Grippe aviaire : les oiseaux de Branféré vaccinés
Avec un risque élevé de contamination à la grippe aviaire, la France impose aux parcs animaliers de vacciner leurs oiseaux. À Branféré, au Guerno, près de 500 volatiles ont déjà eu une injection ; ils auront un rappel en début de semaine.
Il y a six semaines, dans la brume du petit matin, les oies bernaches ont eu à peine le temps de sortir la tête de leur duvet qu'elles se sont retrouvées encerclées, sur terre et dans l'eau, par une vingtaine de salariés du parc. À petit pas, ils les ont conduits vers la volerie où elles ont été rassemblées « gentiment, comme des moutons », décrit Vanessa Fretay, vétérinaire du parc depuis sept ans.
Le médecin des animaux avait déplié sa table de camping, sorti les seringues et les aiguilles de sa petite ambulance électrique. Un à un, les volatiles ont été attrapés par les soigneurs. Les assistants les ont identifiés avant de les mettre dans les bras des deux vétérinaires, dont une venue spécialement pour l'occasion, qui, à la chaîne, ont injecté le produit aux oiseaux. Le vaccin réduit les risques de contamination en cas de contact avec un oiseau grippé extérieur qui viendrait se poser sur leur domaine.
Éviter trop de stress
« C'est une opération délicate pour nous et stressante pour les oiseaux. Il faut que nous soyons efficaces et rapides pour ne pas gâcher de produit et pour ne pas trop affoler les animaux, ce qui pourrait engendrer des problèmes. Les services de la Direction départementale de la protection des populations (DDPP) nous remettent un nombre limité de flacons de vaccin qui, une fois ouverts, doivent être utilisés dans la journée. Il faut donc aller suffisamment vite pour le faire entre le lever et le coucher du soleil », explique Vanessa Fretay.
« Quand on rabat un groupe d'oiseaux, il faut être coordonnés, car si l'un deux trouve une faille pour passer à travers le cercle, ils vont tous suivre et c'est fichu ! On n'aurait plus qu'à reporter les injections au lendemain. » Certains sont malins, fuyant en plongeant pour éviter les filets et les épuisettes.
« Quelques canards et cormorans passent ainsi à la trappe, mais c'est envisagé dans le protocole. En revanche, l'émeu, lui, plus gros mais moins fin, se jette dans les bras du soigneur... Sur les 517 volatiles recensés, 492 ont pu être attrapés en deux jours et demi », précise la vétérinaire. « On sait exactement quels sont ceux qui ont été vaccinés ou pas, car ils sont tous soit bagués, soit pucés. Je prépare les listes à l'avance, indiquant le poids et la dose nécessaire à chacun, ainsi que les autres éventuels soins à leur prodiguer. Tant qu'à les attraper, on en profite, par exemple, pour les vermifuger. ».
La dernière fois que le vaccin avait été obligatoire, c'était en 2008. Une fois que l'animal a reçu une première dose, il doit avoir un rappel six semaines plus tard, puis tous les ans.
Singes et hippopotames confinés au chaud
Si elles n'ont pas besoin d'être vaccinées contre la grippe, en revanche, certaines espèces de pays chauds doivent être parfois confinées pour ne pas avoir froid. « Quand les températures sont proches de zéro, il faut mettre les animaux de la plaine d'Afrique et de la vallée indienne à l'abri, pour éviter qu'ils soient malades ou qu'ils aient des engelures. »
En ce moment les hippopotames batifolent dans une eau à 19 º, jouant avec une balle en bois pour ne pas trouver, à l'intérieur, le temps trop long. Les singes ne sortent plus. Les girafes ne passent pas le pas de la porte qu'on leur ouvre pourtant l'après-midi. Pour les animaux qui ne craignent pas les basses températures, les soigneurs remettent de l'eau dans les abreuvoirs toutes les deux heures, pour ne pas qu'elle gèle.
Sous la houlette de Vanessa Fretay, vétérinaire de Branféré, près de 500 oiseaux du parc auront un rappel de vaccin contre la grippe aviaire en début de semaine prochaine. Mais d'abord, il faut les attraper... sans les stresser !
Source :
Le Télégramme.