Faune de Jordanie

Taxonomie, éthologie... Voici le lieu de vos échanges animaliers !

Faune de Jordanie

Messagepar Therabu » Lundi 23 Septembre 2019 15:11

Début Avril, je suis parti deux semaines au Moyen-Orient en combinant un court séjour au Liban pour visiter mon frère installé là-bas puis une dizaine de jours en Jordanie en voyage itinérant que j'ai organisé pour ma famille.
A travers ce post, je vais tenter de dresser un rapide aperçu de la vie sauvage de ce petit royaume, îlot de tranquillité dans une région pas facile à visiter.

Je vous propose donc de découvrir les espèces animales et quelques paysages que j'ai rencontré lors de ces 10 jours.
Pour bien d'entre nous, la Jordanie renvoie à un désert de sable rouge brulé par les rayons du soleil. Si cela peut être vrai dans le sud, le pays présente une très forte diversité de climats et lors de ma visite fin mars, nous avons été surpris par la fraîcheur des températures. Nous avons plusieurs fois frôler les 5°celsius et même subi la grêle à Petra. Le lendemain à Aqaba, à seulement 120 kilomètres, nous avions plus de 35°...
Pour ceux que cela intéresse voici l'itinéraire :

Image

Jour 1. Madaba - Mer Morte - Dana
Jour 2 - Dana (Wadi Guwheir) - Showbak
Jour 3 - Dana - Petra
Jour 4 - Petra
Jour 5 - Petra - Aqaba
Jour 6 - Aqaba - Wadi Rum
Jour 7 - Wadi Rum
Jour 8 - Wadi Rum - Aéroport (dépose du groupe et continuation en solo)
Jour 9 - Amman - Azraq
Jour 10 - Azraq
Jour 11 - Azraq -Amman - Retour France

Géographie

Un peu de géographie pour commencer. D'une taille environ 6 fois inférieure à la France métropolitaine, le pays se traverse assez facilement, tout du moins du nord au sud, le long de l'axe Amman - Aqaba. Le réseau routier de qualité permet ainsi de relier les principaux sites touristiques assez facilement.
Bien que majoritairement désertique, le pays présente une densité de population supérieure à la France (117hab/km²). Cela n'est d'ailleurs pas sans poser de problèmes concernant l'accès à l'eau et la production de denrées alimentaires.
Le pays est quasiment enclavé mais bénéficie d'un débouché de 26 kilomètres sur la mer rouge au niveau de la ville d'Aqaba, la principale porte d'entrée du pays.

La carte suivante résume les types de végétation rencontrés :
Image

La carte suivante simplifiée avec quelques annotations :
Image

Situé à la croisé de trois continents, le pays arbore une large palettes d'écosystèmes, chacun caractérisé par des influences diverses.
La majeure partie du pays, à l'est (séparée en jaune), est un plateau désertique élevé (appelé aussi hamada) constitué de déserts tantôt caillouteux (basalte) en direction de la Syrie, soit sableux en allant vers le sud et le désert d'Arabie.
Ce vaste plateau s’affaisse de manière dramatique à l'approche de la mer morte, le point le plus bas du monde. Située à moins 400 mètres d'altitude, la mer morte posséde un climat très aride et chaud. La zone bleue, constituée du sud vers le nord, du golfe d'Aqaba, de la dépression du Wadi Arabah, de la mer morte et de son affluent, le Jourdain forment donc la Rift Valley jordanienne. C'est notamment un couloir de migration pour les oiseaux et une zone de passage pour la faune d'influence soudanaise.
Séparant le plateau continental de ces basses vallées, d'imposantes montagnes, marquées en marron, plongent progressivement vers l'ouest. Entrecoupées de nombreux canyons étroits et d'imposantes vallées, elles sont moins arides et abritent divers petites villes le long de la route du roi, l'itinéraire touristique reliant les principaux sites du pays.
Enfin, en vert sur la carte, se trouve la zone méditerranéenne du pays, plus propice à l'installation des populations humaines. Les collines sont recouvertes de champs d'oliviers, de forêts de pins et de chênes et copieusement arrosées pendant l'hiver.

Je n'ai pas visité cette dernière région, pourtant riche en sites historiques. C'est aussi une des plus intéressantes sur le plan ornithologique même si nombre d'espèces peuvent être observées en Europe.

Protection de la nature

Image

Il existe 8 réserves protégées en Jordanie, la dernière en date étant celle de Fifa située dans les lagunes sur les bords de la mer morte. A l'exception du Wadi Rum, géré par les autorités d'Aqaba, les réserves sont gérées par la Royal Society for Conservation of Nature (RSCN). L'agence gouvernementale promeut la conservation de la nature mais aussi le développement du pays comme destination éco-touristique, en complément des trésors archéologiques qui attirent les foules dans le pays, à travers la marque Wild Jordan. Elle a notamment développé différents programmes d'artisanat local, de l'hébergement dans des coins reculés comme le Feynan Lodge, primé par le magazine National Geographic comme l'un des 50 meilleurs éco-lodges du monde. Son emblème est l'oryx d'Arabie, espèce phare du bestiaire jordanien que l'institution a réintroduit localement.
Therabu
 
Messages: 3918
Enregistré le: Vendredi 30 Mai 2008 16:10

Re: Faune de Jordanie

Messagepar Therabu » Lundi 23 Septembre 2019 16:42

Les montagnes de la route du roi

Cette première partie du séjour a été la plus pauvre d'un point de vue animalier. Il s'agit d'une zone relativement peuplée où les nombreux troupeaux exercent une pression forte sur la maigre végétation, pouvant même aller jusqu'à la désertification. Les abords de la Mer Morte sont à priori peu hospitaliers.
Située à -422 mètres d'altitude, c'est un des endroits les plus chauds du globe. Ces fortes températures entraînent une forte évaporation conduisant à la concentration des minéraux (magnésium, brome, potasse et évidemment le sel. Concentré à près de 27,5 %, soit 10 fois plus que dans l'océan, le sel donne une texture gluante à l'eau et empêche de s'y enfoncer. Des images étonnantes de gens en train de lire le journal en flottant sur l'eau constituent la carte postale de la région mais il faut savoir qu'il est déconseillé de rester plus de 15 min dans l'eau et que toute éclaboussure dans les yeux doit immédiatement être rincée à l'eau douce. La constitution exceptionnelle de l'eau en minéraux justifie à la fois l'installation d'industries d'extractions et de spas aux vertus thérapeutiques. En raison des volumes de pompage bien trop importants, notamment dans son principal affluent, le Jourdain, la mer morte voit sa superficie baisser à grande vitesse. Il existe des projets de raccordements avec la mer rouge pour la re-remplir mais qui ne seront pas sans impacts environnementaux.

Les formes de vie existent toutefois dans cet environnement austère. Les lagunes sont habités par de nombreux échassiers et si l'on prend le temps de randonner dans les oueds et les montagnes du Wadi Mujib qui plongent directement dans la Mer Morte, nous pourrons observer l'ibex de Nubie (Capra nubiana), classé vulnérable à l'échelle mondiale. En Jordanie, l'espèce se remet lentement de décennies de chasse au trophée et de subsistance. Au fond d'un canyon que nous avons arpenté une journée entière, j'observe des rufipennes de Tristam, une jeune tortue grecque (Testudo graeca) un crapaud vert (Bufotes viridis), l'amphibien le plus commun de la région.

Image

Image
Mer morte

Image

Image
Paysages montagneux de la route du roi

Image
Wadi Guwheir

Image
Tortue grecque

Image
Crapaud vert

Wadi Rum

Petra constitue la limite sud de la colonne montagneuse de la Jordanie. Située à la limite du désert, la capitale des Nabatéens était approvisionnée en eau par des mécanismes incroyables d'ingéniosité et de par leur envergure. Des canaux creusés à même dans la roche amènent les différents ruisseaux vers de larges citernes capables de stocker les volumes d'eau importants de l'hiver. Ainsi, la ville constituait une halte obligatoire pour les caravanes à ce carrefour entre l'Egypte, la Palestine, l'Arabie et la Mésopotomie.

Image

Le but de ce carnet n'est pas culturel mais cela me permet d'effectuer une transition avec les déserts de sable du sud de la Jordanie.

Image

Image

Image
Le Wadi Rum est en fait une vaste vallée sablonneuse traversant un majestueux massif de grès rouge. Cette région à la frontière avec l'Arabie Saoudite comprends les plus hauts pics du pays, (Jabal Umm al Dami,1,854 m). Les paysages mêlant roches et dunes rouges évoquent à la fois les aventures de l'officier anglais Lawrence d'Arabie qui incite les tribus arabes à se soulever contre les Ottomans (non pas sans penser aux intérêts de la mère-patrie) ou à la planète Mars. Le désert est d'ailleurs régulièrement un studio de cinéma à ciel ouvert, avec le film biographique sur Lawrence d'Arabie, Alladin ou plus tard des tournages de Star Wars.
La vie sauvage se concentre avant tout dans les massifs rocheux où les anfractuosités captent l'eau et offrent des abris face aux assauts du soleil. C'est également dans cet environnement que l'on retrouve des pétroglyphes vieux de plusieurs milliers d'années.

Image

Les gorges, appelées Siq, littéralement "passage au sein de la montagne" dans la langue bédouine, sont creusés par des averses torrentielles. L'ombre des parois rocheuses et quelques flaques d'eau permettent à une maigre végétation de s'y développer.

Image

Image

Les animaux sont discrets et le désert est loin d'être vides d'humains entre les nombreux berges et l'explosion du tourisme (les conséquences néfastes sont visibles notamment avec les camps en durs bâtis au milieu du désert). Il faut donc s'écarter du chemin pour observer les petits habitants spécialistes des déserts. Les rongeurs, rufipennes et perdrix affectionnent particulièrement les affleurements rocheux tout comme les nombreux lézards et le roselin du Sinaï, une espèce endémique, cible favorite des ornithologues en visite dans la région. De nombreux passereaux, souvent granivores, suivent en groupe la floraison des buissons pour se nourrir.

Image
Souris épineuse rousse (Acomys russatus)

Image
Perdrix de hey (Ammoperdix heyi)

Image
Rufipenne de Tristam (Onychognathus tristramii )

Image
Ammomane isabelle (Ammomanes deserti)

Image
Roselin githagine (Bucanetes githagineus)

Image
Roselin du Sinaï (Carpodacus synoicus)

Image
Agrobate roux (Cercotrichas galactotes)

Image
Agame (stellagama stellio)

Avec de la chance et des guides spécialisés, il est possible d'observer au moins des traces de renards des sables, hyènes rayées, chats des sables ou caracals mais les observations restent rares. Chez les ongulés, les bouquetins sont rares et restent sur les plus hauts sommets proche de la frontière saoudienne. Les gazelles et oryxs ont été exterminés même si ces derniers commencent à être réintroduits (20 individus en 2009). Le seul grand mammifère que l'on peut facilement observer est le dromadaire. Bien sûr, il s'agit d'un animal domestique désormais mais l'adaptation de cet animal aux environnements désertiques est incroyable. Au petit matin, c'est un splendide spectacle que de voir les troupeaux qui ont erré toute la nuit à la recherche de leur pitance revenir vers leur campement.

Image

Image

Image

Image
Therabu
 
Messages: 3918
Enregistré le: Vendredi 30 Mai 2008 16:10

Re: Faune de Jordanie

Messagepar Antoine6259 » Lundi 23 Septembre 2019 17:50

Merci pour ce compte-rendu que je vais suivre avec attention et qui va me permettre de faire un parallèle : Je reviens à l'instant du coté opposé de la mer Morte.

J'ai vu des agames comme ceux de ta photo également. Sans arriver à identifier précisément l'espèce, j'avais bien vu la ressemblance avec les agames barbus que l'on voit souvent en terrarium. Je me demande également si les rufipennes de Tristam ne sont pas les oiseaux que j'ai souvent aperçus (du coté de la mer Morte justement.)
Antoine6259
 
Messages: 5790
Enregistré le: Dimanche 16 Décembre 2007 13:53

Re: Faune de Jordanie

Messagepar AnimauxEtZoos » Lundi 23 Septembre 2019 18:00

Merci beaucoup pour le partage de ton voyage, et pour les photos! Le pays a l'air magnifique, et la faune a l'air intéressante.
AnimauxEtZoos
 
Messages: 455
Enregistré le: Dimanche 04 Septembre 2016 13:36

Re: Faune de Jordanie

Messagepar orycterope » Lundi 23 Septembre 2019 18:32

Merci beaucoup pour ce magnifique reportage!

Petite précision taxonomique : la taxonomie du groupe des crapauds verts a beaucoup évolué, (notamment en 2006 je crois), ceux présent en Jordanie doivent donc être Bufotes variabilis ou Bufotes boulengeri, viridis s'arrêtant au Caucase au Nord, et en Grèce à l'Est :wink:

Sinon, comme tu parles des effets négatifs du tourisme, je voulais savoir si tu te considérais comme un simple touriste "de masse", ou si il y a des alternatives pour faire du tourisme plus "vert"?
orycterope
 
Messages: 332
Enregistré le: Dimanche 02 Juillet 2017 22:17

Re: Faune de Jordanie

Messagepar Clemsy67 » Lundi 23 Septembre 2019 19:33

Merci beaucoup Therabu, je dois dire que j'adore ce genre de compte-rendu.
Clemsy67
 
Messages: 587
Enregistré le: Mercredi 26 Octobre 2011 16:17

Re: Faune de Jordanie

Messagepar Philippe » Lundi 23 Septembre 2019 21:30

Merci beaucoup, Therabu. As-tu aussi aperçu quelques rapaces dans les cieux ?
Biofaune : l'actualité de la conservation in & ex situ : http://biofaune.canalblog.com - www.facebook.com/biofaune
Philippe
 
Messages: 11543
Enregistré le: Lundi 29 Août 2005 16:06

Re: Faune de Jordanie

Messagepar raphaël » Lundi 23 Septembre 2019 21:49

Magnifiques images d'un pays à la beauté visiblement grandiose !
Et bravo pour tes recherches introductives sur la géographie et l'écologie des lieux.
Les animaux des zoos sont les ambassadeurs de leurs cousins sauvages. (Pierre Gay)
raphaël
 
Messages: 7204
Enregistré le: Mercredi 10 Août 2005 15:24
Localisation: gironde

Re: Faune de Jordanie

Messagepar Thibaut » Lundi 23 Septembre 2019 22:04

Superbes photos Therabu !
Avatar de l’utilisateur
Thibaut
 
Messages: 2007
Enregistré le: Mercredi 26 Juillet 2017 14:37

Re: Faune de Jordanie

Messagepar gibbon » Lundi 23 Septembre 2019 22:43

Merci beaucoup Therabu pour ce superbe compte rendu, dans ce pays passionnant tant par sa nature que par son histoire !

Philippe a écrit:Merci beaucoup, Therabu. As-tu aussi aperçu quelques rapaces dans les cieux ?

Il me semble que oui. Therabu nous avait montré une photographie de Buse de Russie (Buteo buteo vulpinus) prise en Jordanie dans ce fil de discussion consacré aux identifications : viewtopic.php?f=26&t=3423&start=1440
« Les oiseaux ne descendent pas des dinosaures, ce sont des dinosaures à proprement parler. »
Guillaume Lecointre
Avatar de l’utilisateur
gibbon
 
Messages: 2631
Enregistré le: Jeudi 10 Mai 2012 11:31

Re: Faune de Jordanie

Messagepar Philippe » Lundi 23 Septembre 2019 23:10

Bien vu, merci.
Biofaune : l'actualité de la conservation in & ex situ : http://biofaune.canalblog.com - www.facebook.com/biofaune
Philippe
 
Messages: 11543
Enregistré le: Lundi 29 Août 2005 16:06

Re: Faune de Jordanie

Messagepar Therabu » Mardi 24 Septembre 2019 11:06

Merci à vous tous pour ces réactions.

Philippe : oui quelques rapaces mais je ne peux pas dire qu'ils étaient nombreux. Pourtant, dans le Wadi Rum, il est possible d'observer des aigles de Verreaux avec de la chance.

JulesDomalain a écrit:Merci beaucoup pour ce magnifique reportage!

Petite précision taxonomique : la taxonomie du groupe des crapauds verts a beaucoup évolué, (notamment en 2006 je crois), ceux présent en Jordanie doivent donc être Bufotes variabilis ou Bufotes boulengeri, viridis s'arrêtant au Caucase au Nord, et en Grèce à l'Est :wink:


Merci pour cette précision ! Mes sources ne semblent plus toutes récentes.

Sinon, comme tu parles des effets négatifs du tourisme, je voulais savoir si tu te considérais comme un simple touriste "de masse", ou si il y a des alternatives pour faire du tourisme plus "vert"?


Bien que je cherche à lutter contre ce phénomène et à sortir des sentiers battus, je fais malgré moi partie du tourisme de masse. Il y a plusieurs endroits où il est difficile de sortir des sentiers battus et si tu regardes mon itinéraire, il ressemble à celui de presque tous les tours opérators. Toutefois, j'organisais tout moi même et je peux donc te dire qu'à plusieurs moments, nous avons fait des choix différents des masses. Déjà beaucoup n'ont pas de temps pour aller jusqu'à Aqaba et très peu visitent l'est du pays. Nous sommes aussi rester trois jours à Petra, ce qui est nécessaire pour profiter du site et le découvrir en profondeur alors que le touriste "de base" reste souvent une courte journée.

Etant avant tout intéressé par la nature, j'ai omis le nord du pays qui est très riche en sites historiques et bibliques. Il y a là beaucoup de tourisme, notamment au niveau de la source du Jourdain. Nous n'avons pas non plus perdu de temps à la mer morte. A Petra, dès que l'on sort de la voie principale, on a le site quasiment pour soi même.
Dans les réserves, la majorité des activités sont signalées comme étant faisable uniquement accompagné de guides. Je comprends cette politique, d'une part afin de promouvoir l'emploi local et d'autre part pour sécuriser des groupes inconscients des dangers de la nature. Cependant, pour une personne habituée à randonner, bivouaquer et se repérer à l'aide de cartes, cela est frustrant. Si des fois l'accès est tout simplement impossible sans guide, à Dana et Petra, j'ai effectué deux balades "sauvages", sans recourir aux services d'un guide et sans difficultés majeures. Nous étions effectivement seuls, loin des foules. Le véritable danger n'est pas de se perdre mais les flash floods, ces torrents qui peuvent soudainement se former dans les canyons lors des pluies torrentielles.
Therabu
 
Messages: 3918
Enregistré le: Vendredi 30 Mai 2008 16:10

Re: Faune de Jordanie

Messagepar abel » Mardi 24 Septembre 2019 20:36

Merci pour ce carnet de voyage Therabu !
abel
 
Messages: 3651
Enregistré le: Lundi 02 Novembre 2015 18:47
Localisation: Tours/Rennes

Re: Faune de Jordanie

Messagepar Therabu » Dimanche 29 Septembre 2019 11:02

Oasis

Lors de ce voyage, j'ai visité deux "oasis" de nature différentes. La première est située à coté de la ville d'Aqaba, seconde plus grande du pays et véritable porte d'entrée du pays pour les marchandises. Nous y sommes allés pour faire de la plongée sans bouteilles, à la découverte des splendides récifs de la Mer Rouge. Pas de photos de cet écosystème et de l'incroyable biodiversité sous nos yeux mais une expérience inoubliable, facilement accessible pour les néophytes.
Au nord de la ville, les bassins de la station d'épuration attirent nombre d'oiseaux, notamment migrateurs qui s'y reposent. L'étroite bande de terre qui relie l'Asie et l'Afrique est un passage stratégique pour les oiseaux et la diversité d'espèces que l'on peut y observer est impressionnante. Il faut savoir que ce site est situé à moins d'un kilomètre de la frontière israélienne. Les deux pays sont en paix mais la zone reste hautement surveillée. Pour visiter le site ornithologique, il faut donc laisser son passeport au poste frontière. Faute de cash, je n'ai pas pu payer l'entrée à ce site qui ne m'a pas paru grouillant de vie de ce que j'en ai vu. Je suis resté sur le parking et tenté d'immortaliser un maximum d'oiseaux.
L'oasis d'Azraq est elle une véritable réserve et semblait bien plus prometteuse. Située à l'est du pays, au milieu du désert, l'oasis et la ville bâtie à proximité sont un carrefour important et la principale "ville" de l'est de la Jordanie. A une époque, l'oasis débordait de vie : les millions de litres d'eau apparaissant au milieu du désert attirait caravanes de chameliers et quantité d'oiseaux migrateurs. Dans des temps pas si reculés, vivaient ici les hémippes de Syrie, guépards asiatiques, des espèces préhistoriques d'hippopotames et de rhinocéros et l'éléphant de Syrie, attirant aussi les prédateurs. L'exploitation humaine, principalement l'irrigation des champs et la fourniture en eau d'Amman, a progressivement donné lieu à l’assèchement total des sources naturelles en 1992. Depuis, les routes migratrices des oiseaux ont évolué et peu d'entre eux continuent de s’arrêter à Azraq.
La RSCN se bat pour la sauvegarde du site. Un quota de ressources aquifères attribué par la ministère jordanien de l'eau et des ressources naturelles permet péniblement de maintenir 10 % de la surface initiale de l'oasis. En 30 ans, les oiseaux migrateurs ont vu leurs effectifs divisés par près de 250...

Sur place, j'avoue avoir été véritablement déçu par le peu d'oiseaux vus et entendus. La réserve n'ouvre qu'à 9:30, bien trop tard pour profiter du pic d'activité des volatiles au petit matin.

Image
Oasis d'Azraq

Image
Bulbul d'Arabie

Image
Tourterelle maillée

Image
Fauvette des jardins

Image
Fauvette babillarde

Image
Pie-griéche masquée

Image
Echasse

Image
Vanneau à éperons

Image
Prinia gracile

Pour lutter contre la prolifération des roseaux, un troupeau de buffles évolue librement au milieu de la réserve. Ils étaient relativement méfiants et je suis étonné qu'il n'y ait pas d'accidents car les bovidés étaient sûr de leur force et n'hésitaient pas à me montrer que le passage était bloqué !

Image

Image

Image
Buffle domestique

Au centre d'accueil des visiteurs, il est possible d'apprendre sur le passé reluisant de l'oasis mais aussi de découvrir le programme de sauvetage de Aphanius sirhani, un Cyprinodontidé endémique de l'oasis. Dans les années 90 on le croyait disparut à cause de la perte de son habitat et de l'introduction d'espèces extérieures. La découverte de 45 spécimens en 2000 est le point de départ de ce projet d'élevage captif visant à sécuriser l'avenir de ce petit poisson.

Image
Aphanius sirhani
Therabu
 
Messages: 3918
Enregistré le: Vendredi 30 Mai 2008 16:10

Re: Faune de Jordanie

Messagepar orycterope » Dimanche 29 Septembre 2019 14:58

Merci pour ce récit, et pour tes précisions sur le tourisme...
Difficile en effet de ne pas faire partie du tourisme de masse.

Par contre, ta fauvette des jardins n'en est pas une, c'est un gobemouche, peut-être le gobemouche noir (Ficedula hypoleuca), mais je suis sur que Vinch, ou un autre spécialiste pourrait nous aider
orycterope
 
Messages: 332
Enregistré le: Dimanche 02 Juillet 2017 22:17

Suivante

Retourner vers La faune dans le milieu naturel

Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur enregistré et 7 invités

Tigre en mouvement