Scottish zoos : les zoos du RZSS

[okapi]

Bon, c'est évidemment une question d'échelle: Beauval, La Flèche, La Palmyre sont des zoos commerciaux avec un sérieux arsenal parallèle largement déployé pour faire tomber les profits bien au-delà de la simple présentation d'animaux. Les parcs privés font parfois des choix stratégiques douteux, souvent parce qu'ils n'ont pas d'autre choix: se perdre symboliquement ou mourir... Les parcs publics sont rarement bien équipés en matière de restauration et de produits dérivés et selon leurs objectifs, ils se laissent aller, parfois, à de malheureuses dérives, mais le business est rarement leur force première. Comparer l'absurdité des éléphants d'Amiens et de Maubeuge, les tigres blancs du second, mais on pourrait aussi y ajouter les fauves de Besançon, avec les roulements de tambour des grands zoos commerciaux, c'est un poil osé je trouve! Il faut surtout ne pas perdre le lien historique de ces zoos avec les exigences des édiles qui au fil du temps se sont "approprié" le parc et qui ne veulent pas déplaire à leurs administrés qui sont, eux, très attachés à leurs éléphants, leurs girafes et leurs tigres. Ce n'est pas une bonne raison, mais il n'y a qu'à suivre la polémique déclenchée à Amiens à ce propos et, au final, l'abandon des éléphants. Sans oublier que les girafes et les tigres feront partie du projet d'extension du zoo: ce ne sera sans doute jamais assez vaste, mais si on devait rendre l'ensemble des zoos de France totalement vertueux, je crois que les trois quarts se verraient privés d'une bonne partie de leurs herbivores et de leurs fauves! Cela posé, la "rentabilité" des parcs publics, hormis Vincennes, elle n'a pas forcément la même saveur que celle des zoos privés et commerciaux... Nous parlons, je crois, d'équipements publics de proximité à caractère et vocation spécifiques, pour lesquels les plus gros bénéfices se font en termes d'image, d'imaginaire et de satisfaction locale. La fréquentation de Beauval, elle n'est pas assurée par les habitants de Saint-Aignan et le compteur des entrées ne fonctionne pas tout à fait de la même façon qu'à Besançon, Mulhouse ou Maubeuge...
Le désengagement progressif des pouvoirs publics va peut-être obliger les parcs a devenir créatifs en matière de moyens, à s'inspirer des modes et méthodes anglo-saxons, mais je crois néanmoins qu'il y aura toujours un sérieux fossé entre des institutions subventionnées et des structures commerciales.

[raphaël]

Il faut aussi prendre conscience que le fonctionnement des structures anglo-saxonnes n'est pas tout à fait le même que chez nous: la philanthropie y est considérée comme normale, s'apparente à un levier issu de la société civile et fonctionne comme un processus de rétrocession d'une partie des profits générés par les affaires.

Certes, les britanniques sont habitués à ce mode de fonctionnement, mais la demande peut entrainer l'offre. Des zoos français ont-ils vraiment sérieusement approché des grandes entreprises ou des mécènes pour soutenir des projets de développement, des créations d'enclos ou des actions de conservation ?
Calviac, à sa petite échelle, a déjà eu un soutien de la fondation EDF pour l'élevage conservatoire des visons et de la fondation Bouygues pour l'apiscope et le circuit botanique. A première vue, je n'ai pas le souvenir d'autres cas en France mais cela doit exister. Il est clair qu'un mécénat ne peut se faire qu'envers une société, fondation ou association à but non lucratif.

[okapi]

Beauval via son association sollicite des entrepreneurs et des entreprises pour contribuer à ses efforts in situ, mais vu la hauteur des contributions, pour beaucoup, ça doit être plus amical qu'impliqué. Philanthropie et mécénat en sont à leur petite enfance en France...
Il suffit de parcourir le site de l’Admical http://www.admical.org pour comprendre à quel point il y a du chemin à parcourir pour marcher dans les traces de nos amis anglo-saxons.
Pour les zoos privés, évidemment, c'est plié. A moins qu'ils n'utilisent une fondation ou une association pour lever des fonds, mais c'est toujours plus simple quand elle est reconnue d'utilité publique et ça, c'est un sacré challenge! Donc des moyens et des personnes au service d'une démarche: des coûts et beaucoup d'incertitudes au final, donc un principe pas vraiment destiné à des parcs en mode survie, comme beaucoup de nos zoos français...

['Abdallah]

Merci pour ces deux comptes-rendus Raphaël, très soignés comme d'habitude. Des collections modérées et fort intéressantes et deux cadres très attrayants.
Effectivement, le Highland Wildlife Park est ce qu'on aimerait voir en Auvergne. Quels que soient les impératifs commerciaux du parc français, il a choisi une thématique claire (et parfaitement juste, au vu de son implantation), on est donc en droit d'attendre de lui un plan de collection aussi adapté que celui de son inspirateur écossais.

Je me permets de revenir sur la fréquentation du zoo d'Édimbourg. Il me semble que celle-ci est explicable, non par un potentiel désaveu fort du grand public pour les zoos (à ma connaissance les Britanniques sont au contraire franchement amateurs), mais par une question démographique toute bête : l'Écosse est une nation "déserte" comparée au reste du Royaume-Uni. Pour une agglomération d'environ 800 000 âmes capitale d'un territoire de 5 300 000 habitants, 633 000 visiteurs en une année ça me paraît assez conséquent, non ?

[okapi]

C'est sûr que la densité de population est un facteur important, mais Edimbourg est aussi une ville touristique et les zoos exercent une attraction toute particulière sur cette catégorie d'humains. Je n'ose imaginer des statistiques aussi précises, mais il serait passionnant de connaître le pourcentage de visiteurs locaux versus celui des touristes écossais ou étrangers qui fréquentent le zoo. 630 000 visiteurs, c'est à peu près la fréquentation de la Ménagerie.