Il passe ses après-midis au milieu des alligators
Soigneur à la Planète des Crocodiles à Civaux, Cédric François s’installe chaque jour à quelques mètres de six alligators… Et ce n’est pas une attraction.
Depuis le début du mois d'août, le public de la Planète des crocodiles à Civaux s'attarde beaucoup plus devant l'espace dédié à la Louisiane… Au bord d'un bayou reconstitué, un homme passe plusieurs heures par jour, à quelques mètres à peine, de six alligators de belle taille. Il s'agit de Cédric François, soigneur animalier depuis de très longues années. Chaque jour, il s'installe sur le ponton d'une cabane cajun, implantée au milieu du bassin.
Des observations destinées aux chercheurs
Et cela n'a rien à voir avec son travail habituel et surtout, sa présence n'a rien d'une attraction, insiste Luc Fougeirol, fondateur de ce parc zoologique unique dans la région. « Il m'a demandé s'il pouvait étudier de plus près les alligators du parc. Il passe quatre heures par jour, à observer et à noter leur comportement en général, leurs déplacements, les positionnements sur les différentes berges de bassin. Il note quel individu est présent le premier lors du nourrissage. Il étudie également de près le comportement d'une femelle qui bien que ses petits aient quitté le nid, le défend toujours… »
Son expérience et sa connaissance du comportement de ces animaux, permettent à Cédric François de se mouvoir aisément sur ce petit espace de bois, de les nourrir sans craindre une quelconque agressivité. « Il faut être bien clair, poursuit Luc Fougeirol, ces alligators ne vont pas l'agresser, nous les avons eus tout-petits. Néanmoins, si vous regardez bien, vous verrez que Cédric a une grande pelle à côté de lui. Et les alligators, comme tous les crocodiliens de la Planète connaissent l'objet qui sert à les tenir à distance. »
Dûment datées, classées, ces observations réalisées par Cédric François, seront à disposition des chercheurs. Ils ont leurs entrées à la Planète des Crocodiles. « Nous avons toujours accueilli les scientifiques et nous travaillons avec Nicolas Mathevon, du CNRS de Saint-Etienne. Il travaille sur l'acoustique, sur les sons qu'émettent les crocodiles, notamment sur le mécanisme utilisé par les femelles pour communiquer avec leurs petits qui émettent des sons alors qu'ils sont encore dans l'œuf… »
Les crocodiliens peuvent donc entendre, leurs petits ont la faculté de communiquer avant leur naissance… Décidément, on en apprend toujours sur ces animaux fascinants.
Cédric François observe le comportement de l'animal au moment du nourrissage.
Les tortues sur toutes les coutures
Étudiante en licence de biologie des organismes et des écosystèmes, à Bordeaux, Élise Sivault s'est plongée dans la recherche étiologique, à la Planète des Crocodiles. Elle a choisi de passer une partie de ses vacances à étudier le comportement de deux espèces : la tortue étoilée de Madagascar et la tortue géante des Seychelles, les deux particulièrement accessibles.
« Je suis venue ici, car c'est un parc qui abrite huit espèces de tortues et qui offre de formidables biotopes. » Sous les yeux des visiteurs, la jeune femme passe deux heures par jour à étudier le comportement de ces reptiles. « On pense toujours que les tortues ont un rythme de vie très lent, qu'elles ne bougent pas beaucoup. Or, elles ont en fin de compte comme toutes les autres espèces, très vivantes, très dynamiques. » Et même très curieuses !
Son observation quotidienne achevée – travail qui comptera dans la validation de son année –, l'étudiante bordelaise découvre chaque jour le fonctionnement d'une telle structure « et aussi les différents aspects du métier de soigneur-animalier ».
A Civaux, Élise Sivault étudie le comportement de deux espèces de tortues.
" Il faut penser à l'avenir "
Après la disparition brutale, il y a une dizaine de jours, de Fabrice Thête, directeur de la Planète des Crocodiles, Luc Fougeirol, spécialiste mondial des crocodiliens, qui fut à l'origine du concept du parc de Civaux et de l'aménagement des espaces en assure « pour le moment », explique-t-il, la direction.
« Avec Fabrice, nous nous connaissions depuis des années et nous avions repris ensemble la Planète. Il a fait ici des choses formidables. Et j'y ai trouvé une équipe particulièrement soudée, sur laquelle, on peut compter. » C'est en s'appuyant sur cette équipe qu'il compte trouver des solutions. « Il faut penser à l'avenir et ça ne va pas être simple. On a tous envie que cela perdure et que ça évolue. »
Et en terme d'évolution, Luc Gougeirol a pensé à la création d'un parcours aérien dans le dôme destiné aux enfants. « Nous pensons également à créer un espace extérieur pour que les visiteurs puissent sortir, pique-niquer. » Il fait effectivement chaud, l'été…
Alors quid de l'idée d'extension du parc dédiée à accueillir des fauves ? Le projet ne semble plus d'actualité pour l'instant. « Je n'ai pas vocation à rester là. Je resterai jusqu'à ce que la Planète soit remise sur son axe de rotation », confie encore Luc Fougeirol qui ne cache pas que le taux de fréquentation n'est pas celui escompté.
Source :
La Nouvelle République du Centre-Ouest.