Interview d'Emmanuel Mouton

Interview d'Emmanuel Mouton

Messagepar abel » Mercredi 05 Avril 2017 12:52

Voici une interview d'Emmanuel Mouton, le créateur et directeur de la Réserve zoologique de Calviac. Un bel article sur la réserve et son esprit, et dans lequel la récente naissance de gloutons d'Europe que certains d'entre nous connaissaient déjà, est officialisée :wink: . La photo a été prise lors du voyage qu'Emmanuel Mouton a effectué au Brésil fin 2016.

L'INTERVIEW
Emmanuel Mouton, directeur et fondateur de la réserve zoologique de Calviac

Ex-chef-animalier adjoint au Muséum national d’histoire naturelle, Emmanuel Mouton a ouvert en 2008 la réserve zoologique de Calviac, en Dordogne. Sa spécificité : freiner l’érosion de la biodiversité en privilégiant les petites et moyennes espèces menacées dans un site très préservé. Une trentaine d'espèces s'épanouissent ainsi "Sous le Roc", une zone classée Natura 2000.

• Vous êtes le seul établissement en France où se reproduit le glouton et l'on y verra bientôt une nouvelle portée ?
En effet, quatre petits sont nés le 24 janvier dernier. C'est la deuxième fois à Calviac. Ils vont sortir au printemps et ça promet d'être agité !

• Votre réserve joue également un rôle important dans le programme de conservation du vison d'Europe, le mammifère le plus menacé d'Europe…
Très peu de parcs hébergent cette espèce solitaire, qui nécessite une installation par individu. Nous avons trois couples, mais un seul individu est visible pour le public. Cette espèce nous lie de près au Festival de Ménigoute : j'ai fait une conférence sur elle en 2013 et un documentaire est en train d'être finalisé à son sujet (voir notre newsletter de décembre dédiée au vison). De nombreux Iffcamiens sont venus filmer cette espèces chez nous ! Nous sommes aussi en relation étroite avec le Zoodyssée, à Chizé (Deux-Sèvres), où se trouve l'élevage principal créé dans le cadre du plan national d'action. Ils ont la capacité d'en accueillir soixante, mais n'en ont que neuf pour l'instant.

• Cette espèce incarne parfaitement la vocation de votre réserve…
J'ai créé ce lieu sans but lucratif. C'est l'aboutissement d'un rêve d'enfant. Le pourcentage d’espèces menacées (50 %) ou d’espèces en programmes d’élevage (72 %) y est l’un des plus élevés au monde. La réserve est divisée en quatre zones géographiques – Europe et bassin méditerranéen, Madagascar, Amérique du Sud, Océanie – qui font partie des points chauds de la biodiversité mondiale définis par Conservation International.
Nous nous consacrons principalement à des programmes de conservation ex situ (en captivité). Mais, à moyen terme, l’objectif est de parvenir à créer un lien très étroit avec la conservation in situ, c’est-à-dire dans les milieux naturels. Dans le cas du vison d'Europe, nous coordonnons en Dordogne les piégeurs chargés de recenser les individus encore présents dans la nature. Les opérations viennent de démarrer ; nous allons les stopper durant la période de reproduction, puis les reprendre en septembre. Avant d'envisager toute réintroduction, il faut bien savoir où il en reste… Nous proposons aussi des formations sur le maintien de ces animaux en captivité. Et nous partageons nos compétences avec des équipes à Madagascar pour la sauvegarde des lémuriens, et au Brésil pour le tapir et le tamarin lion doré.

• Peut-on qualifier votre démarche d'holistique, tant tout semble avoir été pensé dans le détail ?
J'ai en effet veillé à conserver le couvert végétal du site existant et à minimiser l'impact sur l'environnement. Les constructions sont en bois non traité, les toilettes sont sèches et l'assainissement se fait grâce à des filtres plantés. Les sentiers sont ponctués de citations de poètes, chanteurs, philosophes, naturalistes dont la pensée m'a influencé. Et notre banque, la Nef, est éthique et solidaire !

• Et vous vous apprêtez à ouvrir un pôle pédagogique…
Nous aménageons une ancienne étable bâtie contre un rocher pour y projeter des films, y faire des conférences… L'école Montessori de Calviac va créer en face une aire de jeux faite par et pour des enfants. Ce projet a été financé pour moitié par l'entreprise Loxam. Il manque encore 20 000 euros pour le finaliser, donc les mécènes et les dons sont les bienvenus pour une ouverture en fin d'année !

Propos recueillis par Catherine Levesque.


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Source: Infolettre du FIFO-Festival International du Film Ornithologique de Ménigoute.
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Re: Interview d'Emmanuel Mouton

Messagepar okapi » Mercredi 05 Avril 2017 13:04

C'est bien sûr toujours intéressant, mais combien de parcs en France possèdent des gloutons? Et si ce n'est pas contestable que le pourcentage d'espèces liées à des programmes de conservation est l'un des plus élevés du monde, il n'y a pas non plus beaucoup de zoos qui ne détiennent qu'une trentaine d'espèces...
Ce qui n'enlève rien, bien sûr, à la sincérité et à l'énergie de l'équipe de Calviac.
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Re: Interview d'Emmanuel Mouton

Messagepar raphaël » Jeudi 06 Avril 2017 14:21

Jolie photo avec un beau tamanoir ! :D

Intéressante interaction avec l'IFFCAM, école française du film animalier dont on parle peu ici.
Effectivement okapi, on peut faire un point : Calviac, le Cézallier, Sainte Croix, Vincennes et Amnéville pour les gloutons français ?
L'espèce se popularise, car la plupart de ces zoos n'en ont que depuis deux ans voire moins.
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Re: Interview d'Emmanuel Mouton

Messagepar abel » Jeudi 06 Avril 2017 16:59

En effet, de plus en plus de parcs français présentent cette espèce, et tant mieux car c'est un très bel animal,le glouton :D . Amnéville ne dispose pas de couple pour l'instant, seulement un mâle. Le Cézallier c'est depuis 2013, Vincennes depuis 2014, Sainte-Croix depuis 2016 et Amnéville depuis quelques semaines à peine.
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Re: Interview d'Emmanuel Mouton

Messagepar Therabu » Jeudi 06 Avril 2017 17:30

J'aime beaucoup le glouton mais j'ai du mal a le justifier dans des zoos comme Calviac ou Vincennes. C'est pas anodin en terme d'espace, pas menacé et répandu sur une grande partie de l'hémisphère Nord. En plus a Paris, aux côtés d'especes principalement méditerranéennes. Comment le choix du glouton s'est justifié dansnces zoos ?
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Re: Interview d'Emmanuel Mouton

Messagepar raphaël » Jeudi 06 Avril 2017 22:23

Attention car le glouton fait partie des espèces non menacées globalement mais avec des populations très en danger. Les gloutons européens (des pays scandinaves) sont très menacés de disparition et sont désormais très peu nombreux. Evidemment, dans la grande Russie ou au Canada, la situation est un peu meilleure.
C'est le cas d'autres espèces à large répartition : le loup gris ou l'ours brun ne sont mondialement pas menacés, pourtant leur situation particulière est une problématique intéressante à présenter en captivité.
Et puis, l'animal est atypique, méconnu et en plus, très sympathique.
Pour Calviac qui accueille des espèces rarement valorisées en zoo, pour Ste Croix et le parc d'Auvergne, je trouve cela logique.
Je suis plus mesuré pour Vincennes en effet qui à mon sens aurait du se "spécialiser" sur la faune française dans sa zone Europe : vivarium français, rapaces et charognards, loups à la limite. Quant à Amnéville, ces très grands zoos n'ont plus vraiment de plan de collection, tout y est possible, puisque tout y est déjà.
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