Controverse autour de la captivité des ours blancs

[Philippe]

Pourquoi les photos de l’adorable ours polaire de Copenhague ne sont pas si mignonnes

A l’occasion de la journée internationale des ours polaires mercredi, un ourson a fait ses premiers pas devant les visiteurs (et les médias) au zoo danois de Copenhague. Mais derrière les photos attendrissantes, le quotidien de l’espèce reste sombre.

Les images sont attendrissantes : un bébé ours, pataud, fait ses premiers pas sous l’oeil avisé de sa maman. Prises au zoo de Copenhague ce week-end, elles tombent à pic pour illustrer la journée internationale des ours polaires. Aujourd’hui, l’image de ces grands mammifères venus du froid est régulièrement associée aux campagnes de préservation de l’environnement et des espèces menacées. Au risque d’être utilisé à des fins mercantiles ?

Faire naître des petits en captivité ne protègerait pas l’espèce

Il subsiste actuellement 20.000 à 25.000 ours polaires en liberté dans le monde. Au nom de la protection de l’espèce (classée comme "vulnérable" par l’union internationale de conservation de la nature) certains chercheurs encouragent leur reproduction en captivité, afin de constituer une réserve génétique, destinée à inséminer les ours sauvages, explique La Croix. Mais cette reproduction d’animaux en dehors de leur milieu de vie naturel est aujourd’hui fortement contestée, d’autant qu’elle ne résoudra pas la menace principale qu’est la disparition de leur habitat.

En effet, " le changement climatique constitue la principale menace pesant sur l’ours polaire ", précise le WWF. " Si la fonte des glaces se poursuit au rythme actuel, la surface de son habitat estival se sera contractée de plus de 40% d’ici le milieu du 21ème siècle, faisant diminuer sa population de plus de deux tiers. "

En 2012, 330 ours vivaient en captivité dans des zoos du monde

Or, " un ours polaire captif devient plus gros, plus gras et ne va pas à la recherche de sa nourriture ", estiment les géographes Rémi Marion et Farid Benhamou, interrogés par La Croix. " Il est sujet à des troubles névrotiques de comportement : balancement de la tête, déplacement stéréotypé. En aucun cas, il ne peut être relâché. Rien à voir donc avec la protection de l’espèce, comme le revendiquent certains zoos. "

Une instrumentalisation de la menace

En 2015, plusieurs vétérinaires ont signé une tribune dans le Huffington Post, dénonçant une instrumentalisation à des fins mercantiles de la menace planant sur les ours polaires.
" Les zoos se sont emparés de ce concept d’animal menacé, voire en voie de disparition, pour drainer vers leurs parcs le maximum de public, profitant de l’effet d’aubaine pour "reverdir" leur image ", déplorent-ils.

Selon eux, les animaux sont ainsi davantage élevés pour leur rentabilité médiatique et touristique que pour la véritable préservation de l’espèce. " Les femelles ne retrouvent leurs bébés qu’à l’âge de 3 mois, quand le risque qu’elles les tuent est limité. Lorsque les oursons sont exposés au grand jour, c’est un déferlement médiatique, au point que de grands médias nationaux se font l’écho d’un événement purement commercial, comme pour l’arrivée d’un nouveau produit sur le marché. "
Loin de l’aspect ludique et attractif du zoo, le seule moyen de protéger l’ours polaire est selon eux de limiter les émissions de gaz à effet de serre et donc de ralentir le réchauffement climatique. Pire, " la naissance d’un ourson polaire en captivité n’est pas une vision d’espoir mais le constat d’un échec, de l’impossibilité de cohabiter avec une nature libre et sauvage ".

Source : Sud-Ouest.

[jukala]

Merci pour le partage.

Contester, ok.
Mais c'est mieux que ce soit fait sur des bases factuelles, non ?
J'ai tiqué sur 2 trucs dans l'article.
Ça sort d'où cette idée ?

certains chercheurs encouragent leur reproduction en captivité, afin de constituer une réserve génétique, destinée à inséminer les ours sauvages, explique La Croix.

Pareil pour ça

Les femelles ne retrouvent leurs bébés qu’à l’âge de 3 mois, quand le risque qu’elles les tuent est limité.

Donc les vidéos de caméra partagées par les parcs, où on voit une femelle avec son bébé de quelques heurs/jours, dans sa tanière, c'est du montage?
Certes, il y a eu des oursons élevés à la main par les soigneurs (de façon indispensable ou pas), mais vu comment la phrase de l'article est écrite, on l'impression que c'est 100% des oursons qui sont retirés à leur mère à la naissance!

Pour le reste, je ne peux me prononcer pour l'instant. Ma réflexion sur aider les milieux naturels en sensibilisant les autres sans qu'ils aient vus l'animal de leur propre yeux est en cours.

[okapi]

Allons, allons, la notion d'ambassadeurs, très symbolique puisqu'un représentant d'un état lointain possède l'immunité et que lorsqu'un "état invitant" l'assassine sans sourciller pour respecter ses quotas, cela provoque une crise planétaire, ce qui n'est pas le cas pour les quelques milliers de bêtes abattues chaque année dans les zoos.
Cette idée d'ambassade nous séduit et nous rassure, mais hormis les initiés, combien de visiteurs comprennent l'intention? Est-ce que c'est vraiment en contemplant des ours polaires sur une banquise bétonnée ou dans un pré à vaches que le grand public va prendre conscience de l'extinction programmée? Il va passer très vite si les bêtes ne sont pas actives, s'extasier devant un ourson, mais de là à l'inciter à militer, à protester ou à financer, il y a un océan! Les vrais activistes, ils ne vont pas au zoo pour se convaincre...

[emil19]

Est-ce que c'est vraiment en contemplant des ours polaires sur une banquise bétonnée ou dans un pré à vaches que le grand public va prendre conscience de l'extinction programmée?

C'est mieux que rien. Les zoos font de plus en plus de com sur les gestes quotidiens ça devient difficile de passer à travers pendant une visite dans un parc qui se respecte.

Quant-à l'article : en bref l'élevage en zoos est une honte car il faudrait plutôt réduire nos émissions à effet de serre ... : un lien entre deux truc qui n'ont à peu près rien à voir. Je ne vois pas en quoi l’existence des zoos fait qu'on ne réduit pas nos émissions. Bien au contraire à mon sens.

Il me semble que cet article n'est qu'une dénonciation d'un pseudo-scandale pour faire vendre... ce que l'article dénonce en même temps. Quelle ironie ?

Il est temps que les personnes se responsabilisent. Il est clair que ce n'est pas les activistes, les gouvernements ou les entreprises qui résoudront le problème : Pas parce qu'ils sont intrinsèquement nuls, mais parce qu'il faut que la population, les citoyens, les clients suivent.

A titre d'exemple : Ça me fait bien rire d'entendre "Total plus gros pollueur de France". C'est pas Total qui pollue, c'est ces clients : Nous. Si on n’achète moins de pétrole, ils nous vendront autre chose (ce qu'ils commencent à lancer très doucement). Mais il faut savoir ce qu'on veut ! Parce que l'énergie propre et pas chère et à profusion sur notre territoire ... ça n'existe pas ! Déjà, vraiment propre ça n'existe pas...

[Therabu]

Merci Philippe pour ce partage intéressant.

Bien qu'il y ait des erreurs dans cet article, je le trouve intéressant car assez représentatif de l'état de compréhension du rôle des zoos dans la crise mondiale de la biodiversité. Dans la tête des gens, conservation = réintroduction des animaux menacés. Et ce sont les zoos qui sont les premiers responsables même si certains professionnels dénoncent également des médias qui ne veulent diffuser que de la réintroduction et qui éclipsent les actions d'éducation et les travaux agronomiques en amont qui sont souvent les actions les plus importantes à mener; la réintroduction n'étant finalement que la cerise sur le gâteau et une étape pas toujours essentielle.
C'est exactement ce que je reprochais à la communication de Pairi Daiza qui évoque les rôles de réserves génétiques et d'arche de Noé contre l'apocalypse dans le cas des ours blancs. Il faut plus clairement assumer que les ours polaires permettent d'attirer du public (et des fonds), de sensibiliser, mais pas de directement contribuer à la conservation.

La cohérence du discours est importante car tôt ou tard, ce discours hypocrite sera reproché aux zoos et aura un impact négatif sur leur perception dans la société.
C'est aussi l'occasion d'expliquer que réintroduire un ours polaire n'est pas envisageable à moyen terme mais que sa présence permet aussi au zoo de contribuer à la sauvegarde d'un escargot dans le Pacifique ou d'une grenouille insulaire très menacée.