Depuis 2013, dans une carrière ombragée, le Bioparc de Doué-en-Anjou abrite des okapis. Cet animal magnifique, mélange entre la girafe et le zèbre, y cohabite avec des oiseaux et des primates.
« Déjà, dans les années 1980, mon père rêvait d’accueillir l’okapi au sein du parc, explique François Gay, directeur du Bioparc de Doué-la-Fontaine. À cette époque, seuls 60 spécimens sont présents dans les zoos à l’échelle européenne. » Et moins de 10 000 à vivre au milieu des peuples pygmées Mbuti et Efe, au cœur de la forêt Ituri, au nord-est de la République démocratique du Congo.
Découvert au début du XXe siècle, cet animal à la tête de girafe, à la croupe rayée d’un zèbre et au gabarit d’un cheval, appartient à la famille des giraffidés. « C’est un animal magnifique et rare. À cette époque, il était déjà en voie de disparition », précise François. Les années passent. Le zoo se développe et engage différentes actions de sauvegarde animalière.
Proche des profondes forêts du Congo
« En 2005, nous apprenons que le programme de conservation des okapis à l’échelle européenne recherche une nouvelle structure d’accueil », se rappelle François. Le Bioparc se porte alors candidat pour accueillir un spécimen. Il faut alors faire vite. Tellement rapidement que la garantie d’un espace dédié à ce nouveau pensionnaire doit être rendue dans les six mois.
« Les délais étaient beaucoup trop courts pour aménager un lieu, répondant à un espace forestier africain, pour assurer le bien-être de l’animal », ajoute le directeur. Le zoo laisse donc passer sa chance. En conscience légitime.
Mais avec le recul, quelques années plus tard, ce coup manqué s’apparente à une réelle opportunité. Celle du temps consacré à la réflexion pour finaliser et mettre en scène un écosystème proche des profondes forêts de la République démocratique du Congo.
Une carrière ombragée de 4 000 m2
François a sa petite idée. Dans une des parties du parc la plus dense en végétation, la plus ancienne carrière créée par son grand-père, Louis, il imagine un espace, entre ombre et lumière. Sur une superficie de 4 000 m2, il va épurer, agencer, creuser les fondations, replanter…
Et, après sept mois de lourds travaux et d’aménagements paysagers, le Sanctuaire des okapis s’ouvre au public. Cet été 2013 marque alors une nouvelle étape importante dans la vie du Bioparc, puisqu’il rejoint les rares zoos européens à héberger des okapis.
Une cohabitation unique en Europe
Ce chantier colossal en valait la peine. Les deux mâles, Azizi et Obazi, s’acclimatent parfaitement à cet environnement unique et le partagent avec une vingtaine d’espèces d’oiseaux (touracos, calaos, cigognes, ombrettes, ibis…) et un primate, le cercopithèque de Hamlyn, un singe à la tête de hibou classé vulnérable.
Coiffée d’un filet à 17 mètres du sol, cette carrière à la fois paisible et mystérieuse est accessible aux visiteurs par une passerelle. « Ils peuvent ainsi cheminer en hauteur, jusqu’à une hutte d’observation surplombant un point d’eau, détaille François. Ils peuvent surtout prendre le temps de découvrir cette cohabitation unique en Europe entre les okapis, les oiseaux et les primates, à l’abri d’une végétation luxuriante. » Une vue imprenable en totale immersion.
Une femelle et deux mâles pour la reproduction
En 2017, Azizi et Obazi sont rejoints par une jeune femelle, « dans l’espoir de former un couple reproducteur », confie François. Cette arrivée s’inscrit pleinement dans l’un des 25 projets nature du parc qui, depuis huit ans, soutient financièrement l’Okapi conservation project.
Un programme qui a pour mission de protéger l’animal dans son milieu naturel, tout en créant des liens avec les communautés locales du nord-est du Congo.
Source : Ouest-France.