Quels parcs zoologiques avez-vous visités cette année et lesquels ont été des découvertes ?Le Bioparc de Doué, le ZooParc de Beauval, Biotropica, le Cerza, Clères, la Planète des crocodiles de Civaux, le zoo du Bois de Saint-Pierre, Le Pal, le Parc animalier d’Auvergne, le zoo de Labenne (découverte), le Reptilarium de Labenne (découverte), l’aquarium de Biarritz (découverte), l'African Safari à Plaisance-du-Touch, le zoo de la Pépinière à Nancy (découverte), le zoo d’Amnéville, le parc de Sainte-Croix, la Vallée des singes.
Quelle a été votre meilleure visite de 2019 ?Outre celle du parc animalier d’Auvergne sur laquelle je reviendrai plus tard, mon petit « zootour » normand. J’ai trouvé la rénovation des volières historiques de Clères très réussie tandis que l’enclos des ours polaires du Cerza fait, à mes yeux, figure de référence en la matière, du moins dans l’Hexagone. Seul bémol majeur, ne pas avoir aperçu les petits gavials du Gange à Biotropica à une semaine près. Je grince toujours des dents…
Quelle a été votre plus belle découverte zoologique de l'année ?Certainement le parc animalier d'Auvergne. Tout comme Nico, j’ai été conquis par l’enclos des chamois et bouquetins. « Ça le fait ! »,
. Ma précédente visite à Ardes-sur-Couze remontait à 1999, au temps du Cézallier. Une époque désormais lointaine. Concernant cet établissement, c’est tant mieux.
En outre, j’ai apprécié l’attitude de Pascal Damois, acceptant de répondre sans détours à toutes les questions, même dérangeantes…
Quel a été pour vous l'événement zoologique de l'année ?Le plan stratégique concernant l’avenir du zoo de Barcelone, établissement d’une toute autre dimension que Pont-Scorff, voté début mai 2019 par la municipalité catalane. Le sujet n’a plus guère fait de bruit depuis. Pourtant, il cristallise tous les reproches, fondés ou non, adressés aux zoos. Petits ou grands, privés comme publics, ces derniers ne peuvent plus pratiquer la politique de l’autruche. Certains l’ont déjà compris, d’autres pas…
Quelle a été votre déception zoologique de l'année ?Paradoxalement, Le Pal. Alors que cet établissement abrite quelques-unes des plus remarquables installations hexagonales (et des coulisses dignes d’éloges aux dires de ceux qui ont pu les visiter), la construction du Yukon Quad à proximité immédiate de l’enclos des loups et non loin du parc des éléphants m’a semblé une aberration. D’aucuns rétorqueront sans doute que les hurlements des visiteurs ne perturbent pas les animaux concernés. Peut-être… Et de vraies fausses bonnes raisons expliquent certainement ce choix. N’empêche, à l’heure où les zoos sont accusés de n’être que de simples parcs d’attractions, il m’apparaît particulièrement malheureux.
Quelle a été la surprise zoologique de l'année ?À l’échelon européen, le plan stratégique de Barcelone. En France, le rachat de Pont-Scorff.
J’espère que ce dernier ouvrira (enfin) la voix à des dialogues constructifs entre professionnels et passionnés capables, je crois, d’apporter leur pierre à l’édifice comme « interfaces » entre le public et les parcs.
Il est regrettable qu’aussi peu de professionnels viennent s’exprimer ici (merci à ceux qui le font comme GPN, Vinch, Jean-Marc ou encore Grievous avant son envol pour l’autre bout du monde et pardon à ceux que j’oublie) ou que les forumeurs qui le deviennent prennent aussitôt leurs distances… Je comprends les réserves des uns et des autres mais je ne suis pas certain que ce silence frileux soit la meilleure image que donne le petit monde des zoos.
Evidemment, cela exige de la part de tous de la mesure, le respect de ses interlocuteurs et, le cas échéant, une modération efficace.
Pour être un peu positif, je citerai aussi le colloque «
Ex-situ / In-situ, réintroductions d'espèces animales : la chaîne des compétences » initié par le Conservatoire d'espaces naturels de Savoie. La preuve que les acteurs (responsables) de la conservation peuvent œuvrer de concert malgré leurs différences.
Quel est selon vous le parc zoologique ayant le plus marqué les esprits en 2019 ?Indéniablement Pont-Scorff dont l’histoire et les déboires (passés, actuels et peut-être futurs) en disent plus longs que de grands discours sur la difficile évolution du zoo d’hier vers celui de demain comme sur les dangers qui se profilent aujourd’hui pour la conservation
ex situ.
Quelle a été selon vous la meilleure nouveauté zoologique de l'année ?Le Cratère des carnivores, l’équipe du Bioparc ayant réussi son pari d’ouvrir cette nouvelle zone aux vacances de Noël. Les espaces offerts sont immenses, les animaux peuvent se soustraire aux regards et à la proximité des visiteurs ? Réjouissons-nous !
Qui est selon vous la personnalité zoologique de l'année ?François Gay pour sa poursuite ambitieuse de la vision familiale du parc zoologique de demain.
Quelle est pour vous la naissance de l'année ?La première naissance de tigres de Malaisie en France. Avec 75 individus officiellement maintenus dans des institutions zoologiques à travers de monde et moins de 200 spécimens estimés dans la nature, cette sous-espèce est désormais toute proche du gouffre.
Quel(s) parc(s) prévoyez-vous de visiter en 2020 ?Le Bioparc et Beauval bien sûr, résidant à proximité des deux. J’ai aussi hâte de découvrir certaines des nouveautés prévues pour la saison prochaine, notamment à La Boissière-du-Doré (dont le nouvel enclos des lions pourrait être une belle surprise) et au Cerza.
J’aimerais aussi me rendre à Elephant Haven. Certains avaient ironisé sur ce projet, le jugeant farfelu et sans avenir. Force est de constater que ses responsables, qui n’ont rien de millionnaires ayant fait fortune dans la téléphonie ou le secteur parapharmaceutique, ont su mobiliser les énergies et trouver les fonds nécessaires.
Je rêve enfin d’une ou deux belles visites à l’étranger, pourquoi pas outre-Manche, de l’autre côté du Rhin ou à Pairi Daiza. Et, qui sait, d’embarquer pour Jersey comme on va à la rencontre d’un mythe…
Quelle sera selon vous la meilleure nouveauté 2020 parmi celles déjà annoncées ?Difficile de comparer au regard des natures très différentes des projets comme des sommes engagées. Le Dôme sera d’évidence spectaculaire, certaines des espèces accueillies très excitantes pour qui ne les a, comme moi, jamais observées. Mais cela suffira-t-il à générer une émotion aussi forte que celle suscitée par le cratère des Carnivores…
Je rêve aussi que des parcs nous annoncent la création de zones spécialement dédiées à l’élevage d’espèces locales menacées, fussent-elles non accessibles aux visiteurs.
Quelle naissance souhaiterez-vous voir en 2020 ?Celle d’une remise en question d’une partie des acteurs du monde des zoos. À l’heure où un vent mauvais souffle sur la profession, cela me semble nécessaire, sinon vital. Difficile aujourd’hui de s’accrocher aux sempiternels discours repris en boucle depuis des années. Une totale transparence est désormais de rigueur (mieux vaudrait par exemple admettre que certaines espèces s’achètent toujours en expliquant pourquoi que d’attendre que les anti-zoos viscéraux n’exhibent un jour les factures). Les petits arrangements avec les principes affichés et les missions justifiant aujourd’hui l’existence même des zoos (comme des aquariums) ne sont plus admissibles.
Plus prosaïquement, côté naissances, j’espère que de nouveaux progrès seront obtenus dans la lutte contre les herpèsvirus affectant les éléphanteaux.
J’aimerais aussi apprendre que les premières nichées d’aras de Spix ont été observées dans la nature après les relâchés annoncés pour l’an prochain.
Quel parc risque de nous surprendre en 2020 ?Je vous en laisse la surprise...