Sigean : les oeufs d'alligator confiés à des chercheurs

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Sigean : les oeufs d'alligator confiés à des chercheurs

Messagepar Philippe » Jeudi 03 Décembre 2015 8:36

Les parcs animaliers n’ont pas pour seule vocation de présenter des espèces exotiques à leurs visiteurs. Outre le rôle évident dans la conservation que jouent certaines populations captives d’espèces menacées, les animaux sauvages maintenus en captivité servent également à la science.

L’alligator du Mississippi est présent à la Réserve africaine de Sigean depuis 1974 et s’y reproduit depuis 2012. Notre couple reproducteur dépose chaque année en début d’été une ponte d’une trentaine d’œufs dans un gros nid que la femelle construit avec des végétaux trouvés autour du plan d’eau. Cette année la Réserve Africaine de Sigean a choisi de ne pas garder ses œufs d’alligator mais de les mettre à la disposition de la recherche scientifique.

Chez les vertébrés les plumes, les poils et les écailles se développent selon des processus génétiquement contrôlés. Il existe toutefois une exception à cette règle que l’on croyait universelle. L’équipe du généticien Michel Milinkovitch, de l’Université de Genève, a démontré que les écailles de la face et de la mâchoire du crocodile du Nil émergent d’un processus physique aléatoire de craquage de la peau lors du développement embryonnaire, un peu à la manière d’une flaque de boue qui s’assèche.

Pour mettre en évidence ce phénomène, les scientifiques suisses disposent d’un robot industriel équipé de caméras haute résolution qui leur permet de modéliser l’animal en trois dimensions. Des prises de vue sont réalisées à intervalles réguliers (une fois par mois) au cours de la croissance des jeunes crocodiles, depuis le jour de leur naissance jusqu’à l’âge de 2 ou 3 ans.

Le motif des écailles faciales de crocodile présente des similitudes troublantes avec les rides du visage humain et les fissures de peau associées à certaines pathologies (psoriasis, hyperkératoses). Leur étude pourra faire progresser la recherche médicale qui y est associée.

Après avoir abondamment étudié le crocodile du Nil, l’équipe de Genève se tourne maintenant vers l’alligator du Mississippi, modèle très différent de l’espèce précédente. Les œufs du couple reproducteur de la Réserve Africaine de Sigean, pondus en juillet dernier, ont donc été retirés du nid et emmenés par les scientifiques suisses pour être incubés à Genève.
Six jeunes alligators en sont sortis au mois de septembre et ont déjà commencé les séances de prises de vue. Dans deux ou trois ans ces animaux reviendront à la Réserve Africaine de Sigean pour terminer leur croissance et y vivre leur vie d’adulte.

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Source : Réserve africaine de Sigean.
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