La Rochelle : l’histoire de l'Aquarium en cinq dates clés

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La Rochelle : l’histoire de l'Aquarium en cinq dates clés

Messagepar Philippe » Vendredi 05 Février 2016 17:58

Les silhouettes de squale collées à l'arrière des voitures sont devenues familières. On en croise partout en France, très loin en Europe, même. Un signe de reconnaissance, presque un diplôme, qui distingue ceux qui ont visité l'Aquarium de La Rochelle. En décembre dernier, ils étaient douze millions. Le site le plus visité en Charente-Maritime, le deuxième dans la grande région Aquitaine, est aujourd'hui une institution, à la fois discrète, à l'image de la famille Coutant qui lui a donné le jour, et indissociable de l'image de la ville. Récit d'une success story aquatique.

1957 : une main verte dans le Grand Bleu

Ce n'est pas à La Rochelle mais à Saintes que débute l'aventure de l'Aquarium. Ingénieur horticole, gérant d'une graineterie, René Coutant cultive une autre passion, dévorante, qu'il transmet à ses enfants, Pascal et Roselyne. Peu à peu, il délaisse la flore terrestre pour la faune maritime. En 1957, le naturaliste autodidacte commence à construire ses premiers bassins et viviers « avec système de filtration en circuits fermés ». Il va jusqu'à installer une cinquantaine d'aquariums dans la maison familiale pour loger sa vaste collection, mais se retrouve vite à l'étroit. Il décide de plonger dans le grand bain.

1972 : l'installation à la Ville-en-Bois

La passion devient gagne-pain. René Coutant fonde en 1970 sa propre société, la SA Aquariums et Viviers Coutant. Point de départ de son projet : la création d'une fabrique d'aquariums.

Le deuxième volet voit le jour deux ans plus tard. En 1972, la famille Coutant est fière de présenter ses poissons exotiques et colorés au public dans un grand aquarium de 250 mètres carrés. Ce premier établissement, comme la fabrique, est situé à la Ville-en-Bois, face au Vieux Port, dans un quartier qui entame alors une profonde mutation.

L'effet de curiosité fonctionne. Dans une ville où le tourisme n'est pas encore ce qu'il est aujourd'hui, l'Aquarium reçoit jusqu'à 120.000 visiteurs par an. En 1975, Pascal et Roselyne succèdent à leur père, qui décède en 1984.

1985 : le rêve part en flammes

Les malheurs s'enchaînent. En 1985, dans la nuit du 31 juillet au 1er août, un grand incendie ravage la Ville-en-Bois, centre nerveux de la construction nautique, détruisant un hectare de chantiers, d'ateliers et de hangars.

L'Aquarium n'est pas épargné. Les flammes, et sans doute des « fusées » résultant de l'explosion des pots de produits chimiques projetés en l'air, inflige de gros dégâts, irréversibles. Tout est à reconstruire.

1988 : l'Aquarium renaît de ses cendres

L'histoire aurait pu s'arrêter là. Mais la famille Coutant est bien décidée à poursuivre l'œuvre de René. Elle voit même dans ce coup du sort l'opportunité de voir plus grand et plus beau. Au terme d'un chantier de dix-huit mois, un nouveau bâtiment est inauguré le week-end de Pâques en 1988.

L'Aquarium s'est rapproché de l'océan, il se trouve à présent aux Minimes, près du port de plaisance. Il est encore plus immense pour l'époque : « le plus grand aquarium de France », présenté comme tel au congrès international des aquariums à Monaco, s'étend sur 1.600 m² et possède 36 aquariums dont le volume totalise 550.000 litres, dont un bassin polygonal de 200 000 m² où le public peut frissonner au plus près des requins. Dix ans plus tard, le cap des 6 millions de visiteurs est franchi. L'Aquarium est le troisième site touristique le plus visité de la région Poitou-Charentes.

Il montera bientôt sur la deuxième marche, derrière le Futuroscope de Poitiers.

En parallèle, SA Aquariums et Viviers, dont l'usine a déménagé à Chef-de-Baie en 1986, s'impose plus que jamais au-delà des océans. Leader européen sur son marché, le groupe installe des aquariums à Madrid, Barcelone, Tunis, Monaco, jusque dans la résidence d'Hassan II… Un succès international qui permet de rêver encore plus grand.

2000 : retour près du Vieux Port


Un nouvel écrin pour le nouveau millénaire. Le 21 décembre 2000, l'Aquarium change de dimension et invite au voyage sous les mers non plus aux Minimes mais à deux pas du Vieux Port, près de l'ancien encan vidé de ses pêcheurs et de ses mareyeurs.

L'architecte Éric Cordier a conçu un vaisseau de 8.414 m², abritant plus de 12;000 animaux marins de 600 espèces différentes dans 3 millions de litres d'eau de mer, dont 1,5 million de litres pour le bassin aux requins panoramique, clou de la visite. Nouveauté : une serre tropicale, petit bout d'Amazonie reconstituée.

Le spectacle fait aussi une place à la science et à la pédagogie. L'établissement, qui recevait déjà des chercheurs du CNRS, du monde universitaire, accueille un Centre d'études et de soins pour les tortues marines, qui devient une référence, et un Centre d'études et de conservation des espèces marines. L'École de la mer, soutenue par le Conseil régional (1), révèle chaque année à 13;500 écoliers en moyenne les mystères du monde marin.

En 2013, Roselyne et Pascal Coutant ont décidé de se retirer, tout en assurant une transition en douceur. La direction de l'établissement est aujourd'hui assurée par Ambre Coutant-Bénier et Mathieu Coutant, la fille de Roselyne et le fils de Pascal. Guenaëlle Coutant, sœur de Mathieu, gère la boutique et le restaurant de l'Aquarium. Le groupe « pèse » plus de 8 millions d'euros de chiffre d'affaires et emploie quelque 120 personnes. Il a encore de beaux jours devant lui.

(1) L'École a perdu en 2009 le soutien de la Région, présidée par Ségolène Royal, mais poursuit ses activités au Musée maritime.
Source : Sud-Ouest.
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