Le quotidien régional La Voix du Nord poursuit sa série sur le zoo de Maubeuge qui fête cette année ses soixante ans. Cette semaine, retour en avril 1964 où, durant quelques heures, Snob et Prince, les deux lions du parc, déjà connus pour avoir dévoré les bras d’imprudents, ont semé la panique dans la ville…
« Je faisais du sport avec ma classe, sur le terrain où se trouvent actuellement les zèbres, en bas des remparts. J’ai levé la tête, et là j’ai vu deux lions. On est tous rentrés en courant au lycée, on s’est enfermé. » Drôle d’anecdote que celle racontée par ce Maubeugeois, ancien élève du lycée Coutelle. Et pourtant, ce mercredi matin d’avril 1964, la tension monte dans les remparts. Snob et Prince, les deux fauves du parc zoologique maubeugeois, récemment transférés dans leur nouvelle cage, sont en « cavale » depuis quelques heures, suite à la rupture d’un hauban.
La chasse aux lions débute à Maubeuge. Jean Henry, journaliste, en fait le récit dans les colonnes de La Voix du Nord :
« Les deux lions, épris de liberté, se promenaient dans le zoo, effarouchant les autres animaux, effrayés de voir les rois du désert déambuler à travers les enclos. Le danger était de les voir franchir les clôtures et aller faire un tour en ville, où en cas de jour de marché, ils eussent semé la panique.
Les gardiens, alertés, vinrent cerner les fauves afin de leur faire réintégrer la cage, tandis que des policiers et des gendarmes arrivaient à la rescousse, armés de mousquetons et de mitraillettes, pour parer à tout danger causé par les lions et faisaient circuler les curieux qui arrivaient en nombre.
L’opération ne fut pas facile. Grâce à Roger Cerisier, le gardien-chef du parc zoologique qui, familier des animaux, put approcher Snob et lui lancer un lasso, l’animal à demi étranglé fut traîné, par la corde et la queue, jusqu’à l’entrée de la cage et mis à l’abri de toute nouvelle velléité d’évasion. Ce fut moins aisé pour Prince, le redoutable félin, qui par deux fois l’été dernier avait dévoré une main et un bras d’imprudents qui s’étaient approchés trop près de sa cage.
Installé sur le redan du rempart qui domine l’ancienne poudrière, il défiait toute approche et dédaignait les appâts de quartiers de viande présentés à distance. Les sapeurs-pompiers intervinrent et sous la douche de deux lances, délogèrent l’évadé. Le gardien Cerisier testa la persuasion et Prince, condescendant, consentit à regagner les abords de sa cage. Il y entra, mais avant qu’on ait pu refermer la porte, s’échappa de nouveau…
Le personnel du zoo et de la voirie, armé de fourches et de balais opposa un cordon serré à une nouvelle tentative de fugue.
Finalement aux appels de Roger Cerisier, qui l’approchait seul et sans arme défensive, Prince consentit à se diriger vers son enclos et, jugeant toute résistance inutile, réintégra l’abri.
La porte fut aussitôt fermée solidement et Prince passa, par le jeu de grilles, dans la cage où Snob l’attendait, tandis que la solidité de la clôture était aussitôt renforcée. La chasse aux lions s’était bien terminée, mais dans l’histoire du zoo maubeugeois, elle fera date. »
Si le premier lion a vite regagné son enclos, il n’en a pas été de même pour Prince, le second félin qui, en haut des remparts a goûté à l’eau lancée par les pompiers avant de retrouver ses quartiers.
