Un poil d’exzootisme au Zoo de l'Orangerie (Strasbourg) :
Au cœur de l’Orangerie, un parc animalier accueille soixante-douze espèces. Derrière les grilles, singes, lynx et oiseaux rares émerveillent les promeneurs.
Jean, 25 ans, flâne devant les cages des animaux avec sa petite amie : « Nos préférés sont les tortues et les singes. » Dans le parc de l'Orangerie, aucun mur n’entoure le zoo : son accès est libre. Les enclos, protégés par un double grillage, sont placés côte à côte. Celui des autruches et le parc à cigognes sont un peu à l'écart. « Je faisais mon footing quand je suis tombé dessus par hasard », explique Philippe, professeur de mathématiques. Depuis, il s’y rend après chaque entrainement.
Les animaux sont pris en charge par quatre soigneurs, une secrétaire et Claude Rink, le directeur du zoo. Le personnel a baptisé certains de ses protégés. « Parmi les flamants roses, je peux reconnaître Arthur. Mais impossible de donner des prénoms aux quatorze autres, on ne s'en souviendrait pas », plaisante Claude Rink. Au total, le zoo compte 72 espèces dont des lynx, un fennec et des oiseaux rares : les grands tétras. « Les cages sont quand même petites pour les animaux, et ils n’ont pas beaucoup d’ombre quand il fait chaud », constate Louise, une promeneuse. Une vieille dame renchérit : « Il n’y a pas assez de verdure, ils sont sur du béton, c'est triste. »
Les cigognes apportent des bébés
Créé en 1895, le zoo de l’Orangerie a d’abord été géré par la Ville. Avant que l'association des Amis du zoo prenne le relais en 1949. Il accueille de nombreux animaux donnés par des particuliers, comme les perroquets arlequins ou le fennec, ramené du Maroc par une famille. C'est souvent pour des raisons pratiques que les gens laissent leurs animaux. Comme Jeannot, un habitué, qui ne pouvait plus s'occuper de ses perroquets.
Les cages, adaptées au milieu de vie des animaux, ont été réalisées grâce aux dons des 250 membres de l’association. Le zoo a pour mission de protéger les espèces. Mais il est également un centre de reproduction : tout est mis en œuvre pour que lynx, singes et autres résidents se reproduisent. « La première fois que je suis venu, je ne m'attendais pas à voir autant de cigognes », s’étonne Nicolas, un visiteur régulier. En 1972, il ne restait que neuf couples en Alsace, et aujourd’hui il y en a 360, grâce au travail du zoo qui en compte 22. Gabrielle garde un souvenir ému de ces oiseaux migrateurs : « En voulant en caresser un, je me suis fait voler ma bague de fiançailles. Par chance un soigneur l'a récupérée. En me la rendant, il m'a rappelé que les cigognes apportent des bébés... Treize mois plus tard je suis revenue au zoo avec une poussette. »
A ses heures perdues, Claude Rink observe les visiteurs dans les allées du parc. Un jour, il a surpris une femme donnant de la glace aux lynx. « C'est pour les rafraîchir ! », s'est-elle défendue quand il lui a rappelé l'interdiction de nourrir les animaux. Mais Claude Rink laisse souvent faire le public. « Il faut bien que les gens aient un petit plaisir », se justifie-t-il.
Le directeur met en exergue la fonction pédagogique de son zoo. Des pancartes sont accrochées sur chaque enclos. Nom et origine de l'animal y figurent. « Parfois mon fils me pose une colle, alors je lis les pancartes pour tenter de lui répondre et souvent on apprend ensemble », raconte Eric, un Strasbourgeois venu avec ses amis après un pique-nique. Caroline, elle, vient de Paris : « C’est la première fois que mon fils Harone, 5 ans et demi, voit ces animaux ailleurs que dans des livres. » Curieux, le petit garçon pense plus à escalader les grilles pour rejoindre les singes qu'à écouter les explications de sa mère. Les familles ne sont pas les seules à profiter du zoo. Des couples, des étudiants et des retraités se croisent et partagent leurs impressions. « J'ai entendu une grand-mère expliquer à son petit-fils pourquoi le paon fait la roue. J’ai appris quelque chose aussi ! », s'amuse Pierre, étudiant en droit.
Réincarné en lémurien
Le zoo a aussi ses fidèles. Depuis quelques années, Dominique, veuve d'une soixantaine d'années, vient nourrir les lémuriens. Au début, le personnel a essayé de l'en empêcher. Mais Dominique est persuadée que son défunt mari, d'origine malgache, s'est réincarné en lémurien. Finalement, un accord a été trouvé, à condition qu'elle vienne tous les jours, sans faute. A 64 ans, Robert passe tous ses mercredis et dimanches après-midi au zoo. Avec ses deux petits-enfants, il commence toujours par un tour du parc. « C'est bon pour la ligne », plaisante-t-il. Puis il se repose à la mini-ferme dont l'entrée est payante. On y découvre des vaches, des chèvres et des ânes, comme Coco, la mascotte des lieux. « Les enfants sont ravis, ils connaissent tous les prénoms des bestioles et moi j'ai la paix pour le restant de l'après-midi », se réjouit Robert.
Le zoo est financé grâce aux entrées de la mini-ferme, aux dons des membres de l'association et aux subventions de la Ville. Pour Claude Rink, pas question de rendre l’ensemble du zoo payant. « C'est aussi parce que c'est gratuit que je viens si souvent », confie une mère accompagnée de ses trois garçons.
De nombreux projets sont envisagés pour agrandir le parc, rénover la mini-ferme et améliorer les enclos des animaux. L'association sollicite donc une subvention d'un million d'euros auprès de la mairie de Strasbourg. « En attendant, cela ne nous empêche pas d'offrir du rêve. »
Source : http://mcsinfo.u-strasbg.fr/article.php ... e_id=12086
Au cœur de l’Orangerie, un parc animalier accueille soixante-douze espèces. Derrière les grilles, singes, lynx et oiseaux rares émerveillent les promeneurs.
Jean, 25 ans, flâne devant les cages des animaux avec sa petite amie : « Nos préférés sont les tortues et les singes. » Dans le parc de l'Orangerie, aucun mur n’entoure le zoo : son accès est libre. Les enclos, protégés par un double grillage, sont placés côte à côte. Celui des autruches et le parc à cigognes sont un peu à l'écart. « Je faisais mon footing quand je suis tombé dessus par hasard », explique Philippe, professeur de mathématiques. Depuis, il s’y rend après chaque entrainement.
Les animaux sont pris en charge par quatre soigneurs, une secrétaire et Claude Rink, le directeur du zoo. Le personnel a baptisé certains de ses protégés. « Parmi les flamants roses, je peux reconnaître Arthur. Mais impossible de donner des prénoms aux quatorze autres, on ne s'en souviendrait pas », plaisante Claude Rink. Au total, le zoo compte 72 espèces dont des lynx, un fennec et des oiseaux rares : les grands tétras. « Les cages sont quand même petites pour les animaux, et ils n’ont pas beaucoup d’ombre quand il fait chaud », constate Louise, une promeneuse. Une vieille dame renchérit : « Il n’y a pas assez de verdure, ils sont sur du béton, c'est triste. »
Les cigognes apportent des bébés
Créé en 1895, le zoo de l’Orangerie a d’abord été géré par la Ville. Avant que l'association des Amis du zoo prenne le relais en 1949. Il accueille de nombreux animaux donnés par des particuliers, comme les perroquets arlequins ou le fennec, ramené du Maroc par une famille. C'est souvent pour des raisons pratiques que les gens laissent leurs animaux. Comme Jeannot, un habitué, qui ne pouvait plus s'occuper de ses perroquets.
Les cages, adaptées au milieu de vie des animaux, ont été réalisées grâce aux dons des 250 membres de l’association. Le zoo a pour mission de protéger les espèces. Mais il est également un centre de reproduction : tout est mis en œuvre pour que lynx, singes et autres résidents se reproduisent. « La première fois que je suis venu, je ne m'attendais pas à voir autant de cigognes », s’étonne Nicolas, un visiteur régulier. En 1972, il ne restait que neuf couples en Alsace, et aujourd’hui il y en a 360, grâce au travail du zoo qui en compte 22. Gabrielle garde un souvenir ému de ces oiseaux migrateurs : « En voulant en caresser un, je me suis fait voler ma bague de fiançailles. Par chance un soigneur l'a récupérée. En me la rendant, il m'a rappelé que les cigognes apportent des bébés... Treize mois plus tard je suis revenue au zoo avec une poussette. »
A ses heures perdues, Claude Rink observe les visiteurs dans les allées du parc. Un jour, il a surpris une femme donnant de la glace aux lynx. « C'est pour les rafraîchir ! », s'est-elle défendue quand il lui a rappelé l'interdiction de nourrir les animaux. Mais Claude Rink laisse souvent faire le public. « Il faut bien que les gens aient un petit plaisir », se justifie-t-il.
Le directeur met en exergue la fonction pédagogique de son zoo. Des pancartes sont accrochées sur chaque enclos. Nom et origine de l'animal y figurent. « Parfois mon fils me pose une colle, alors je lis les pancartes pour tenter de lui répondre et souvent on apprend ensemble », raconte Eric, un Strasbourgeois venu avec ses amis après un pique-nique. Caroline, elle, vient de Paris : « C’est la première fois que mon fils Harone, 5 ans et demi, voit ces animaux ailleurs que dans des livres. » Curieux, le petit garçon pense plus à escalader les grilles pour rejoindre les singes qu'à écouter les explications de sa mère. Les familles ne sont pas les seules à profiter du zoo. Des couples, des étudiants et des retraités se croisent et partagent leurs impressions. « J'ai entendu une grand-mère expliquer à son petit-fils pourquoi le paon fait la roue. J’ai appris quelque chose aussi ! », s'amuse Pierre, étudiant en droit.
Réincarné en lémurien
Le zoo a aussi ses fidèles. Depuis quelques années, Dominique, veuve d'une soixantaine d'années, vient nourrir les lémuriens. Au début, le personnel a essayé de l'en empêcher. Mais Dominique est persuadée que son défunt mari, d'origine malgache, s'est réincarné en lémurien. Finalement, un accord a été trouvé, à condition qu'elle vienne tous les jours, sans faute. A 64 ans, Robert passe tous ses mercredis et dimanches après-midi au zoo. Avec ses deux petits-enfants, il commence toujours par un tour du parc. « C'est bon pour la ligne », plaisante-t-il. Puis il se repose à la mini-ferme dont l'entrée est payante. On y découvre des vaches, des chèvres et des ânes, comme Coco, la mascotte des lieux. « Les enfants sont ravis, ils connaissent tous les prénoms des bestioles et moi j'ai la paix pour le restant de l'après-midi », se réjouit Robert.
Le zoo est financé grâce aux entrées de la mini-ferme, aux dons des membres de l'association et aux subventions de la Ville. Pour Claude Rink, pas question de rendre l’ensemble du zoo payant. « C'est aussi parce que c'est gratuit que je viens si souvent », confie une mère accompagnée de ses trois garçons.
De nombreux projets sont envisagés pour agrandir le parc, rénover la mini-ferme et améliorer les enclos des animaux. L'association sollicite donc une subvention d'un million d'euros auprès de la mairie de Strasbourg. « En attendant, cela ne nous empêche pas d'offrir du rêve. »
Source : http://mcsinfo.u-strasbg.fr/article.php ... e_id=12086