Le Zürich a réactualisé son masterplan

[Philippe]

Mais comme pour le cirque, ne peut-on aussi espérer que le goût du public se portera aussi sur des établissements plus modestes, à taille et échelle humaines (si je puis dire concernant des établissements zoologiques), prônant de valeurs de raison, de simplicité et ici de durabilité à l'heure où précisément l'idée même de croissance est remise en question ?

[okapi]

On peut l'espérer, mais si on doit vraiment comparer avec le cirque et ses mutations récentes, je n'y crois pas beaucoup… Les formes contemporaines, plus intimes, sont tout de même "réservées" à un public d'initiés, comparable aux amateurs d'art équestre du 18ème siècle qui fréquentaient les bancs d'Astley, initiés eux aussi aux subtilités de l'art équestre. Le public des zoos, c'est le public de Barnum au tournant des deux siècles suivants, lorsque le cirque devient populaire et chiffre ses spectateurs par milliers. C'est d'ailleurs la curiosité qui motive l'évolution des deux formes. Et le fond de commerce est le même: des animaux sauvages exhibés, fournis par une entreprise qui joue sur les deux tableaux, Hagenbeck. Ce que je prédis, c'est un affaiblissement des petits parcs, déjà fragiles, emportés par l'appétit des plus grands, et qui vont profiter de l'adage bien connu: si c'est grand et cher, c'est forcément bien (voire immense et finalement pas si cher, c'est encore mieux!). Et il ne faut pas perdre de vue que les compagnies de cirque contemporain, au contraire des petits zoos privés, sont soutenues par de l'argent public, donc fragiles elles aussi et dédiées à des audiences très limitées. Calviac attire des locaux et des bobos, mais le grand public, il préfère Beauval, Amnéville et la Palmyre. Il ne faut pas oublier que le public "initié", sensible et "cultivé" à la cause de la protection, il considère le zoo comme un lieu de perdition: le grand public qui frissonne devant les loups et les tigres blancs, c'est le même qui va s'offrir des nuits derrière la vitre, pas les détracteurs "dormants" qui ne voient là qu'une dérive supplémentaire. Ce que les grands parcs vont réussir à créer, c'est une "caste fascinante", un petit cercle où le public est sûr d'en avoir pour son argent, argent qu'il est d'ailleurs encore plus enclin à dépenser dès lors qu'il est satisfait. Et qu'est-ce qui le motive? Des éléphants, des girafes, des gorilles, des lions, des flamants roses, des toilettes propres et un restaurant pas cher avec des frites. Les toilettes sèches, les affûts discrets et les petites bêtes rares, en gros ce public qui arpente les allées en rangs serrés en été, il s'en fiche!

[Philippe]

Peut-être mais je n'ai pas envie de désespérer. Et après tout, les petits parcs n'ont pas les mêmes exigences de "rentabilité" que les gros, les attentes du public évolueront peut-être lentement mais doucement, la ou les générations futures ne percevront peut-être pas les zoos comme leurs aînés et l'approche des bobos et des initiés touchera peut-être un nombre croissant de visiteurs. Les grands complexes n'ont pas tué les salles d'art et d'essai ni le "cinéma d'auteur" comme d'aucuns le prédisaient.
En Touraine, peu de gens connaissent Doué et la plupart ne jurent que par Beauval, voire à un moindre degré La Flèche. Pourtant, après avoir visité le Bioparc, ils reconnaissent souvent que l'expérience en valait la peine et les quelques kilomètres supplémentaires. Comme si un petit quelque chose avait changé.
Enfin, les gros zoos sont peut-être aussi des colosses aux pieds d'argile plus fragiles que certaines petites structures. Souvenons-nous des dinosaures...

[Vinch]

les populations in situ qui sont la seule garantie de maintien des espèces

Malheureusement, pas seulement. Le cas du condor de Californie est ici tristement exemplaire...

On est bien d'accord que le but premier de la plupart des EEPs, des SSPs et autres n'est pas de servir à la réintroduction, à la conservation mais juste de maintenir une population viable dans le long terme d'une espèce menacée en captivité. Mais il n'empêche tout de même que certains ont pu être utiles à la réintroduction et au renforcement de populations animales dans le milieu naturel: le Condor de Californie, le Tamarin-Lion Doré, le Maki Vari Noir et Blanc, le Furet à Pieds Noirs... Et en principe, tous les parcs participant à un programme d'élevage concerné par une réintroduction sont concernés.

Mais Okapi a tout de même raison: les populations in situ restent - la plupart du temps - la seule garantie de l'espèce ... Et je rajouterais: à condition qu'il y ait préservation de leur milieu d'origine et de tous les éléments de la chaîne alimentaire... Qu'il y ait une rupture quelque part, et tout l'ensemble peut se retrouver complètement compromis.

[Philippe]

La plupart du temps... Mais pour un certain nombre d'espèces aujourd'hui, une épizootie, l'arrivée d'une espèce invasive voire un ouragan (pour le ténébrion de Mercure par exemple) et l'ensemble de la population serait définitivement anéantie. Bien sûr, ces dangers existaient aussi par le passé mais l'état des populations actuelles accroît les conséquences éventuelles de ces menaces.
A cause de la pollution de la Yamuna ou des moussons précoces (liée à la surexploitation des rives) dans le Ghât de Katernia, les populations sauvages de ghavials pourraient être réduites à néant ou presque. La naissance d'individus en captivité reste très importante voire vitale pour l'espèce.
A mon sens, tant de populations in situ sont aujourd'hui fragilisées que compter sur elles seules apparaît une option risquée.
Peut-on estimer que la seule population in situ de la panthère de l'Amour suffira à sauver la sous-espèce avec sa cinquantaine de spécimens ? Au-delà d'éventuelles réintroductions à moyen terme, peut-on penser que les individus élevés ex situ auront un rôle à jouer pour maintenir la diversité génétique de la sous-espèce ?
Allez, bon réveillon à toutes et tous !

[okapi]

Bien sûr, le bison d'Amérique, le cheval de Przewalski, le cerf du père David, le condor de Californie et un certain nombre de petites espèces ont été "sauvées", parfois in extremis, de l'extinction grâce à l'intervention désespérée de passionnés, membres ou pas d'une institution. Ce qui est fascinant et émouvant avec Durrell, c'est qu'il était pratiquement seul à se battre dans le monde des zoos et qu'il faisait des choix stratégiques dans son petit bureau en lisant des listes de marchands, en s'endettant pour acheter un couple d'oiseaux rares ou en allant taper à la porte de ses voisins fortunés de Jersey pour solliciter quelques dizaines de Livres pour acquérir un gorille ou un orang outang… Il était à la fois le décideur, l'éleveur et, dans certains cas, le réintroducteur avec le soutien d'autorités locales. Quel directeur aujourd'hui fait de tels choix, obnubilé par l'unique volonté de réparer une injustice humaine? Sans réelle concession à ses visiteurs, pariant sur le fait que l'histoire de chacun de ses choix serait plus intéressante que le choix lui-même, c'est-à-dire l'espèce désignée? Et il faut bien comprendre l'enjeu: Durrell, le coeur battant à cent à l'heure quand il découvre un couple de faisans hokis a vendre, une fortune, n'imaginant pas une seconde devoir y renoncer, sachant qu'il faudra construire des volières et parier sur la fertilité des oiseaux, avec au bout du compte une espèce désirable de son point de vue à lui, indispensable à protéger, mais pas vraiment spectaculaire du point de vue d'un visiteur lambda.
Aujourd'hui, la protection et la conservation sont organisées, on n'achète plus (ou presque!) les animaux, mais les zoos ne se lancent pas vraiment dans des opérations de sauvetage à grande échelle: quel parc privé dédie aujourd'hui dix volières à une seule espèce? Fait le choix inversé, c'est-à-dire quelques grandes espèces impressionnantes et une majorité de petites et moyennes espèces, toutes ou presque en voie d'extinction? Il y a des milliers d'espèces minuscules pour lesquelles il y a urgence et les parcs se battent toujours pour obtenir des lions blancs, dépensent des fortunes pour bâtir des pavillons souvent moches pour y abriter des hippopotames et des crocodiles du Nil…
C'est sûrement important de conserver des populations viables dans les zoos, mais sérieusement, si les territoires qui leur correspondent disparaissent, à quoi vont-elles servir au bout du compte? Certes, il y aura quelques dizaines de gavials en captivité, mais à moins de réduire l'exploitation des rives, de nourrir autrement la population locale, je vois mal les sauriens réintégrer leurs pénates d'origine… L'ours polaire va disparaître. La panthère de l'Amour aussi. C'est inévitable. Reste à savoir s'ils ne s'agit pas des premières sentinelles à s'effacer avant que beaucoup d'autres, dont la nôtre, ne les suivent à plus ou moins brève échéance…
Allez! Bon réveillon à toutes et à tous!

[Philippe]

C'est bien de cela qu'il s'agit, le combat de la dernière chance pour l'ensemble des espèces, la nôtre comprise...
La sauvegarde des dernières girafes blanches du Niger, dont il ne subsistait qu'une poignée, apparaît comme un exemple de ce qui peut être entrepris pour éviter la disparition annoncée d'une (sous-)espèce et concilier sa protection et celle de son environnement en tenant compte des besoins des populations locales. Le gavial n'est pas forcément condamné mais... Les panthères de l'Amour non plus (cinquante individus, plusieurs centaines en captivité) mais...
Toutes ces espèces au bord du gouffre ont une toute petite chance de s'en sortir à condition qu'on préserve non seulement les individus mais leurs écosystèmes. Illusoire ? Combat perdu d'avance ? Ou subsiste-t-il une petite chance d'éviter le pire et de sauver ce qui peut encore l'être ? Les consciences s'éveillent et la machine s'arrêtera peut-être à temps. Ou pas... Au moins, certains auront essayé.

[Philippe]

Le Zoo de Zurich ferme la maison des rhinocéros

La maison des rhinocéros du zoo de Zurich va fermer ses portes. Les animaux seront confiés à d'autres institutions.

A peine a-t-elle vu le jour au zoo de Zurich que déjà la petite rhinocéros Olmoti va déménager. Le parc animalier fermera dans le courant de l'année sa maison africaine, inaugurée en 1965. Les conditions y sont devenues précaires. Le secteur sera transformé et consacré au thème de l'Australie.

Olmoti, née le 28 décembre, sa maman Samira et son papa Jeremy seront confiés à d'autres institutions, indique le zoo de Zurich ce mercredi 21 janvier. Il n'y aura pas de rhinocéros à Zurich jusqu'en 2020, lorsque l'enclos dédié à la savane africaine devrait ouvrir ses portes.

Dans la future maison australienne, le zoo prévoit d'installer des koalas, des kangourous et une espèce de varans. Des loris, sorte de perroquet australien, investiront un espace séparé. Il est prévu que les visiteurs puissent les nourrir

Source : Ats.

[Philippe]

Les rhinocéros zurichois resteront jusqu’en septembre

Olmoti, bébé rhino né juste avant Nouvel-An, sera encore visible quelques mois au zoo de Zurich avec ses parents, avant que tous s’en aillent ailleurs en Europe. La nouvelle Savane Africaine ne sera prête pour de nouveaux spécimens qu’en 2020.

Si la naissance en captivité de la petite Olmoti, bébé rhinocéros noir, a été, au zoo de Zurich, l’événement de la fin de l’année dernière, son déménagement reste prévu à l’automne. La trop petite Maison des rhinocéros, datant de 1965, doit être revue et insérée dans un nouveau concept de Savane africaine qui ne sera prêt qu’en 2020, selon un porte-parole du zoo. Le permis de construire tardant à arriver, les travaux commenceront au plus tôt en septembre.
A cette date, Olmoti aura presque 9 mois et ne devrait pas connaître de difficulté pour voyager. Car une fois la fragilité du bébé estompée, la facilité d’acclimatation pour un rhinocéros reste un cas chaque fois particulier : les déplacements précédents de Jeremy, la personnalité plutôt calme de Samira, la mère, semblent écarter les soucis éventuels que pourrait entrainer un tel changement.

Leur destination prochaine, ainsi qu’une séparation probable avec Jeremy d’un côté, Samira et sa fille de l’autre, demeurent en discussion entre le zoo et le programme européen pour les espèces menacées (EEP), qui gère les populations d’animaux en captivité sur le Vieux-Continent. Places disponibles, consanguinités éventuelles avec d’autres animaux, tout est étudié de près pour leur trouver un point de chute adéquat. Enfin, un changement de couleur est annoncé : la famille zurichoise de rhinocéros noirs se verra remplacer par l’espèce blanche, pour des raisons de caractère. Plus accommodants en groupe, les rhinocéros blancs correspondraient mieux au futur nouvel environnement

.

Omoti et sa mère Samira.

Source : Le Matin.

[okapi]

Donc, en gros, pour faire mieux dans le paysage, on privilégie une espèce plutôt qu'une autre? Une savane pensée en fonction du caractère de ses pensionnaires plutôt que le contraire, ce serait plus juste, non?

[Antoine]

Selon un article de presse rapporté sur Zoofreunde, la maison africaine remodelée pourrait également accueillir des varans de komodos.

[Antoine]

En plus de la rénovation de la maison des pachydermes le zoo vient d'annoncer la création en parallèle d'une installation pour loris.

Cette nouvelle installation sera construite à la place des enclos extérieurs pour amphibiens, entre les enclos des grues et des loutres, donc à proximité immédiate de la maison sur l'océanie.
Elle comprendra un bâtiment de 160 mètres carrés et une volière extérieure de 80 mètres carrés. Les loris pourront aller librement de l'un à l'autre.

De plus, on apprend que les anciens enclos des rhinocéros noirs et des hippos pygmés seront transformés en enclos de contact pour wallabies. Les visiteurs suivront un chemin délimité par des barrières en bois et les wallabies pourront y passer librement.

Enfin, on apprend également que le zoo souhaite faite revenir les hippopotames pygmés dans l'avenir, peut-être dans le cadre de la nouvelle installation des gorilles. Aucun projet n'est encore arrêté à ce sujet.

Les travaux débuteront à l'automone prochain et dureront 1 an et demi.

Zone de la maison des pachydermes réaménagée (le bâtiment des loris est à gauche, de l'autre côté du chemin)




Localisation de la future installation des loris par satellite


Les futurs piafs




Une image d'une espèce de varan pour la maison océanienne mais ce ne devrait pas être l'espèce finalement retenue (les varans devraient disposer de la moitié de la maison, l'autre moitié revenant aux koalas)


Source : http://www.tagesanzeiger.ch/zuerich/sta ... 7169223502

[Philippe]

Voici le lien vers une petite vidéo du jeune rhinocéros noir dont la naissance a été évoquée dans cette liste de discussion :
https://www.youtube.com/watch?v=pU8vs1fV1ss

[Théo]

Le site du zoo de Zürich a subi un lifting il n'y a pas longtemps et possède à présent un lexique regroupant une bonne partie des espèces animales et végétales du parc, parfois avec leurs effectifs en captivité s'ils sont assez rares. Le plus intéressant est qu'il y a les fiches descriptives des animaux prévus dans le complexe australien qui ouvrira en 2018.

On y trouve le koala, le wallaby de Bennett, le kookaburra, le loriquet arc-en-ciel, ainsi que le varan Perenti qui n'est représenté qu'à Dallas et Los Angeles en dehors d'Australie et le rarissime moloch, réputé pour être quasiment impossible à garder en captivité et absent de l'île-continent.

[Antoine]

Voici deux photos prises par Theoo, membre du forum Zoofreunde, concernant la nouvelle zone australienne de Zürich :


On aperçoit un enclos à koalas sur la droite.


On voit ici un second enclos à koalas !

Par ailleurs, selon Zoochat et Zootierliste, le zoo a bien reçu des varans Perenti Varanus giganteus qui seraient donc les seuls de leur espèce en Europe.

Source : Zoochat, Zoofreunde et Zootierliste.