Le gouvernement suit l'avis du conseil scientifique. Celui-ci s'était prononcé jeudi 20 novembre 2014 contre l'abattage total des bouquetins du massif du Bargy. Quelle solution pour éradiquer la brucellose ?
VICTOIRE. Les bouquetins du massif du Bargy, en Haute-Savoie (74), atteints pour beaucoup de brucellose, une maladie infectieuse (voir encadré ci-dessous), ne seront pas tous exterminés. Le préfet de la Haute-Savoie (74), Georges-François Leclerc, est en effet revenu sur son projet d'abattage total de ces animaux, après que les scientifiques du Conseil national de la protection de la nature (CNPN) se sont déclarés contre cette méthode aussi radicale qu'inefficace.
"Ségolène Royal, ministre de l'écologie, du développement durable et de l'énergie, m’a demandé, à la suite des débats du conseil national de protection de la nature tenu à Paris le 20 novembre 2014, que le protocole d'éradication de la brucellose des bouquetins du Bargy soit revu, afin d'intégrer les dernières données scientifiques disponibles", a déclaré le préfet dans un communiqué.
Il n'y aura par conséquent pas d'abattage total des bouquetins du massif du Bargy dans les jours qui viennent" - Georges-François Leclerc, préfet de la Haute-Savoie.
Les scientifiques sont contre l'abattage total
Bien que seulement consultatif, l'avis du CNPN sur la question du bien-fondé de l'abattage total était très attendu, puisqu'il intervenait dans un contexte plus que polémique, où politiques et agriculteurs d'un côté et associations de protection des animaux de l'autre campaient sur des positions bien tranchées.
L'institution a rendu jeudi 20 novembre 2014 un avis négatif à 10 voix contre, deux voix pour et une abstention.
Quelle est la nouvelle solution envisagée ?
Reste à savoir comment éradiquer l'épidémie de brucellose dans le massif. "Le nouveau protocole sera connu début décembre, pour être compatible avec la stratégie d'assainissement que la ministre m’a demandé de mettre en œuvre avant la prochaine estive", a déclaré le préfet.
SOIGNER ? La première idée qui vient serait de soigner les bouquetins. Mais cela est impossible, car il faudrait alors distribuer des antibiotiques aux animaux sauvages évoluant en liberté non pas une fois... mais tous les jours pendant un mois. Une période pendant laquelle ils pourraient encore contaminer d'autres animaux.
TEST. La solution la plus probable serait celle d'un abattage ciblé : seuls les individus positifs à la brucellose seraient abattus.
'Une solution intermédiaire serait de mener une importante campagne de captures en vue de savoir quels bouquetins sont malades, grâce à un test rapide" assure Dominique Gauthier, vétérinaire spécialiste de la faune sauvage des Hautes-Alpes.
Or, d'après l'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire), contactée par nos soins, ces tests ne seront disponibles que "courant printemps 2015". Soit après le rut hivernal et les contaminations entre les animaux par le biais des accouplements.
Mais bel et bien avant l'été, comme l'a déclaré le préfet. Reste à savoir si les politiques patienteront jusqu'au printemps ou s'ils tenteront une autre approche encore mystérieuse.
Qu'est-ce que la brucellose ?
Il s'agit d'une maladie causée par un micro-parasite : une bactérie du genre Brucella. À l'origine, la brucellose est une maladie domestique, en particulier chez les bovins.
Un passage au animaux de la faune sauvage (bouquetins, chamois...) est ensuite possible, sans que l'on en connaisse véritablement les causes. Le troupeau sauvage sert dès lors de "réservoir" de la maladie.
Certaines brucella peuvent également infecter l'homme, via une re-contamination des animaux d'élevage et la consommation de produits laitiers. C'est le cas de la souche bactérienne qui touche les bouquetins du Bargy.
Chez le bouquetin, elle provoque de l'arthrite, parfois sévère, et cause de graves lésions aux organes génitaux. Au point que les animaux sont incapables de se reproduire.
Chez l'homme, le premier symptôme est une fièvre de Malte, ou fièvre ondulante, suivie de douleurs articulaires et musculaires. Potentiellement mortelle, la brucellose est toutefois bien soignée si elle est prise à temps par un traitement antibiotique s'étalant sur un mois.
Source : Sciences et Avenir.