Article du Monde sur la naissance de lions blancs.

[Bombyx]

Allez pour se marrer, un chouette article du Monde au titre songeur:

Pourquoi vous ne devriez pas (trop) vous réjouir de la naissance de lionceaux blancs.

Difficile de ne pas craquer devant ces lionceaux blancs qui jouent dans la paille, véritables peluches animées. Nés le 27 mars au zoo d’Amnéville (Moselle), ils sont déjà les stars d’Internet et du parc. Pour le zoo, la naissance des félins est le symbole de la préservation d’espèces rares. Mais, loin des conditions de vie réelles des animaux, la reproduction en captivité souffre de nombreux échecs.

Une survie difficile

Agés de deux semaines seulement, les trois lionceaux, Bongo, Komga et Gandor, sont déjà visibles par le public attendri du zoo d’Amnéville. Une sortie rapide, sous haute surveillance des vétérinaires. Car ces naissances aboutissent souvent à la mort des petits pensionnaires. Pandas, orangs-outangs, panthères, les animaux et les zoos sont nombreux à être touchés par ces décès. Jean-Claude Nouët, professeur, médecin, spécialisé en embryologie et cytogénétique, président de La Fondation droit animal (LFDA), regrette ces naissances « coups de pub » qui ne sont pas viables : « L’été commence et ces bébés attirent parents et enfants dans les zoos, mais on ne pose pas assez la question de l’avenir de ces petits. »

Dans la nature, la mère effectue souvent une sélection dans sa portée, impossible à reproduire dans le zoo. Une modification des comportements naturels des animaux sauvages qui peut être lourde de conséquence : souvent rejetés par leurs mères, les nouveau-nés ne peuvent pas survivre sans une assistance vétérinaire de tous les instants. « Les mères adoptent des comportements agressifs envers leur progéniture, allant jusqu’à les tuer parfois », affirme le professeur.

Le risque de « dérive génétique »

Autre dérive constatée ces dernières années par les professionnels du milieu et les détracteurs des zoos, les problèmes de consanguinité. « Le problème a existé, mais désormais nous travaillons avec ce que nous appelons la bourse. C’est un registre international qui référence les animaux, et qui nous permet d’éviter des croisements », explique Hervé Santerre, le directeur zoologique du zoo d’Amnéville. Car la « dérive génétique » a fait des dégâts. Le cheval de Przewalski, sauvé de l’extinction notamment grâce au travail des zoos, souffre désormais de malformations.

Lire aussi : L’échappée belle du cheval de Przewalski

L’Association européenne des zoos et des aquariums (l’EAZA) doit répondre à ces risques de consanguinité. Elle gère des programmes d’élevage, appelés Programmes européens pour les espèces en danger (EEP), instaurés en 1985. Leur but est d’encourager la coopération entre les établissements afin d’éviter les croisements consanguins lors d’échanges d’animaux, et de réguler la reproduction des espèces.

Dans ce cadre, les parcs animaliers disposent de différents moyens pour gérer le « surplus » de leurs effectifs, comme la contraception ou l’euthanasie. Lesley Dickie, à l’époque directrice exécutive de l’EAZA, avait déclaré en 2014 sur la BBC qu’entre 3 000 et 5 000 animaux en captivité étaient euthanasiés sans raison médicale chaque année dans l’Union européenne. En février 2014, le zoo de Copenhague avait abattu un girafon en pleine santé car ces gènes n’étaient pas assez originaux pour lui permettre de se reproduire, suscitant l’indignation générale.

Les missions de conservation et de réintroduction des espèces peu respectées

A voir les lionceaux dans leur enclos, difficile de les imaginer au milieu de la savane, tentant de chasser gazelles et buffles. Pourtant, la conservation et la réintroduction des animaux s’inscrivent dans les missions des parcs zoologiques. « Remettre les félins dans leur milieu naturel est trop compliqué, et la pression urbaine trop forte. Même si des réintroductions ont fonctionné, nous ne le faisons plus », nuance le directeur zoologique du zoo d’Amnéville. La remise en liberté des animaux élevés uniquement en captivité n’a pas toujours été une réussite. Au Brésil, une première réintroduction de tamarins lions s’est soldée par la mort du groupe de singes, comme en Chine, où le panda Xiang Xiang est décédé un peu moins d’un an après son retour à la nature. « Les zoos n’évoquent pratiquement plus la réintroduction car ils ont élevé les animaux loin de leur environnement naturel », déplore Eric Baratay, professeur d’histoire à l’université de Lyon et spécialiste de la question animale.

A la place, les trois lionceaux nés à Amnéville participeront à des échanges : ils vont voyager de parcs en parcs, en France et dans le monde, pour représenter fièrement leurs gènes. Aujourd’hui, seule une réserve en Afrique abrite encore des lions blancs de Kruger. « C’est le sens de ces naissances, pouvoir faire perdurer la race qui est menacée et les présenter au public », souligne Hervé Santerre.

Car la faune n’est pas une réserve inépuisable et les zoos se présentent désormais comme des garants de la diversité du monde animal. Leur communication : sensibiliser le public à l’environnement et à la préservation des espèces rares. Pourtant, selon une ONG britannique, la fondation Born Free, qui a visité par surprise 25 zoos sur les 300 que compte le territoire français, seulement 17 % des espèces présentes dans les zoos visités étaient inscrites sur la liste rouge des espèces menacées d’extinction.

Lire aussi : Les 15 espèces qui ont le moins de chances de survivre dans le monde

Mais, pour Jean-Claude Nouët, l’argument de pédagogie des parcs animaliers ne peut pas tenir. Un avis partagé par Eric Baratay, qui dénonce la domestication rampante des espèces sauvages : « Les zoos ne peuvent pas prétendre préserver des races rares. Depuis des années, les animaux ne sont plus issus de leur milieu naturel, les parcs développent des animaux mi-sauvages, mi-apprivoisés très éloignés de l’espèce d’origine. »

Source: http://www.lemonde.fr/biodiversite/article/2016/04/11/pourquoi-vous-ne-devriez-pas-trop-vous-rejouir-de-la-naissance-de-lionceaux-blancs_4900008_1652692.html

[Philippe]

Article intéressant, merci .
Maintenant, concernant le dernier paragraphe, Eric Baratay est un historien émérite (même si certaines données qu'il avance sont scientifiquement contestables notamment au regard de l'évolution des soins aux animaux et des conditions d'hébergement depuis les années 1980) et en rien un biologiste ni un spécialiste de la conservation...
Par ailleurs, Jean-Claude Nouët est un opposant viscéral aux zoos depuis plus de 40 ans (cf. le dernier ouvrage de Pierre Gay). Prétendre que la majorité des naissances aboutissent à la mort des petits pensionnaires sans l'intervention des vétos...
Je suis toujours étonné que ces arguments soient avancés sans données précises, étayées et mises en perspective avec la mortalité en milieu naturel.

« Les zoos n’évoquent pratiquement plus la réintroduction car ils ont élevé les animaux loin de leur environnement naturel », déplore Eric Baratay, professeur d’histoire à l’université de Lyon et spécialiste de la question animale.

Ah bon ! Pourtant, puisque l'article évoque les panthères, les sociétés zoologiques de Londre et d'Ecosse tout comme le parc des félins font davantage qu'évoquer cette question...

A mon humble avis, la question complexe de la réintroduction mérite une approche nuancée, au cas par cas, sachant que cette "science" est récente. Les avis par trop tranchés et reflétant souvent un parti-pris initial ne me semble pas les plus intéressants.

[Philippe]

"ne me semblent"...

En février 2014, le zoo de Copenhague avait abattu un girafon en pleine santé car ces gènes n’étaient pas assez originaux pour lui permettre de se reproduire, suscitant l’indignation générale.

Pas partout, .

[abel]

Je rejoins Philippe, cet article, qui dit tout de même quelques vérités, comporte des erreurs et des imprécisions. Cet article est évidemment anti-zoo, il serait intéressant d'avoir pour une fois un article vraiment impartial, qui soit écrit par une personne ni anti-zoo ni pro-zoo.

[okapi]

Mission impossible Abel! Si tu n'es pas pour, tu es contre: la neutralité est inimaginable dans un tel contexte puisqu'il faut quelqu'un qui sait de quoi il parle, donc tout sauf neutre!
L'article n'est pas anti-zoo, il remet juste quelques idées en place à propos de réintroductions illusoires et de complexité génétique parfois difficile à gérer en circuit fermé. Ce n'est pas une franche nouveauté de constater que les sources génétiques de l'ensemble des chevaux de Przewalski n'étaient pas absolument pures... Et ce n'est pas une nouveauté de se rendre compte que les îles de Sumatra et de Bornéo ne vont pas tripler leur surface alors qu'elles vont sans nul doute tripler leur population: il n'y aura évidemment plus de zones "sauvages" pour les orangs outangs à plus ou moins brève échéance et les animaux captifs le resteront.
Le plus triste, c'est que Le Monde soit tombé dans le panneau du lion blanc, espèce rare et menacée... Pourtant, en mentionnant qu'il n'en subsiste plus qu'une poignée dans une réserve, ils auraient pu/du se poser la question du sens du maintien en captivité d'une telle aberration zoologique. Idem pour France Info qui n'a pas sourcillé quand la représentante du zoo a asséné quelques grosses bêtises à une heure de grande écoute... La fin de l'histoire, c'est que ces lionceaux vont attirer des milliers de visiteurs dans un parc médiocre pour de très mauvaises raisons. Et rien ne dit que ces lions ne vont pas se retrouver dans la cage de Tiger World pour relancer la machine...

[grievous]

Que dire d'un tel article?

Il partait bien et patatras il se prend les pieds dans le tapis en mettant en avant un anti-zoo et un historien qui passeraient presque comme les pontes en matière de zoo. Ce sont toujours les mêmes et donc toujours les mêmes discours.

Pour savoir de quoi je parle il est juste inexact de dire que sans véto pas de survie...heureusement d'ailleurs.

En effet certain sujets auraient été intéressant à creuser, notamment sur les plans de réintroductions qui ont fonctionné en parallèle de ceux qui ont échoué.

En revanche que de mensonges et d'approximations.

[Philippe]

réintroductions illusoires

Les projets menées en Russie concernant les panthères de Perse et de l'Amour sont bien concrets.
Quant à affirmer que les animaux maintenus dans le cadre des EEP sont devenus des animaux semi-domestiques, c'est juste n'importe quoi (au passage le terme "apprivoisé" en dit long sur le crédit scientifique à accorder à cette assertion).

Je partage l'avis (éclairé) de Grievoux : l'article partait bien mais...

[raphaël]

Moi aussi j'attendais avec joie un article remettant les points du lion blanc sur les i, finalement pas du tout.
Jean-Claude Nouet me fait penser aux climatosceptiques, il a depuis 40 ans un créneau où il est un peu seul, résultat, il est toujours celui qu'on interroge.

J'aime assez le parti pris concernant les réintroductions. les premiers lâchers de tamarins lions se sont mal passés, certes c'est regrettable, mais il y en a eu un paquet depuis...

[kelloche53]

Il y a un peu d'abus dedans .. je veux bien que les zoos ne soient pas tout rose mais quand même il y a eu énormément de progrès ! Déjà, la gestion des échanges c'est pas trop mal pour éviter la consanguinité ...