Comptes-rendus imagés : De l'autre côté de la Manche...

[okapi]

Alors, retour à la case départ, on se passe des espèces impossibles à héberger correctement. Je suis persuadé que ça va devenir une réflexion globale impulsée par L'EAZA et d'autres grandes organisations. Le Domaine des Fauves (et d'autres) sur une superficie égale à un seul enclos ailleurs pour une même espèce, ça n'aura plus de sens.

[Math 63]

J'espère sincèrement que ce genre d'élevage ne fait rêver personne... Les volières de mes inséparables étaient plus naturelles, et pourtant je vivais en plein centre ville à l'époque. On peut dire que ce n'est pas comparable, mais moi, mon but c'était bien la reproduction et l'élevage de mes oiseaux (et ça marchait très bien d'ailleurs).

Dire wow ils ont 50 gorilles, cette installation c'est le top du top, ça me fait penser à ceux qui justifient la présence de tigres et lions dans les cirques parce qu'ils se reproduisent. Si on veut que les gens se soucient un peu de la protection de la nature, pas la peine de montrer ce genre d'installation parce que le message qui passe là, c'est en substance :"Regardez nos gorilles! Grillage, béton et plastique! Pas la peine de préserver la nature, ils se reproduisent super bien au milieu de la ferraille!"

Personnellement, je trouve cette installation consternante. A quand un zoo dans un building? Ben oui, les gorilles auront plusieurs niveaux dévolution, des photocopieuses et des pcs pour s'amuser, et même des feuilles de papier pour faire leur nid!

[raphaël]

sauf que sans cette installation, la moitié des gorilles visibles en Europe actuellement n'existeraient pas.

[okapi]

Le propos n'est pas de justifier la structure en regard de la réussite: le propos est de se poser des questions sur la finalité des zoos. Est-ce que les plus sublimes enclos sont utiles à la reproduction? Pourquoi ce directeur s'est-il le seul posé la question de l'efficacité à un moment donné de l'évolution des parcs? On parle des années 1960 tout de même, pas des 5 dernières années! Tous les parcs nous rabâchent leur volonté de ci, leur désir de ça, etc, mais leurs résultats sont parfois très mitigés... Mais les meilleurs, ceux qui possèdent des gorilles depuis des années, ont-ils un taux de réussite similaire? Bien sûr que c'est moche! Mais c'est une réponse à une problématique désormais vieille de 40 ans et à laquelle peu ont vraiment répondu: ça mérite réflexion, c'est tout.

[Arnaud]

Il me semble que La Vallée des Singes a élevé près d'une dizaine de gorillons depuis son ouverture, il y a 12 ans. Mais l'enclos n'a rien à voir. Ne peut-on vraiment pas allier reproduction et sensibilisation ?

[okapi]

C'est bien ce que j'ai souligné plus haut en évoquant les îles de la Vallée : 10 petits en 12 ans, ça pourrait faire, une trentaine en cinquante ans... Et si ce parc avait choisi de créer deux ou trois îles... Il y a 50 gorilles à Howletts aujourd'hui, mais combien sont nés dans ce parc depuis près d'un demi siècle? Et combien sont nés en quarante ans en France?

['Abdallah]

...et quel était leur nombre à la base ?

Si Aspinal s'est constitué un groupe plus important que dans la plupart des parc, et qu'ensuite il a fait suivre cette détention d'une réflexion concrète et adaptée en terme d'espace d'enrichissement, forcément les individus vont se reproduire, et forcément les résultats sont là. Dans ce cas précis la comparaison avec d'autres établissements n'est pas basée que sur l'installation en elle-même, mais aussi sur le nombre d'individu dès le départ.
Niveau reproduction, on ne peut pas comparer les résultats obtenus avec un groupe d'une vingtaine d'individu avec ceux obtenu à partir d'un groupe initial composé d'un mâle dos argenté et de quatre femelles (par exemple).

Si il était possible de connaître le nombre exact de gorilles que s'est procuré Aspinal et qui ne sont pas issus de la reproduction à Howletts, je pense que ça nous aiderait.


Et je tenais à préciser que ma remarque ne concernait pas tant "l'enclos" des gorilles que les volières des autres primates et des félins. Je suis désolé mais il est très difficile de se satisfaire de ça.

[okapi]

Les deux parcs de la fondation Aspinall détiennent 74 gorilles... Plusieurs dizaines ont été réintroduits dans un sanctuaire en Afrique, où ils se reproduisent à leur tour... Ceci justifie t'il cela?

['Abdallah]

Certainement, très certainement même..

Mais ça ne répond pas à ma question.

[Vinch]

74.... C'est un truc de fou !!!!!
Mais, vu la mentalité du fondateur, feu Mr Aspinall, j'ai vraiment de la peine à croire qu'ils aient été véritablement été réintroduits en Afrique...
Mais pourquoi pas..

Ce que je sais surtout, c'est que des familles entières ont été confiées à d'autres parcs zoologiques dont St Martin-La-Plaine... Et on peut imaginer que certains zoos en liste d'attente d'avoir des gorilles pourraient très bien en "hériter " prochainement....
À part ça, la réflexion d'Abdallah est très pertinente.. Comparons ce qui est réellement comparable...

[Vinch]

Sinon, connaître le nombre initial de gorilles?

John Aspinall était un richissime bonhomme qui avait fait une immense fortune dans les casinos et pouvait offrir absolument tout;, même un état (lol!)...

Et il devait, à l'époque où c'était encore possible, faire son "marché " en totale impunité en Afrique, comme l'ont fait tous les vieux directeurs de zoos et ex-directeurs de zoos parents d'actuels directeurs de zoos très connus en France (et ailleurs)...

Des gorillons, il en a certainement importé un grand nombre..; Nombre qu'on ne connaîtra pas avec certitude; car, probablement, certains mourraient rapidement, d'autres allaient vers d'autres zoos...
Sinon, d'autres ont fait souche et sont actuellement représentés par leurs 74 descendants aujourd'hui...

Je serais alors curieux de connaître les résultats d'une étude génétique de ce grand groupe de gorilles, dispersés en quelques familles (dix au plus, j'imagine...)..; Car Aspinall a tout de même commencé Howletts en 1956 (eh oui ! Et ouvert en 1974 au public pour rentabiliser !!!) et ça fait quelques générations de gorilles et de "gestion" de groupes...

En tout cas, pas moins de 129 bébés gorilles sont nés chez Aspinall depuis le tout premier, Kijo, qui a vu le jour en 1975 à Port Lympne.

Enfin, pour en revenir au nombre exact? Pas de registre, pas d'acte de décès, pas d'autopsie, etc...

[maxime]

Howletts Wild Animal Park :

Conscients qu'aussi efficaces pour la reproduction soient-elles, les larges cage sà singes ne convenaient plus toujours à la présentation de certaines espèces...



Il a été décidé de les coupler, grâce à un tunnel sotuerrain, à un vaste enclos herbeux à l'air libre à l'image des îles des zoos modernes, en les entourant de fils électriques pour gagner du terrain. C'est le cas pour les langurs de Java :





Et les macaques ouandérous (à queue de lion) :



Enclos des tapirs terrestres :



Enclos des potamochères :



Enclos des loups de Mackenzie :



Dernière vue sur les fameuses cages à primates qui ont accompagné le visiteur dans chacune des allées...



Et Mémorial en l'hommage à John Aspinall à la sortie :





Voilà terminé le compte-rendu du gros morceau qu'est l'Howletts Wild Animal Park, étrange parc typiquement anglais où la collection est véritablement exceptionnelle mais les cages également omniprésentes. Leur fonctionnalité peut vivement être critiquée, entre l'absence d'esthétique, le manque de place et de naturel d'un côté, mais également les succès de reproduction enregistrés de l'autre...
Pour ceux qui s'étaient abstenus de partager leur avis, en attendant la fin du post, c'est le moment, pour tous les autres, n'hésitez pas à continuer de commenter ce zoo assez spécial que l'on ne peut trouver que de l'autre côté de la Manche...

En attendant, si ces découvertes britanniques vous plaisent, rendez-vous très prochainement pour un nouveau compte-rendu

['Abdallah]

Merci beaucoup de nous avoir fait découvrir ce parc si spécial, et si renommé.
Je regrette que pour certains enclos on n'ai eu le droit qu'à un cliché vu de l'allée, ne permettant pas véritablement de se rendre compte de la superficie et de la conception.

Merci de m'avoir partiellement répondu Vinch. Je persiste à penser que le grand nombre de gorilles importés directement d'Afrique afin de constituer le (les) groupe(s) d'origine est déterminant dans les succès de reproductions marquant pour cette espèce à Howletts. Aspinall (avec deux L en effet, sorry) a toujours été un grand passionné de gorilles et il s'est concentré dès le départ sur cette espèce.

Pour ce qui est de la réintroduction au Congo (Brazza), j'ai chez moi un documentaire enregistré sur Planète traitant des gorilles en captivité à travers le monde (occidental) daté de 1993 où l'on peut voir Aspinall parler de ce projet à long terme, dire qu'il a cette idée en tête depuis longtemps (même si à la base nombre de ses petits protégés ont certainement été eux-même arrachés à leur forêt africaine).
Ce reportage présente également une structure, co-financée par la fondation d'Aspinall et le gouvernement de la République du Congo, destinée à prendre en charge les jeunes gorilles sauvés des massacres des braconniers ou bucherons à Brazzaville même. C'était il y a 17 ans, il est fort probable que le projet se soit bien développé depuis.

[okapi]

Des champs et des cages: c'est finalement une recette comme une autre... C'est de toute façon aux antipodes d'un quelconque désir de reconstitution de biotope (malgré une profession de foi contraire sur le site) et on se console avec les taux de reproduction. Les langurs ont toutes les raisons de profiter de leur pré et de leurs tables de pique nique si ils doivent un jour rejoindre une vraie jungle... Ce parc est de la génération de celui de Jersey avec des buts identiques mais beaucoup plus de moyens. Durrell a longuement expliqué comment il a obtenu, en les payant très cher, ses premiers gorilles. Ces bêtes n'étaient pas faciles à acquérir, souvent absentes des listes des marchands (Firmin Bouglione explique lui aussi dans ses souvenirs ses difficultés, et l'attente, pour acquérir son gorille Jacky à peu près à la même époque). John Aspinall avait de l'argent, il a donc sans doute eu plus de facilité pour en acheter, voire financer une ou plusieurs expéditions pour en obtenir deux ou trois sinon davantage. Le point amusant, c'est de comparer avec des parcs anciens, comme La Palmyre, avides eux aussi d'avoir des gorilles, et des parcs plus modernes, comme Beauval, qui n'a pas construit sa serre en pensant vraiment multiplier ses gorilles. La cage d'Aspinall n'a vraiment pas fait école, mais ses buts non plus...

[Frederic]

Quelqu’un serait il assez aimable pour m’exposer clairement les buts initiaux de M. Aspinal en créant ce parc. Reproduire des animaux, c’est formidable, mais son souhait était d’en faire quoi, au juste ? J’ai l’impression que vous avez tous compris, sauf moi.

A part çà, connaissant dès le départ les immenses groupes de certaines espèces détenues dans le parc, ainsi que la réussite concernant la reproduction, je me doutais bien que ce parc était avant tout un centre d’élevage. Dès les premières photos de Maxime, j’en ai eu la certitude.

Partant de là, je suis étonné que l’on s’étonne des structures.
Lorsque les chinois ont maîtrisé la reproduction des pandas géants, les nombreux reportages que j’ai vu sur leurs centres, et notamment Wolong, ne semblait être qu’une succession de petite cage, avec quelques petits enclos extérieurs surpeuplés.
Certains s’imaginent que le bien être des animaux passe forcément par des dizaines hectares de terrains consacrés à chaque espèce. Je n’ai jamais été convaincu par cette idée. C’est peut-être une composante, mais certainement pas la seule, et probablement pas l’essentiel.

Je suis passionné d’aquariophilie, et le succès de la reproduction de bon nombre de poissons tropicaux d’eau douce délicats passe par des cuves nues, de petites tailles, agrémentées d’accessoires 100% artificiels, genre cône de ponte, tube en PVC ou billes de verre.
Au-delà du volume, les conditions environnantes (température, qualité d’eau, éclairage, nourriture, soins) sont déterminantes. J’imagine que c’est la même chose pour la plupart des animaux.
Par contre, il ne viendrait à personne l’idée de présenter de tel bac au grand public.

Je me doute que l’ouverture au public apporte du beurre dans les épinards, mais j’ai bien peur que l’impact soit désastreux chez les visiteurs de Howletts. Quels messages ceux-ci vont-ils retenir ?

Je suis pour l’existence de ce genre de centre, ouvert uniquement au professionnel, à la condition que cela ne se fasse pas dans l’opacité la plus totale. Les buts doivent être clairement définis, et le choix des espèces approuvés par une autorité reconnue et indiscutable. Partant de là, je ne serais pas du tout choqué d’une éventuelle capture de spécimen dans la nature dont l’extinction de l’espèce à court terme semble inévitable.