Le bébé gypaète est né juste trop tard ! Cet oisillon a vu le jour le 2 mai dernier au zoo vaudois La Garenne, mais ce n'est que depuis quelques jours qu'il commence à sortir de son nid. Trop tard pour espérer un jour recouvrer la liberté. Son avenir est en revanche déjà tout tracé: il deviendra un reproducteur captif. RécitSon duvet gris duquel commencent à jaillir des plumes associé à sa démarche encore peu assurée ne trompe pas. Cet oisillon dont on ne connaît pas encore le sexe n'a, en dépit d'une taille avoisinant les soixante centimètres, que quelques semaines. Ce bébé gypaète barbu est en effet né le 2 mai au Zoo La Garenne (VD). «Cela fait à peine quelques jours qu'il sort du nid et que le public peut l'apercevoir. C'est pour cette raison que nous sommes restés jusqu'ici discrets sur son existence», explique Pierre Ecoffey, directeur du parc.
Sous le regard bienveillant de ses parents :A la faveur des rayons du soleil, ce charognard en herbe s'aventure chaque jour un peu plus loin sur son perchoir, sous l'oeil attentif et bienveillant de ses parents. «Il faudra certainement attendre fin août pour le voir tenter ses premiers vols maladroits», précise Pierre Ecoffey. Et il s'y connaît, puisque, depuis 1978, le zoo a déjà offert près de vingt-trois rejetons - dont onze ont pu être relâchés dans les Alpes - au programme européen d'élevage et de réintroduction des gypaètes.
Mais ce petit dernier n'aura jamais l'occasion de survoler les pics enneigés, de se laisser porter par les courants thermiques. Car il est né trop tard. «Habituellement, le petit vient au monde au plus tard début mars, raconte le spécialiste. En l'occurrence, le premier oeuf a été cassé, comme les deux années précédentes. Il s'agit certainement d'une maladresse du mâle, l'un des plus vieux du programme européen d'élevage, âgé de 42 ans. Mais cette fois, à la surprise générale, la femelle en a pondu un deuxième, qui a éclos début mai. Comme les jeunes gypaètes doivent être réintroduits cent à cent dix jours après leur naissance, pour éviter qu'ils ne se soient trop habitués à l'homme, cela nous reporterait dans son cas à mi-août. L'hiver viendrait trop rapidement par rapport à son état de développement. De plus, les lâchers se font toujours par groupes de deux ou trois, afin de les stimuler et de les sécuriser. Etant donné qu'il est né après ses congénères, il n'aurait personne pour l'accompagner!»
Une captivité bien utile :Cette naissance différée le condamne de fait à la captivité à perpétuité. Une captivité bien utile car dès que l'oiseau, mâle ou femelle, aura atteint sa maturité sexuelle, vers l'âge de 7 ans, il deviendra un reproducteur et contribuera ainsi à perpétuer son espèce. «Il sera transféré dans un autre zoo, où l'attendra un partenaire, avec qui il aura beaucoup d'enfants. Ses descendants, quant à eux, ne seront pas relâchés dans les Alpes, tant les lignées liées à son père sont nombreuses et les risques de consanguinité élevés. Sur les vingt couples de l'arc alpin qui se sont formés à un moment ou à un autre ces vingt dernières années, près de la moitié était affiliée à notre mâle. Les futurs petits de notre nouveau pensionnaire devraient servir à recoloniser de nouveaux sites, comme le sud de l'Espagne ou les Balkans», explique le directeur du zoo. Seul le timing de cette vie bien rangée reste incertain... Pour l'heure, le jeune gypaète devrait rester avec ses parents jusqu'à ce qu'ils construisent leur nouveau nid, en automne. «Nous avons signifié au coordinateur du programme que nous avons une cage séparée prête à l'accueillir quelques mois, voire quelques années encore», confie Pierre Ecoffey. Ensuite, il partira - à défaut de pouvoir s'envoler - vers sa destinée...
Donnez-lui un nom! :Ce jeune gypaète barbu n'a pas encore été baptisé. Il n'a même pas reçu de matricule chiffré en guise d'identité. «Comme il ne doit pas être prochainement transféré ou réintroduit, il n'y a pas d'urgence. Ses parents, par exemple, n'ont même jamais reçu de nom», explique Pierre Ecoffey, directeur du Zoo La Garenne.
Sortez ce jeune gypaète de son anonymat et postez un nom original sur notre site. Les dirigeants du Zoo La Garenne trancheront, et le nom qui aura été retenu vous sera communiqué ultérieurement dans nos colonnes. Une contrainte toutefois dans le choix de ce patronyme: il doit convenir aux deux sexes ou être facilement adaptable, car aucune analyse n'a encore été effectuée pour savoir s'il s'agit d'un mâle ou d'une femelle. A vous de jouer...
Source :
http://www.lematin.ch/actu/suisse/zut-b ... ard-293670