Paris : l’ourse du jardin d’acclimatation prendra sa retraite en Mayenne
Victorine fera bientôt ses adieux au jardin d’acclimatation planté depuis cent cinquante ans en lisière du Bois de Boulogne (XVIe). D’ici un an, cette ourse prendra le chemin d’un refuge animalier en Mayenne pour y couler paisiblement ses derniers jours. C’est une page de l’histoire du parc d’attractions qui se tourne.
Lors du renouvellement de la concession (NDLR : au groupement composé de LVMH, propriétaire du Parisien, et de la compagnie des Alpes en septembre dernier), « la Ville de Paris, a souhaité que le jardin d’acclimatation soit entièrement dédié à la faune domestique », explique Christophe Jalladeau, soigneur animalier. Adieu les daims et la vieille ourse. Vive les chèvres, mouflons et marmottes.
Victorine, emblème du parc, finira donc sa vie aux côtés des bêtes qui n’ont pas pu regagner leur milieu naturel. Un changement que ne regrettent pas les visiteurs. Loin de là. « Personnellement je préfère découvrir la faune sauvage à travers des reportages animaliers plutôt que dans un parc » commente Ivan, tandis que ses neveux scrutent, le nez collé sur les vitres, l’enclos de Victorine prête à hiberner.
Née en 1990 dans le jardin d’acclimatation, cette femelle vivait avec ses parents, Honorine et Malek et son frère Gaspard. Depuis la mort de son aîné en août 2013, cette ourse de 270 kg vit en solitaire. « Elle n’est pas seule. Cette demoiselle a cinq soigneurs pour elle », tempère dans un grand éclat de rire Christophe Jalladeau qui murmure à l’oreille de Victorine depuis quinze ans… tout en gardant une distance de sécurité. « Il ne faut pas se fier à ses allures de gros nounours en peluche », insiste l’homme en lançant par-dessus les grilles de l’enclos le petit-déjeuner de l’ourse composé de fruits frais et secs et d’œufs crus.
Même s’il est d’avis que les animaux sauvages vivent mieux dans des parcs conçus rien que pour eux, c’est avec un pincement de cœur que le soigneur animalier pense au départ de l’ourse. « Dans ma vie de soigneur, j’ai vu partir des animaux. J’en ai vu aussi mourir. Je profite des vacances d’été pour rendre visite à ceux qui sont encore en vie. Certains reconnaissent ma voix », confie ce passionné. Cet épilogue ne déplaira pas aux défenseurs de la nature qui se mobilisent sur les réseaux sociaux pour que Victorine termine ses jours « paisiblement dans un sanctuaire naturel et adapté à ses besoins, loin de la pollution, des klaxons, des cris et des regards indiscrets ».
Victorine l’ourse du jardin d’acclimatation quittera son enclos pour finir ses vieux jours dans un refuge animalier en Mayenne.
Source : Le Parisien.