Comment les zoos rivalisent d’imagination pour vous séduire

Comment les zoos rivalisent d’imagination pour vous séduire

Messagepar Philippe » Samedi 06 Avril 2019 17:55

Les zoos sont à la mode. Rien qu’en France, 20 millions de personnes s’y rendent chaque année. Forcément, ces parcs animaliers doivent rivaliser d’imagination pour attirer le public. Tour de France et du monde des tendances et des initiatives insolites.

Et voici donc le Nuage. Au ZooParc de Beauval, le zoo plus fréquenté de France, les visiteurs peuvent désormais emprunter un téléphérique comme au ski, mais à fond en verre. Un point de vue idéal pour observer les animaux depuis trente-cinq mètres de haut et accessoirement de se déplacer plus vite dans le parc de Saint-Aignan (Loir-et-Cher). Montant de l’investissement pour cette première hexagonale : 8 millions d’euros.

Un investissement comme un symbole. Le monde des zoos est désormais soumis à une très forte concurrence. On compte 300 zoos en France, pour 20 millions de visiteurs chaque année. Il faut donc à tout prix se démarquer du voisin… À ce jeu-là, l’une des attractions les plus insolites revient certainement au ZooSafari de Thoiry (Yvelines) : depuis 2017, les visiteurs peuvent s’élancer sur une tyrolienne juste au-dessus de l’enclos aux lions.

Au plus près des animaux

Mais la plupart des nouvelles activités pour attirer le public restent tout de même plus terre à terre. L’une des attractions les plus en vogue dans les zoos français est celle de soigneur d’un jour, comme au zoo de la Bourbansais (Ille-et-Vilaine) où l’animation permet de côtoyer au plus près les animaux pendant une demi-journée. Les visites nocturnes sont aussi de plus en plus plébiscitées : à Amnéville (Moselle), on vous propose d’observer les rapaces, félins, ours bruns et loups arctiques la nuit tombée… Frissons garantis.

Les plus mordus – et qui sont prêts à faire chauffer la carte bleue, car il faut souvent compter plusieurs centaines d’euros – peuvent aussi désormais dormir dans les zoos. À La Flèche (Sarthe), c’est directement en face des ours polaires ; au Parc animalier de Sainte-Croix (Moselle) en tête à tête avec les loups ; à Planète Sauvage (Loire-Atlantique) face aux girafes ou élands communs…

Animaux préhistoriques…

L’animal reste la star et plus il est rare, mieux c’est. Beauval peut confirmer : son bébé panda, issu de deux pandas arrivés en France en 2012, lui a permis d’augmenter sa fréquentation de 30 % au premier trimestre 2018.

Au rayon animaux rares voire uniques que vous pouvez croiser aux portes de chez vous : le Bioparc de Doué-la-Fontaine (Maine-et-Loire) vante son léopard de Java ; le zoo de la Palmyre, ses lémures aux yeux turquoise. Certains parcs misent même sur… les animaux préhistoriques : au Parc de Thot, dans le Périgord, on trouve des aurochs (ces anciens bœufs sauvages, disparus au Moyen-Âge, ont été reconstitués par la génétique au vingtième siècle), des chevaux de Przewalski, des loups. En revanche, pas de mammouths…

… ou courses au milieu des lions


Au XXIe siècle, la tendance est aussi à élargir son public. Alors, le zoo fait entrer d’autres activités dans son enceinte. On y organise désormais des courses à pied. Dix kilomètres, semi-marathons au milieu des lions, tigres et autruches, c’est tentant et ça se passe comme ça à Thoiry ou bientôt au PAL dans l’Allier (c’est le 14 avril !).

Plus reposant, la musique au zoo. L’Orchestre National de Lorraine a joué… le carnaval des Animaux à Amnéville l’an dernier. En juillet, un concert de musique classique est prévu au parc zoo du Reynou, à Le Vigen (Haute-Vienne).

Dans le monde, les zoos ne manquent pas d’idées

Les zoos français ne manquent pas d’idées pour se démarquer… l’international n’est pas en reste. Les moins frileux peuvent opter par exemple pour le Polar Zoo, en Norvège, le parc animalier le plus au nord du monde. Forcément, à cette latitude, pas d’animaux de la savane.

Plus au sud, en Israël, on joue la spécialisation : le Zoo biblique n’a longtemps présenté que des animaux mentionnés dans la Bible. Il est désormais ouvert à d’autres espèces menacées. Aux États-Unis, dans le New Jersey, le Popcorn Park Zoo, lui, n’accueille que des animaux blessés ou maltraités. Un zoo sur une thématique semblable ouvrira d’ailleurs en Eure-et-Loir l’an prochain : La Tanière sera consacrée aux espèces sauvées du braconnage, aux animaux retirés à des particuliers hors-la-loi ou à de laboratoires d’expérimentation…

Adopte un tigre

Aux États-Unis, toujours, le Zoological Wildlife Foundation de Miami vous propose de caresser les bébés tigres, mais aussi de les adopter. Rassurez-vous, vous ne le ramenez pas chez vous mais votre portefeuille garni (2.500 dollars le versement initial, puis 500 dollars par mois !) permet de financer le parc. Même démarche au zoo de Granby au Québec.

Toujours en Floride, dans les parcs Disney d’Orlando, on trouve le Disney’s Animal Kingdom. Soit un parc d’attractions qui se fond dans un zoo. Après un safari au milieu de vrais lions, éléphants et autres grosses bébêtes de la savane africaine, vous plongez dans l’univers – fictif et en réalité augmentée – des étranges créatures d’Avatar. Un mélange des genres étonnant, mais c’est l’Amérique ! Amérique où le zoo de Philadelphie propose, au milieu d’animaux en chair et en os, des bébêtes en Lego, celui de Saint-Louis (Missouri) vous permet de vous marier au milieu des singes et celui de Nashville (Tennessee) vous convie à assister – derrière une vitre – à des actes chirurgicaux ou des soins médicaux sur les animaux dans une salle nouvellement inaugurée pour l’occasion.

Drôle d’attraction

À Singapour, un zoo propose un safari de nuit avec un système d’éclairage reproduisant le clair de lune. Le lendemain, dans un zoo voisin, vous pouvez prendre le petit-déjeuner sous les yeux d’une famille d’orangs-outangs, « l’occasion d’une inoubliable photo de famille » promet le site internet qui n’oublie pas de vanter la nuit face au bassin des lamantins. Prix de la chambre pour la dernière Saint-Valentin : 468 dollars par couple !

On terminera par une attraction qui n’est malheureusement pas une blague. En Grande-Bretagne, le zoo Dartmoor, dans le Devon, vous propose de jouer au tir à la corde avec un lion. Le lion a une extrémité dans la bouche, vous l’autre dans les mains. Et c’est à celui qui tire le plus fort. Face à la polémique, les dirigeants du parc animalier se défendent en expliquant que ça améliore le bien-être animal. Vraiment ?

Source : Ouest-France.
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Re: Comment les zoos rivalisent d’imagination pour vous sédu

Messagepar Vinch » Dimanche 07 Avril 2019 8:51

Le titre de ce post sonne comme le thème d’un débat.
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Re: Comment les zoos rivalisent d’imagination pour vous sédu

Messagepar Philippe » Dimanche 07 Avril 2019 9:30

C'est un peu l'objectif de ce partage, :wink: ...
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Re: Comment les zoos rivalisent d’imagination pour vous sédu

Messagepar didier » Dimanche 07 Avril 2019 15:04

On terminera par une attraction qui n’est malheureusement pas une blague. En Grande-Bretagne, le zoo Dartmoor, dans le Devon, vous propose de jouer au tir à la corde avec un lion. Le lion a une extrémité dans la bouche, vous l’autre dans les mains. Et c’est à celui qui tire le plus fort


Il n'y a pas une animation similaire au zoo d'Asson avec un tigre blanc ?
En France , la liberté d'expression est un principe intangible, c'est sur cette base que toute personne peut librement émettre une opinion, positive ou négative, sur un sujet mais aussi sur une personne physique ou morale, une institution .
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Re: Comment les zoos rivalisent d’imagination pour vous sédu

Messagepar raphaël » Dimanche 07 Avril 2019 22:06

L'article est en effet sujet à critique.

Pour ma part, j'ai beaucoup de mal avec ce ton, "concurrence, qui sera le plus fort, le plus incroyable, le plus inédit ?" qui me semble très éloigné de la réalité des parcs zoologiques actuels.
Certes, les zoos doivent attirer des visiteurs, se diversifier pour séduire, rivaliser les uns avec les autres commercialement parlant. Il y a une compétition médiatique et touristique, notamment pour les établissements voisins, c'est une évidence.
Mais cela masque complétement aussi toute la coordination des zoos à échelle internationale. Pour qui s'intéresse au monde des zoos sur les réseaux sociaux, on a pu voir ces dernières semaines les réunions de l'AFDPZ, des comités de l'EAZA, des TAGs des EEP, tous ces gens se connaissent, s'apprécient, s'échangent des animaux, des conseils, des informations.
Si chaque zoo cherche à attirer son public, je ne suis pas sûr du tout que la panthère de Java de Doué ou les lémurs aux yeux turquoise de La Palmyre soient là pour avoir "la pièce rare" comme un tableau dans un musée. Il y a aussi un effort collectif pour la conservation et la sauvegarde de ces espèces. Malgré le besoin de rentabilité et les biais que cela engendre, on n'est plus non plus comme dans Lucky Luke quand les bars rivaux du Far-Werst surenchérissent d'attractions pour attirer les cowboys dans leurs bars.

Je note aussi que l'auteur de l'article ne voit visiblement aucun problème à ce qu'on puisse caresser des bébés tigres mais est choqué par cette installation de corde à tirer pour le lion, activité totalement facultative pour l'animal que je trouve complétement anodine et sans matière à critique. Il y a cela à Asson en effet pour le tigre et je ne vois pas le souci. D'ailleurs, je n'ai jamais vu le tigre l'utiliser.
Les animaux des zoos sont les ambassadeurs de leurs cousins sauvages. (Pierre Gay)
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Re: Comment les zoos rivalisent d’imagination pour vous sédu

Messagepar Thibaut » Lundi 08 Avril 2019 2:17

Malgré le besoin de rentabilité et les biais que cela engendre, on n'est plus non plus comme dans Lucky Luke quand les bars rivaux du Far-Werst surenchérissent d'attractions pour attirer les cowboys dans leurs bars.


Pas tellement d'accord. Chaque zoo veut avoir son petit event, son lemur trek, son aqua-vision, la serre plus grande que celle du voisin. On voit bien que c'est la course à l'innovation et que dès que l'idée est bonne tous les autres la copient. De plus tu parles des zoos qui font parti de l'EAZA mais combien présentent des collections inutiles à la conservation ? Je trouve que la collaboration des zoos est encore loin d'être suffisantes. Comment cela se fait-il que seulement 3 zoos français accueillent des visons ?


Pour ce qui est de l'article c'est tellement aberrant de lire certains trucs. Comment peut-on promouvoir un bon message éducatif en proposant de caresser des bébés tigres. Les zoos devraient plutôt rivaliser d'imagination pour mieux accueillir ses pensionnaires. Gommer les points noires, changer ses plans de collection, travailler sur les conditions d'espèces difficile à garder (chimpanzés, ours polaires, éléphants et j'en passe).
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Re: Comment les zoos rivalisent d’imagination pour vous sédu

Messagepar okapi » Lundi 08 Avril 2019 10:05

La première phrase de l'article est révélatrice: "les zoos sont à la mode". Et il n'y a rien de plus volatil que la mode ou plus exactement ses effets et ses emballements. Ce petit monde est en train de vivre une étonnante mutation, peut-être comparable à celle des années 1970 lorsque les parcs comme Thoiry, La Palmyre et dans une certaine mesure Paris, connaissaient une embellie exceptionnelle. Et puis d'autres sont arrivés, plusieurs se sont transformés, quelques-uns ont été inspirés ou créatifs et le zoo est devenu un possible jackpot. Aujourd'hui, c'est un phénomène inédit qui est analysé, mais c'est surtout une prise de conscience: les zoos deviennent des parcs d'attractions. Leur fond de commerce initial ne suffit plus à les faire vivre et ils inventent sans cesse de nouvelles raisons de venir les visiter, y compris régulièrement. C'est un nouvel enjeu, vital a priori: inciter le public à se fidéliser, à privilégier un parc plutôt qu'un autre, en offrant notamment des évènements ponctuels à intervalles réguliers. Mais aussi en suggérant à ses visiteurs de rester sur place pour dormir et vivre une expérience unique... qui peut se répéter régulièrement!
Raphaël, il est indéniable que les réseaux européens fonctionnent pour alimenter les zoos en nouveaux animaux, mais on peut aussi remarquer que les coopérations franco-françaises sont plutôt moins bien relayées que l'arrivée d'un animal en provenance d'un pays lointain... La concurrence est une réalité en France, peut-être même plus vive que dans d'autres pays, et tous les parcs ne sont pas égaux pour livrer ces batailles discrètes, mais bien réelles. Les efforts collectifs sont aussi une manière de s'offrir une image positive quand de plus en plus de voix s'élèvent contre les zoos et nous savons tous que de nombreux parcs ne sont pas ou peu impliqués dans des protocoles conservatoires.
Les zoos français cherchent sans cesse de nouvelles bouffées d'oxygène et toutes les idées, y compris celles des autres, sont bonnes à prendre. Aligner des cages et des enclos ne suffit plus pour remplir les allées et de plus en plus les animaux deviennent un prétexte pour de nouveaux développements. Le téléphérique de Beauval, c'est avant tout pour fluidifier les allées, d'où un temps de parcours bien trop court pour en faire vraiment une attraction, mais c'est aussi pour pouvoir accueillir plus de visiteurs à la journée. Le dôme, avec un temps de visite estimé à une heure, n'a pas d'autre fonction: dériver les flux pour alléger le parcours et densifier autrement la fréquentation. Beauval n'est pas conçu pour être parcouru à vide!
Deux ou trois jours de fréquentation dans un grand parc correspondent à celle de Calviac sur une année: c'est vertigineux, même si, bien sûr, rien n'est comparable! Mais imaginons une coopération active entre deux parcs totalement dissemblables, le plus gros soutenant activement le petit, notamment pour ses engagements conservatoires: c'est devenu très commun dans d'autres domaines, organiser une soirée bénéfice au profit d'une institution ou d'une association en lui offrant la recette de l'évènement. Le bénéfice d'une journée à Beauval, annoncé, valorisé, versé au profit d'une association ou d'un petit parc qui en a besoin pour développer un projet positif au final pour l'ensemble de la communauté... Ce pourrait être ça aussi la coopération et la coordination organisées au sein d'un même territoire...
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