Jeannette Mac Donald, la dompteuse de fauves connue pour son numéro à dix lions
Il y 20 ans, disparaissait, à Grenade, au nord-ouest de Toulouse, cette vedette du cirque des années 1950 et 1960, connue entre autres, pour son fameux numéro à dix lions.
Dans son édition du 15 janvier 1956, le magazine Radar publiait en pleine page, sous le titre « Sans rancune ! », le baiser de Jeannette Mac Donald sur le museau de Lola.
Une enfant de la balle
L’hebdomadaire à sensation présente les « réconciliations » de la jeune dompteuse, le poignet droit bandé, avec sa lionne. Les lecteurs et les amoureux des ménageries foraines sont pleinement rassurés. Car quelques semaines plus tôt, au Palais des sports de Marseille, à l’occasion du Festival du Cirque de la Cité phocéenne, la bête avait planté ses crocs dans la main de sa maîtresse.
La dresseuse, d’un professionnalisme à toute épreuve, avait réussi à se dégager et à finir son numéro, sous le regard d’un public fasciné et enthousiaste.
Un amour inconditionnel des fauves
De son vrai nom Jeanne Louise France Corfdir, la circassienne, née le 3 mai 1918 à Montrouge (Hauts-de-Seine), a voué, depuis sa plus tendre enfance, un amour inconditionnel aux fauves. L’écrivain Joël Fauré, qui a bien connu Jeannette et qui lui a consacré en 2010 un livre, « Comme un tableau fauve », nous en dit davantage :
" C’est vraiment une enfant de la balle, née dans la sciure, qui est entrée pour la première fois dans une cage à l’âge de six ans. Elle a grandi dans le sillage de son père Louis-Marie, un exceptionnel belluaire, champion des dompteurs de 1906 à 1922. Mais contrairement à lui, qui houspillait ses bêtes de manière à ce qu’elles fassent un certain effet, elle a constamment travaillé en douceur. Elle a été une des précurseurs de cette méthode. "
Connue pour son numéro à dix lions
Sous l’égide de son compagnon Shérif Amar, l’un des fils du fondateur du célèbre cirque éponyme, elle peaufine ses dons et prend définitivement son nom de scène.
Dans l’inconscient collectif, l’élégante et ravissante blonde, qui ne se départit jamais de son chemisier de soie, ses bottes vernies et ses gants blancs, devient, sur les affiches du dessinateur toulousain Ruddy, cette « maîtresse femme, représentée en pin-up qui tient un lion en respect » comme le rappelle Joël Fauré.
Reconnue dans sa sphère pour son numéro à dix lions dans lesquels elle introduit sa tête, elle brille dans de multiples tournées, dont celle du Cirque d’hiver Bouglione, notamment aux côtés du grand clown Achille Zavatta. De 1962 à 1967, elle dirige le Grand Cirque National Algérien et parcourt le pays avec sa troupe.
De la gloire à la déchéance
Mais un incendie causé par des pétards met fin à l’entreprise. Deux ans plus tard, elle rentre sur Bordeaux (Gironde) où elle survit en faisant la tournée des bars avec son singe.
En 1973, le directeur d’un petit zoo de Buzet-sur-Tarn (Haute-Garonne), à 28 kilomètres au nord-est de Toulouse, la contacte afin qu’elle s’occupe de son parc animalier. Dans sa ménagerie implantée en bordure de forêt, elle vit dans la misère, sans eau ni électricité, durant plus de 20 ans. Epuisée, elle finit par abandonner sa vie de saltimbanque pour une place à la maison de retraite de Grenade-sur Garonne, où elle décède le 1er mai 1999, avec un lion en peluche sur le cœur.
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