Captivité et morale

Captivité et morale

Messagepar okapi » Mercredi 03 Mai 2017 8:37

Voici un nouveau sujet, transversal, à propos de ce qui anime et remplit nos débats: le droit de détenir, de contrôler et de manipuler des animaux sauvages qui n'ont, évidemment, rien demandé à personne. Il s'agit de réfléchir à ce qui fait sens aujourd'hui lorsqu'un parc fait le choix d'une espèce plutôt qu'une autre, comment il assume, ou pas, ses devoirs en la matière, mais aussi et surtout de questionner la raison d'être d'une espèce dans un zoo quand l'établissement n'a pas les moyens de la présenter dignement. Qu'est-ce qui justifie, au-delà de l'argument commercial, d'enfermer des animaux quand il est évident que le zoo ne peut pas leur assurer des conditions de vie en lien avec leurs besoins, notamment en isolant un individu, parfois pendant des années, dans une cage à l'écart. Les exemples sont nombreux et c'est là que la morale intervient: qui peut s'arroger le droit de priver un animal vivant de ce qui devrait être son quotidien normal? Et au nom de quoi?
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Re: Captivité et morale

Messagepar Simon38 » Mercredi 03 Mai 2017 12:47

Difficile de donner une réponse claire, concise et tranchée... Dans l’absolu et pour parler simplement, je trouve que la captivité nous renseigne de manière primordiale sur notre rapport au vivant : c'est à dire une quête perpétuelle de domination, de contrôle, d'instrumentalisation de la nature qui atteint son paroxysme lors des spectacles et cirques où le maître mot est "contrainte". En clair, le zoo est abominable et le jour où nous pourrons parler avec les bêtes sans passer pour des utopistes nous mourrons de honte de les avoir enfermer. Le zoo moderne se donne bonne conscience mais un monde idéal s'en priverait bien : pourquoi enfermer, même à des fins de conservation, lorsque l'on peut sauvegarder directement sur le terrain ? Il y a pléthore d'espèces qui se passent bien de la captivité et qui survivent grâce à des pognées de militants engagés hors les murs des zoos : le rhino de Java, le tatou géant, les cétacés, le gorille des montagnes, la très grosse majorité des invertébrés du globe et d'autres dizaines dont les cheptels captifs ne changent rien à la situation : l'ours polaire entre autres. Et quand bien même la sauvegarde in-situ était indispensable, pourquoi toujours tirer parti financièrement de ces bêtes ? L'argent, l'argent, le profit, le contrôle.

Alors bien sûr il y a des cas d'écoles qui vont à contre courant : la crécerelle de Maurice, l'ibis chauve, le cheval de Przewalski: autant de projets de réintroduction où les parcs zoologiques ont tenu un rôle déterminant. Mais si chaque succès ne peut être qu'applaudi il révèle surtout une vision fragmentaire de la nature : l'Homme incapable de voir global, à long terme, autrement que via son intervention dans le grand cycle. Nous avons un devoir moral sur cette Terre car nous l'impactons comme aucun autre être vivant et nous avons les moyens ainsi que le devoir de changer les choses. Et dans ce futur que je vois comme idéal, les zoos, comme les ONG ou les associations caritatives, n'ont pas leur place : ils ne sont ni éthiques, ni adaptés aux animaux, ni utiles aux missions de conservation.
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Re: Captivité et morale

Messagepar Wilfried » Mercredi 03 Mai 2017 13:40

Simon38 a écrit: Alors bien sûr il y a des cas d'écoles qui vont à contre courant : la crécerelle de Maurice, l'ibis chauve, le cheval de Przewalski.


Pour les populations sauvages issues d'individus nés en captivité de programmes d'élevage ad'hoc, nous pouvons y ajouter en France les vautours fauve et moine et le gypaète barbu, l'outarde canepetière, la tortue cistude et le grand hamster, en Espagne l'aigle de Bonelli et le lynx ibérique, en Roumanie le bison d'Europe. En Amérique du Nord, du sud ainsi qu'en Asie et en Océanie, les exemples de manquent pas, surtout chez les vertébrés.

Parmi les exemples que je cite, moins de la moitié ont reposé ou reposent sur des parcs zoologiques, mais la formulation du sujet d'Okapi renvoie plus généralement à la captivité, ce qui déborde largement du sujet un peu étriqué des parcs zoologiques.

Pour autant, tous les mettre dans le même sac serait tout autant simpliste que sans aucun intérêt. Tout dépend de ce à quoi on adosse la fameuse notion de "morale". Elle tire sa source d'une origine religieuse, c'est pourquoi je lui préfère la notion d'éthique. Mais de quoi parle-t-on au juste ?

De notre représentation du bien être animal...?? A ce moment là, l'urgence, à mon sens, serait de se tourner d'abord vers les milliards d'animaux dits "domestiques" que nous exploitons sans vergogne au quotidien, la plupart du temps pour l'apport de protéines qu'ils représentent... et au milieu de cet océan de souffrance, lié directement à la captivité et à ce qu'elle implique, nous trouverons le minuscule îlot des parcs zoologiques...

Si on s'arrête sur ce dernier, la notion "d'animaux captifs ambassadeurs de leurs cousins sauvage" est pour moi complétement bidon et l'a toujours été...le ressort du visiteur lambda reste et demeure récréatif : aller voir des bébêtes spectaculaires, impressionnantes ou même dégoutantes (combien de fois ai-je entendu devant les tapirs : "putain, il est moche quand même !!"...).

Donc partant de là, la seule éthique ne peut être pour moi que conversationniste, mais n'est jamais à elle seule suffisante : encore faut-il de des actions in situ soient conduites parallèlement, et cela, certains zoos comme Jersey ou Mulhouse le font très bien et depuis longtemps, avec des échecs bien sûr, mais aussi des réussites encourageantes...avec des fois des étapes préalables de renaturation complète du milieu, et c'est possible (Nouvelle-Zélande, Amérique centrale...Europe), même si une forêt primaire peut mettre plusieurs centaines d'années à se reconstituer, il y a des forêts secondaires formidablement dynamiques, surtout avec un peu d'ingénierie écologique en appui..

Nous vivons désormais dans l'ère de l'Anthropocène, comme l'écrivait Paul Crutzen il y a 20 ans. Désormais l'ensemble du vivant est lié à la conduite, aux choix d'une seule espèce, la nôtre...certains, comme Pierre Rabhi, proposent des chemins conciliants...le mouvement colibri en est la résultante... chacune et chacun peuvent condamner la captivité au nom de la "morale"...c'est bien, c'est beau...chez moi, dans mes aquariums, j'ai des cichlidés malgaches et du Lac Victoria quasiment disparus en milieu naturel, des melanotaenia et des xenotoca qui sont dans la même situation en Océanie et au Mexique...oui, je suis un "pratiquant" de la captivité piscicole (et autres : j'ai des gastéropodes de Sulawesi, de génération captives depuis bien longtemps).

Leurs lacs, rivières d'origine sont aujourd'hui trop dégradés pour les accueillir, mais certains sont en voie de restauration, et si personne ne les maintiens dans cette attente, parc zoologique ou autre...comment pourrons nous réintroduire leurs descendants le moment venu ?? Le lac du Bourget des années 1960, un bouillon infâme en pleine eutrophisation, n'a rien à voir avec celui d'aujourd'hui, où les cistudes peuvent à nouveau être réintroduites.

Le sujet de la captivité et de ce qui peut, ou non, la "justifier" est vaste, mais en cette époque de défis majeurs, je pense qu'on peut la repenser en fonction de sa finalité, sans poser des jugements de valeurs simplistes. En cela, je remercie Okapi pour avoir ouvert ce sujet, tant sont apparents au fil des discussions sur les sujets variés mais récurrents de ce forum toutes les ambiguïtés dont nous sommes tous pétris face à cette question.
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Re: Captivité et morale

Messagepar Simon38 » Mercredi 03 Mai 2017 14:04

Ce n'étaient que des exemples de programmes parmi tant d'autres bien évidemment, il y a qu'à voir le nombre d'espèces françaises qui ont été réintroduites ! Je pense qu'on arrive au cœur du problème à savoir la différence entre la captivité, qui peut être noble car utilisée de manière temporaire dans un problème conservatoire (le cas de tes rares poissons est plus qu’éloquent !), et l'exhibition pure et simple du vivant qui rempli cette fois des objectifs bien moins nobles : lucratif, égoïste, de divertissement, éducatif très rarement. Et hélas les parcs zoologiques se situent à 99% dans la seconde catégorie. Combien de zoos sur les centaines d'Europe participent, en leur sein, à des programmes d'élevage dans un but de réintroduction et ce d'une manière détachée de la foule ? Combien multiplient les volières et les enclos cachés du public pour une seule espèce ? Dans ce cas il y a captivité et non exhibition et les deux thermes s'en trouvent très opposés.
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Re: Captivité et morale

Messagepar guirosama » Samedi 06 Mai 2017 17:18

Bon, c'est bien tout ça, mais on oublie le fric dans cette histoire de moralité ! Quand un zoo fonctionne bien, même très bien, comme Beauval, je suppose que les propriétaires gagnent de l'argent. Combien ?
Tout l'argent n'est pas ré investi dans le zoo, et je suppose que construire un hôtel rapporte encore plus. Voilà ma petite réflexion.
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Re: Captivité et morale

Messagepar JEROME31 » Samedi 06 Mai 2017 18:18

Je suis quand même étonné du peu d’intérêt que suscite ce post.
Vu les échanges enflammés que je peux lire régulièrement, j'aurais pensé que chacun y serait allé de bon cœur.

- Zoo = business

Même les zoos les plus "vertueux" (si on peut dire ça), ont besoin d'une manne financière pour vivre ou pour survivre.
Il n'y a pas d'établissements lisses en tout point.
Un zoo coûte énormément d'argent en fonctionnement, entretien, foncier, salaires, achats des pensionnaires....
un zoo, s'il veut diversifier son cheptel et donc apporter à son public une nouveauté régulièrement, passera à un moment donné par son porte-monnaie.
De la petite fourmis coupe feuille en passant par une girafe,un condor ou un varan de Komodo, tout à une valeur marchande.
Alors, certes, on peut essayer de ne passer que par des EEP, des échanges entre parcs mais cela voudrait dire que tout les zoos présenteraient les mêmes espèces.
Hors, il n'en est rien.
C'est encore plus flagrant concernant les oiseaux, reptiles, insectes, poissons, coraux.
Comment croyez-vous que l'on obtient aussi simplement des espèces peu courantes, voir rarissimes....

Un parc peut très bien fonctionner en ne présentant que des espèces courantes comme tigre, lion, girafe, zèbre, aras etc...; dans des enclos ou volières de tailles moyennes (d'ailleurs encore faut il se demander quelles sont les réelles exigences de l'espèce présentée), sans oublier les envies du public.

Car oui, le public pèse dans la balance concernant les choix d'un parc. Qu'est ce qui pourrait faire venir plus de monde ? Cette question, la plupart des directeurs d'établissement se la pose constamment.

Pourquoi dans ce cas présenter par exemple un groupe de girafe sur 5000m²? Tout simplement parce que c'est plus facile d'avoir 5000m² de terrain pour la présentation qu'une plaine de 10 ha ou plus et surtout le public les verra. Car on a beau dire et beau faire, même si les mentalités changent doucement, le visiteur classique veut voir les animaux.
Et là j'ai pris comme exemple la girafe (gros et grand animal), mettez des hippo nain sur 1ha de forêt et vous verrez que très vite les gens râleront car ils ne les verront pas ou peu.

Le dernier post que j'ai lu concerne le dôme de Beauval.
Ce n'est pas un jugement mais une constatation. 1ha pour 4 biozones, c'est peu. Dans l'absolue, 2500m² par zone, hors on sait très bien qu'entre les allées de visite, les coulisses, la machinerie... Les zones ne feront pas 2500m². Donc les animaux présentés n'auront pas autant de place que ça.

les zoos qui présentent des animaux sur de grandes surfaces (cerza par ex) ne le font que sur des gros sujets et c'est tant mieux. Encore faut il avoir le foncier pour se le permettre.
Bien sur, vous allez me dire, pas la bonne surface, pas de présentation. Mais ça ne marche pas comme ça et pas que chez nous.

Quand aux programmes de conservation in-situ, ex-situ, il y a de tout et de rien.
Il est bien actuellement de pouvoir dire et présenter au public, le travail de conservation que tel ou tel parc fait au sein de son établissement.
Certains le font réellement (minoritaires) d'autres ne font rien ou on eu fait et parle quand même de conservation pour justifier le fait de présenter tel animal.
Encore une fois la conservation coûte de l'argent et tous n'ont pas les moyens d'investir dans ce domaine ou s'en foutent tout simplement, mais surfe sur la vague.
La conservation est une bonne publicité.

Et la morale dans tout ça?
Chacun la trouve où il veut en fait.

Et puis c'est quoi la morale ?
Ensemble des règles d'action et des valeurs qui fonctionnent comme norme dans une société. Science du bien et du mal, des principes de l'action ; théorie de l'action humaine en tant qu'elle est soumise au devoir et a pour but le bien…

Rien ne justifie la captivité, rien.

En tant que soigneur, je suis le premier à porter un jugement clair et lucide sur mon domaine de travail. Je sais être critique sur le fait qu'une espèce est présentée de telle ou telle façon, chez moi comme chez les autres.
Mais encore une fois nous ne sommes que des acteurs et non des décideurs.

Et si des soigneurs devaient créer le zoo idéal pour leurs animaux, je ne suis pas sur qu'il serait rentable :D . Ou alors gagner à l’euro million pour ne pas avoir à compter !!

Soit tu en prends ton parti et tu fais en sorte, pour moi c'est une obligation,que tes pensionnaires puissent vivre et se reproduire dans les meilleures conditions possibles avec ce qui t'ai donné comme structure, soit tu arrêtes et tu changes de boulot. Et j'en connais qui ont changé de vie à cause de ça.

Le zoo à de beaux jours devant lui, certes cela évolue mais de là à ce que tous les futurs zoos ressemblent au safari de San Diego et ses centaines d'ha, y a un grand fossé à franchir..

Il faut être terre à terre, les animaux sont là et c'est pas prêt de s’arrêter, donc autant faire ce peu que de s'en occuper du mieux que l'on peut.
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Re: Captivité et morale

Messagepar okapi » Samedi 06 Mai 2017 18:23

C'est une dimension essentielle, en effet, mais complexe. Les zoos se retranchent systématiquement derrière leurs "frais", forcément considérables, et ne relient pas vraiment la captivité à l'éthique. Un zoo privé est une entreprise commerciale et son fonds de commerce est incarné par les dizaines, centaines ou milliers d'animaux qu'il détient. C'est un débat que nous avons déjà esquissé ici: faut-il réellement adosser la conservation aux parcs, y compris de façon partielle, sachant qu'il n'est peut-être pas utile de développer des parcs d'attractions à coups de millions pour en extraire au bout du compte quelques dizaines de milliers d'euros pour la conservation. Nous savons tous que d'autres structures, publiques ou privées, lèvent des milliards pour la même cause sans s'appuyer sur des zoos pour le faire. Nous savons aussi que les sociétés philanthropiques qui participent à la protection de la faune sont souvent plutôt tièdes à l'égard des zoos. Enfin, les personnes qui n'aiment pas les zoos, n'y vont jamais, sont souvent des donateurs spontanés pour abonder des projets de conservation.
Il y a donc une stratégie singulière dans cette équation entre zoo et conservation, plus trouble qu'on veut bien le croire, même si, évidemment, de nombreux parcs contribuent dans la mesure de leurs moyens à cautériser quelques plaies.
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Re: Captivité et morale

Messagepar emil19 » Dimanche 07 Mai 2017 10:55

En essayant d'être rapide après vous avoir lu, pour moi :

1 - Je ne suis pas tout à fait d'accord avec : "la nature dépend de nos décisions".
On ne fait que s'autodétruire en embarquant des milliers d'espèces avec nous. La nature (et la vie) survivra toujours. Les dinosaures ont disparu, ça n'empêche pas d'avoir une belle nature diversifiée aujourd'hui. Et ça, les gens l'oublient : On pourrit d'abord la vie de nos enfants. Pour la nature, ce n'est qu'une crise de plus, ça lui fait presque ni chaud ni froid.
ça ne veut pas dire : "Vas y pollue !" mais "Arrêtes de dire "c'est qu'une forêt, le plus important c'est que mes enfants mangent (ou soient heureux avec le nouvel iPhone)" ! "

2 - Les zoos comblent des vides de l'humanité :
- Le fait que les hommes sont de plus en plus dans des villes aseptisés et que nous avons toujours besoin de nature pour notre équilibre, mental notamment. En ça, le zoo m'apparaît comme un shoot de nature salvateur. (=> Mission Immersion)
- Le fait que les milieux sont en dangers un peu partout du fait de notre développement. En ça, le zoo m'apparaît comme une capsule qui permet de faire marche arrière au cas où on se soit rendu compte de notre erreur. (=> Mission Reproduction)
- Le fait que voir en vrai apporte plus d'émotion qu'un texte, une image ou un film. En ça, le zoo m’apparaît comme le moyen le plus fort de porter un message sur la nature.
(=> Mission Sensibilisation - Collecte de fonds pour la nature)

Maintenant, bien sûr, l'idéal serait de ne pas avoir ces manques. Il ne faudrait plus utiliser de produits manufacturés, de métaux et terres rares, ne plus utiliser d'infrastructures et de maisons, ne plus manger de produits venant de l'agriculture, etc...
ça ne me paraît pas raisonnable.

Je prône donc la recherche d'un équilibre où : on se développe en réfléchissant le plus possible pour minimiser les conséquences et, comme il y aura toujours des conséquences, on utilise au maximum les moyens d'information, de protection, de sensibilisation et de possibilités de retour en arrière dont les zoos font partis.

En conclusion, pour moi, la captivité fait d'abord mal à nous-même parce-qu’elle n'est pas naturelle. On voit bien qu'il y a quelque chose qui cloche. C'est cependant le reflet du reste ne votre vie qui conduit à des problématiques éthiques.
Maintenant, personne n'a la solution : Vous pouvez dire "arrêtons de manger des animaux". Les champs de soja conduiront à des problématiques similaires, même si, éventuellement, elles seraient peut-être moindres.

Nota : Ce qui est important ce n'est pas l'argent (ça n'est ni bien ni mal) mais ce que l'on en fait
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Re: Captivité et morale

Messagepar Simon38 » Dimanche 07 Mai 2017 13:18

emil19 a écrit: Je ne suis pas tout à fait d'accord avec : "la nature dépend de nos décisions". On ne fait que s'autodétruire en embarquant des milliers d'espèces avec nous. La nature (et la vie) survivra toujours. Les dinosaures ont disparu, ça n'empêche pas d'avoir une belle nature diversifiée aujourd'hui. Et ça, les gens l'oublient : On pourrit d'abord la vie de nos enfants. Pour la nature, ce n'est qu'une crise de plus, ça lui fait presque ni chaud ni froid.


Je suis en profond désaccord sur ce point ! Soit, la nature a déjà connu des crises d'extinctions massives mais, actuellement, nous exerçons une telle pression sur notre planète que nous aggravons, en l'accélérant drastiquement, le cycle naturel d’extinction. Alors je trouve plus que limite l'argument du "la Terre s'est remettra, pas nous", c'est vrai dans le fond mais ça enlève toute notion de culpabilité et de responsabilité de l'Homme. Nous sommes responsables et nous avons les moyens de soigner la planète ! De plus, qui te dit que la planète post-humanité sera aussi riche écologiquement que la nôtre ? Tu serais prêt à renoncer à ces millions de plantes, oiseaux, insectes et autres créatures merveilleuses pour un futur hypothétique où la planète s'est remise de nos actions ?
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Re: Captivité et morale

Messagepar raphaël » Dimanche 07 Mai 2017 19:47

Calme toi Simon, je pense que sur ce point emil19 a raison.

Je crois qu'encore trop de gens ne comprennent pas ce qui nous lie viscéralement à notre environnement, et sont persuadés que l'on a atteint un degré technologique suffisant pour pallier à tout grâce à nos inventions. Et trop de gens, quand on dit qu'il faut protéger la planète, l'entendent comme un geste généreux de notre part, comme aider une grand mère à traverser la rue ou donner une pièce à un SDF... Cela nous prend un peu de temps, nous fait plaisir aussi d'être utile, mais au fond nous sert pas vraiment, c'est de l'altruisme.
Comme si c'était à nous d'être gentils au point de laisser une petite place à la nature dans ce monde humanisé, tout de même.

Alors que non, protéger notre environnement c'est profondément égoïste et c'est un acte de survie : nous avons besoin d'eau, des plantes pour nous nourrir et nous faire respirer, et tout a besoin de toutes les autres espèces qui nous sont contemporaines. La Terre, la nature, vraiment, s'en remettra. Il y a eu des catastrophes, des crises de la biodiversité énormes qui ont réduit la vie sur la planète à peau de chagrin suite à des phénomènes d'une puissance inouïe (météorites, volcanisme, séismes...) et elle est toujours repartie.
Même aujourd'hui avec nous, dans cet océan de disparitions, on voit bien des espèces commensales adaptées à notre présence, et qui vont se spécialiser selon les lieux et les populations. Nos rats, souris, pigeons, moineaux, ratons laveurs, renards, sont les ancêtres des futures espèces de demain.
En ça, pas d'inquiétude, il y aura toujours de nouvelles espèces adaptées. Imaginez que la vie est présente dans les fosses sous marines ou dans les geysers du Yellowstone, c'est dire les conditions possibles !

Pour le reste du sujet de ce post, très intéressant, je contribuerai quand j'aurai un peu le temps de réunir mes pensées :wink:
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Re: Captivité et morale

Messagepar Simon38 » Dimanche 07 Mai 2017 20:14

J"utilise des points d'exclamation et des interpellations, n'y voyons aucune agressivité please ! :wink:

Je ne suis pas de ceux qui ne voient en la conservation qu'une nécessité vitale pour notre espèce. J'y vois également une réparation, un devoir moral mais pas en signe de notre domination ou sous couvert d'un pseudo-altruisme, au contraire, comme un juste retour à l'envoyeur pour tout ce qu'elle accompli pour nous et nous donne à voir : des choses magnifiques, un patrimoine unique, des univers de possibles à découvrir et comprendre. Dans un sens tu as raison : nous voulons sauver la Terre par égoïsme mais je dis : et alors ? La panthère des neiges n'est-elle pas conservée autant pour son utilité écologique que sa beauté, donc des critères d'égoïstes de goût ? Pour le coup je pense que personne n'a raison ou tord : c'est une question de pure vision idéologique quant au destin de la planète. J'ai personnellement du mal à digérer cette usure de la biodiversité : je me dis que si la Terre s'en remettra, nous l'aurons privé de plusieurs centaines voir milliers d'espèces, écosystèmes et possibilités d'exprimer sa diversité et son originalité. Je me dis que la Terre peut survivre sans ours polaires ou éléphants au profit d'autres espèces plus adaptées à notre action phagocytant la nature mais je trouve ça juste triste en fait.

Voilà, voilà c'était une petite réaction à chaud, un poil sentimentaliste ! :D
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