New Delhi envahie par les singes

[Stavanger01]

INDE • New Delhi envahie par les singes
Des milliers de macaques, nourris et choyés par la population, vivent, prospèrent et font des dégâts dans la capitale indienne. Les stratagèmes mis en place pour se débarrasser de ces turbulents mammifères ont tous échoué, relate l'hebdomadaire indien The Week.


AFP


DE NEW DELHI,

Les singes semblent avoir jeté une malédiction sur New Delhi. La mort, le 21 octobre dernier, du maire adjoint de la ville, S.S. Bajwa, tombé premier étage de sa maison en essayant de chasser des macaques, a mis ce fléau au centre de l'attention générale. Les singes ont quasiment envahi la ville : ils viennent se percher sur les toits, les arbres et les murs autour de l'immeuble fortifié qui abrite le bureau du Premier ministre, et ont même réussi à y pénétrer. Un greffier s'est retrouvé face à face avec un singe dans les toilettes du ministère : "Il m'empêchait de bouger, raconte-t-il. Heureusement, un agent de police est arrivé et m'a fait sortir."

Les ministres indiens se retrouvent souvent privés de télévision parce que les singes dérèglent les antennes paraboliques sur le toit de leur bungalow. Plus grave, les singes ont perturbé les cérémonies d'accueil d'invités de marque tels que Donald Rumsfeld [alors ministre de la Défense de Bush] et Sergeï Ivanov [premier vice-Premier ministre russe]. Il y a aujourd'hui davantage de soldats et de policiers déployés pour chasser les singes que pour protéger les dignitaires contre les attaques terroristes.

Le 14 mars, la Haute Cour de justice a donné trois mois à la mairie pour débarrasser New Delhi de ses singes. Mais les autorités n'ont pas pu faire grand-chose. "Les singes attaquent les patients entre l'ambulance et la porte des hôpitaux et arrachent les goutte-à-goutte pour boire le contenu des poches", explique Meera Bhatia, avocate et auteure du rapport sur la "menace simienne" pour la Haute Cour de justice.

Face à l'avalanche de critiques des citoyens, des médias et de la justice, la municipalité a dû prendre des mesures : "Depuis le mois de mai, nous avons capturé 1 250 singes, dont 450 au cours des vingt derniers jours", déclare le maire de New Delhi, Arti Mehra. Mais, selon un vétérinaire de la ville, V.K. Singh, attraper les singes n'est pas du ressort de la mairie : "La loi sur la faune et la flore sauvage indiennes classe les macaques rhésus dans la catégorie des animaux sauvages, qui ne relèvent pas de la compétence des communes. Nous ne pouvons nous occuper que des animaux domestiques. Pour régler le problème posé par les singes, la cour de justice a demandé aux services municipaux de collaborer et de 'déporter' les singes dans la réserve naturelle d'Assola Bhatti, près de Mehrauli."

Singh accuse les habitants de New Delhi d'avoir favorisé la venue des macaques : "Ils les nourrissent, les vénèrent, les apprivoisent et les exhibent", affirme-il. La file d'autobus arrêtés dans l'enclave diplomatique pour nourrir les singes qui sortent du couvert des arbres est là pour confirmer ses dires.

Les efforts déployés par le gouvernement pour réduire le nombre d'incursions de singes se sont soldés par des échecs, principalement à cause d'un manque de capacité d'anticipation. En 1987, des appareils à ultrasons destinés à repousser les singes ont été installés sur les bâtiments de la ville, mais les macaques les ont réduits en miettes. En 2002, le département de l'environnement a dépensé 28 000 euros pour construire un refuge pour les singes capturés par la municipalité. "Mais ce refuge de Rajokri s'est délabré. Les singes se battaient et finissaient souvent par s'entre-tuer," précise Sonya Ghosh, membre fondatrice de l'association Citizens for the Welfare and Protection of Animals [Citoyens pour le bien-être et la protection des animaux].

L'introduction d'une autre race de singes, des langurs, pour faire fuir les macaques, a également été un désastre : les langurs n'ont fait que disperser les macaques. Jusqu'alors cantonnés dans quelques quartiers, les singes sont maintenant partout. Leur population dans les secteurs habités a augmenté de 60 à 65 % entre 1987 et 2006.

En janvier 2007, le ministère de l'Environnement a proposé de consacrer aux singes 40 à 80 hectares d'Asola-Bhatti [une réserve naturelle située au sud de l'Etat de Delhi] ; 1 500 "pensionnaires" du refuge de Rajokri y ont été relâchés. Là aussi, les choses se sont mal passées : le mur d'enceinte de l'enclos ne faisant que 4,5 mètres de haut, les singes ont commencé à s'échapper et à attaquer les villageois.
Payal Saxena
The Week

[pascaloucorse]

Eh bien malins ces singes!!! C'est insolite quand même...