Le Kenya brûle son stock d’ivoire

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Le Kenya brûle son stock d’ivoire

Messagepar abel » Samedi 30 Avril 2016 10:47

Le Kenya brûle son stock d’ivoire contre le braconnage des éléphants

C’est la saison des pluies, mais les flammes promettent d’être visibles à des kilomètres. Le Kenya doit brûler samedi 30 avril quelque 105 tonnes d’ivoire, soit la plus grande cérémonie de destruction d’« or blanc » par le feu jamais organisée en Afrique.
Onze bûchers de 16 000 défenses ont été dressés face au Parc national de Nairobi. Le symbole est fort, spectaculaire, car il y a urgence. L’Afrique ne compte plus que 500 000 éléphants, moitié moins qu’il y a trente ans, et 30 000 y sont tués chaque année par les braconniers. Près d’un animal toutes les quinze minutes.
Tout le continent est frappé, ou presque. Seul le Botswana semble faire exception, abritant 40 % de la population du continent grâce à une ambitieuse politique de lutte contre le braconnage. « Les éléphants vont disparaître de certaines parties d’Afrique centrale et orientale, c’est inévitable, admet Mike Chase, directeur d’Elephants Without Borders. Ils viennent au Botswana car ils sont pourchassés dans les pays alentour. Aujourd’hui, les éléphants sont comme des réfugiés. »

5 % du stock mondial en fumée
Samedi, le premier coup de torche sera donné par le président kényan, Uhuru Kenyatta. L’ensemble des réserves nationales en ivoire, soit 5 % du stock mondial, partira en fumée dans un brasier qui pourrait brûler pendant plusieurs jours, aidé par les milliers de litres de diesel et de kérosène déversés. L’ivoire, en effet, brûle très mal, voire pas du tout.
L’événement conclut le « Sommet des géants », consacré à la protection des éléphants et organisé cette fin de semaine à Nanyuki, dans le centre du Kenya. Durant deux jours, planifié comme un vaste exercice de communication, il a mêlé échanges réunissant les meilleurs spécialistes de la lutte contre le braconnage et ateliers ludiques incluant des pièces de théâtre… Les « stars » annoncées par les organisateurs (Leonardo DiCaprio, Elton John, Nicole Kidman…) n’ont pas fait le déplacement. Comme invités de marque, il a fallu se contenter des présidents gabonais et ougandais, Ali Bongo et Yoweri Museveni : moins glamour.

Outre l’élan politique, la réunion visait à créer une prise de conscience chez les populations locales. Les éléphants sont souvent mal aimés ; ils « peuvent détruire une ferme et le produit d’une vie entière en l’espace d’une minute », a-t-on rappelé au sommet. Dans la lutte contre les braconniers, les réserves sont devenues des champs de bataille, et les rangers des troupes d’élite. A Ol Pejeta, une réserve proche de l’hôtel abritant la conférence, ces derniers ont fait une démonstration de force, alignant plusieurs hélicoptères le long de la route et posant au milieu de la savane, fusil au poing et chiens d’attaque au bout de la laisse. L’équipement du ranger moderne comprend radios cryptées, GPS, lunettes à infrarouges et armes de guerre. Les clôtures électriques nouvelle génération coûtent au minimum 10 000 dollars le kilomètre. « C’est nécessaire, insiste Ibrahim Thiaw, directeur adjoint du Programme des Nations unies pour l’environnement. Il faut faire face à des trafiquants internationaux bien armés, riches à millions et prêts à tuer les animaux mais aussi leurs gardiens. »

Des niches de légalité
Lors de son discours, Uhuru Kenyatta a appelé à « l’interdiction totale du commerce de l’ivoire », une demande qu’il formulera à la réunion, en septembre, en Afrique du Sud, de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES). Si le commerce d’ivoire est en effet interdit au niveau international depuis 1989, des niches de légalité existent toujours : ainsi, en France, une dérogation existe concernant les « antiquités », soit les objets travaillés en ivoire datant d’avant 1947.

La survie des éléphants « ne sera jamais assurée tant qu’une demande existe », a insisté Uhuru Kenyatta. Au cœur des critiques, on trouve la Chine, principal consommateur d’ivoire de contrebande et friande d’or blanc ouvragé, sous forme de statuettes bouddhistes ou d’éléments de décoration, alimentant le massacre des éléphants africains.
Mais brûler l’ivoire servira-t-il la cause des éléphants ? Au sommet de Nanyuki, certains s’interrogent : faire disparaître 5 % du stock mondial ne va-t-il pas faire flamber les prix ? Car les cours de l’or blanc sont en chute libre. De plus de 2 000 dollars (1 747 euros) le kilo il y a quelques années, ils auraient dégringolé, selon les spécialistes, au-dessous des 500. Pékin a en effet cédé à la pression et travaille aujourd’hui avec les Etats-Unis à une interdiction de l’import et de l’export « d’or blanc ». « Nous brûlons l’ivoire car pour nous il n’a aucune valeur », a pour sa part clamé Richard Leakey, légende vivante de la lutte contre le braconnage au Kenya et présent au sommet.
Pour l’Afrique, « la fin des éléphants serait une perte irremplaçable, estime Ibrahim Thiaw, qui lui-même a vu la carcasse du dernier éléphant de Mauritanie, son pays natal. « C’était en 1983, se rappelle-t-il. J’ai vu l’extinction d’une espèce chez moi. Je vois à quel point les éléphants nous manquent aujourd’hui, alors qu’ils étaient si importants dans notre culture. Leur disparition serait comme la perte d’un organe vital pour notre continent. »



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Plusieurs tonnes de défense d'ivoire illégales sont préparées pour être brûlées par les autorités au Parc national de Nairobi au Kenya le 28 avril 2016. TONY KARUMBA / AFP


Source: http://www.lemonde.fr/biodiversite/arti ... 52692.html
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Re: Le Kenya brûle son stock d’ivoire

Messagepar abel » Dimanche 01 Mai 2016 10:52

La France va interdire tout commerce d’ivoire sur le territoire français

Il ne sera bientôt plus possible de revendre ou d’acheter de l’ivoire en France, sauf dérogation exceptionnelle, une première dans un pays d’Europe selon le gouvernement et les ONG, initiative qui répond à une demande des Etats africains pour lutter contre le braconnage des éléphants.

La ministre de l’Ecologie Ségolène Royal a annoncé samedi l’interdiction de «tout commerce d’ivoire sur le territoire», en marge d’une grande cérémonie de destruction d’ivoire organisée à Nairobi par le président kényan Uhuru Kenyatta, aux côtés des présidents du Gabon et d’Ouganda.

Lors de cette cérémonie destinée à promouvoir la lutte contre le braconnage et l’interdiction totale du commerce de l’ivoire, 105 tonnes d’ivoire ont été détruites, la plus grande quantité d'«or blanc» jamais incinérée en une fois, représentant environ 5% du stock mondial d’ivoire vont ainsi partir en fumée.

Ségolène Royal a également indiqué qu’elle comptait porter cette mesure au niveau européen.

L’ONG Robin des Bois, en pointe dans le suivi du commerce illégal d’espèces, a salué cette annonce qui «est en convergence avec la position des Etats africains, des Etats-Unis et de nombreuses ONG à travers le monde», selon un communiqué.

«C’est une première au niveau européen», a indiqué à l’AFP Charlotte Nithart, porte-parole de l’ONG, rappelant que c’était la survie d'«un patrimoine mondial de l’humanité» qui était en jeu, les 450.000 à 500.000 éléphants d’Afrique.

Le commerce d’ivoire est strictement encadré depuis 1990. Il est limité aux pièces datant d’avant 1947 et considérées comme des antiquités, ou à des pièces et morceaux bruts entrés dans l’Union européenne avant 1990.

Pour pouvoir faire commerce de ces pièces, les vendeurs doivent produire un certificat intra-communautaire, délivré par l’Etat, prouvant que l’ivoire est entré légalement sur le territoire et qu’il répond aux critères d’ancienneté.

-'Une tonne d’ivoire vendue par mois'-

«En fonction des pays, la délivrance de certificats est plus ou moins facile à obtenir. Les autorités britanniques sont déjà très restrictives même si elles n’ont pas inscrit l’interdiction dans leur loi», explique Charlotte Nithart.

«Si la France ne délivre plus de certificats, cela va progressivement assécher le marché», estime-t-elle. Selon les estimations de l’ONG, une tonne d’ivoire (brut ou sur des objets) est vendue par mois en France.

«Cela facilitera le travail des Douanes de savoir que plus aucun certificat français n’est délivré» car de nombreux faux certificats sont en circulation et servent de couverture au commerce illégal, explique-t-elle.

L’interdiction concernera principalement les ventes aux enchères, dont certaines sont spécialisées dans l’ivoire comme Cannes Enchères qui «aujourd’hui même proposait à la vente plusieurs défenses d’éléphant», selon Robin des Bois.

Les dérogations à cette interdiction, qui devrait être signée «lundi ou mardi» selon le ministère, devraient concerner principalement les rénovations d’œuvres d’art ou d’instruments de musique.

Robin des Bois se préoccupe désormais des modalités pratiques de cette interdiction qui doivent être «rapidement définies et appliquées».

La France avait déjà pris une série de mesures l’an dernier pour lutter contre le commerce illégal d’ivoire, en interdisant notamment les exportations d’ivoire brut à l’instar de l’Allemagne et du Royaume-Uni.

La loi sur la biodiversité a en outre renforcé les sanctions contre les trafiquants d’espèces menacées, les amendes en cas d’infractions simples passant de 15.000 à 150.000 euros et allant jusqu’à 750.000 euros en cas de trafic en bande organisée.

L’interdiction définitive du commerce de l’ivoire dans le monde sera à l’ordre du jour de la prochaine convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction, qui doit se tenir à Johannesburg du 24 septembre au 5 octobre 2016.


Source: Libération.
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