parfois, en cas de conflit, pour faire du mal car les ossicônes sont des os recouverts de peau.

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Source : Télérama.
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