(Re) découvrir le macaque de Barbarie

Observations, interrogations, raretés... De multiples échanges peuvent y être abordés !

(Re) découvrir le macaque de Barbarie

Messagepar Philippe » Vendredi 19 Août 2016 6:19

Pour ce nouveau volet dédié aux animaux exotiques, L’Alsace vous emmène à la rencontre des macaques de Barbarie. Évoluant en toute liberté à la Montagne des singes au pied du Haut-Koenigsbourg, ce magot placide est habitué à la présence humaine et le public peut s’approcher au plus près. Une expérience diablement sympathique.

En 1969, Gilbert de Turckheim et Jacques Renaud lancent un pari audacieux : ouvrir un parc animalier dédié au macaque de Barbarie, également appelé magot, au cœur de l’Alsace. C’est ainsi qu’est née la Montagne des singes, le premier site en Europe où l’on présente des singes libres en contact direct avec le public.

Ces petits primates d’une soixantaine de centimètres sont originaires des montagnes nord-africaines d’Algérie et du Maroc. « Ce sont les seuls macaques d’Afrique. Les seuls singes au nord du Sahara et également les seuls à vivre dans des zones aux hivers froids et aux étés chauds. Le climat des Vosges est assez similaire à leur zone d’habitat naturel ce qui a permis leur acclimatation à notre région », précise Guillaume de Turckheim qui a pris la succession de son père à la tête du parc.

240 magots à observer

Ce singe qui tolère la présence des humains a trouvé sa place dans un parc arboré de 24 hectares au pied du Haut-Koenigsbourg. Un concept qui séduit puisqu’avec les années, la Montagne des singes est devenue le 4e site touristique en Alsace avec 300.000 visiteurs par an.

« Dans le parc, la priorité est donnée à la sensibilisation du public sur ce macaque de Barbarie qui a été classé en 2008 comme espèce en danger avec une population à l’état sauvage évaluée à 8.000 individus et qui a été divisée par deux en 30 ans » , ajoute Guillaume de Turckheim.

Le pop-corn comme gourmandise


Les magots vivent en groupes, entre 50 et 70 individus. Quatre groupes cohabitent ainsi dans le parc où chacun a son espace vital. Leur corps compact et une queue quasi inexistante permettent d’affronter l’hiver avec une déperdition de chaleur moins importante.

Les visiteurs peuvent s’approcher au plus près de cet animal placide. Une proximité incroyable surtout lorsque les magots viennent chercher au creux de la main, les grains de pop-corn, « une gourmandise qui permet d’avoir un contact avec l’animal et crée une émotion chez les visiteurs ». Une distance d’un mètre reste toutefois préconisée pour éviter toute surprise.

Fruits et céréales

Pour les nourrir, 150 kg de fruits et légumes ainsi que 80 kg de céréales sont distribués chaque jour. Un moment privilégié pour les visiteurs qui en apprendront un peu plus sur cette espèce. De nombreux guides sont présents tout au long du parcours pour répondre aux questions des visiteurs. Ils se nourrissent également des ressources de la forêt, en ce moment myrtilles, mûres, faîne (fruit du hêtre). « On gère l’apport de nourriture en fonction de la forêt et donc des saisons » , complète Guillaume de Turckheim, « à l’état sauvage, le magot ne mange pas de banane qui ne pousse pas au Maghreb. Mais il adore ça ! »

En se promenant dans les allées du parc, on peut voir un macaque s’occupe d’un bébé. Un autre grignote une carotte tandis que des jeunes s’éduquent par le jeu. D’autres encore se réconcilient par l’épouillage, guettent les autres groupes… Un parc évolutif, à découvrir et surtout redécouvrir au fil des saisons et des nombreuses naissances.

Réintroduction et recherches


Confortablement installés à la Montagne des singes, les 150 macaques de Barbarie importés à la création du site se sont reproduits, preuve de leur acclimatation. Dans la foulée, trois autres parcs dédiés à la conservation de ce primate ont été créés : La forêt des singes à Rocamadour (1974), l’Affenberg à Salem en Allemagne (1976) et Trentham Monkey Forest en Angleterre (2005).

L’augmentation de la population des magots a également permis deux opérations de réintroduction au Maroc pour renforcer les populations sauvages : d’abord en 1980 avec 232 animaux puis en 1986 où 359 singes ont retrouvé leur habitat naturel.

Ces quatre réserves offrent aux primates des conditions de vie optimales. Elles constituent un terrain d’étude idéal pour la recherche éthologique. Ainsi, depuis 1972, de nombreuses recherches ont permis d’observer et d’analyser les différents aspects de leur vie sociale (reproduction, socialisation, la communication, etc.).

Image
Source : L'Alsace.
Biofaune : l'actualité de la conservation in & ex situ : http://biofaune.canalblog.com - www.facebook.com/biofaune
Philippe
 
Messages: 11543
Enregistré le: Lundi 29 Août 2005 16:06

Re: (Re) découvrir le macaque de Barbarie

Messagepar raphaël » Vendredi 19 Août 2016 11:12

150 magots, 300 000 visiteurs !
2000 visiteurs par magot par an, un ratio qui en ferait rêver plus d'un.
Comme quoi, la réussite d'un établissement ne tient pas non plus à sa collection ou à ses perspectives d'évolution... Mais juste à la promesse et au souvenir d'une visite bien remplie et agréable.

Cela dit, lorsque ces parcs à magots ont été créé, l'espèce était commune voire trop présente en zoo et dans la nature. Aujourd'hui le magot est gravement menacé et les programmes de conservation existent. Une belle mission pour ces établissements.
Les animaux des zoos sont les ambassadeurs de leurs cousins sauvages. (Pierre Gay)
raphaël
 
Messages: 7204
Enregistré le: Mercredi 10 Août 2005 15:24
Localisation: gironde

Re: (Re) découvrir le macaque de Barbarie

Messagepar Philippe » Vendredi 19 Août 2016 12:33

Eh oui ! Comme quoi les programmes de conservation in situ s'avèrent parfois insuffisants et que récuser d'office le maintien d'une population captive au prétexte que l'espèce n'est pas (encore) ou peu menacée dans son milieu naturel est une option à hauts risques.
Biofaune : l'actualité de la conservation in & ex situ : http://biofaune.canalblog.com - www.facebook.com/biofaune
Philippe
 
Messages: 11543
Enregistré le: Lundi 29 Août 2005 16:06

Re: (Re) découvrir le macaque de Barbarie

Messagepar okapi » Vendredi 19 Août 2016 15:42

Oui, mais le nombre de naissances est sévèrement contrôlé dans ce parc: 250 individus, 10 naissances maximum par an... Et entre les quatre parcs et un groupe conséquent en réserve, la société détient plus de mille singes à elle seule. Les réintroductions massives ont été faites en 1980 et 1986 dans un sanctuaire protégé. Depuis, c'est essentiellement un parc plaisir avec un discours plutôt bien fait à l'attention des visiteurs.
Je pense que si le public pouvait circuler au milieu des crocodiles et des serpents comme il le fait avec les singes, les choses seraient différentes pour certains établissements en perte de vitesse... L'attrait majeur de ce parc fondé en 1969, c'est son cadre, le contact et la proximité de la Volerie des Aigles et/ou de sites touristiques importants. Je ne connais pas les chiffres de Rocamadour, mais je pense qu'ils doivent être aussi significatifs...
okapi
 
Messages: 12061
Enregistré le: Lundi 02 Juin 2008 19:02

Re: (Re) découvrir le macaque de Barbarie

Messagepar Philippe » Vendredi 19 Août 2016 16:06

n tel parc (comme celui qui ouvrira très prochainement en Seine-et-Marne) a un vrai rôle pédagogique à jouer. Nombre de visiteurs sont aussi des touristes qui, lors de leurs vacances, côtoient ces singes de l'autre côté de la Méditerranée où des associations locales se battent pour dénoncer le trafic de cette espèce et tenter de la protéger.
Un touriste averti valant des singes sauvés, l'enjeu me paraît intéressant.
Biofaune : l'actualité de la conservation in & ex situ : http://biofaune.canalblog.com - www.facebook.com/biofaune
Philippe
 
Messages: 11543
Enregistré le: Lundi 29 Août 2005 16:06


Retourner vers La faune en espace zoologique

Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur enregistré et 7 invités

Tigre en mouvement