Les zoos français dans la course à l'investissement

Les zoos français dans la course à l'investissement

Messagepar Philippe » Mercredi 04 Juillet 2018 7:01

Lodges, attractions, séminaires d'entreprise… pour rester compétitifs, les parcs zoologiques se diversifient et se modernisent à coups de plans d'investissement. Respect de la biodiversité et bien-être animal font partie de leurs missions. Mais l'équilibre reste fragile.

Concert avec les chanteurs de The Voice, tyrolienne au-dessus des lions, séminaires d'entreprise, course de 10 kilomètres dans les allées... de l'aveu même de son directeur, Thierry Duguet, le zoo de Thoiry (Yvelines) a « bien changé ». Fini le temps où une belle collection d'animaux exotiques suffisait à remplir les allées du ZooSafari. A l'aube de ses cinquante ans, le zoo « s'inspire du modèle anglo-saxon tourné vers les loisirs » selon Thierry Duguet. A la clef : un gain d'argent, de notoriété, et la possibilité de remplir le zoo aux heures creuses avec les séminaires d'entreprise.

Thoiry n'est pas le seul à s'engager dans cette voie. Attractions à sensation, nuitées en lodges... aiguillonnés par la concurrence des parcs de loisirs, les zoos ont engagé, pour survivre, une course à la nouveauté, avec de gros investissements. Thoiry a investi dix millions d'euros sur trois ans et s'apprête à déployer des hébergements insolites.
A Beauval , où la foule se presse depuis un an pour admirer le bébé panda, un quatrième hôtel vient d'ouvrir et les dirigeants investiront 50 millions d'euros d'ici à 2020 pour créer notamment un téléphérique et un dôme tropical.
En Lorraine, le parc zoologique de Sainte-Croix construit un espace dédié à l'Amérique du Nord (15 millions d'euros), tandis que, à Montpellier, Lunaret se modernise grâce à 30 millions d'euros de fonds publics.

Cinq piliers

« Cela fait des années que les parcs anglo-saxons se développent en s'appuyant non pas sur un mais sur cinq piliers : animaux, loisirs, parc aquatique, hébergement et événementiel. Les Français s'y mettent », constate Thierry Duguet.
Si certains parcs sont moins centrés sur les seuls animaux, ceux-ci sont mieux traités, avec des enclos vastes et discrets. « On ne peut plus présenter des orangs-outans dans une cage comme il y a quarante ans. Ce n'est plus ce qu'attend le public et cela ne correspond pas à nos missions d'éducation au monde sauvage et à la biodiversité, de conservation génétique des espèces et de bien-être animal », indique Rodolphe Delord, président de l'association des parcs zoologiques français (AFdpz) et directeur du zoo de Beauval. Son zoo dépense un million d'euros pour aider à la conservation des animaux in situ (en Afrique).

Ces normes de bien-être sont notamment exigées par l'Association européenne des zoos. En faire partie est un must, car cela permet aux zoos d'échanger les animaux, seul véritable moyen d'enrichir leurs collections - la plupart des animaux sont nés en captivité et certaines espèces sont protégées. En contrepartie, l'association pratique des contrôles de terrain réputés stricts.

Une quarantaine de zoos français en sont membres, soit moins de la moitié des établissements. Car le paysage des parcs animaliers est à géométrie variable. Derrière les success-stories que sont Beauval (1 million de visiteurs annuels), La Palmyre, Amnéville (700.000 visiteurs), La Flèche, Thoiry ou Peaugre (400.000 visiteurs), des dizaines de zoos d'envergure régionale ne dépassent pas les 200.000 visiteurs annuels. Des parcs thématiques (oiseaux, singes, fauves...) comme des zoos urbains, propriété des collectivités, qui peinent à pousser les murs pour se rénover.

« Amendement panda »

« Il y a des disparités importantes », reconnaît Rodolphe Delord. « Les zoos investissent en moyenne 10 à 20 % de leur chiffre d'affaires, mais certains vont jusqu'à 80 %. Certains sont rentables, quand d'autres du mal à être à l'équilibre. » L'Etat leur a concédé, début 2018, un joli cadeau fiscal : une TVA à 5,5 % alignée sur le régime des spectacles vivants, contre 7 % auparavant.

« L'amendement panda », surnommé ainsi car survenu après une visite du couple présidentiel à Beauval, représente un gain de 7 millions d'euros. En contrepartie, les zoos se sont engagés à embaucher ou investir. Beauval (500 salariés à l'année, 60 millions de chiffre d'affaires) a ainsi embauché 50 personnes. Rodolphe Delord, qui présentera un premier bilan en juillet se dit convaincu que « les engagements des zoos seront tenus », car « cette mesure a été une bouffée d'oxygène ».
Source : Les Echos.
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