par raphaël » Dimanche 22 Novembre 2015 12:59
Les oiseaux, c'est un sujet très intéressant mais très vaste.
Mon ressenti se résume ainsi : ce ne sont pas eux qui font venir le public, mais ils remplissent bien un espace.
Les parcs spécialisés à oiseaux ont toujours beaucoup de mal à attirer du public. Feu la ferme aux oiseaux de Lagorce, Upie, La Londe ont des fréquentations basses à moyennes et les deux derniers se sont élargis à quelques mammifères. Beauval fut pendant dix ans un obscur zoo à oiseaux avant d'investir massivement dans les fauves et les singes.En France, la réussite de Villards les dombes est exemplaire mais aussi très explicite : ce ne sont pas tant les oiseaux qui attirent, mais le parc à lui tout seul.
Si les oiseaux ennuient souvent le visiteur, c'est aussi et surtout lié au mode de présentation classique, en petite volières alignées. Quoi de plus rébarbatif que la première allée des perroquets à Beauval ? Sur vingt mètres, on voit dix fois la même cage, avec un coup le perroquet qu'est bleu, un coup celui qu'est vert, un coup celui qu'est vert avec du rouge... Et dans des petits espaces confinés, l'oiseau n'a rien à faire que rester perché et immobile, ce qui renforce son inintérêt. ça à l'échelle de tout un parc, ça donne le désastre du Val d'Hérault.
Villards a compris que si l'oiseau en lui-même n'attirait pas trop, en revanche la façon de le mettre en scène peut plaire. Les grandes volières, les spectacles, les immenses lacs, les paysages naturels, les serres, tout cela crée une ambiance qui va plaire et distraire. Comparons les zoos à oiseaux "classiques" et leurs cages avec les voleries à rapaces où l'on assiste à des spectacles : les deuxièmes marchent beaucoup mieux.
En France voire en Europe, il faut bien reconnaitre que Doué la fontaine a lancé une révolution avec la Grande Volière sud-américaine. Grand succès auprès du public, réussite d'élevages, de cohabitations, les collègues ont pu se rendre compte de la beauté des oiseaux quand ils peuvent voler. Et les volières immersives se sont depuis succédé sur notre territoire et à l'international. Désormais, un parc peut tout à fait annoncer une grande installation à perroquets comme nouveauté sans que cela fasse innovation au rabais comparé à un enclos à tigres, par exemple.
Nous allons vraiment, à mon sens, vers un grand changement. Les perroquets sont désormais souvent visibles en vol. Petit à petit, les zoos avec des moyens font de même pour les grands échassiers : marabouts, cigognes, grues sont traditionnellement présentés en enclos, parfois avec des mammifères, et l'on sait que cela complique leur reproduction. De grandes volières voient le jour, cela améliore à la fois leurs conditions de vie et leur attractivité pour le visiteur. Imaginez la collection de Doué en touracos, perroquets ou échassiers, mais dans une succession de petites volières...
Certains éleveurs conservateurs diront que c'est le mieux pour gérer les couples et avoir des bébés que de faire ces installations simples et vides. Mais le zoo n'est pas qu'une machine à produire des petits.
Si les oiseaux ne sont pas ceux qui feront venir à la lecture d'un prospectus, comparé aux fauves ou aux grands herbivores, ils rallongent le temps de visite et donnent l'impression de voir de beaux groupes : une colonie de loriquets, une famille d'ibis ou de flamants roses fait de la masse, de la couleur, du bruit qui fascine.
Il y a donc plein de choses passionnantes à faire avec les oiseaux, souvent plaçables dans des espaces de mixité avec des mammifères. C'est la tendance pour l'avenir à mes yeux.
Les animaux des zoos sont les ambassadeurs de leurs cousins sauvages. (Pierre Gay)