Questions/réponses

[Math 63]

Il me semble qu'au sujet de la dissémination, le but est aussi d'éviter la contamination par des maladies : imaginez une épidémie d'une maladie quelconque mais fatale dans 50% des cas sur la population d'okapi par exemple. Si la population captive est détenue à 50% par un zoo et que l'épidémie s'y développe, les pertes en seraient énormes.

[okapi]

Relativisons donc nos propos: il ne s'agit pas de concentrer tous les okapis de la planète dans deux parcs, mais d'envisager autrement les choses. Un parc qui disposerait d'un sous-bois de, disons cinq hectares, pourrait être à même d'organiser un élevage plus efficace de cette espèce que des zoos qui disposent de petites surfaces où d'individus solitaires ou incompatibles. Et je crois me souvenir que Durrell préconisait en son temps de posséder plusieurs couples pour obtenir de meilleurs résultats. Sinon, c'est clair que c'est plus simple avec une bestiole qui tient dans la poche qu'avec des individus d'une tonne... Les groupes de la Haute Touche me semblent bien fonctionner, mais il s'agit d'espèces souvent grégaires. J'ai parfois l'impression que certains zoos exposent leurs trophées EEP dans des vitrines plutôt que dans de réelles structures habilitées à produire des résultats...

[didier]

Le week-end prochain , "30 millions d'amis" va proposer un reportage sur le Docteur Quinque et sa collection d'oiseaux , hélas non ouverte au public .
Quelqu'un peut nous rappeler les espèces rares que recèle cette collection ? Existe-t-il d'autres établissements non ouverts au public qui possèdent des espèces rares ?
Il me semble qu'un dresseur animalier pour le cinéma , possède des guépards , grizzlis , etc ... ?

[maxime]

Ca c'est une nouvelle ! Merci Didier pour l'information !
Le net diffuse justement trop peu d'informations récentes sur ce particulier mais une interview très intéressante (visible à ce lien : http://diamantgould.free.fr/newsgould20.htm) faisait état d'une collection de 500 animaux appartenant à 40 espèces, dont 80 tamarins-lions à tête dorée, des grues du Japon, des flamants de Cuba, les fameux cagous, des pigeons soyeux, mais aussi des calaos, des guaroubas, ouistitis de Geoffroy, singes pinchés, des jabirus, serpentaires et perroquets de toutes sortes.

Concernant la présence d'autres particuliers, je crois qu'il y en a plus que l'on ne le pense en France : ours noirs baribals en Vendée, lions, tigres et panthères chez divers dresseurs, loups ou rapaces pour les personnes utilisant leurs animaux pour le cinéma, sans compter les serpents vénimeux ou les psittacidés !

[tiao]

Et le scoop : un projet de serre accueillant le public !!!

[didier]

Une serre de 2 ha ! J'espère qu'on en saura plus au cours de ce reportage .

[Frederic]

Mouais ...... Je ne verrais pas le reportage, j'espère que vous me tiendrez au courant.

Parce que je serais curieux de connaître la date de l'interview du lien donné par Maxime.
J'ai ma mémoire qui flanche, mais j'ai l'impression d'avoir vu celle-ci ..... lorsque je suis allé voir l'exposition organisée par le Conseil Régional de l'Oise, à Beauvais .... en Mai 2003 !!!

Les cagous ne supportaient pas le stress provoqué par les visiteurs, ils étaient repartis au bout d’une ou 2 journées. Par contre, les tamarins et quelques autres aninaux étaient restés le temps de l’expo.

Le projet de serre n’a rien d’un scoop. Le scoop, ce serait de savoir si un financement a enfin été trouvé. Je m’étais laissé dire, à l’époque, que le docteur n’était pas une personne avec laquelle il était facile de monter un projet. En gros, le financement se résumait ni plus ni moins qu’à une demande de chèque en blanc à tout investisseur potentiel.
En ajoutant que cultiver le gôut du secret, et parler d’une ouverture au public, c’est légèrement incompatible.
J’ai bien peur que le Cavex se contente de participer à des actions de sensibilisation auprès du grand public. Ce qui est d’ailleurs très louable.

[okapi]

C'est toujours difficile dans un pays où la chose publique est vitale de gérer des initiatives privées. Je vois mal un partenariat à sens unique avec une quelconque structure publique pour un tel projet: où le parc devient public, où l'argent public reste où il est... C'est clair et basique. Et quand on connaît le coût d'une serre, à moins d'avoir beaucoup, beaucoup d'argent (parce que ce ne sont pas les hypothétiques entrées qui assureront le fonctionnement), il faut rêver le moins possible... En revanche, des colonies de ouistitis et de cagous, ça oui, ça fait rêver!

[Frederic]

Eh bien voilà, tu as tout résumé. A la limite, la région pourrait mettre à dispo un terrain, mais au-delà de çà, je ne vois pas.

En revanche, je me suis toujours demandé comment il pouvait gérer les problèmes de consanguinité et apporter du sang neuf dans sa collection. J’imagine que cela se fait en dehors de tout EEP, et il s’agit d’animaux plutôt rares. La personne de l’association que j’avais vu à l’époque n’avait pas su (ou voulu) me répondre. Vu les collaborations annoncées, notamment les scientifiques du MNHN, je suis toujours resté perplexe devant cette situation.
J'espère que cette émission apportera un début de réponse ... mais, bon, 30 Millions d'amis, j'ai l'impression que c'est un peu le monde des bisounours.

[okapi]

Si les relations avec le Muséum sont au beau fixe, c'est à Clères ou à la Haute Touche qu'il faudrait créer cette serre... Et reste aussi posée la question des installations chez le docteur: mais au vu des résultats, je crois que c'est plutôt décourageant pour les parcs qui rêvent et créent, parce que ce que j'ai entendu ne correspond pas vraiment avec des structures hors normes...

[Frederic]

Une autre remarque : le docteur précisait détenir 80 singes lion à tête dorée sur une population totale en captivité d'environ 500.
Si ces chiffres sont exacts, est-il normal qu'un particulier détienne 1/6 ème de la population d'une espèce ? Outre la problématique de la consanguinité que j'évoquais précedemment, je pense par exemple au dégâts que pourrait causer l'apparition d'une épidémie dans ce cheptel.

[okapi]

C'est un chiffre considérable, mais il appelle aussi d'autres questions: comment se fait-il que ce soit un particulier et non plusieurs parcs qui détiennent tant de spécimens? Non pas qu'il faille contester au docteur de détenir 80 bestioles, mais pourquoi aucun parc n'en détient-il pas autant sinon davantage? Tous les acteurs dédiés à cette espèce devraient en avoir au moins autant, non? S'il réussit aussi bien, il doit avoir une recette exploitable par d'autres... Ou personne ne veut-il vraiment s'encombrer avec dix, quinze ou vingt volières remplies de la même espèce?

['Abdallah]

je pense qu'en effet c'est une part importante du problème. A moins de faire de la conservation strictement pour ce qu'elle est, un parc zoologique est aussi une entreprise qui se doit d'être attractive. Personne - du moins très peu de monde dans le grand public - n'a envie de se coltiner plusieurs fois la même espèce dans différentes enclos ou volières.
Il y aurait pourtant une excellente piste à étudier. La petite taille des callithricidés permettrait de répartir sans mal plusieurs groupes reproducteurs dans une même biozone. Cela inciterait les concepteurs à varier les modes de présentation afin de ne pas lasser le visiteur moyen, ce qui donnerait certainement lieu à des efforts d'innovation tout-à-fait bienvenus (dans la morne étendue de copier/coller des installations pour une même espèce à travers le monde). Par exemple, pour le cas d'une même espèce (je vais plus loin que le simple cas des tamarins) habitant, à l'état sauvage, différent types de biotopes, un parc pourrait héberger les différents couples ou groupes dans des enclos s'attachant à reconstituer ces différents biotopes. La valeur éducative de la chose en serait d'autant plus grande, et il serait peut-être possible (?) d'établir un roulement qui limiterait l'ennui des individus..

Mais je parle au subjonctif alors que ce genre d'expérience à surement déjà été tenté. Quoi qu'il en soit, de nombreux parcs maitrisant bien la reproduction d'une espèce devraient penser à cette éventualité.. Dans les limites, bien sûr, de ce qui a été évoqué un peu plus haut. A savoir le risque lié à une épidémie dans un secteur où ladite espèce est fortement représentée.

[okapi]

Ce n'est pas un problème, c'est un renoncement! Mais qu'est-ce donc que faire de la conservation strictement pour ce qu'elle est? N'est-ce pas la mission numéro un des zoos? Cela veut-il dire que détenir un couple ici et un autre là est suffisant? Ou est-ce plutôt un moyen de s'offrir une petite dose de bonne conscience et des espèces nouvelles de temps en temps? En quoi, à partir du moment où c'est expliqué, le public se lasserait-il de longer des enclos ou des volières où vivent plusieurs dizaines d'individus semblables? N'oublions pas non plus que le public n'aime jamais autant qu'en avoir pour son argent: voir quarante ouistitis ou des dizaines de faisans précieux l'impressionnera toujours plus que deux individus dans une petite volière... La notion de collection est toujours aussi vivace...

['Abdallah]

C'est justement la question que je posais. La conservation pour ce qu'elle est est certes la mission numéro un des zoos. Mais comme tu dis, détenir un couple à droite à gauche n'est pas forcément suffisant. Pourtant c'est bien souvent le cas.
Les parcs zoologiques ne se posent peut-être donc pas toujours les bonnes question sur ce point.

Je t'accorde qu'un très grand groupe de ouistitis (comme à l'état sauvage) présenté dans un enclos, une île ou une volière impressionnera toujours plus que 3 ou 4 individus. Mais quatre terrariums successifs présentant à chaque fois un couple d'iguane de la même espèce, je me permets de supposer que ça peut lasser les gens.