Sanctuaire des okapis (Doué) - un avis contrasté.

[Tramble]

Bonjour à tous.

J'ai eu l'occasion de me rendre au Bioparc de Doué la Fontaine l'an passé. Cette visite (tant attendue !) a tenue ses promesses aux vues des nombreux charmes et qualités du site avec une mention spéciale pour la carrière des rhinocéros noirs. Mais c'est la grande nouveauté 2013 qui va faire l'objet du présent message, j'ai nommé le Sanctuaire des okapis.

Quel bonheur d'observer les différents oiseaux dans un tel cadre, à la cime des arbres, bonheur qui ne sera qu'amplifier avec la présence à venir des cercopithèques. Les céphalophes, restés invisibles à chacun des mes passages, disposent eux-aussi de conditions optimales. Jusque là, l'installation me séduit réellement et, de mon humble avis, montre le chemin à suivre pour l'évolution des parcs zoologiques français.

Le premier petit reproche me vient à l'esprit lorsque j'observe le point d'eau, trop réduit à mon sens pour que toute la gente aviaire et notamment les oiseaux les plus liés à l'eau en profitent sans subir de concurrence territoriale. Si cela représente un enrichissement comportementale à part entière, cela peut vite devenir une contrainte et les ibis, tantales, oies, ombrettes et sarcelles auraient pu espérer un marais plus conséquent, l'ambition de François et Pierre Gay l'aurait tout à fait permis.

Sept espèces de Touracos, un régal pour les amateurs d'ornithologie mais les risques d'hybridations, pour avoir questionné une animalière sur le sujet, sont annulés par la présence d'individus de même sexe. L'intérêt de l'élevage et de la reproduction est alors nul, même si je relativise en me rappellant qu'ils sont tous classés en "préocupation mineure" par la liste rouge de l'IUCN (excepté le Touraco de Fisher, "quasi-menacé").

Puis vient la grosse déception : le logement des stars des lieux. Je suis surpris d'être le premier à trouver l'espace dédié aux okapis en deça du reste de la structure. Bien que largement convenable, je ne le trouve pas digne d'une réalisation idéale (surtout venant du Bioparc) :
- la superficie reste tout de même très limitée, et toujours d'après les propos de l'animalière, les deux mâles ne pouvant évoluer ensembles, les okapis sont destinés à ne pas profiter de l'ensemble de l'enclos en passant sous la passerelle mais à rester dans leurs deux parcs respectifs.
- la végétation est absente des enclos, les bambous étant protégés.
- les okapis passant les mois les plus froid à l'intérieur, le Bioparc n'aurait-il pas pu avoir l'audace de créer un bâtiment différent, des enclos intérieurs en plus des ordinaires boxes ?

Au bout du compte, il n'y à là qu'un espace plutôt basique, réduit et vide.

J'aurais voulu savoir si j'étais le seul à avoir ce ressenti, mais je tire malgré tout mon chapeau pour ce sanctuaire et ne fait que bouder un peu car si un parc peut pousser chacun de ses mètres carrés vers l’excellence, c'est bien Doué la Fontaine !

[bastet_75]

Malheureusement, que ce soit la taille des loges intérieurs, la taille de la pièce d'eau, et la surface des enclos, on touche à un seul et même problème, ou plutôt une contrainte : Les espaces ne sont pas extensibles, on a beau avoir les meilleurs intentions du monde, on ne peut pas aller à l'encontre de certains obstacles, même si on est issus de la famille Gay.

En ce qui concerne l'hybridation et la reproduction, partant de ce constant, on pourrait éliminer toutes les grandes volières à cohabitation d'oiseaux, regroupant divers oiseaux de même espèces mais de différentes sous espèces. C'est un peu dommage.
Mais on peut supposer que le parc a sans doute anticipé la problématique de la réproduction.

Enfin, en ce qui concerne la végétation, même problème : il s'agit non pas d'un manque de volonté mais d'une nécessité. Il faut avant tout préserver la végétation dans l'enclos afin que les Okapis se sentent au mieux et puissent se soustraire à la vue.

Il ne faut pas oublier, que l'on est là dans un espace créé de toute pièce par l'homme, et à moins d'avoir un budget et une surface très conséquence, il devient très complexe, de réaliser un enclos proche de la réalité du milieu d'origine.

[Therabu]

Bonjour Tramble et merci de donner cet avis critique et construit sur le sanctuaire.Un petit passage par la case présentation sera encore plus apprécié !

En ce qui concerne le point d'eau, je suis d'accord avec toi sur la diagnostic. Maintenant je ne pense pas que cela soit l'installation qu'il faille incriminé. Le sanctuaire se veut la reconstitution des forêts impénétrables du Congo. L'extension du bassin réduirait l'impression de confinement et de cloisonnement que l'on doit avoir dans cette forêt au sous-bois très dense. Pour moi l'erreur se situe plutôt au niveau du plan de collection avec beaucoup de gros oiseaux certes africains mais qui ne sont pas du tout des habitants des forêts tropicales. La solution du problème est selon moi une "simplification" de la collection d'échassiers au sein de la volière, en ne gardant par exemple qu'un couple de jabirus (qui ne sont quasiment jamais hébergés en volière par ailleurs et ne peuvent se reproduire qu'ainsi en captivité) et quelques ombrettes. L'intérêt des échassiers est d'ailleurs de remplir l'espace aérien. Il faudra voir si la famille Gay est prête à ne laisser quasiment que des oiseaux plus discrets à l'étage supérieur, au risque que les visiteurs ne voient pas grand chose.

Pour les touracos, tu as raison mais l'enjeu n'est pas là. De nombreux éleveurs privés maîtrisent très bien la reproduction de ces oiseaux peu menacés et le sanctuaire, tout comme le zoo dans sa globalité est plus envisagé comme une structure de présentation que d'élevage.

Finissons-en avec les okapis. En effet,il me semble que les deux enclos existent pour pouvoir présenter à terme deux couples ou bien un couple et un individu solitaire. Et je t'accorde que la superficie du plus petit des enclos n'est pas immense et surtout très exposée au public. Maintenant je ne sais pas si l'okapi est l'animal qui nécessite le plus d'espace. Ce n'est pas à ma connaissance un grand marcheur. Je trouve que la grande réussite du second enclos est de pourvoir des zones d'intimité à un animal qui est avant tout très timide.

Je demande aussi à voir évoluer la structure. A mon avis, une végétation basse va pouvoir sporadiquement pousser dans l'enclos. les okapis étant des "browsers" plutôt que des "grazers" et l'influence des céphalophes devant être faible, des herbes hautes pourraient très bien verdir l'espace des okapis. De toute manière il sera difficile de faire pousser autre chose à l'intérieur des enclos sans protéger des attaques des okapis.
Je ne sais pas si à terme il ne serait pas possible d'enlever les fils électriques. Tout d'abord je ne sais pas si les okapis consomment le bambou et ensuite peut être que les animaux auront "appris" les limites de leur espace et n'iront pas détruire les bosquets de bambous. Enfin cette plante s'étend très vite et il serait envisageable de voir pousser de nouveaux bosquets au milieu des espaces dévolus aux animaux.

Pour les bâtiments, je ne sais pas à quoi tu t'attendais. Il est vaste et fonctionnel. Peut être quelque chose de plus "présentable", avec un espace de présentation uniquement intérieur ? Pour trois individus, sachant que chacun aura presque deux boxes, je trouve cela assez satisfaisant même si cela ne sera jamais suffisant.

Personnellement, la plus grosse critique que j'émettrais vis à vis de cette installation est la nudité totale de l'enclos d'isolement. Il y a dans un coin de la volière, coincé entre deux parois rocheuses et la bâtiment, un troisième enclos totalement nu et très minéral.Il est peu visible du public et a le mérite d'exister pour mieux gérer les animaux au quotidien mais il mériterait vraiment d'être planté ou au moins fourni de troncs d’arbres nus plantés densément.

[okapi]

Les critiques, c'est toujours mieux quand c'est constructif! Le Sanctuaire reste exceptionnel si on le compare avec la plupart des autres installations destinées à ces jolies bêtes: Anvers, Beauval ou l'ancien Vincennes sans oublier le Bronx ont tout, mais alors vraiment tout à envier à Doué. Cela dit, le parc a tiré le meilleur parti de cet espace, malgré tout plutôt contraignant. Bien sûr que le bâtiment de nuit aurait pu être trois fois plus grand, qu'il aurait peut-être été plus à l'aise dans la carrière suivante, là où la maison des singes est construite et qu'un pavillon d'un hectare, à demi enfoui dans la verdure aurait été formidable. François Gay estime qu'il faudra 5 ans pour que le Sanctuaire soit accompli. Certes, le bassin est un peu étroit, mais l'ensemble devrait encore évoluer et se stabiliser dans les années à venir.

[Vinch]

Entièrement d'accord avec Okapi.
Du point de vue professionnel, le travail fait à Doué est vraiment extraordinaire.

[raphaël]

L'intérêt du sanctuaire, c'est que c'est justement le Sanctuaire. La même installation à okapis, sans filet, sans oiseaux, sans cohabitation, juste avec les gros giraffidés, n'aurait pas le même impact.
Sur le fond, je suis plutot d'accord, le premier enclos à okapis surtout, me paraît petit. J'y imagine mal un couple. Mais d'ailleurs, ce que Doué souhaite à terme, c'est un couple et un individu seul.
Les recommandations du coordinateur ont également eu leur rôle à jouer, je pense qu'en terme de scénographie, le bâtiment aurait pu être placé ailleurs, et être plus dans la roche, moins visible, mais il fallait prendre tout en compte.
Mais c'est cet ensemble qui est incroyable... Le volume, la multitude de cachettes, d'horizons, d'espace pour les oiseaux est incomparable. C'est ça qui fait que Doué y tente des cohabitations qui ont échoué ailleurs, parce qu'ailleurs, les animaux n'ont pas autant de possibilité de s'éviter. On voit bien que rhino noir-gazelles, ça marche très bien aussi.
Le plan d'eau est historique, c'est l'ancienne mare des flamants puis pélicans !