Jan Vermeer découvre une nouvelle espèce de titi

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Jan Vermeer découvre une nouvelle espèce de titi

Messagepar Philippe » Samedi 22 Août 2015 6:21

Le directeur animalier du parc de Sainte-Croix à Rhodes, en Moselle, a observé une nouvelle espèce de singe au Pérou. Son nom scientifique : Callicebus urubambensis.

Impossible de ne pas songer aux aventures d’Indiana Jones lorsqu’on écoute Jan Vermeer raconter comment il a découvert une nouvelle espèce de singe au plus profond de la forêt péruvienne.

Aujourd’hui directeur animalier du parc de Sainte-Croix à Rhodes, en Moselle, ce naturaliste hollandais de 46 ans fait partie des rares scientifiques vivants à pouvoir se targuer d’une telle découverte, à une époque où les espèces ont plutôt tendance à disparaître qu’à pointer le bout de leur museau.

Tout commence en 2008 au muséum d’histoire naturelle de New York pour ce primatologue fasciné par les singes et, notamment, par les titis d’Amérique du Sud : de sympathiques petits animaux plutôt discrets et dont il existe différents types. « J’ai repéré une peau dans une vitrine qui semblait ne correspondre à aucune espèce de titi répertoriée, témoigne Jan Vermeer. Tout d’abord, j’ai pensé à une erreur d’étiquetage mais ça ne collait pas. Et il était impossible de remonter à l’origine de cette fameuse peau fournie, en 1917, par un chasseur. »

Le scientifique, par recoupements, finit par se persuader que cette peau appartient à une espèce inconnue de titi du Pérou. « Ce n’était pas un titi doré, bien connu, ni un titi marron du Brésil », explique-t-il.

Serpents et moustiques

Pour en avoir le cœur net, il n’y avait qu’un seul moyen : aller sur place. C’est ainsi que notre homme se retrouve cinq ans plus tard au cœur de la forêt vierge, sous la houlette de l’ONG (Organisation non gouvernementale) Proyecto Mono Tocon, soutenu financièrement par différents programmes et associations de défense de la biodiversité et de l’environnement. « Nous étions un petit groupe, principalement composé de Péruviens. Nous avons exploré la jungle pendant six semaines, au départ du petit village d’Atalaya où nous venions récupérer de la nourriture tous les quinze jours », raconte-t-il. Passons sur les serpents de la forêt, les raies venimeuses des rivières, les moustiques, le paludisme… enfin, tout ce qui campe le décor d’une telle expédition. Tout y était. Et même de dangereux trafiquants de cocaïne qui interdisaient certaines parties du territoire à explorer. Quant aux rares habitants des lieux, des Indiens ou des métis installés dans de minuscules villages en pleine jungle, certains se montraient amicaux, d’autres beaucoup moins…

Jan Vermeer, avec son équipe, s’est employé à remonter les rivières et à s’enfoncer dans l’enfer vert. Jusqu’à cette matinée bénie où le premier titi brun est apparu ! Puis d’autres et d‘autres encore. Photographiés et filmés, les petits singes se sont avérés très nombreux. Mais, jusqu’ici, personne n’avait pris soin de les observer, de les décrire et de les répertorier ; aussi incroyable que cela puisse paraître.

Baptisée Callicebus urubambensis ou titi brun d’Urubamba, la nouvelle espèce existe officiellement depuis la publication, toute récente, de Jan Vermeer et Julio Tello-Alvarado dans la prestigieuse revue spécialisée Primate conservation.
« Un chasseur nous a même fourni une peau et un crâne que nous avons déposés au muséum de Lima pour preuve supplémentaire », indique le naturaliste.

La bonne nouvelle, c’est que ces titis ne semblent pas menacés. Tout simplement parce qu’ils vivent dans une zone reculée que peu d’humains fréquentent. Pas plus gros qu’un chat, ces petits primates à longue queue se singularisent par des vocalises puissantes, une sorte de chant sauvage. Ils vivent en groupes familiaux et se figent dans la plus parfaite immobilité dès qu’ils aperçoivent un intrus.
C’est peut-être cette attitude timide qui leur a permis de traverser les siècles sans se faire repérer.

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Jan Vermeer (au second plan), aujourd’hui directeur animalier au parc de Sainte-Croix, et son équipe au camp de base dans la jungle péruvienne.

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La tête d’un titi brun d’Urubamba (Document Stephen D. Nash).

Source : Vosges Matin.
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Philippe
 
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