Mulhouse (68) : l’envol des ibis chauves

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Mulhouse (68) : l’envol des ibis chauves

Messagepar Philippe » Dimanche 29 Octobre 2017 21:32

(Zoo de Mulhouse) Réintroduction : l’envol des ibis chauves

Le mois dernier [septembre 2017], sept jeunes ibis chauves nés au parc zoologique et botanique de Mulhouse (ont été emmenés par deux soigneurs dans le sud de l’Espagne, jusqu’au site de réintroduction du Proyecto eremita. D’ici quelques mois, ils retrouveront la liberté. Explications sur le pourquoi et le comment des réintroductions dans la nature d’animaux nés au zoo.

C’est la région à la pointe de l’Andalousie, face au Maroc. C’est là que sept jeunes ibis chauves (Geronticus eremita), nés en 2016 et 2017 au parc zoologique et botanique de Mulhouse, ont été transportés le 12 septembre dernier. Au printemps prochain, après quelques mois passés dans une grande volière, ces grands oiseaux au bec courbé, au look punk et au plumage sombre devraient être relâchés dans le cadre du programme de réintroduction de l’espèce en Andalousie, le Proyecto eremita, mené par le Zoobotanico de Jerez.

Sept oiseaux nés en captivité retrouveront donc la liberté et leur milieu naturel. Ils ne sont pas les seuls : cette année, quatre zoos au total ont envoyé des ibis dans le sud de l’Espagne. « En 2014, nous avions déjà envoyé cinq jeunes ibis chauves en Andalousie, pour qu’ils soient réintroduits, indique Brice Lefaux, le directeur du parc zoologique et botanique de Mulhouse. Avant, on alimentait la population en parcs zoologiques et maintenant qu’elle est stable et viable, on peut envoyer des individus pour la réintroduction. »

Une dizaine de couples déjà installés

Disparu d’Europe il y a trois cents ans, l’ibis chauve est classé en danger critique d’extinction par l’UICN (Union internationale pour la protection de la nature). « Les populations résiduelles les plus importantes se trouvent au Maroc et entre la Turquie et la Syrie, mais là-bas les événements récents ont décimé la population, poursuit Brice Lefaux. C’est un animal qui était migrateur, mais qui maintenant ne bouge plus beaucoup. Le zoo d’Innsbruck, en Autriche, avait lancé un projet pour lui réapprendre à migrer. Ils ont constitué une population en Autriche mais elle y est restée. » L’idée du Proyecto eremita, lancé en 2003, était « d’implanter une colonie qui ferait le lien entre le continent européen et la population marocaine, pour permettre des échanges génétiques ».

« Pour cette réimplantation, plusieurs options ont été étudiées, poursuit Brice Lefaux. Celle de grandes volières, où les oiseaux « restent un peu entre eux et s’habituent à la nourriture », a été choisie. « Cela permet de stabiliser la population et de faire un grand relâcher au cours du printemps. » Lorsqu’on ouvre la volière, les oiseaux se mêlent aux individus sauvages. « Il y a des pertes mais une dizaine de couples sont déjà installés maintenant. Les ibis survivent assez facilement, mais les voitures et les pesticides leur sont néfastes, il y a un gros travail à faire sur les populations locales… »

Premières réintroductions : celles des vautours

Les ibis chauves font partie des rares espèces présentes au zoo de Mulhouse dont des individus ont permis d’étoffer des populations sauvages. Ils ne sont cependant pas les seuls. Le parc mulhousien participe également à la réintroduction des tortues cistudes. Et les premières réintroductions d’animaux nés au zoo de Mulhouse ont été celles de deux espèces de vautours, les fauves et les moines : en 1990 pour un premier vautour moine, en 1996 pour le premier fauve, d’abord dans les Baronnies (Drôme), puis dans les Balkans. Le zoo a relâché au total cinq de ses oiseaux (deux moines et trois fauves).
« La population sauvage de vautours fauves qui a le mieux résisté jusqu’à présent est en Espagne et l’idée, avec ces réimplantations, est de créer un arc qui aille d’Espace aux Balkans, explique Brice Lefaux. Entre quatre et cinq individus sont réintroduits par an. Notre dernier envoi d’un vautour fauve remonte à 2014. Tout individu de cette espèce naissant à Mulhouse a pour vocation d’être réintroduit… » Les vautours moines sont généralement envoyés dans un deuxième temps car la présence de leurs cousins fauves les attire.

Les vautours ont longtemps été persécutés par les éleveurs qui les accusaient de tuer les moutons et les vaches. Or, ces grands oiseaux sont des charognards, indispensables dans la chaîne alimentaire mais inoffensifs pour tout être vivant. Le zoo en apporte la preuve en faisant cohabiter dans un enclos des vautours moines et des moutons d’Ouessant – lesquels ne se sont jamais plaints de leurs colocataires au bec crochu. Un argument de plus pour la réintroduction…

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Source : L'Alsace.
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Re: Mulhouse (68) : l’envol des ibis chauves

Messagepar abel » Mercredi 08 Novembre 2017 18:06

LA RÉSERVE AFRICAINE DE SIGEAN SE MOBILISE POUR L’IBIS CHAUVE !

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La Réserve Africaine de Sigean se mobilise pour l’Ibis chauve !

Avec sa calvitie précoce et son plumage sombre l’Ibis chauve (Geronticus eremita) n’est sans doute pas le plus bel oiseau de la terre. Mais avec une population sauvage de 116 couples (en 2015) c’est certainement l’un des plus rares ! C’est la raison pour laquelle l’Espagne et les parcs animaliers européens se mobilisent pour sauver cette espèce de l’extinction. La Réserve Africaine de Sigean a récemment contribué à ce projet en fournissant 15 Ibis chauves qu’elle a élevé ces trois dernières années. Une petite équipe de la Réserve Africaine, composée de Frédéric Barreda, responsable du secteur oiseaux et d’Antoine Joris, vétérinaire, les a emmenés en Andalousie le 14 octobre dernier.

L’Ibis chauve vivait autrefois sur tout le pourtour méditerranéen. Cet échassier insectivore des steppes arides nichait en petites colonies installées dans les falaises littorales ou dans les vallées encaissées. Ces colonies ont disparu les unes après les autres et il n’en reste aujourd’hui plus que 4, toutes installées sur la côte atlantique marocaine. Une cinquième colonie semi-captive d’une centaine d’oiseaux existe en Turquie. Enfin une sixième colonie a été découverte en 2002 en Syrie sur le site de Palmyre mais elle est à présent éteinte, notamment à cause des dramatiques évènements qui s’y sont déroulés dernièrement. Les raisons du déclin de l’Ibis chauve sont multiples, avec en tête la conversion de pâturages extensifs en cultures céréalières ou maraîchères, l’utilisation intensive de pesticides par l’agriculture conventionnelle, l’urbanisation des sites de nidification et enfin le braconnage sur les zones d’hivernage ou le trajet migratoire.

En captivité par contre cette espèce se porte bien puisqu’on estime qu’il y en a plus de 1200 dans les volières des différents parcs animaliers européens. Il était donc naturel que des actions de réintroduction voient le jour et c’est dans ce contexte qu’est né le « Proyecto Eremita » !

Proyecto Eremita

Le zoo de Jerez de la Frontera, avec l’appui du gouvernement espagnol et d’un comité européen d’experts, a développé un programme de réintroduction de l’Ibis chauve dans le comté de la Janda, dans l’extrême sud de l’Espagne. Il y avait disparu depuis plus de 400 ans ! Les sites retenus pour le projet répondent aux besoins physiologiques de cet oiseau et sont semblables aux biotopes retrouvés sur le littoral atlantique marocain, où vivent les derniers Ibis chauves sauvages. Bien que ces sites soient relativement préservés des menaces et des risques habituels que rencontrent l’espèce, en particulier le braconnage, les oiseaux relâchés restent malgré tout sous la surveillance constante d’une équipe espagnole. De très nombreuses actions de sensibilisation auprès des populations locales ont été menées avant de procéder aux lâchers d’oiseaux nés en captivité et le projet a été adopté avec enthousiasme par les andalous. Aujourd’hui l’Andalousie héberge une centaine d’Ibis chauves, la plupart issus de réintroduction mais déjà certains sont nés en milieu naturel ! Les lâchers d’ibis nés en captivité ont lieu en janvier, après quelques mois passés en volière d’acclimatation. Ils prendront fin en Andalousie dès que les effectifs de l’espèce y seront stables ou en augmentation. D’autres projets de réintroduction sont en cours ou à l’étude, notamment en Autriche, en Italie et en Algérie.



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Nom de code « CB », un des Ibis chauves nés a la Réserve Africaine de Sigean et photographié à Jerez de la Frontera en Andalousie.


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Miguel Quevedo (à gauche), vétérinaire du zoo de Jerez de la Frontera, examine les ibis un par un. Ils sont bagués, sexés et soumis à un batterie de tests sanitaires avant d’être lâchés.


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Frédéric Barreda, responsable des oiseaux à la Réserve Africaine de Sigean relâche un de « ses » Ibis chauves dans la volière d’acclimatation, sous l’œil attentif de Salvador, El guardián de los ibis.


Source: site internet de la Réserve Africaine de Sigean.
abel
 
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