
AMNEVILLE. _ Ils ont été découverts dans l'étroite obscurité d'une boîte à chaussures, dissimulée dans le coffre arrière d'une voiture, sur le parking d'un hypermarché du nord de la Lorraine. Un an plus tard, si les deux perroquets Ara-aranaura ont certes repris du poids et du piquant dans les couleurs, à l'intérieur des cages du zoo d'Amnéville, ils font désormais face aux visiteurs avec le torse nu de plumes. Classique, le phénomène du « piquage » est clairement cerné chez les spécialistes animaliers, pour traduire les conséquences d'un profond « stress » vécu par ces animaux victimes d'un trafic interdit. Loin de leur Afrique d'origine, les deux perroquets devaient faire l'objet d'une cession à des particuliers - entre 6.000 et 8.000 € - après avoir été ramenés en Europe dans des circonstances pas toujours clairement déterminées. Et s'ils font, depuis, l'objet de soins attentifs de la part du personnel du zoo mosellan, les signes du traumatisme de leur exil forcé tiennent de l'évidence. « On voit qu'ils sont jeunes et en bonne santé », explique Hervé Santerre, responsable animalier. « Mais il faudra encore beaucoup de temps pour que ces animaux évacuent leur stress ». Mince consolation, sans doute, ils font, depuis hier, officiellement partie de la faune animale propriété du zoo mosellan, où ils peuvent évoluer dans un décor hospitalier.
Plusieurs mois de démarches
Dans le cas de saisies d'animaux protégés par les Douanes ou les services de police, le lancement de la procédure concernant leur destination future, s'accompagne souvent de plusieurs mois de démarches, en marge d'éventuelles poursuites juridiques contre les auteurs de ce trafic, ou les receleurs. Avec les deux perroquets Ara-Aranaura, cinq tortues elles aussi en provenance d'Afrique, saisies dans des bagages à l'aéroport Metz-Nancy Lorraine, sont, hier, également devenues officiellement propriété du zoo d'Amnéville, avec un groupe de chardonnerets, espèce d'oiseaux protégée elle aussi. Précision : malgré plusieurs mois de soins, plusieurs d'entre eux sont morts ces derniers mois. « Globalement, les saisies d'animaux protégés visent logiquement les villes portuaires et restent donc marginales en Lorraine » précise Luc Perigne. Au total, 767 constatations ont été enregistrées l'an passé sur le territoire pour un total de plus de 10.000 animaux, débouchant sur des plaintes au pénal pour les dossiers de trafic, ou sur des actes transactionnels destinés prioritairement aux particuliers de bonne foi, qui auraient, par exemple, méconnu l'interdiction de transporter des animaux protégés par la convention de Washington. En échange de l'abandon des poursuites, c'est souvent le premier pas de la procédure qui mène vers la propriété attribuée aux zoos. Les douaniers retrouvent parfois des « animaux dans les poches » des voyageurs. Plus spectaculaire : le trafic d'une vingtaine de tortues découvertes dissimulées sous les pare-chocs d'un véhicule. Son auteur encourt jusqu'à trois ans de prison, et des peines d'amendes.