Bref nous sommes bien ici pour évoquer brièvement une institution zoologique largement méconnue : le Polaria de Tromso. Adjoint à l'institut universitaire de recherche polaire de Tromso, le Polaria est hébergé dans un bâtiment récent évoquant des plaques de glace détachés de la banquise s'échouant les unes sur les autres en au milieu du port de Tromso. La thématique de l'établissement est évidemment centrée sur les écosystèmes polaires des côtes norvégiennes et de l'archipel de Svalbard (ou Spitzberg et appartenant à la Norvège).
Les espaces muséographiques alternent avec les présentations animales. La première salle dans laquelle le visiteur est amené à entrer permet d'assister à une projection à 180°. Alternent sur ces écrans, deux films différents diffusés à intervalles réguliers : le premier est consacré aux aurores boréales et explique -en anglais s'il vous plaît- la genèse de ces phénomènes extraordinaires tandis que l'autre expose la faune et les paysages du Svalbard.
Cette île est un peu le paradis de l'ours blanc et l'endroit rêvé pour les observer. C'est le meilleur spot pour les voir dans un environnement “naturel” (en excluant Churchill au Canada donc où les ours ont coutume de s'introduire dans la ville pour trouver à manger et où ils n'ont pas peur des immense buggys de touristes venus les observer). Un petit tourisme assez sélectif de par les tarifs, proposant des excursions arctiques au Spitzberg s'est donc développé à Tromso. Tous promettent la possibilité de voir le roi du Grand Nord dans la nature mais seuls quelques organismes sérieux proposent réellement des formules à même de maximiser les chances de voir l'ours blanc qui reste difficile à trouver dans ces immensités.
Le Svalbard héberge aussi quelques animaux spécifiques comme une sous-espèce de renne spécifique et plus petite que sur le continent. Elle vit à l'intérieur des terres, région montagneuse magnifique et totalement préservée filmé depuis l'avion et montrée lors de la projection à 180° au Polaria.
On enchaînera à la suite par une salle avec des reconstitutions de caverne d'ourse blanche, une moto neige pour les enfants et d'autres éléments évoquant les expéditions à la conquête du Pôle Nord. Viennent ensuite les premiers bacs exposant des espèces de poissons d'eau froide. Je n'y connais malheureusement pas grand chose mais certaines espèces, spécifiques aux eaux nordiques voire polaires sont assez rares en captivité, plus souvent délaissées au profit des espèces coralliennes
Alors que nous passons sous un premier bac avec un banc de poissons, nous approchons une série de panneaux relatifs aux problèmes de consommation halieutique. Les problèmes de surpêche, de quotas et de vitesse de recouvrement des populations, de gouvernance sur les eaux territoriales mais aussi les conséquences dévastatrices des fermes d'élevage de saumon ou autres sont abordés. On y apprend notamment que la pêche avait une influence notable sur la taille atteinte par les morues. Indépendamment du fait que les plus gros spécimens sont les favoris des pécheurs et premiers à être pêchés, la surpêche a favorisé les individus de faible taille, à maturité sexuelle précoce par rapport à des individus plus tardifs, capables de pondre plus d’œufs et d'atteindre des tailles bien plus élevés mais nécessitant du temps pour arriver à ce stade de maturité.
C'est alors que nous avons notre premier aperçu sur les stars des lieux : les phoques barbus. Toujours selon Zootierliste, cette espèce bien plus grosse que le phoque gris est rare en captivité. (seul Tromso figure sur ce site bien que les phoques barbus soient présents au Polaria proviennent d'un autre établissement). Un tunnel permet d'apprécier le ballet aquatique des pinnipèdes dont la rapidité et la vivacité sous l'eau n'a d'égale que la maladresse et le ridicule sur la terre ferme.
Tunnel des phoques
Le tunnel de quelques mètres nous amène dans la salle principale. Elle est occupé en son centre par un aquarium ouvert et à faible fond hébergeant des turbots, d'autres poissons plats et les fameux poissons-loups, représentants emblématiques des eaux froides. Le long de la salle, différents aquariums exposent des espèces plus petites, poissons et invertébrés, ainsi que la diversité de couleurs des récifs côtiers. Malgré la température de l'eau et la présence de glace une grande partie de l'année, la palette de couleurs offerte est impressionnante bien qu'évidemment sans comparaison avec les récifs coralliens tropicaux. Cette salle permet aussi d'avoir un nouveau point de vue sur le bassin des phoques.
Bac des poissons-plats
Poisson-loup
Point de vue sur le bassin des phoques
Nous grimpons désormais une rampe pour arriver à l'étage supérieur du bâtiment. Quelques bacs présentent d'autres espèces plus ou moins spécifiques aux côtes norvégiennes. Certains dispositifs tentent même de recréer un estran sableux avec sa vie fourmillante et discrète Un bac montre également un crabe royal, véritable monstre des fonds marins avec un mètre d'envergure. Cette espèce originaire du détroit de Béring a été introduit par les Russes dans le golfe de Mourmansk pour subvenir aux besoins des populations locales. L'animal s'est depuis dispersé vers les côtes norvégiennes où il constitue également un met de choix. Je ne sais pas l'impact qu'à l'animal sur son environnement d'adoption mais je doute que l'introduction de cette espèce soit totalement bénigne.
Invertébré
Bac des invertébrés
Invertébré
Bassin côtier
Parvenu en haut du bâtiment, le visiteur pourra avoir enfin une vision de l'installation totale des phoques barbus et notamment de sa partie terrestre. Les pauvres animaux ne profitent malheureusement jamais de la lumière du soleil et sont confinés dans le bâtiment, éclairé avec des projecteurs. La photo ne montre qu'une partie de l'installation mais les trois femelles et leur compagnon sont tout de même un peu à l'étroit dans ce bassin aux parois bétonnées dont ils ont vite fait le tour et sans réel enrichissement.
Bassin des phoques
Phoque barbu
Lorsque le visiteur se dirigera vers la sortie, il retrouvera dans le vaste hall d'entrée et pourra découvrir divers dispositifs pédagogiques comme un simulateur de conduite de bateau dans le port de Tromso ou un inventaire des cétacés de l'océan arctique. Le café arctique permettra aussi de faire une escale gourmande et de bénéficier d'une vue sympathique sur Tromso.
La visite relativement courte s’achève donc ici. Difficile d'apprécier la qualité d'un établissement aussi différent d'un zoo traditionnel. On retiendra la thématique à la fois intéressante et parfaitement maîtrisée. Par contre le bassin des phoques sans être honteux n'offre clairement pas d'excellentes conditions de vie à ces pensionnaires. Enfin l'ensemble aurait pu être plus soigné, plus récent et surtout plus audacieux pour remporter tous les suffrages. Dans l'hypothèse où vous feriez escale à Tromso par une météo capricieuse (ce qui est fortement probable en Norvège!), le Polaria constitue de toute manière l'attraction principale de la ville et mérite tout de même que l'on débourse le prix d'entrée plutôt raisonnable dans ce pays au coût de la vie si élevé.
