Pourquoi aimez-vous les zoos?

[raphaël]

En tous les cas, même si nos parents nous ont sûrement emmené plus facilement au zoo qu'en pleine nature, je recommande et j'insiste vraiment là dessus, d'aller voir les animaux dans la nature.
Et je dis pas forcément partir à Madagascar ou en Indonésie, hein.
Le simple fait d'aller voir passer les grues qui migrent ou les rapaces dans les montagnes, de scruter les écureuils ou les chevreuils.
Voir les animaux sauvages rend exigeant, dans le bon sens du terme. A force de visiter et visiter des zoos, on s'adapte à la "moyenne" globale. Les observer vivants dans leur milieu permet de bien comprendre l'immensité de leurs milieux, de leurs terrains de vie, de leurs interactions. Et permet de se rappeler que le zoo n'est pas une solution, juste un outil dont on doit profiter au mieux puisqu'il existe.

[okapi]

Je suis à Montréal et les écureuils traversent les parcs, et les rues, avec une belle énergie! Ce n'est pas la nature, mais ces bestioles, urbanisées, sont un joyeux petit rempart contre la neurasthénie! Les couleurs de l'automne sont là et la faune se prépare à l'hiver, dehors comme dedans: les feuilles sont déjà orange et rouge au Biodôme... Raton laveur, cerf, orignal, sont aux portes de la ville, libres. Un zoo est un condensé de vies. La plupart sont "dé-naturés", façonnés et factices, ils semblent se méfier des arbres qui perturbent la visibilité et sont un moyen d'évasion pour certaines espèces, ils préfèrent les pelouses aux prairies, les fleurs aux buissons. Ils creusent des aquariums plutôt que des ruisseaux et négligent souvent l'importance de l'eau dans leurs adaptations de "nature". Je ne crois pas que les zoos vont dans le bon sens. Ceux qui ont changé sont toujours les mêmes. Le zoo a toujours été un univers opportuniste, à l'affût des découvertes et des sensations. La vogue des bêtes blanches est là pour nous le rappeler. Le zoo est un univers raisonné, planifié, soucieux globalement de rentabilité. J'aime les zoos, vraiment, et je les déteste, sérieusement. Je ne crois pas une seconde à ce "vernis de bonne conscience" généralisé: il y a du business derrière chaque action et les développements actuels sont loin d'être désintéressés. Le zoo est une entreprise comme les autres, avec ses bilans et ses salariés, ses investissements et ses bénéfices. Il y en a une poignée qui joue le jeu, mais je ne crois pas que la conscientisation soit générale...

[Therabu]

En tous les cas, même si nos parents nous ont sûrement emmené plus facilement au zoo qu'en pleine nature, je recommande et j'insiste vraiment là dessus, d'aller voir les animaux dans la nature.
Et je dis pas forcément partir à Madagascar ou en Indonésie, hein.
Le simple fait d'aller voir passer les grues qui migrent ou les rapaces dans les montagnes, de scruter les écureuils ou les chevreuils.
Voir les animaux sauvages rend exigeant, dans le bon sens du terme. A force de visiter et visiter des zoos, on s'adapte à la "moyenne" globale. Les observer vivants dans leur milieu permet de bien comprendre l'immensité de leurs milieux, de leurs terrains de vie, de leurs interactions. Et permet de se rappeler que le zoo n'est pas une solution, juste un outil dont on doit profiter au mieux puisqu'il existe.

Je ne peux qu'abonder dans ce sens ! Cela permet aussi de découvrir que la nature et le règne animla, ce n'est pas uniquement les grosses bêtes à poils de plus de 20 kg.

[raphaël]

Et encore une fois okapi tu es sûrement un indécrottable pessimiste... Nous ne voyons en tout cas pas le monde de la même façon !

Les zoos sont des entreprises "comme les autres"... Déjà que veut dire cette fin de phrase ? Que toutes les entreprises sont les mêmes ? Qu'elles ont toutes comme seul but le profit ?
Allons, je connais des boulangers passionnés par l'amour de leur métier et du bon pain, des coiffeurs qui aiment ce qu'ils font, des patrons de magasins d'instruments qui adorent la musique et le son et qui sont de formidables conseillers... Tous ces gens là sont des entreprises avec bien sûr une indépendance à avoir, une rentabilité minimum à maintenir, et pourtant ce n'est pas simplement le chiffre d'affaires qui les fait se lever le matin.
Et dans les zoos c'est pareil ! Devoir payer les salaires et gagner sa vie ne fait pas des zoos des lieux uniquement tournés vers leur manne financière... J'en connais beaucoup qui sont bien plus intéressés quand ils reçoivent des mails relatifs à un programme de conservation à soutenir qu'au moment de faire les calculs des recettes et de la TVA.
Est-ce mal finalement ? Se dire que plein de gens arrivent à vivre et payer leurs employés en présentant de la vie sauvage et en mettant en valeur les trésors de la biodiversité mondiale, c'est quelque part réjouissant !

[okapi]

Je suis un optimiste inquiet! Tu n'es pas sérieux quand tu compares un zoo et une boulangerie? Bien sûr qu'une entreprise a comme but le profit, au sens premier du terme, évidemment. Bien sûr que la plupart des zoos privés et commerciaux sont des entreprises comme les autres, à taille et responsabilités similaires, avec un sacré différentiel tout de même: elles exploitent le vivant! Elles ont charge d'âmes! Comparer des mèches de cheveux et des baguettes avec des longibandes ou des okapis, il fallait l'oser!
Nous ne voyons pas le monde de la même façon, c'est sûr! Détenir des animaux et gagner de l'argent en les montrant, froidement, philosophiquement, c'est totalement immoral. C'est mon présupposé de départ, pas le tien à l'évidence. Enfermer des bêtes pour mieux les protéger en les exhibant, c'est le sacré fichu paradoxe des zoos... C'est le défaut de conscience des puissants et des peuples qui contraint les zoos à exister: si les états faisaient leur boulot, les zoos serait effacés du paysage, parce qu'ils ne seraient plus que de pauvres vitrines d'une faune dénaturée... Ce n'est pas le cas, donc les zoos hissent le pavillon de la bonne conscience en régulant entre leurs murs les ressortissants des terres lointaines qu'ils détiennent. L'homme s'impose comme la transaction obligée entre survivre ou s'éteindre: il enferme, exhibe, prélève un péage, divertit ses semblables et rétrocède, parfois, un peu de ses profits (ben oui, s'il n'y a pas de profits, il n'y a pas d'argent à offrir pour acheter des corridors verts) pour montrer sa bonne volonté. C'est ainsi que le monde tourne et mon optimisme inquiet, il espère qu'un jour il n'y aura plus de zoos...

[raphaël]

Nous sommes d'accord sur le fond et bien entendu, le fait de détenir des êtres vivants, contraints à passer toute leur existence en captivité, c'est une responsabilité énorme et très grave. C'est pourquoi je suis déjà personnellement favorable à une vraie législation sur les conditions de vie, qui empêcheraient notamment les éléphants solitaires sur de petits plateaux sableux, les ours polaires sur du carrelage ou les chimpanzés dans des cages sordides. Car comme l'a dit Abel, le bien être des individus vivants entre les murs du zoo est la condition sine qua none à sa légitimité. Comment parler de conservation, de sauvegarde, de liens entre les mondes si les animaux sur place survivent tristement ? Je ne parlerai pas de la notion trop floue de bonheur, mais il faut que les zoos soient irréprochables entre leurs propres murs pour que leur discours puisse être entendu.

La comparaison avec boulangerie ou salon de coiffure, elle est plutot à comprendre sur l'état d'esprit des propriétaires. Bien sûr que dans la loi, une entreprise fait du profit mais ça ne veut pas dire que les gens qui font leur métier ne le font que pour remplir leur assiette... ça occupe des vies aussi, alors tant qu'à faire, autant que cela passionne et intéresse ceux qui s'en chargent. Et toi même okapi qui gagne sûrement bien ta vie dans ton métier, j'imagine que ta fiche de paye n'est pas ce qui te motive forcément à travailler dans ce domaine. Il y a plein de gens dans le milieu des zoos, comme dans le milieu de la recherche scientifique, qui sont réellement convaincus du bien fondé de leur rôle et passionnés par leur mission.

[okapi]

Bien sûr que nous sommes d'accord sur le fond! Moins sans doute sur la forme parce que depuis le temps, cette législation hyper contraignante, qui devrait être nourrie et portée par les instances dirigeantes des parcs en concertation avec les états, et bien elle n'existe pas... Sinon, nous n'aurions pas ces énormes disparités entre les zoos, ces écarts vertigineux entre les installations pour une même espèce... il y a ceux qui, empiriquement, décident de définir ce qui leur paraît le mieux pour leurs singes ou leurs oiseaux et il y a ceux qui assurent le service minimum en se contentant de respecter les exigences du coordinateur dont on peut se demander parfois ce qu'il avait en tête quand il a gentiment validé une cage ou une volière... Tu sais comme moi que les zoos n'ont aucune véritable obligation et qu'ils font globalement ce qu'ils veulent, donc les plateaux bétonnés, les cages étroites et les oiseaux mutilés, c'est encore pour longtemps... Et c'est la pire contradiction avec tout le reste, les discours vertueux et la marchandisation de l'animal, soumis aux attentes du visiteur et contraint d'exister pour un public et jamais pour lui-même...

[kelloche53]

Les zoos permettent également de montrer la faune ecxeptionnelle viavant sur terre, alors même si pour le visiteurs lambda une panthère reste une panthère pour d'autre un peu plus averti je trouve ça plutôt super de voir un zoo élevé des perse, un autre des sri lankaises ....

Ils ont un rôle pédagigique important certes très mal jouer mais c'est la peut-être la prochaine "révolution" zoologique ...

[raphaël]

Le problème, c'est que le discours est à la mode.

Je pense que 99% des zoos utilisent sur leur brochure ou site internet des mots comme "semi liberté" (dont j'attends toujours une description, que cela concerne un territoire à herbivores de safari ou un très grand enclos à fauves) ou "conservation". Certains listant même toutes leurs actions de protection pour la faune qui se résume parfois à "nous participons à 20 EEP et 15 ESB".
Chaque petite contribution à la protection de la nature est louable, évidemment, et les EEP sont un système perfectible mais inévitable pour gérer un cheptel limité.
Mais force est de constater que pour le public non averti, tous ces discours se ressemblent un peu... Doué et Romagne détaillent certes bien plus leurs actions, qui sont très transparentes, Amnéville et Beauval communiquent beaucoup dessus aussi, mais tout le monde fait un peu pareil.
Et la preuve, tous les élus du coin ont foncé dans la noble mission du Val d'Hérault...