La "recréation" iconoclaste du faucon pélerin de l'Est USA

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La "recréation" iconoclaste du faucon pélerin de l'Est USA

Messagepar Wilfried » Vendredi 07 Août 2015 10:29

A l'institut Durrell, on explore toutes les pistes, avec parfois des résultats qui vont à l'encontre des dogmes dominants.

Ainsi, le professeur Carl Jones, expert scientifique en chef au sein du Durrell Conservation Trust, évoque l'exemple de la population de l'est des États-Unis du Faucon pèlerin. L'utilisation de l'insecticide DDT avait entièrement anéanti l'ensemble de la population de l'est du pays dans les années 1960. Vingt ans plus tard, entre 1982 et 1987, les conservationnistes ont introduit six différentes sous-espèces de faucons pèlerins dans cet ancien habitat. L'idée était d'introduire des oiseaux les plus dissemblables possibles. Rapidement, l'environnement a sélectionné, en quelques générations, cette population de "rewilding" et les hybrides, au départ hétérogènes, sont devenus progressivement très semblables, phénotypiquement et en terme de comportement, à ceux qui avaient disparu. Les causes et les effets...

Ce que je trouve particulièrement interessant c'est que la niche écologique laissée vacante a été réoccupée par la même espèce, mais que plutôt de choisir arbitrairement l'une des sous espèces vivant dans des biotopes similaires, le choix a été de balayer cet arbitraire en permettant à la sélection naturelle de procéder. Ainsi, cette population, issue d'un faible nombre d'individus (comme c'est souvent le cas dans ce type de tentatives), a un pool génétique diversifié, et très dynamique.

A méditer par analogie avec ce qui ce fait dans l'autre sens, avec les bisons d'Europe, par exemple, ou les individus très "purs" que l'on conserve, accumulent les tares génétiques hypothéquant sérieusement leurs capacités à reprendre le chemin de l'évolution.
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Re: La "recréation" iconoclaste du faucon pélerin de l'Est U

Messagepar Vinch » Vendredi 07 Août 2015 15:11

Wilfried a écrit:
A méditer par analogie avec ce qui ce fait dans l'autre sens, avec les bisons d'Europe, par exemple, ou les individus très "purs" que l'on conserve, accumulent les tares génétiques hypothéquant sérieusement leurs capacités à reprendre le chemin de l'évolution.

Les tares, à condition qu'elles existent ou apparaissent par mutation dans le patrimoine génétique. Sinon, sans tare, on aura juste qu'on appelle un bottleneck génétique, avec beaucoup d'homozygoties et un système immunitaire très peu diversifié si bien qu'une épidémie virale aura de fortes chances d'emporter toute la population.
Par ailleurs, concernant le Faucon Pélerin, on a pu bénéficier du fait que les sous-espèces sont encore très nombreuses actuellement, ce qui n'est pas le cas du Bison d'Europe ou du Cheval de Prjewalski. Mais, une ou plusieurs populations renaissant à partir d'un bottleneck arrive quand même, après quelques générations, à se rediversifier au niveau de son patrimoine génétique. C'est un processus très lent, mais qui existe quand même.
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Re: La "recréation" iconoclaste du faucon pélerin de l'Est U

Messagepar Wilfried » Samedi 08 Août 2015 9:28

Vinch a écrit: Mais, une ou plusieurs populations renaissant à partir d'un bottleneck arrive quand même, après quelques générations, à se rediversifier au niveau de son patrimoine génétique. C'est un processus très lent, mais qui existe quand même.


Certes, mais je faisais plutôt référence à la grande course au caryotype qui est de mise depuis quelques années déjà sur l'ensemble des cheptels captifs notamment. Le bisons d'Europe avait initialement au moins trois sous-espèces décrites (bonasus, caucasius et hungarorum). Seule la première sous-espèce existe toujours. La seconde a disparu, mais conserve des descendants dans une lignée hybride de Bison bonasus bonasus et de Bison bonasus caucasicus. Et alors que seuls 12 géniteurs sur les 54 survivants à la fin des années 1920 se sont finalement reproduits et que la population actuelle de la sous-espèce des plaines (B. b. bonasus) est issue de 7 animaux seulement (4 mâles et 3 femelles), on trouve encore des ayatollahs pour militer à "épurer" ceux qui restent !! Je trouve cela complétement dingue.

Voilà le sens de mon analogie, le bottlenek n'est pas une fatalité, si l'on "tolère" les hybrides (dans une proportion qui reste à déterminer) et que l'on fait confiance à la sélection naturelle, dans un environnement donné, pour sélectionner les gènes les plus adaptés...encore faut-il qu'ils soient encore présents, ce qui n'est pas évident avec une population de "clones"...

C'est en tout cas l'avis du professeur Carl Jones, que je partage, y compris sur ce forum :)
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