Zurich : mort du mâle tigre de Sibérie

[Philippe]

Coto, le tigre de Sibérie mâle du zoo de Zurich (Suisse), a du être euthanasié à l'âge de 14 ans. Il souffrait de graves problèmes digestifs avec diarrhées et des vomissements provoquant une dramatique perte de poids.
Des analyses effectuées par le biais d'ultrasons, de rayons X et d'une gastroscopie avaient révélé une inflammation de l'estomac. Les tests sanguins avaient également mis en avant des soucis rénaux.
Les médicaments et les soins vétérinaires n'ayant permis aucune amélioration de l'état de santé du félin, celui-ci n'a pas été réveillé à l'issue de sa dernière anesthésie.

Fils de Kora et Noureev, Coto était venu au monde le 5 juin 2002 au zoo de Zurich . Depuis 2010, il partageait son enclos avec la femelle Elena. Le couple s'était reproduit une seule fois, en 2011, et avait donné le jour à trois tigreaux : deux femelles, Liska et Luva, vivant aujourd'hui respectivement en France et en Italie ,et le mâle Laikek, mort en 2015 au zoo d'Hambourg, en Allemagne.

La femelle Elena se retrouve dont provisoirement seule en attendant l'arrivée éventuelle d'un nouveau partenaire dans le cadre de l'EEP de cette sous-espèce.

Source : zoo de Zurich (photo Zoo Zurich, Enzo Franchini).

[Philippe]

«Coto», le tigre de l’Amour, aimait «Elena»

Le Zoo de Zurich est en deuil : le tigre «Coto», un des chouchous du parc, a été euthanasié cette semaine. Il laisse pour veuve sa partenaire, «Elena». Récit d’une vie mouvementée.

Le Zoo de Zurich a annoncé mercredi 24 août 201 la triste nouvelle : «Coto» a dû être euthanasié quelques mois après ses 14 ans. La décision était inévitable. «Coto» souffrait de gros problèmes digestifs. Diarrhée et vomissements l’avaient tant affaibli qu’il avait perdu beaucoup de poids. « Il était devenu apathique », explique le zoo. Bien loin du «Coto» joueur que ses gardiens avaient connu et élevé.

Car la vie du tigre de Sibérie est un feuilleton auquel les médias alémaniques ont toujours été attentifs. Tout avait commencé le 5 juin 2002. Né à Zurich, «Coto» avait vite suscité l’empathie. Du public mais aussi du personnel du parc. Sa mère, «Kora», n’ayant plus assez de lait, c’est le vétérinaire Jean-Michel Hatt qui l’avait nourri au biberon pendant plusieurs semaines. Une situation si particulière que c’est avec prudence que «Coto» avait dû ensuite être «rendu» à ses parents. Du moins à son père, «Nurejev», sa mère ne l’ayant jamais accepté. Le curateur du zoo de Zurich, Robert Zingg, disait d’ailleurs récemment à plusieurs journaux régionaux alémaniques que «Nurejev» avait appris à «Coto» à être un «bon tigre».

« Coto» était un tigre très confiant et amical, raconte de lui le directeur du zoo, Alex Rübel. Il aimait jouer mais était aussi un peu maladroit. Mais il avait une grande confiance envers les gardiens. Cela peut s’expliquer par le fait qu’il avait été entre des mains humaines durant les premières semaines de sa vie. »

Pas simple de lui trouver une élue

Au fil des années, l’enjeu fut de trouver une partenaire à «Coto». Pas simple. Avant tout parce que les tigres de Sibérie, ou tigres de l’Amour (du nom du fleuve), sont une espèce menacée. « C’est le plus grand des tigres, explique Pierrette Rey, porte-parole du WWF. Il était au bord de l’extinction dans les années 1940. On estime la population actuelle à 400 spécimens environ. »

De plus, «Coto» appartenait au Programme européen pour les espèces en danger (EEP), géré par l’EAZA, l’Association européenne des zoos et des aquariums. L’élue devait donc provenir d’un des parcs partenaires.

Il y eut d’abord «Berry», à l’été 2007. Elle avait été prêtée par un zoo tchèque. Sauf que «Coto» et elle n’auront jamais pu ne serait-ce que se croiser. «Berry» fut d’abord confrontée au papa, «Nurejev», pour obtenir la bienveillance paternelle. Mais la rencontre tourna mal. Très mal. Une dispute, un coup de griffe au cou, des blessures à la jambe et au ventre. «Berry» ne s’en tira pas. Quelques jours plus tard, on apprenait que des complications engendrées par de l’eau présente dans ses poumons n’avaient rien arrangé et entraîné le décès.

Jouer les entremetteurs avec des tigres n’est jamais une tâche aisée. « Ils n’ont pas besoin de partenaire, éclaire Alex Rübel. Ce sont des solitaires. Mais nous voulons que nos animaux vivent dans un cadre naturel et nous souhaitons contribuer à la préservation de l’espèce sur le long terme. »

«Elena» reste seule… pour l’instant

La deuxième tentative sera finalement la bonne. En mai 2010, c’est «Elena» que le zoo de Zurich fait venir de Munich. Les débuts sont compliqués, ce n’est pas immédiatement le coup de foudre. «Elena» est timide, ils se disputent. Puis, après quelques jours, miracle. L’entreprise porte ses fruits: «Elena» et «Coto» forment un couple.

«Coto» était en harmonie parfaite avec «Elena», conte le directeur. Même lorsque nous les nourrissions, nous n’avions pas besoin de les séparer. Ce n’est pas une évidence lorsqu’on a affaire à des animaux solitaires. » Les tourtereaux auront ensemble quatre petits. Un ne survivra malheureusement pas.

Quant aux trois autres, deux femelles («Liska» et «Luva») et un mâle («Lailek»), ils ont été éduqués par leur mère, comme cela se fait chez les tigres. «Coto» a dû attendre plusieurs semaines dans un enclos séparé avant de voir les tigreaux. Mais, selon le désir de l’EEP, les trois petits sont vite disséminés à travers l’Europe. «Liska» vit en France, «Luva» en Italie. «Lailek» était lui à Hambourg mais est mort l’année passée. «Elena» est donc seule aujourd’hui. Bientôt, on lui trouvera un nouveau partenaire. Elle est un peu caractérielle, il lui faudra peut-être un peu de temps pour remplacer le regretté «Coto».

Source : Le Matin.