Je vous raconte aujourd'hui ma visite à Branféré qui date d'il y a un peu plus d'un mois désormais. Souvenez-vous, c'était en plein dans la superbe période automnale que nous avons eu, il faisait doux, la lumière était bien agréable et j'en ai profité pour passer un weekend en Ile-et-villaine où j'ai visité la ville de Rennes, un petit bout de la forêt de Brocéliande... et poussé jusqu'au Morbihan pour aller à Branféré.
Branféré, c'est ce fameux parc créé par un couple d'artistes, qui avaient accueilli tout autour de leur propriété une foule d'animaux inoffensifs en liberté. Kangourous, oiseaux, cervidés... C'était un petit Eden fait de prairies, de forêts et d'eau. Il ouvre ses portes au public en 1965 et la gestion est cédée à la Fondation de France en 1988, qui gère les lieux désormais avec la fondation Nicolas Hulot.
Sur 40 hectares, le visiteur peut découvrir 1000 animaux. Branféré annonce sur son site internet différer des zoos classiques car "tous les animaux vivent dans de vastes espaces en semi-liberté".
J'ai une histoire personnelle longue avec Branféré. J'ai dû le visiter une première fois quand j'avais quatre ans avec mes grands-parents sous un temps capricieux. Mes seuls souvenirs en sont un parapluie emprunté à la dame de l'accueil, des singes sur une île et des chèvres dans un enclos de contact. J'y suis retourné une première fois en 2007 et j'avais été plutôt déçu. Le lieu me paraissait joli mais pas hyper intéressant, avec surtout de grands enclos pour des espèces banales (lamas, yacks, etc..). En 2012, ce fut la révolution : le parc avait beaucoup changé et était devenu à mes yeux un des plus beaux du pays. J'avais suivi les nouveautés bien sûr par le biais du forum, mais j'avais hâte de voir tout cela en vrai...
Actuellement, nous entrons encore à Branféré par une petite cahute accolée à une bâtisse en pierre servant de boutique. C'est provisoire, bientôt sera achevé un vaste espace qui incluera restauration, boutique et entrée si j'ai bien suivi. Mais elle est encore à finir :
Comme dans beaucoup de parcs, ce sont les flamants qui nous accueillent, autour de leur mare.
Ensuite, le visiteur est amené à longer un étang d'où émergent plusieurs îles. La première, minuscule, et qui en 2007 hébergeait tristement des siamangs, semble désaffectée. Plus loin, deux îles arborées sont reliées pour une petite famille de gibbons à favoris blancs, qui bénéficient de conditions idéales et profitent bien de leurs arbres.
Branféré est initialement un vaste territoire libre, et le concept d'espace immersif est préservé. Poussant un petit portail, nous voici sur la pelouse des alpagas. Une petite famille de ces taquins animaux se laisse côtoyer sans sourciller. Chose étrange, ils vivent normalement en compagnie de makis cattas, qui étaient rentrés ce jour là.
Cet espace est une semi-île. De nombreuses espèces d'oiseaux aquatiques se baladent au bord de l'eau, parmi elles des oies à cou roux ou des bernaches. Au fond, derrière le canal, un enclos non accessible par le public est le lieu de vie de quelques herbivores mélangés.
Passant sur un ponton pour gagner le terrain principal, nous découvrons l'essence même de Branféré : un vaste parc, ouvert au devant puis plus arboré au fond, où vivent librement plusieurs espèces animales avec en fond le château de la famille Jourde.
On trouve ici des maras, des hydropotes, des wallabies de Bennett, des grues de Mandchourie ou des cigognes... L'effet est sympathique puisque les tableaux d'Hélène Jourde, qui était peintre, sont exposés permettant de voir que son paysage quotidien n'a pas trop changé.
En fait, ces animaux en liberté peuvent accéder à quasiment tout le parc et nous en croiserons souvent. En reprenant le chemin, nous pouvons longer les bâtisses et pénétrer dans une luxuriante volière.
Elle a été construite sur d'anciennes cages à ouistitis. Très végétalisée, elle est vraiment belle mais un peu fourre-tout niveau espèces : en vrac, paddas de Java, foudys de Madagascar, spréos superbes, sarcelles à collier, dendrocygnes veufs, gouras couronnés, carpophages bicolores...
En contrebas, un enclos bordé de bambous abrite un couple de pandas roux. Les mignons carnivores disposent d'un joli espace végétalisé, avec des arbres où se cacher.
Les loutres d'Asie vivent elle dans une zone aménagée avec un bassin.
Ces deux carnivores sont présents depuis un certain temps mais leur présence augure la suite, et quelle suite ! Nous surplombons alors la nouvelle Vallée Indienne inaugurée cette année. Depuis le chemin, une immense prairie permet d'admirer les rhinocéros indiens, stars des lieux, accompagnés de cervidés et de grues. L'espace est très vaste et le rendu très réussi. C'est à mon sens la meilleure installation de l'espèce en France, pourtant il faut bien avouer qu'avec Beauval et CERZA, le niveau est élevé. Rien de bien compliqué ici, un site naturel qui s'y prêtait à merveille, beaucoup de place.
Cette vision magnifique n'est que le début de notre aventure en vallée indienne. Il s'agit d'emprunter ensuite un pont qui surplombe les animaux, nous donnant un nouvel angle de vue et longeant un deuxième enclos, bien plus petit, pour une éventuelle reproduction. Les cerfs et les grues étaient situés dans cette zone à proximité des arbres.
A la descente de la passerelle, nous voici au fin fond du parc et s'ouvre à nous une zone que l'on voit dans bien peu de zoos... En effet, nous allons arpenter pendant quelques minutes une zone humide. C'est à dire un biotope marécageux naturel, sans aucun animal ajouté. Ce n'est pas un enclos, c'est une promenade dans la nature. Et c'est très agréable.
Je ne sais pas si le public "moyen" est sensible à cette balade en milieu préservé, la pédagogie est peut-être un peu légère et classique, cela mériterait des supports plus originaux mais j'ai pour ma part beaucoup aimé. Surtout que l'on distingue toujours au loin la vallée des rhinocéros.
A gauche de la zone humide, un vaste enclos non indiqué abrite les cervicapres, pas encore avec les rhinos, ainsi que des émeus. Ce sont les anciens habitants de la vallée indienne, j'imagine qu'ils seront bientôt déménagés. En tout cas il y a là un immense espace exploitable pour la suite...
Sorti de cette nouvelle zone asiatique incluant les rhinos et le marécage, l'on remonte dans la partie plus forestière pour découvrir un autre secteur récent consacré aux océans et à la faune marine. J'avais hâte de découvrir cette innovation qui me paraissait étrange dans le paysage de Branféré. L'on y accède par un petit chemin entre des dunes, qui débouche sur une grotte. Là, dans l'obscurité, nous découvrons le bassin en aquavision où nageaient la famille de manchots de Humboldt.
Il s'agit à mon sens d'une des plus belles présentations en aquavision que j'ai pu voir. L'abri souterrain, avec le contraste obscurité-lumière, met magnifiquement en valeur l'eau et les animaux qui y vivent.
En sortant de cet observatoire, nous gagnons un peu de hauteur pour voir les enclos marins. En fait, les manchots sont censés vivre dans un vaste espace sans aquavision, mais leur territoire était en plein travaux lors de mon passage.
Ce sont normalement les phoques qui sont visibles depuis le bassin vitré, mais ce jour-là, leur enclos était scindé en deux pour accueillir temporairement la colonie d'oiseaux sud-américains.
Les veaux marins ont donc normalement accès à deux types de point d'eau : le profond bassin en aquavision, et un très large mais peu profond bassin. Ils étaient ce jour confinés dans le second, où les quatre individus profitent beaucoup des plaisirs de la baignade. L'ensemble est très joli, ne fait pas artificiel, et s'intègre bien dans les lieux contrairement à mes craintes.
Nous sortons alors du complexe marin. Finalement, c'est à mes yeux une jolie réussite, sans prétention mais esthétique et naturelle. Avec un soin apporté au détail, notamment à cet espace en aquavision. J'aime beaucoup les veaux marins, que je trouve plus originaux que les otaries classiques. Petit regret à la limite, d'avoir choisi une thématique océanique large avec deux espèces populaires et bien connues, au lieu d'avoir par exemple présenté les oiseaux marins de l'Atlantique tout proche.
Nous retournons alors dans le sous-bois jouxtant le château, où au pied de magnifiques arbres s'ébattent les familles de petits animaux.
Une cabane sert d'observatoire pour contempler les loups à crinière. Il parait que la famille Jourde a une histoire avec l'Amérique du sud, mais je trouve dommage de présenter cette espèce dans un domaine entièrement forestier et plutôt sombre. D'autant plus que cela pourrait donner un superbe territoire pour, au choix, des bongos, des tapirs, des poudous, ou autres...
Juste à côté, une petite ile accueille des saïmiris à tête noire.
Nous arrivons alors à une nouvelle zone géographique, le secteur africain. Il est ouvert par la superbe installation des hippopotames nains. Deux individus sont observables, chacun profitant d'un enclos avec une vaste surface terrestre et une belle mare naturelle.
Cette installation est suivie par une autre réussite, la savane africaine. Divisée en deux grandes prairies, elle permet de profiter des populaires herbivores du continent noir, avec en stars une petite famille de girafes, accompagnées de zèbres, autruches, gnous et oryx. Les herbes hautes et la surface sont une belle plus-value à cette installation.
Entre les savanes, une île très boisée accueille un siamang, un peu étrange dans cette zone africaine. Même s'il s'agit d'un animal isolé, les conditions de vie sont quand même de haut niveau...
Ici aussi, le chemin nous entraine quelques instants dans une parcelle laissée sauvage. Bien sûr, le zoo passionné que je suis y imagine des okapis, des gorilles ou autres animaux des jungles africaines... Mais c'est pas plus mal de laisser un terrain libre !
En longeant la savane, le visiteur découvre avec enthousiasme le ParcAbout.
Grande spécialité de Branféré, il s'agit d'une aire de jeux nouvelle formule : un cheminement dans les arbres entièrement sur des filets, permettant à la fois de se donner le frisson de la hauteur et de rebondir comme sur des trampolines. C'est génial, original, très amusant. Bien la seule aire de jeux où les adultes en profitent autant, voire plus, que les petits ! Certains disent que la zone est bruyante, mais honnêtement, elle s'entend assez peu depuis la savane, qui est de toutes façons assez vaste pour que les animaux s'en éloignent.
Nous arrivons à la ferme, où je ne suis pas resté longtemps mais qui est plus élaborée que les minifermes classiques. Ici l'on trouve quelques races rustiques de France et d'ailleurs.
De retour dans la forêt, le chemin longe deux enclos relativement récents et entièrement boisés. A gauche, un espace à rennes.
A droite, le meilleur enclos que j'ai pu voir pour un groupe très actif des amusants et menacés sangliers des Visayas.
Une petite passerelle nous fait quitter la forêt pour regagner une zone plus ouverte. A gauche, une jolie prairie accueille un petit groupe d'ânes de Somalie. Leur espace est sympa, mais peut-être un peu trop propret classique, et pas très immersif.
En face, sur une île nouvelle mais déjà végétalisée, vivent des makis varis noirs et blancs et leurs cousins roux.
Malgré cette incursion africaine, nous sommes en pleine zone sud-américaine. Une très vaste plaine voit cohabiter capybaras, tapirs terrestres, oies de Magellan, nandous et guanacos. La mare des tapirs sert normalement de douve à une île pour sakis mais je n'ai pas vu les singes.
En face, une double île accueille les superbes singes hurleurs.
Une autre double île, plus vaste et boisée, est le lieu de vie d'une colonie de capucins.
La visite du parc s'achève bientôt, nous longeons plusieurs jolis point d'eau où s'ébattent diverses espèces d'oiseaux. Dont le traditionnel lac des pélicans et ses doux arômes de poisson.
Une belle île boisée accueille une famille de colobes, ces magnifiques singes que je trouve souvent mal mis en valeur sont superbes à observer sur leurs branches.
A côté, une famille de siamangs profite de conditions de vie similaires.
Pour finir, un enclos herbeux abrite une colonie de chiens de prairie.
Le chemin débouche alors derrière la mare des flamants, nous avons fini le tour de Branféré.
Ce fut une visite fort agréable dans un lieu magnifique. Branféré, c'est la beauté de la nature. Une nature travaillée et entretenue, mais c'est toujours les arbres, les collines, les buissons, l'eau qui sont mis en valeur et magnifiés, et non des constructions humaines qui elles tendent à s'harmoniser dans le paysage. Bénéficiant d'un site fort propice à un joli zoo, Branféré est intelligemment géré pour garder l'esprit initial de beauté, de respect de l'animal et d'espace. Les espèces animales choisies sont adaptées pour l'endroit, et sont souvent menacées ou intéressantes pédagogiquement. Peu de concession faites au "commercial" ici. Les dernières installations qui ont nécessité de gros investissements sont très réussies : savane africaine, zone marine et vallée indienne sont magnifiques. Mais le plaisir de la visite reste aussi dans le cheminement sur les allées du parc, observant une famille de wallabies, le passage d'un mara ou les sautillements d'un hydropote. Notons aussi l'excellent niveau des présentations pour primates.
Je recommande donc Branféré à tout passionné d'animaux et de zoos, nous avons en France d'excellents établissements. Je suis optimiste pour l'avenir du parc, qui se démarque réellement des autres zoos de la région. Je souhaiterais y voir notamment une espèce de grand singe, mais qui sait ce que nous réserve la suite !
)C' était aussi la première fois que je vis des pélicans ou même un jeune flamant rose dans ce genre de spectacle.
