Créations

Observations, interrogations, raretés... De multiples échanges peuvent y être abordés !

Masterplan fictif MNHN

Messagepar Therabu » Samedi 31 Août 2013 11:44

Bonjour à tous. Je reviens à la charge avec mon double projet de rénovation des parcs parisiens du Muséum. Le premier volet consacré à la Ménagerie n'était pas suffisamment bien ficelé et je compte m'appuyer sur cette première version pour aboutir à un masterplan plus pointu.
En attendant, et avec l'ouverture de Vincennes qui se rapproche, je vais vous exposer le projet que j'ai imaginé pour Vincennes, toujours selon le concept de biozones géographiques orientées vers les “hotspots” de la biodiversité.

La superficie de Vincennes, 14 hectares, permet de présenter de plus gros animaux qu'à la Ménagerie dans de bonnes conditions. Je trouve que l'actuel projet est un peu déséquilibré au niveau de cet aspect. La décision de ne pas prévoir d'éléphant est juste et tout à l'honneur du Muséum, mais on remarque aussi l'absence de classes d'animaux très charismatiques et attractives comme les ours ou les grands singes. Les gros animaux prévus restent finalement en grande majorité des ongulés africains. Mais la réflexion est plus profonde que de chercher à intégrer des grands animaux apprécies du public dans une collection qui tient tout de même déjà la route.
Il s'agit plus de s'attacher à la justesse des bio-zones et à la présentation écosystèmes entiers fortement menacés et représentatifs des dangers pesant sur l'environnement afin de façonner un outil de sensibilisation du public extrêmement efficace et une infrastructure en phase avec les besoins d'élevage des animaux. Le Muséum ayant avant tout un but éducatif et scientifique, chaque zone sera aussi l'occasion d'aborder un aspect passionnant de l'écologie de ces environnements. Pour que mon propos soit plus parlant, je vais immédiatement exposer les différentes zones prévues ainsi que les problématiques évoquées dans chacune d'entre elle.

La forêt côtière de Taï en Côte d'Ivoire :
C'est la plus grande réserve forestière d'Afrique de l'Ouest et forme un ensemble avec d'autres aires protégées contiguës en Côte d'Ivoire et au Liberia. La forêt guinéenne forme une bande de plus en plus étroite avec une faune bien spécifique et différente en de nombreux points de celle du bassin du Congo.
Sont abordés comme problèmes écologiques celui de la viande de brousse et celui de la consommation outrancière de biens numériques et de ses conséquences dommageables (recyclage des ordinateurs en Afrique de l'Ouest, exploitation destructrice du coltan ect...). Les diverses espèces présentées illustreront comment les animaux se partagent les divers étages d'un même environnement.

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La forêt sèche de Kirindy Mitea :
Ce parc national situé sur la côte ouest de Madagascar est le dernier refuge au monde du rat sauteur géant de Madagascar. Inutile de vous expliquer à quel point la faune malgache est menacée afin de justifier cette zone.
Le trafic animalier ainsi que les problématiques agricoles dans les pays pauvres servent de fil conducteur dans cette zone. L'endémisme extrêmement élevé de la faune et de la flore malgache permettront d'expliquer les mécanismes d'évolution des espèces.

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La forêt de mousson des Nilgiri et Ceylan :
Les Ghats de l'Ouest sont une chaîne de montagnes au sud du plateau du Dekkan qui constitue la majorité du territoire indien. Les forêts tropicales qui y poussent sont isolées dans ces montagnes du reste du continent et abrite d'une part une forte concentration de grands animaux charismatiques de la faune indienne (éléphants, gaurs, tigres), et présente d'autre part de nombreuses espèces strictement endémiques à cette partie du globe. Elle partage cette caractéristique avec l'île de Ceylan qui a été regroupée avec elle au sein du même Hotspot car leur faune et leur géographie est comparable. Par conséquent, certaines espèces ou sous-espèces sri-lankaises mais disposant de cousins équivalents dans les Ghats occidentaux seront incorporés au plan de collection.
Quel pays illustre mieux les difficultés de cohabitation entre la faune et l'homme que l'Inde ? Cet immense pays en voie de développement peine à protéger sa faune si riche de la pression démographique. La relation proie-prédateur, et plus généralement le concept de chaîne alimentaire occupera également sa place dans cette biozone.

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Le désert du Karoo :
Avec le hotspot voisin “Aire floristique du Cap”, le désert du Karoo est un haut-lieu de la diversité des plantes à fleurs. Vincennes projette à la fois d'être un parc animalier mais aussi botanique. Le Karoo National Park a été un haut lieu de la translocation et de la protection des rhinocéros noirs en Afrique Australe. D'autres espèces emblématiques des semi-déserts d'Afrique australe s'y trouvent également. Les stratégies d'adaptation aux environnements désertiques sont abordées en lien avec les problèmes de désertification rencontrés dans le monde et plus spécialement en Afrique.
L’Afrique du Sud est un pays incontournable dans le domaine de la conservation animale puisqu'ils sont en pointe dans la gestion de la grande faune sauvage et qu'on y trouve pour l'instant le seul parc national rentable du monde (Ndlr : le parc Kruger). Les opportunités que peut apporter la création d'aires protégées mais aussi les dérives et problèmes posés constituent un sujet passionnant et polémique.

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Les îles Malouines :
Situées au large de la Terre de Feu, c'est un des rares endroits de la planète où l'action de l'homme ne s'est pas encore révélée trop destructrice. C'est une île indispensable à la reproduction de nombreuses espèces d'oiseaux avec certaines espèces dont la grande majorité des individus vivent aux Falklands (l'autre nom de cet archipel). Le public sera ici alerté sur l'impact que nous avons sur les écosystèmes marins à travers notre consommation de produits de la mer et la pollution marine. Les vertébrés présentés dans cette installation illustreront les adaptations au milieu aquatique. Des dispositifs pédagogiques expliqueront de manière plus large comment les environnements influent sur la morphologie des espèces.

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La forêt d'altitude de la Cordillère des Andes :
Appelée “Cloud forest” en anglais, ce milieu est vraiment différent des forêts tropicales de plaines. La diversité d'êtres vivants y est incroyable et différente d'une vallée à l'autre. Le parc de la Cordillera Azul au Pérou sera ici représenté avec sa faune vivant entre les vallées de San Martin, du Rio Maranon et les pentes orientales plongeant dans la forêt amazonienne. L'aspect spectaculaire du mode de vie des différentes classes zoologiques (amphibiens, primates, oiseaux, papillons) est très intéressant. Des espaces permettront à chacun de comprendre et d'évaluer à quel point nous sommes redevables de la nature dans notre quotidien. C'est en provenance de cette zone que certains de nos aliments de base sont originaires (pommes de terre, maïs, tomates) et la forêt tropicale constitue un coffre-fort de molécules encore méconnues par la science et qui feront la médecine de demain. Un aspect qui peut inciter à la protection des forêts tropicales...

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Le Cerrado :
Le parc national d'Emas dans l'état du Mato Grosso est une des dernières reliques de cette savane brésilienne classé comme un hotspot. Le faible nombre d'espèces est inversement proportionnel à l'importance de la problématique écologique abordée dans cette zone. Le Brésil est particulièrement représentatif des dégâts et des changements occasionnés par l'agriculture intensive et l'élevage intensif du bétail à destination des pays développés. L'importance des comportements alimentaires de chacun est fortement appuyée. Comme un clin d’œil, le restaurant du parc et son entrée principale se situent dans cette zone et invite le visiteur à s'initier à une alimentation respectueuse de l'environnement de la plus délicieuse et respectueuse des manières.

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Shark Bay :
La visite se clôture avec cette petite zone australienne principalement massée dans le bâtiment de sortie. L'Australie occidentale est un hotspot mi-terrestre mi-marin protégeant à la fois quelques marsupiaux extrêmement menacés et une barrière de corail certes moins impressionnante que celle de la côte orientale mais tout aussi riche. Les symbioses entre êtres vivants sont abordées sur le plan écologique. Lorsque l'on parle de réchauffement climatique, l'on pense plus facilement aux pôles et leurs étendues glacées plutôt qu'aux eaux turquoise de l'Océan Indien. Pourtant ces zones sont également fortement touchées lorsque l'on sait qu'une variation infime de la température de la mer suffit à faire mourir des pans entiers d'un récif corallien.

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Afin de présenter le projet, et en l'absence d'images de synthèse, mes descriptions s’appuieront sur les photos d'installations déjà existantes dont sont inspirées celles-présentes à Vincennes.

Les zones se répartissent ainsi sur la surface totale du zoo :
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-Gris : bâtiments
- Rouge clair : Taï
- Rouge foncé : Kirindy Mitea
- Marron : Nilgiri
- Orange : Karoo
- Bleu foncé : Falklands
- Vert foncé : Andes
- Vert clair : Cerrado
- Rose : Australie occidentale
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Messagepar Antoine6259 » Samedi 31 Août 2013 12:25

Sympa comme idée !! J'attends la suite avec impatience !!
Le rose c'est juste le carré prés de l'entrée ?
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Messagepar Serpentaire » Samedi 31 Août 2013 13:17

J'aime bien ton projet, bien pensé et ça pourrait donner quelque chose de spectaculaire.

Tu aurais une idée précise des espèces que tu accueillerait et de la façon dont tu concevrais les installations?
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Messagepar okapi » Samedi 31 Août 2013 16:27

C'est formidable, mais ça ne vous a pas échappé que le zoo est déjà en re-construction et que le plus beau projet du monde ne va pas arrêter les travaux en cours... Je trouve cette idée passionnante, mais ce serait plus juste de l'appliquer à des parcs potentiellement "rénovables"...
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Messagepar Serpentaire » Samedi 31 Août 2013 18:06

okapi a écrit:C'est formidable, mais ça ne vous a pas échappé que le zoo est déjà en re-construction et que le plus beau projet du monde ne va pas arrêter les travaux en cours... Je trouve cette idée passionnante, mais ce serait plus juste de l'appliquer à des parcs potentiellement "rénovables"...


C'est vrai, mais d'un autre côté, même si les travaux n'avaient pas commencés, je doute que les responsables du museum décident de tout arrêter juste parce qu'ils ont vu quelqu'un d'autre imaginer un master plan :wink: .

Je pense que le but ici est surtout de montrer ce qu'il serait possible de faire, le cas échéant (et pas seulement pour Vincennes), voir d'imaginer des parcs totalement fictifs (et donc de ne pas s'interroger sur la nature du terrain où les contraintes économiques). Libre aux éventuels directeurs de zoos qui lisent ce forum de s'inspirer de certaines idées s'ils le souhaitent, mais je ne pense pas que soit l'idée première de ce sujet.
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Messagepar okapi » Samedi 31 Août 2013 18:23

C'est un sujet récurrent ici de fantasmer sur un parc idéal, conçu à partir d'idées justes et bien plus intéressantes que la plupart des réalisations actuelles. C'est d'ailleurs fascinant de se dire que de jeunes amateurs éclairés, passionnés et volontaires, sont capables de bâtir des projets qui, sur le papier au moins, sont infiniment plus pertinents que ce que de nombreux parcs échafaudent et réalisent, souvent avec des moyens considérables. Il n'est pour s'en persuader que de détailler quelques-uns des futurs projets en cours pour se dire que, bon, là encore, il y avait peut-être mieux à faire...
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Messagepar Therabu » Samedi 31 Août 2013 18:41

Zone numéro 1 : La forêt côtière de Taï

L'entrée principale du zoo de Paris rappelle celle prévue dans le projet initial, à savoir deux grands bâtiments de part et d'autre d'une esplanade végétalisé. Celui sur la droite du visiteur constitue le bâtiment d'entrée avec les caisses ouvertes au public et les espaces administratifs à l'étage. Après avoir pris son ticket à ce niveau, le visiteur va déambuler dans l'obscurité où une bande-sonore diffuse des bruits d'oiseaux de la forêt tropicale, plongeant directement le visiteur dans l'ambiance. Après un dernier angle droit, un petit amphithéâtre à l'extrémité du bâtiment donne sur un bassin en aquavision. Le premier animal visible du public est un hippopotame pygmée femelle. L’amphithéâtre se remplit deux fois par jour à l'occasion de nourrissages incitant à l'animal à bouger et à se baigner malgré qu'il soit plus terrestre que son énorme cousin.

Plan de la zone
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- Beige : cheminement des visiteurs
- Vert clair : espace des animaux
- Vert foncé : zones végétalisées
- Bleu : Eau
- Marron : faux rochers/arbres
- Rouge : Zone d'éducation/dispositifs pédagogiques
- Gris : Zones techniques

Nous sortons alors du bâtiment d'entrée et nous retrouvons à l'air libre un court instant. Un point de vue donnant sur le bassin de l'hippopotame permet de se rendre compte que l'installation que nous avons pu voir précédemment est en fait une haute volière. En sus de l'hippopotame, elle est le lieu de vie d'extrêmement menacés cercopithèques de Roloway (ravis de quitter la Singerie) et de mangoustes brunes. Le tout recréé sur 1 000m² les abords d'un trou d'eau au milieu du parc de Taï. Les créateurs du parc ont également imaginé accueillir des colobes à camail, autre primate hautement menacé et endémique de cette région. L'espèce étant rare en parc zoologique, l'introduction de cette nouvelle espèce n'est pas encore d'actualité et l'on espère que tout ce petit monde saura cohabiter en bonne harmonie, se répartissant les différents étages de la volière comme il le ferait dans la nature : Les hippos dans la mare, les mangoustes fourrageant au sol, les dianes à mi-hauteur et les colobes dans la canopée. L'aspect et le concept de cette volière sont directement inspirés de cette fameuse volière africaine à San Diego mettant en contact hippopotames nains, céphalophes et divers primates.

Image
Photo piquée à Will


Considérant le vœu d'immersion du public, et la volonté de ne pas voir les bâtiments, les architectes ont opté pour un parti-pris audacieux : “La meilleure manière de ne pas voir les bâtiments est d'être à l'intérieur”. Par conséquent, les bâtiments, conçus de manière à se fondre au sein des différents environnements sont souvent pénétrés par le public sans qu'il ne se rende compte de l'ampleur des constructions. Situé à l'autre bout de l'enclos, les bâtiments que l'on voudrait cacher de la vue public conduiraient à une perte d'espace à consacrer aux animaux. Outre l'aspect immersif, la présence d'une vaste partie couverte lors de la visite permet au zoo de rester une attraction crédible même par mauvais temps. Le zoo restant attractif indépendamment de la météo, la fréquentation est moins variable et plus importante tout au long de l'année.

Ce choix est particulièrement évident dans cette première zone qui s'articule entièrement autour d'un grand bâtiment central, le plus grand du zoo avec ses quelques 3000m². Sur le modèle de « Congo Gorilla Forest », l'installation du zoo du Bronx consacré à la forêt tropicale congolaise, ce vaste bâtiment sert à la fois de loge de nuit, d'espace de présentation et de complexe d’interprétation à destination du public. Très vite après avoir vu la volière africaine, le visiteur pénètre au sein du bâtiment africain par l'intermédiaire d'un énorme tronc d'arbre mort factice. Sur sa gauche, quelques terrariums exposent des invertébrés remarquables des forêts africaines et affectionnant le sous-bois de la forêt (mille-pattes géant, scarabée goliath, cétoines...). Des petites fenêtres de vision permettent une observation respectueuse de la volière mixte et plus particulièrement sur le trou boueux où l'hippopotame aime se vautrer des heures durant. Puis nous entrons effectivement dans la maison. Un grand vivarium exhibe des vipères rhinocéros en provenance directe du JDP tandis que le vivarium attenant héberge des Kinixys de Home, une tortue terrestre vivant dans les sous-bois. En face, un coin du bâtiment est occupé par une volière faisant cohabiter trois espèces d'oiseaux typiques des forêts galeries aux abords des points d'eaux. Gris du Gabon, cossyphes à calotte neigeuse et merles métalliques pourpres se partagent cette discrète volière. Plongé dans la pénombre, les gens peuvent découvrir grâce à de grandes photographies quelques espèces singulières et endémiques de la zone. La plupart d'entre elles n'existent même pas en captivité et le zoo de Vincennes veut par ce biais montrer que les espèces présentées au zoo ne sont pas les seules à occuper ces éco-systêmes. L'antilope royale, le potto, le picatharte de Guinée, le chat bai, la genette aquatique et tant d'autres espèces méconnues sont affichées sur les murs noirs du bâtiment. Le visiteur est désormais dans l'espace d'interprétation principal. D'immenses dispositifs pédagogiques font découvrir au public le mode de vie de nos plus proches cousins. En effet, une famille de chimpanzés d'Afrique de l'Ouest, grand singe trop souvent écarté dans les grands zoos au profit des gorilles jugés plus attractifs. Ils disposent à Paris d'une installation multiple permettant aux individus de s'isoler et d'accéder selon les jours à différents espaces. Cette modularité de l'espace est également un élément important facilitant la gestion du groupe pour les soigneurs. Lors des beaux jours, les anthropoïdes bénéficient d'un immense territoire boisé naturellement auquel ils ont accès (11 000m²). Seuls quelques grands arbres factices et lianes ont été incorporés devant les grandes baies vitrées qui séparent le public, à l'intérieur, des animaux à l'extérieur.

Description de Congo Gorilla Forest sur Zoochat. Sans avoir à lire en anglais, il faut faire défiler les images sur le coté droit de l'écran pour comprendre quels points sont réutilisés
http://www.zoolex.org/zoolexcgi/view.py?id=154

Il est néanmoins utopique de vouloir garder un espace naturel et végétalisé en zoo avec une famille de chimpanzés y vivant à l'année. Cette espace naturel clôturé sur un côté par un mur discret (du même type que sur le territoire des bonobos à la VDS), de l'autre par une douve donne accès aux loges intérieures des animaux. Situées au-dessus du cheminement des visiteurs elles ne sont pas visibles du public et donnent de l'intimité aux grands singes. Ces mêmes loges se poursuivent jusqu'aux espaces intérieurs, fortement ressemblants à ceux imaginés à Édimbourg. Véritables espaces communs, ces deux grandes loges permettent au groupe de disposer d'un espace chauffé et couvert tout au long de l'année, aménagé sur deux étages, les visiteurs restant au niveau du sol. L'aménagement artificiel permet aux visiteurs de voir évoluer les animaux au sol comme dans les airs car si le gorille est principalement terrestre et l'orang-outan arboricole, le chimpanzé est à l'aise partout. La deuxième loge donne accès à une volière extérieure. Cette sorte de « jardin d'hiver » permet aux grands singes d'accéder à un enclos extérieur tout au long de l'année tandis que l'espace principal de présentation est « en repos ». Là encore, impossible de concevoir une végétation omniprésente sur des superficies aussi faibles (environ 1000m²). L'aménagement est donc artificiel et constitué d'un entremêlement de troncs d'arbres sur le modèle du Budongo Trail, l'installation des chimpanzés d’Édimbourg. Ce vaste complexe dédié à nos cousins permet aux animaux d'évoluer dans un environnement riche et varié avec accès à l'extérieur tout au long de l'année et connecté par des passages divers.

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Loges intérieurs de Budongo Trail
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Aménagement volière d'hivernage


La cuisine des soigneurs sépare les deux loges intérieures et permet d'observer et de superviser en toute sécurité les animaux tout en constituant un espace de travail pratique pour les soigneurs.
Le coin supérieur droit du bâtiment est occupé par une cave artificielle en faux-rochers au bout duquel on accède à un nouveau point de vue sur le territoire des chimpanzés. Le tunnel contient également un vivarium pour des pythons royaux et un aquarium pour des polyptères du Sénégal, sorte de poisson primitif. De l'eau coule du rocher et finit en cascade dans le bassin à ciel ouvert des crocodiles nains. Leur enclos est uniquement séparé par des baies vitrées et l'on peut surprendre un chimpanzé passant en arrière-plan des crocodiliens.

Faisant face à la fosse des reptiles, une vaste aire de jeu couverte et tout en bois s'offre aux bambins (en rouge sur le plan). Les gamins peuvent se prendre pour le petit chimpanzé qu'ils viennent d'observer s'exercer derrière les baies vitrées ou bien pour les mangabeys couronnés également sauvés de la Singerie du JDP. Ces derniers sont visibles dans leur loge intérieure accolée à la caverne rocheuse. Les soigneurs disposent d'espaces de plus faible superficie à l'abri des regards du public pour isoler certains individus. Cette partie donne également accès aux vivariums de deux espèces de serpents arboricoles cette fois-ci. En effet, les dangereux mambas verts occidentaux voisinent avec le quasiment unique Thraupis flavigularis actuellement présenté à la Ménagerie.
De part et d'autres du bâtiment, des baies vitrées donnent sur la volière des chimpanzés et la demi-île des mangabeys. L'espace central est occupé par un énième dispositif pédagogique recréant un camp de brousse de braconniers partis chasser de la viande de brousse avec des squelettes et des carcasses factices d'animaux. Auparavant, le visiteur aura été encouragé à recycler ses vieux portables et batteries d'objets électroniques à travers un collecteur.
Le visiteur sort du bâtiment sur un ponton de bois et enchaîne directement la dernière installation du complexe ivoirien. Le bras d'eau partant du haut du zoo, prés de l'île des petits singes dans la zone péruvienne, descend tout le zoo pour servir de barrière naturelle au territoire des chimpanzés, créer les îles des lémuriens et fini par enserrer la demi-île forestière des mangabeys. La sous-espèce lunalatus ici présentée est fortement menacée par le braconnage en Côte d'Ivoire. Le bras d'eau qui nous sépare des primates est occupé par Monsieur hippopotame qui jouit ici d'une installation largement naturelle. Il peut accéder à l'étable grâce à un long couloir difficilement visible du public où il peut également se reposer sans être importuné par les mangabeys. Le bâtiment des hippos est indépendant du grand complexe bien qu'il y soit attenant. Un accès extérieur permet aux soigneurs de faire pénétrer des gros véhicules juste à l'arrière du complexe, facilitant les livraisons de nourriture et les transferts d'animaux.

En lien avec cette zone, le zoo de Vincennes soutient financièrement le programme de conservation WAPCA en faveur des primates africains et les équipes du parc national de Taï ce qui leur permet d'être plus efficaces dans leurs démarches d'éradication du braconnage dans l'un des derniers sanctuaires des hippopotames pygmées, céphalophes de Jentink, antilope royale ou picatharte de Guinée. Dans un autre registre, des formations à destination des équipes du zoo d'Abidjan sont aussi mises en place pour améliorer la gestion et le bien-être des animaux et favoriser l'émergence de partenaires directs sur le terrain.
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Messagepar Therabu » Samedi 31 Août 2013 18:50

Tout d'abord merci à vous trois pour vos retours et votre attention

@Antoine6259 : Oui la zone australienne comprend le petit carré rose à l’extérieur ainsi qu'une grande partie du bâtiment "de sortie". Je n'en dévoile pas trop mais cette zone se justifie surtout par la présence d'un aquarium, chose quasiment invisible dans les parcs généralistes français.

@Serpentaire : Tout est prêt :D Hormis les espèces de poissons, où mes connaissances sont trop limitées pour élaborer un plan de collection, la liste des espèces appartenant aux autres classes zoologiques est déja prête.

@Okapi : J'ai commencé ce travail il y a bien longtemps, après de nombreux allers-retours dans la réflexion. Evidemment c'est fictif et que le but n'est pas de faire changer de direction le projet actuel. De toute manière l'appel d'offre n'était pas lancé à leszoosdanslemonde :cry:
J'ai tenu à partager cela pour voir ce que vous en pensez mais aussi parce que j'ai critiqué ce projet. Cette refonte totale du zoo était une occasion merveilleuse d'imaginer le zoo du futur mais il me semble que l'on est passé à coté de quelque chose. Donc je critique, mais je propose aussi.
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Re: Créations

Messagepar Therabu » Dimanche 01 Septembre 2013 10:24

Zone numéro 2 : La forêt sèche de Kirindy Mitea

Après avoir longé la bordure du parc sur une passerelle, permettant de voir les mangabeys, le visiteur revient sur la terre ferme pour un court instant. En face de lui se trouve la maison malgache, bâtiment à la silhouette initiale simple brisé par des madriers de bois tel que la maison des girafes de Vincennes.

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© Batiactu


Un petit cul-de-sac sur la droite permet d’observer une volière volumineuse. Un fossa, plus grand carnivore malgache, a le loisir de profiter d’un vaste entrelacs de branches sèches. Perché dans les hauteurs, il pourra observer l’agitation des îles à primates avoisinantes. En effet, l’installation suivante est un vaste territoire d’immersion où vivent un grand bachelor-group de makis cattas et un couple de lémur à front roux, deux espèces de lémuriens endémiques des forêts sèches du sud et de l’ouest de Madagascar. Là encore, une végétation typique constituée d’épineux, de plantes grasses et d’une reconstitution de baobab géant comme à Fuengirola agrémente l’île entourée par le même plan d’eau qui enserre chimpanzés, mangabeys de la zone ivoirienne et d’autres animaux des biozones suivantes. Le territoire n’est finalement traversé par les visiteurs que sur une courte partie donnant le loisir aux lémuriens de rester tranquillement à distance. Le cheminement court à l’intérieur du territoire facilite également la surveillance du comportement des visiteurs. Quelques sarcelles de Bernier peuvent évoluer dans le petit canal séparant l’île des lémuriens à la maison malgache. Notre découverte de la biodiversité de l’île Rouge continue avec une vaste volière très haute. Elle accueille une des espèces-phares de la collection de Vincennes avec le couple reproducteur de propithéques de Verreaux, espèce qui doit sa présence en captivité à l’import et à l’élevage de Vincennes. Juste avant de rentrer à l’intérieur de la maison malgache par l’intermédiaire d’une verrière, le visiteur pourra lors des beaux-jours voir évoluer à l’extérieur des tortues étoilées de Madagascar et de rares pyxis arachnoides, autre tortue terrestre malgache en danger critique d’extinction. Leur espace intérieur est visible de l’autre côté de la cloison.

Baobab artificiel à Fengirola
Image


Description Zoolex du pavillon Madagascar! du zoo du Bronx
http://www.zoolex.org/zoolexcgi/view.py?id=1224

Le bâtiment est inspiré dans sa conception par le bâtiment Madagascar ! du Bronx Zoo à New York et plus particulièrement de la partie « Spiny Forest » (forêt épineuse) de celui-ci. Les loges des makis cattas et des lémurs à front roux ne sont pas visibles du public. Par contre un premier grand terrarium visible sur 3 faces présente une partie de l’hérpeto-faune malgache avec des caméléons géants d’Oustalet, des geckos diurnes de Hieschler et des uroplates de Genther ainsi que des oplures de Cuvier. Un peu plus tard un grand tronc couché cachera les terrariums d’une famille de petits tenrecs-hérisson puis d’une colonie de blattes géantes de Madagascar.
L’espace central du bâtiment contient plusieurs modules d’interprétations, tandis que sur notre gauche se trouve la vaste loge intérieure des propithéques conçues sur le modèle de l’enclos des cattas du Bronx. Le sol est occupé par un premier couple de rats sauteurs géants de Madagascar, difficilement visibles puisque nocturnes et bénéficiant de nombreuses cachettes. Ce rongeur hautement menacé n’est visible dans la nature que dans le parc national de Kirindy Mitea et le programme d’élevage lancé par Jersey est donc d’importance capitale.

Image
Espace intérieur des propithèques
© WCS


L’autre côté du bâtiment est accessible aux visiteurs. Un petit terrarium pour mantelles brunes en marque l’entrée. De vastes baies vitrées permettent aux visiteurs d’observer les volières extérieures du second fossa et des galidies à dix bandes. Les fossas qui peuvent se voir bénéficient chacun de leur territoire et leurs loges intérieures ne sont pas visibles. Il en est de même pour le couple de galidies, rare carnivore menacé dont Berlin a lancé l’élevage captif en Europe il y a de ça une dizaine d’années. Un grand terrarium vitré expose un autre prédateur des lémuriens avec la présence de boas de Duméril. Avant de sortir de la maison malgache, un petit espace a été confiné dans l’obscurité juste avant la porte de sortie. Ce mini-nocturama exhibe une petite famille de microcébes-murins en cohabitation avec un second couple de rats sauteurs géants.
Du coté des coulisses, une vaste salle est laissée à disposition des soigneurs pour préparer les soins aux animaux entre les loges des lémuriens et des fossas. Du point de vue de la conservation, le nouveau zoo de Vincennes s’investit pleinement dans la protection de plusieurs espèces emblématiques de la zone de Kirindy Mitea. D’abord en captivité, le zoo de Paris gère toujours l’EEP des propithèques et contribue à l’amélioration des connaissances sur cette espèce. Le zoo contribue également au programme d’élevage du peu sexy rat sauteur géant et fournit à l’EEP du fossa une infrastructure adaptée à l’élevage des fossas. In-situ, le zoo s’engage réellement dans la sensibilisation des populations locales, cherche à améliorer leur quotidien et leur éducation à travers divers programmes et contribue au développement d’un éco-tourisme durable dans cette réserve éloignée des grands circuits.
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Re: Créations

Messagepar Antoine6259 » Dimanche 01 Septembre 2013 17:39

Vraiment sympa tes idées Therabu ! Et c'est super d'avoir pensé à mettre des photos d'installations existantes pour mieux comprendre !
Les zones ne sont pas immenses, mais ont une bonne logique, et seraient à mon avis tout à fait réalisables.

J'ai juste un petit problème pour visualiser la première, car je ne me rends pas bien compte avec le schéma ?

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En bas à gauche, avec le point d'eau, c'est la volière des hippopotames/cercopithèques/mangoustes/colobes ? Juste à droite ce sont leurs installations intérieures ?
En haut à gauche j'imagine que c'est la volière des oiseaux ?
Les deux presqu'îles c'est en haut les chimpanzés, et à droite les mangabeys ?
J'ai du mal à situer ce qui est à l'intérieur... En particulier les deux "enclos avec un coté bombé, et le grand enclos ou bâtiment quasiment rectangle au milieu vers le bas ?

Sinon, juste une petite suggestion : Le descriptifs étant très précis, pour ne rien oublier, pourrais-tu récapituler à la fin (pour ne pas gâcher la surprise) la liste des espèces prévues dans chaque zone ?
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Re: Créations

Messagepar Therabu » Dimanche 01 Septembre 2013 17:58

Forcément lorsque l'on restreint la zone à un milieu précis plutôt qu'à un continent entier, la liste des espèces se réduit. Mais la zone Afrique tropicale est trés grande. C'est juste que sur ce mini-plan on ne voit pas tout l'espace réservé aux chimpanzés. On le voit sur un plan global, le grand enclos rouge foncé au dessus du bâtiment africain.

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Tu as juste pour la volière hippo/singe/mangouste. Juste à droite il s'agit du bâtiment des hippos qui donne sur les deux cotés et donc sur les deux enclos des hippopotames.
Les primates de la volière et les mangoustes disposent de loges intérieures dans le bâtiment principal, bien plus haut de plafond, derrière le premier espace "bombé".
En haut à gauche c'est la volière aux oiseaux.
Les deux espaces bombés constituent les loges intérieures des chimpanzés, connectées entre elles et avec l'extérieur par plusieurs tunnels aériens. Ils donnent notamment sur le gros rectangle vert clair à l'extérieur qui est la volière d'hivernage des chimpanzés.
Tu as juste aussi pour les demi-îles.
Certains trouveront peut être qu'il y a beaucoup d'espace dévolu aux chimpanzés...

Je tâcherais de présenter le plan de collection par classes zoologiques en fin de présentation !
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Re: Créations

Messagepar Antoine6259 » Dimanche 01 Septembre 2013 18:28

Oui j'avais bien compris que l'on ne voyait pas toute la zone sur le plan du bâtiment !
C'est juste que j'avais du mal à localiser et que je n'avais pas bien compris que l'installation des chimpanzés serait aussi "dispersée". Trop d'espace pour eux je ne pense pas... Ce sont des animaux qui en ont besoin. En revanche a difficulté est de faire des tunnels aériens esthétiques.
Sinon, est-ce que tu penses que l'on pourrait rajouter des céphalophes et des touracos dans cette zone ?
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Messagepar Therabu » Dimanche 01 Septembre 2013 18:52

Les tunnels ne seraient pas visibles du public donc pas de soucis d'esthétisme.
Pour les céphalophes, les espéces présentes en captivité ne sont à la fois ni courantes,ni présentes dans cette région, hormis le céphalophe à dos jaune. Etant donné le nombre d'individus présents en Europe (en dessous de 5 il me semble), je n'ai pas choisi de présenter cette espèce. De plus elle n'a rien de spécifique à cette région puisqu'on la trouve aussi au sud du bassin du Congo. Evidemment, si j'avais un petit groupe de céphalophes zébrés ou de Jentink à ma disposition, j'arriverais à leur faire de la place. :wink:
Encore que ce sont des animaux fragiles et ils seraient mieux sans cohabitation avec leur enclos pour eux tout seul.

Pour les touracos, c'est un peu la même chose. Déja la plupart des espèces vivent plutôt dans les forêts galeries que les forêts tropicales. Ensuite aucune des espèces présentes en captivité en nombre "suffisant" n'habite cette zone.
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Re: Créations

Messagepar Antoine6259 » Dimanche 01 Septembre 2013 23:03

Je connais assez mal les céphalophes, c'est pour cela que je posais la question.
Pour les touracos en revanche je suis très supris, car j'étais persuadé que l'on était en plein dedans avec les espèces les plus courantes ? Le touraco violet est décrit comme vivant dans les forêts tropicales du Sénégal jusqu'au Cameroun, et le touraco vert dans la forêt guinéenne ? (Mais c'est vrai que sur la carte de répartition il y a un trou...) Après, le touraco géant est apparemment représentatif de l'endroit (je sais qu'il y en a à Anvers... Sinon il faudrait demander au docteur Quinque !)
Et il semblerait aussi que pour les oiseaux, les familles les plus représentés soient les rapaces, les martins pêcheurs ou chasseurs, et les calaos... (Martin chasseur on a surtout les kookaburas en captivité, mais pour les deux autres peut-être que tu comptes en faire apparaître dans la suite du projet !)
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Re: Créations

Messagepar Therabu » Mercredi 04 Septembre 2013 18:33

Zone numéro 3 : La jungle des Nilgiri

J’ai rajouté des numéros pour faciliter la compréhension des schémas. Cette zone emprunte au Asia Trail du Washington Zoo sa conception sur deux étages ainsi que la manière d’intégrer des volières et des passerelles en hauteur.

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Le Asia Trail de Washington : http://www.zoolex.org/zoolexcgi/view.py?id=961

Nous sortons désormais du bâtiment malgache et retrouvons la lumière du jour. Le sentier sur lequel nous nous trouvons est une passerelle en pente douce s’élevant doucement. Le plancher de bois, s’appuie sur de fausses formations karstiques en faux-rochers, caractéristiques des collines des Nilgiri.
La première installation visible (1) est une vaste et haute volière. Le cheminement du visiteur s’enroule autour de cette volière qui est donc visible à plusieurs niveaux au fur et à mesure que la passerelle s’élève. Au niveau du sol, on pourra observer des coqs de Sonnerat, endémiques aux forêts de Ceylan. A mi- étage, on pourra cette fois découvrir quelques grands mainates religieux indiens et c’est arrivé en haut que l’on pourra enfin repérer les grands calaos bicornes, rois de la canopée. Tout a été fait pour que ces grands oiseaux se reproduisent, avec la possibilité d’héberger un second couple en off-show pour stimuler la reproduction. Arrivés en haut de la passerelle, le visiteur évolue sur le toit du bâtiment principal de la zone qui est difficilement devinable grâce au faux-rocher. Au niveau du toit, une verrière (2) émerge du bâtiment permettant d’observer depuis l’extérieur les calaos dans une petite serre tropicale à la surface au sol limité mais à la hauteur semblable à la volière attenante.

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Nous évoluons toujours sur le toit de ce bâtiment discret et relativement bas. Une sorte de grand balcon surélevé nous permet de bénéficier d’une large vue sur le plus grand enclos de la zone (3), occupant tout un sommet du triangle que compose Vincennes. Cet enclos de cohabitation héberge à la manière de Rimba à Arnhem une grande cohabitation entre ongulés et primates. Le groupe reproducteur de gaurs indiens du JDP a enfin pu déménager de son paddock pavé pour ici profiter d’un grand tapis herbeux sous le couvert de quelques grands arbres. Ils sont accompagnés du couple de très rares cerfs sambars de la Haute-Touche, et des non moins rarissimes muntjacks rouges de l’Inde, toujours originaires de la Brenne. Un groupe reproducteur de macaques silènes, endémiques de ces montagnes et gravement menacés profite d’amas de rochers et de troncs au milieu des enclos ainsi que de quelques arbres reliés entre eux par des structures en bois. Le dénivelé provoqué par le bâtiment qui héberge les loges des cervidés et des macaques ainsi que quelques fils électrifiés suffisent comme séparation. Du côté des visiteurs, qui dans l’intervalle seront revenus au niveau du sol, un large bassin et un léger dénivelé permettent à la fois de contenir primates et ongulés. Le bassin se prolonge vers un mur en faux rochers. Le reste de l’enceinte est fermée par une haute clôture grillagée noyée dans le bambou pour préserver l’esthétique de l’installation. L’étable des gaurs se situe au fond et est doublée d’un paddock pour isoler des ongulés, ainsi que d’une sortie directe sur l’extérieur pour faciliter les transferts.

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© Maguari sur Zoochat


Notre bassin plonge en cascades plusieurs mètres en contrebas dans l’enclos numéro 4 de la zone. Très pentu et boisé cet enclos fait partie de la double installation des tigres du zoo de Vincennes. Le plus grand félin au monde est ici présenté par des individus hybrides même si la zone évoque le tigre du Bengale. Cette présentation à priori peut utile permettra de faire de la place dans d’autres zoos pour des tigres de sous-espèces pures en mal d’espace en captivité. Le premier enclos en terrasse successives recréé un ravin, dans lequel les félins aiment se reposer à l’ombre durant la journée. Par le jeu du relief, les tigres disposent d’une vue sur l’enclos des herbivores qui ne manque pas d’attiser leurs sens. C’est également l’occasion de parler d’une des confrontations les plus impressionnantes du monde animal, à savoir une prédation de tigre sur un gaur adulte.

A présent les visiteurs se retrouvent face à la barre rocheuse qui fait office de bâtiment. Avant de la traverser, une petite volière (5) expose deux autres espèces hautement menacées et spécifiques à cette partie du globe. En plus de quelques tortues étoilées de l’Inde évoluant au niveau du sol, un couple reproducteur d’écureuil gris géant du Sri-Lanka vit dans cette volière végétalisée avec du bambou.
L’intérieur du bâtiment est plongé dans la pénombre évoquant une soirée de pleine lune. Encastré, dans le faux rocher, de vastes terrariums végétalisés héberge successivement pythons molures indiens des rochers et un couple de rarissimes loris grêles, dont la reproduction est difficilement maitrisée. Etant donné l’expertise de Vincennes dans l’élevage des prosimiens, on espère que Paris parviendra à rejoindre Londres et Francfort parmi les institutions reproduisant régulièrement les loris grêles. Vincennes étant l’un des seuls zoos français bénéficiant de la capacité à exposer des serpents venimeux, le plan de collection a intégré deux espèces spectaculaires peu souvent observée dans les zoos. Le plus petit de ces trois derniers terrariums exhibe des vipères à fossettes du Sri-Lanka, une espèce splendide, tandis que les deux derniers, plutôt grands hébergent chacun un individu du fameux cobra royal. De nombreux panneaux expliquent en quoi ce serpent est si spécial dans son alimentation, son mode de vie et l’importance qu’il occupe dans la culture locale. Il faut noter que les Nilgiri sont le dernier bastion de l’espèce dans le sud de l’Inde et là où les concentrations du reptile sont les plus fortes.
L’autre coté du bâtiment est l’occasion d’avoir une vue simultanée sur les deux enclos des tigres au niveau du sol et de surplomber le ravin. Cet affût est également agrémenté d’une scénarisation recréant un camp de scientifiques avec tout le matériel et un faux émetteur radio, permettant aux animaux de pister de « faux » animaux radiolocalisés.

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Nous sortons désormais de ce bâtiment indien et continuons à longer le second enclos des tigres. Au lieu d’un simple grillage caché par la végétation, la séparation avec le public se fait là avec de gros bambous artificiels suffisamment serrés pour des raisons de sécurité mais permettant aux visiteurs d’entrevoir le roi de la jungle lors de l’inspection de son territoire. De l’autre coté du chemin, une vaste volière (8) s’offre à nous. Elle est le domaine de deux grands rapaces indiens auparavant détenus au JDP dans des conditions critiquables. Le grand-duc du Népal, dont une population vit spécifiquement dans les Nilgiri et à Ceylan constitue la première tandis que la seconde est surement un des spécimens les plus rares de la collection. Il s’agit du couple de vautours de Pondichéry, classé en danger critique d’extinction dans le milieu naturel. Le zoo de Vincennes a pour ambition de lancer un élevage probant de cette superbe espèce capable d’établir une population captive européenne qui à terme pourra servir à renforcer les populations fragilisées dans la nature. Pour cela, une grande paroi rocheuse a été aménagée en sorte de favoriser la reproduction des vautours. Un bâtiment spécial est partagé avec les aigles bateleurs qui vivent de l’autre coté dans la zone africaine.

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© Zoolex

Les visiteurs sont d’ailleurs invités à pénétrer sous cet important amoncellement de rochers. Le tunnel de faux rochers est inspiré de celui longeant l’enclos des onces à Cologne. Sur notre droite il est donc percé de grandes baies vitrées. La première donne sur le bassin du second enclos à tigres (7). Là encore, une multitude de dispositifs pédagogiques tel que des cranes, des panneaux, des boites à odeurs ou des moulages permettent au public de parfaire sa connaissance du grand félin rayé. Les deux baies vitrées suivantes donnent quant à elle sur la haute volière (9) des panthères de Ceylan. La surface n’est pas immense mais les très fournis bosquets de végétation permettent aux léopards d’évoluer en hauteur et d’être aisément cachés du public. Il existe également des panthères dans les Nilgiri mais la présence de la sous-espèce indienne en captivité est très faible et ne fait pas l’objet d’un programme d’élevage, justifiant le choix de la sous espèce kotiya.

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© Jonas


Les panthères disposent de loges de nuit dans un bâtiment très discret servant de fauverie (10). Sur ces autres faces, la construction donne sur d’autres volières consacrées à d’autres carnivores. Le premier d’entre eux exhibe un couple de martre à gorge jaune. Bien qu’absente de cette région, l’espèce doit sa présence à sa similitude avec un homologue endémique et très menacé : la martre des Nilgiri. De plus c’est une espèce active et joueuse susceptible de plaire au public tandis que les félins dorment. La seconde volière est assez difficilement visible, procurant l’intimité suffisante au couple reproducteur de chats rubigineux, ici représentés par la sous espèces sri-lankaise.

La visite de la zone indienne s’achève donc ici. Le Muséum était déjà impliqué dans plusieurs programmes d’études et de réintroduction du gaur au Cambodge. En plus de son implication forte dans la sensibilisation à la disparition des tigres en Asie, le zoo s’investit particulièrement dans un programme visant à relancer les populations de vautours en Inde qui sont particulièrement menacée en éduquant les populations locales et en combattant l’usage des pesticides et des carcasses empoisonnées. Un monitoring des populations et une protection des couples nicheurs devrait permettre de combattre l’extinction de Sarcogyps calvus, présenté au zoo, mais aussi du vautour chaugoun (gyps bengalensis), du vautour indien (gyps indicus) et du vautour à long bec (gyps tenuirostris).
Therabu
 
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