Le centre de primatologie de Strasbourg a euthanasié récemment 14 macaques porteurs du virus de l’herpes B. Plusieurs primatologues à travers le monde critiquent cette décision dans un article qui a paru ce matin dans la revue Nature.
« Une décision sans justification morale ou scientifique ». C’est ainsi que plusieurs primatologues qualifient la décision de l’université Louis Pasteur (ULP) de supprimer le 31 août dernier un groupe de 14 macaques de Tonkean au Centre de primatologie de Strasbourg. Dans un article paru ce matin dans la revue scientifique Nature. Pour le président de l’ULP, Alain Beretz, au contraire, « il s’agit d’une décision prise avec l’aval du CNRS et du ministère de l’Enseignement et de la Recherche, pour assurer la sécurité des personnes. La responsabilité pénale de l’UP était engagée, nous ne pouvions pas prendre le risque d’une éventuelle contamination.»
Une décision pénible et difficile
Les singes sacrifiés étaient porteurs du virus de l’herpès B, très fréquent chez ces animaux et bénin pour eux. En revanche, transmis à l’homme, ce virus est mortel dans 80% des cas, si un traitement antiviral n’est pas rapidement mis en place. Le virus de l’herpès B a d’ailleurs été classé parmi les virus dangereux pour l’homme, au même titre que le virus Ebola ou le virus Marburg, responsables de fièvres hémorragiques. Un décret du 17 février 2006 oblige à déclarer les animaux porteurs du virus de l’herpès B. Et depuis janvier 2008, le ministère de l’Agriculture et de la Pêche recommande l’euthanasie des singes porteurs du virus. « Ce n’est pas une décision que nous avons prise de gaieté de cœur, poursuit Alain Beretz. Cela a été pénible et difficile, mais il fallait tenir compte du principe de précaution légitime. Depuis 2002, le comité hygiène et sécurité de l’ULP avait demandé que ce soit fait. On a laissé le temps aux chercheurs de finir leurs expériences ». Il se défend également d’avoir procédé à l’euthanasie en catimini et dans le dos des chercheurs comme le lui reprochent les primatologues dans Nature. « Si on a choisi un dimanche après-midi pour euthanasier les animaux, c’était pour que les vétérinaires puissent procéder dans la plus grande sérénité possible. »
Une transmission anecdotique
Néanmoins depuis que ce virus a été identifié en 1933, il n’y a eu qu’une quarantaine de cas humains déclarés dans le monde, principalement en Amérique du Nord, chez des gens manipulant des singes dans les laboratoires. Aucun cas n’a été recensé en Europe. Et en Asie, où des singes rhésus porteurs à 90 % de ce virus, colonisent des temples très fréquentés par les Indiens, aucun cas de transmission n’a été relevé, malgré d’innombrables morsures et griffures de fidèles par ces singes. Si risque il y a, il est, selon les spécialistes, extrêmement minime. « Un risque que la France se refuse à prendre même si d’autres pays le tolèrent », souligne pourtant Fanélie Wanert, vétérinaire et directeur adjointe du Centre de primatologie de Strasbourg. Elle reconnaît qu’elle-même était « inquiète au quotidien d’avoir à travailler avec ces animaux ».
Emmanuelle Grundmann, primatologue, a travaillé dans le centre de Strasbourg, il y a plusieurs années. Elle travaille depuis longtemps à la réintroduction des primates en Indonésie. « On a toujours travaillé avec des singes ayant l’herpes B. Le risque de contagion est infime. Et il existe des procédures pour manipuler en toute sécurité ces singes. » Elle-même a déjà été mordue par des singes et considère que le risque d’être contaminé est minime si on suit les procédures. Et elle ne décolère pas face à la décision prise à Strasbourg. « Les chercheurs ont manipulé les macaques à Strasbourg depuis vingt ou trente ans. Avant même de savoir qu’ils étaient porteurs du virus de l’herpès B. Ils n’ont jamais rien eu. » Et elle ajoute : « les animaux qui ont été supprimés sont également ceux qui ont été à l’origine de la création du Centre de primatologie de Strasbourg en 1978. Parmi eux, beaucoup ont permis la publication de centaines d’articles et ont fait avancer la recherche. On aurait pu, on aurait dû trouver une autre solution que de les éliminer ! »
Une opinion partagée par nombre de ses collègues dont Michael Gumert, maître de conférence à l’université technologique Nanyang à Singapour. Selon lui, « il est temps de faire le point sur le sujet de l’herpès B et de montrer au public qu’on peut parfaitement manipuler des singes infectés en toute sécurité. Il est inutile d’euthanasier des animaux qui, pour la plupart, ont largement contribué à faire progresser la science ».
source : http://www.lepays.fr/articles/show/id/3 ... 4d1a798890
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Polémique autour de l’euthanasie de singes à Strasbourg
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Polémique autour de l’euthanasie de singes à Strasbourg
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- didier
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