En 1931, lors de l'exposition coloniale, un parc zoologique provisoire de 3 hectares inspiré de celui de Hambourg (Allemagne) fut construit dans le Bois de Vincennes. Le succès fut tel que le Muséum National d'Histoire Naturelle proposa la construction d'un parc beaucoup plus grand et définitif. Ainsi, sur 15 hectares de terrains cédés par la Ville de Paris, le Parc Zoologique de Paris fut inauguré le 2 juin 1934 par le Président Albert Lebrun.
A peine entré dans le Zoo de Bois de Vincennes par l'entrée Porte de Paris, le visiteur est accueilli par plusieurs groupes d'herbivores. Les enclos sont aménagés avec quelques arbres et autres végétations. La séparation avec l'allée centrale est faite par un grillage fin pour certains enclos, ou par un fossé à pente douce pour les autres. Des cobes lechwe (Kobus leche) et des oryx beisa (Oryx beisa) sont présentés à gauche de l'allée. A droite se trouvent des cobes onctueux (Kobus ellipsiprymnus unctuosus) et des damalisques à front blanc (Damaliscus dorcas phillipsi). Des guanacos (Lama guanicoe) cohabitent avec des nandous (Rhea americana).
Le premier panda géant (Ailuropoda melanoleuca) visible à Paris se nommait Happy. Il s'agissait d'un des premiers pandas à être présenté au monde occidental. Capturé en 1938, Happy fut transféré au Zoo de Londres le 24 décembre 1938. Durant le premier semestre de 1939, il fut transféré de zoos en zoos et passa quelques temps au Parc Zoologique de Paris ; les autres parcs étant Berlin, Hanovre, Francfort, Munich, Leipzig, Nuremberg et Cologne, tous en Allemagne. Il arriva enfin au Zoo de Saint-Louis (Etats-Unis) le 24 juin 1939 où il vécut jusqu'au 10 mars 1946.
Par la suite, deux pandas géants furent offerts au président de la République Georges Pompidou lors d'un voyage officiel en Chine en 1973. Li Li fut capturé dans la nature le 1er mars 1973 dans la région de Baoxing. Yen Yen fut capturé, quant à lui, le 1er avril 1973 dans la région de Pingwu. Leurs naissances ont été estimées à septembre 1972. Ils furent tous deux transférés à Pékin (Chine) le 19 octobre 1973 puis arrivèrent au Parc Zoologique de Paris le 8 décembre 1973. Il s'agissait de deux mâles, mais Yen Yen fut d'abord considéré comme une femelle. A son arrivée à Paris, cette erreur fut corrigée. Li Li succomba malheureusement à une tumeur du pancréas le 20 avril 1974. Yen Yen, quant à lui, vécut une longue vie solitaire à Paris jusqu'au 20 janvier 2000. Sa longévité de 28 ans fut remarquée pour être une des plus longues en captivité.
L'enclos des fameux pandas géants du Parc Zoologique de Paris se trouve au creux de la fourche en face de l'entrée. Il s'agit d'un monticule herbeux entouré d'un fossé sec. La végétation est très présente dans cet enclos et une grotte complète l'aménagement. Un bâtiment, se trouvant à l'arrière, offrait aux animaux des loges intérieures. Cette installation n'abrite plus d'espèces animales depuis janvier 2000, mais une restructuration est actuellement en cours.
En contournant l'enclos des pandas géants par la gauche, le visiteur atteint le traditionnel rocher aux singes. Au Parc Zoologique de Paris, il s'agit de trois grands enclos séparés du public par un fossé sec et ayant pour arrière fond un mur rocheux renfermant les loges intérieures. Le premier enclos est couvert d'une importante végétation. Il héberge quelques lémurs noirs (Eulemur macaco). Le suivant est le plus important au niveau de sa superficie. Plus d'une cinquantaine de babouins de Guinée (Papio papio) cohabitent à grands renforts de cris et de poursuites entre les rochers et les quelques troncs nus installés dans l'enclos. Enfin, le troisième enclos abrite un groupe de 25 macaques du Japon (Macaca fuscata).
Plusieurs îles sont aménagées au milieu d'un vaste point d'eau en face des enclos rocheux. Une structure bétonnée forme la base de chaque île, sur laquelle a été organisé un aménagement de cordes et de végétation. La première île abrite des gibbons à favoris blancs du Nord (Hylobates concolor leucogenys), la seconde des sapajous apelle (Cebus apella) et la dernière un couple d'atèles à tête noir (Ateles chamek) accompagné de leur dernier petit. Il faut noter qu'il s'agit du seul couple reproducteur de cette espèce en Europe. Des pélicans blancs (Pelecanus onocrotalus) vivent au bord du point d'eau sur la berge du côté de l'allée des visiteurs.
Après l'île des atèles, en prenant l'allée à droite, le visiteur se retrouve devant la galerie des tamarins. Celle-ci est peu à peu rénovée pour se transformer en véritable forêt péruvienne et colombienne. Cette galerie est composée de quatre loges dont les parois sont peintes et représentent différentes paysages exotiques. L'aménagement de ces loges a été complété par un substrat naturel, de nombreuses cordes et branches, etc. Des tamarins empereurs (Saguinus imperator subgrisescens) vivent dans la première loge, la seconde abrite des agoutis (Myoprocta acouchy) et des tamarins, la troisième est occupée par des tamarins de Goeldi (Callimico goeldii), enfin, des pinchés à crête blanche (Saguinus oedipus) sont présentés dans la dernière.
A la sortie de cette galerie, un enclos avec bassin se trouve à droite. Il abrite plusieurs espèces d'oiseaux aquatiques et en particulier des cygnes coscoroba (Coscoroba coscoroba).
Dans la continuité de la même allée, quatre îles sont aménagées sur la droite. Une végétation très dense y est installée et les primates ont la possibilité de grimper à des arbres de plusieurs mètres de hauteurs. Une cascade d'eau agrémente le lieu et lui fournit une ambiance sonore. Des singes hurleurs noirs (Alouatta caraya) sont arrivés à la fin du mois de juillet 2003 en provenance d'un zoo anglais et ont été installés sur une de ces îles. Le Parc Zoologique de Paris est le seul espace zoologique français à présenter cette espèce et les singes hurleurs sont d'ailleurs une espèce peu courante en captivité. Les autres îles sont occupées par des lémurs à ventre rouge (Eulemur rubriventer), des lémurs varis (Varecia variegata subcincta) qui cohabitent avec des lémurs à front roux (Eulemur fulvus rufus) et des tamarins labiés (Saguinus labiatus) qui partagent la dernière île avec des ouistitis à toupet blanc (Callithrix jacchus).
Pour la première fois depuis sa création en 1934, le Parc Zoologique de Paris est l'instigateur d'un programme original de gestion de la biodiversité, in et ex situ. Depuis 1994, le Parc Zoologique de Paris est un des seuls établissements au monde à élever et assurer la reproduction de lémuriens extrêmement rares, dont le propithèque couronné (Propithecus verreauxi coronatus), aussi appelé sifaka. Cette spécialité l'a conduit à s'intéresser à cette espèce animale dans son habitat naturel ainsi qu'à appréhender tous les facteurs qui interagissent sur son environnement. C'est la raison pour laquelle le Docteur Claude-Anne Gauthier a initié et conduit une mission scientifique franco-malgache à Madagascar en 1998. A cette occasion, l'équipe a rencontré une communauté Sakalava, isolée au nord-ouest de Madagascar, où vivent les propithèques couronnés. Cette population a choisi de vivre en respectant le milieu naturel, aujourd'hui considéré comme un vestige fragile de l'écosystème typique du nord-ouest de Madagascar. Cette zone abrite, entre autres espèces endémiques et absentes des aires protégées actuelles, les rares ankoays, aigles pêcheurs de Madagascar, et surtout les sifakas, que les communautés Sakalavas considèrent traditionnellement comme des ancêtres. Ce lien unique et sacré qui unit l'homme à l'animal depuis des générations a permis la préservation de cette espèce, menacée par ailleurs.
A l'issue de cette expédition, le Parc Zoologique de Paris a décidé, à la demande de la population locale, de mettre en oeuvre un projet permettant d'assurer un développement harmonieux de la zone, en respectant les règles qui régissent le fonctionnement de la communauté Sakalava.
En octobre 2000, après deux années d'échanges et de soutien inconditionnel de la part de cette communauté Sakalava et le concours des Ministères des Eaux et Forêts, de la Recherche et de l'Enseignement Supérieur malgaches, le Parc Zoologique de Paris a obtenu le classement de cette zone en Station Forestière à Usages Multiples. Le fonctionnement de la station est régi par le Projet Bioculturel d'Antrema dont les objectifs sont le développement et la préservation. Toutes les décisions sont prises en accord avec la communauté Sakalava. Pour conduire à bien les différentes actions, le projet a recruté un personnel exclusivement malgache.
La Station Forestière à Usages Multiples a été créée par l'arrêté ministériel du 13 octobre 2000. Elle couvre une superficie de 12 270 hectares dont 1 000 hectares de parc marin. 600 villageois Sakalaves résident sur la zone. Pour assurer le fonctionnement de la station, le Parc Zoologique de Paris emploie un coordinateur technique national, deux agents de conservation et de développement et quatre gardiens-guides. Entre 1998 et 2001, l'investissement réalisé pour le fonctionnement et l'équipement de la station a été de 533 572 €.
Le pendant de cette opération est la construction, à Paris, d'un équipement unique au monde au coeur du parc : la Sifakière. Cette installation permettra aux visiteurs de découvrir des propithèques couronnés, espèce très rare de lémuriens, dans un milieu naturel reconstitué et d'entrevoir la tradition malgache qui unit l'homme à ces animaux.
La Sifakière sera située dans la partie nord-ouest du parc, à proximité de l'entrée principale et accueillera, outre les propithèques couronnés (Propithecus verreauxi coronatus), des lémurs mongoz (Eulemur mongoz), des lémurs à fronts roux (Eulemur fulvus rufus), des couas (Coua cristata) et des ibis (Lophotibis cristata). Sa surface projetée sera de 1000 m², dont un enclos de 600 m² comportant un bassin de 40 m², 700 m² de plantations, un bâtiment de 100 m², une zone dédiée aux visiteurs recouvrant 640 m². Une volière de 20 mètres de haut en son centre recouvrira l'ensemble de l'installation. Elle sera constituée d'une maille d'acier (35 x 35 mm), fixée à des pylônes et tendue par des câbles.
L'équipement prévoit la réfection du rocher existant sur la zone, la construction d'une plate-forme et d'un nouveau bâtiment abritant les loges, l'aménagement d'une forêt tropicale sèche et la reconstitution d'une mangrove. La Sifakière sera dotée d'un système sophistiqué de suivi des animaux. Des caméras vidéos, des balances électroniques seront reliées à une salle de contrôle et d'enregistrement. Les travaux ont débuté en novembre 2001. Le coût de la réalisation est estimé à 1 830 000 €.
Seuls trois espaces zoologiques dans le monde présentent des propithèques couronnés pour un effectif total de 15 individus. Il s'agit du Zoo de Mulhouse, du Jardin Zoologique de La Citadelle de Besançon et du Parc Zoologique du Paris.
L'ancienne galerie d'hiver, qui se trouve à l'arrière des rochers aux singes, a été transformée en galerie des oiseaux. La rangée de 11 cages a été complètement réaménagée : végétation, branchages, substrat ont été ajoutés. Elle abrite actuellement les espèces suivantes : faisan de Salvadori (Lophura inornata), rouloul couronné (Rollulus rouloul), ptilope turgris (Ptilinopus melanospila), eclectus (Eclectus r. roratus), lori coquet (Charmosyna placentis) cohabitant avec caille peinte (Coturnix chinensis), gris du Gabon (Psittacus e. erithacus), toucan vitellin (Ramphastos v. vitellinus), ara ararauna (Ara ararauna), cacatoès à huppe orange (Cacatua sulphurea citrinocristata), cacatoès corella (Cacatua sanguinea).
En sortant de la galerie des oiseaux, le visiteur a la possibilité d'observer d'autres espèces d'oiseaux dans trois volières situées en face de l'enclos des lions. Elles hébergent des gris du Gabon (Psittacus e. erithacus), des aras ararauna (Ara ararauna) et des amazones à front bleu (Amazona aestiva). Enfin, un enclos avec bassin est installé juste à l'arrière de ces volières. Diverses espèces d'oiseaux y sont présentées telles que cygnes, ibis rouge (Eudocimus ruber), ibis à tête noire (Threskiornis melanocephalus), ibis à cou de paille (Carphibis spinicollis), canards...
L'installation des fauves a été construite dans le pur style Hagenbeck. Il s'agit de trois plateaux séparés des visiteurs par un fossé large de 12 mètres et de plusieurs mètres de profondeur. Quelques arbres, des structures en bois, un bassin et des herbes agrémentent ces plateaux. Une maison contenant les loges intérieures se trouve dans le fond rocheux. La présence de nombreux monticules rocheux en béton et le fait que les fossés soient rendus invisibles pour créer un panorama illustrent le style Hagenbeck. Un tigre (Panthera tigris) et un groupe de lions (Panthera leo) composé d'un mâle nommé Prince et de deux lionnes nommées Sandra et Laura sont présentés dans cette installation. Le lion Sambo, qui formait un couple avec Laura, est malheureusement décédé le 8 avril 2003.
En prenant le sentier à gauche du premier plateau des lions, le visiteur longe quatre enclos abritant des herbivores. La séparation avec les visiteurs est faite grâce à un fossé en pente douce. L'observation des animaux est ainsi privilégiée. Les sitatungas (Tragelaphus spekei) vivent dans le premier enclos, puis un groupe de grands koudous (Tragelaphus strepsiceros) dans le deuxième. Les cerfs du Père David (Elaphurus davidianus) sont présentés dans le troisième à côté de damalisques à front blanc (Damaliscus dorcas phillipsi).
Construit entre 1932 et 1934 par l'architecte Charles Letrosne, le Grand Rocher est encore aujourd'hui une réalisation hors du commun, tant par son architecture que par ses principes et techniques de construction. Il est recouvert d'une peau de béton de cinq centimètres d'épaisseur, sculptée et peinte de façon à créer l'illusion d'un rocher naturel. Par ailleurs, pour répondre aux besoins du parc zoologique, deux grands réservoirs d'eau y sont intégrés : l'un à 6 mètres de hauteur, d'une capacité de 1 300 000 litres, et l'autre à 25 mètres, d'une capacité de 800 000 litres.
Au fil des décennies, le Grand Rocher, soumis aux intempéries et malgré une rénovation partielle effectuée en 1968, finit par se dégrader au point de mettre en danger la sécurité des visiteurs. En 1982, la direction du parc prend la décision de le fermer au public. En 1994, grâce à une subvention exceptionnelle octroyée par le Ministère de l'Education Nationale, le Parc Zoologique de Paris peut enfin entreprendre la rénovation totale du Grand Rocher. Véritable cas d'école, cette rénovation mobilise un grand nombre de compétences et fait appel à des moyens techniques exceptionnels. De nouveaux aménagements sont prévus, nécessaires au bien-être des animaux, des visiteurs et au meilleur fonctionnement du parc.
Le Grand rocher fut enfin rouvert au public le 17 mars 1997. Le coût de la rénovation totalisa 15 000 000 €. Dix kilomètres d'échafaudages furent installés tout autour du rocher et plus de 600 m³ de béton furent nécessaire à la rénovation. Malheureusement, l'accès au Grand Rocher dut à nouveau être interdit quelques années plus tard pour des raisons de sécurité. Des mises aux normes furent effectuées et le Grand Rocher, édifice symbolique du Bois de Vincennes, a rouvert ses portes depuis le 27 juin 2003. L'accès au Grand Rocher est désormais gratuit, ce qui constitue une première puisque les années précédentes il était nécessaire d'acquitter un droit d'entrée spécifique. Il est ouvert de 10h15 à 17h, mais est interdit aux enfants de moins de 1,20 mètre.
Le Grand Rocher culmine à plus de 65 mètres de hauteur. Trois belvédères permettent d'observer le Parc Zoologique de Paris, le Bois de Vincennes ainsi que Paris et ses monuments. Un ascenseur permet d'accéder au belvédère intermédiaire à 54 mètres de hauteur. Quelques marches mènent jusqu'au belvédère supérieur, à 60 mètres de haut. Un circuit à pied gravit 352 marches et atteint le sommet.
La descente peut se faire par l'ascenseur ou par un autre circuit pédestre. Ce dernier passe par un belvédère situé à 42 mètres de hauteur et par l'intérieur du rocher, offrant ainsi l'observation de l'architecture intérieure de cet édifice. Les pentes du Rocher abritent les enclos des mouflons à manchettes (Ammotragus lervia) et des markhors (Capra falconeri). Ces animaux évoluent ainsi sur un espace très escarpé rappelant leur milieu d'origine.
En sortant du Grand Rocher, le visiteur se trouve nez à nez avec une immense volière. Elle abrite des vautours moines (Aegypius monachus) et des vautours fauves (Gyps fulvus). Son architecture est très impressionnante et les filins qui servent de séparation sont particulièrement discrets. La végétation a pris ses aises dans son vaste volume et plusieurs arbres offrent des abris aux vautours.
L'installation des loutres d'Europe (Lutra lutra) se trouve également à la base du Grand Rocher. Une cascade surgit du flanc du rocher et alimente un bassin qui se poursuit en petite rivière. Il est possible de diviser l'installation en deux enclos si cela s'avérait nécessaire. Une végétation assez présente recouvre les rochers et les berges de la rivière. Le nourrissage des loutres, qui a lieu tous les jours à 15h, est très intéressant. De petits poissons sont lâchés vivants dans la rivière et de rapides chasses sous-marines s'ensuivent.
Le Chalet de la Secas (Société d'Encouragement pour la Conservation des Animaux Sauvages) est installé un peu plus loin. La Secas est une association qui a pour but de soutenir des actions de conservation in situ et ex situ. Elle participe par exemple au financement d'un hôpital d'éléphants en Asie et à la création de nouvelles structures dans un des quatre parcs du Muséum. Le Chalet de la Secas propose différents articles (cartes postales, t-shirts, casquettes...) à la vente et les bénéfices lui permettent de continuer ses intéressantes actions.
L'installation des éléphants se composait initialement de trois enclos extérieurs et d'une maison. Les enclos ont été récemment réaménagés et reliés. Une séparation en deux est tout de même possible. Un grand bassin se trouve au milieu de l'installation. Plusieurs troncs d'arbres sont également parsemés dans l'enclos. Des zones sableuses ont été créées. La maison intérieure est composée de trois boxes, un principal et deux secondaires.
Le Parc Zoologique de Paris s'est fait particulièrement remarqué pour ses réussites dans la reproduction d'éléphants asiatiques (Elephas maximus). Siam, grand mâle aux impressionnantes défenses, a engendré 10 éléphants à Paris. Un grand nombre de ces animaux ont été par la suite transférés dans d'autres zoos européens. Siam est malheureusement mort le 23 septembre 1997 interrompant ainsi pour l'instant la reproduction des éléphants à Paris. Thisiam est le dernier fils de Siam. Il est né en mai 1998, plusieurs mois après la mort de son père. Il a été transféré au Zoo de Plock (Pologne) en octobre 2002. Deux éléphantes attendent aujourd'hui un mâle, qui devrait arriver dans le courant des prochains mois en provenance de Singapour et prendrait la relève de Siam. Ces deux femelles asiatiques se nomment Kaveri et Nina. Kaveri est arrivée à Paris en mai 1985 et a donné naissance à trois éléphanteaux entre 1990 et 1998. Nina est son unique fille ; elle est née le 1er octobre 1993.
En parallèle à l'élevage d'éléphants asiatiques, le Parc Zoologique de Paris présentait également des éléphants africains (Loxodonta africana). Coco est sûrement le plus célèbre de ces animaux. Il arriva en France le 11 juillet 1963 en provenance de Sierra Leone. Il était alors âgé de 18 mois et avait été acheté à Suez. En 1999, l'un des poils de Coco fit l'objet d'une étude génétique en relation avec des recherches sur l'ADN de mammouth. En séquencant l'ADN de Coco, trois chercheurs du Muséum découvrirent qu'il était très différent de l'ADN de l'éléphant des savanes (Loxodonta africana africana). Coco fut donc déclaré éléphant de forêts (Loxodonta africana cyclotis). Après s'être fait de nombreux admirateurs à Vincennes, il a été transféré le 9 avril 2002 vers un zoo espagnol. Après une petite halte à Madrid, Coco arriva au Zoo de El Castillo de las Guardas près de Séville le 11 avril en fin de journée. Il fut installé dans un enclos de 6 hectares qu'il partagea avec 2 femelles adultes, une jeune femelle de 4 ans et un mâle de 15 ans. Il a malheureusement succombé à une crise cardiaque quelques temps après son arrivée dans ce parc.
En face de l'installation des éléphants se trouve l'enclos des hippopotames pygmées (Hexaprotodon liberiensis). Il est composé d'un bassin et d'une berge herbeuse. La séparation avec les visiteurs est matérialisée par un simple muret rocheux. L'installation intérieure des hippopotames pygmées est divisée en trois boxes aménagés avec un bassin et une berge pour chacun. Le boxe central est de plus grande taille que les deux autres. Il est intéressant de savoir que cette installation a aussi hébergé des tapirs au cours de l'histoire du Zoo du Bois de Vincennes.
En face de l'installation des éléphants se trouve deux allées, la première présente à sa gauche l'enclos des oryx algazelles (Oryx dammah). Le deuxième sentier mène à l'enclos des tétracères (Tetracerus quadricornis) à droite et à celui des addax (Addax nasomaculatus) à gauche. Ces enclos sont de grandes tailles et séparés des visiteurs par un fossé en pente douce.
L'installation des rhinocéros se trouve à l'arrière de l'enclos des addax. Il s'agit d'un enclos avec trous boueux, rochers et troncs d'arbres et d'une maison cachée derrière les rochers. Actuellement, la rénovation de cette installation ainsi que de la maison des rhinocéros et des hippopotames est en cours. De ce fait, le rhinocéros blanc mâle (Ceratotherium simum) nommé Gus qui vivait dans cette installation a été transféré au Parc de Thoiry (France) le 22 novembre 2003. On peut également noter la naissance d'un jeune rhinocéros blanc en 1992. Il s'agissait alors de la première réussite d'élevage pour cette espèce en France. D'autres espèces de rhinocéros, en particulier des rhinocéros noirs (Diceros bicornis) et des rhinocéros unicornes de l'Inde (Rhinoceros unicornis), ont été présentées dans cette installation au cours de l'histoire du Parc Zoologique de Paris.
L'installation des suricates (Suricata suricatta) se trouve en face de l'enclos des rhinocéros. Il s'agit d'un monticule de terre installé dans une cavité rocheuse. Le fond a été peint et représente un paysage exotique. La galerie des petits mammifères est composée de quatre cages vitrées reliées deux à deux. L'aménagement intérieur est composé de troncs creux, de substrat d'écorces... Des petits tatous velus (Chaetophractus vellerosus) et des athérures (Atherurus africanus) sont présentés dans cette galerie. Un groupe de pécaris à lèvres blanches (Tayassu pecari) vit dans un enclos rocheux agrémenté d'un bassin, de troncs d'arbres, de blocs rocheux...
En retraversant la maison des hippopotames pygmées, il est possible de se retrouver à nouveau devant l'enclos des éléphants. Les coatis (Nasua nasua) sont également présentés à cet endroit. La végétation est très présente dans leur enclos.
L'installation des ours du Parc Zoologique de Paris est, elle aussi, dans le plus pur style Hagenbeck. Six enclos sont incorporés dans un paysage rocheux renfermant la maison des ours et plusieurs bâtiments administratifs. La séparation entre les fosses et les visiteurs est également matérialisée par des structures rocheuses. Un fossé rempli d'eau est présent dans chaque enclos.
Dans une telle structure et en particulier pour des ours, l'enrichissement du milieu est très important. De ce fait, certaines innovations sont proposées quotidiennement (tiges de bambous remplies de miel, repas congelés dans des blocs de glace, parfums déposés dans l'enclos...) et certains enclos sont réaménagés. Dans ce cadre, la fosse des ours malais a été complètement rénovée. Le fossé d'eau a été asséché pour augmenter la surface d'évolution des ours. Le béton a été recouvert d'écorces pour créer un sol naturel. De véritables blocs rocheux, des troncs, des branchages ont été installés et de la végétation commence à se développer.
En venant de l'installation des éléphants, la premier fosse rencontrée est en cours de réfection, la deuxième abrite un ours à lunettes mâle (Tremarctos ornatus), la troisième est occupée par un ours brun (Ursus arctos). La quatrième fosse a une superficie plus importante et son fossé rempli d'eau forme ici un véritable bassin ; elle abritait jusqu'à peu deux ourses polaires (Ursus maritimus) nommées Tania et Katinka. Ces dernières ont été transférées vers le Zoo d'Amsterdam (Hollande). Leur enclos ainsi libérée sera bientôt réaménagé et le couple d'ours bruns (Ursus arctos) composé de Néron et de Câline l'intégrera alors. Pour le moment, ces derniers vivent dans la cinquième fosse et un couple d'ours malais (Helarctos malayanus) vit dans la dernière. Les ours malais Chico et Malaka bénéficieront de l'enclos des ours bruns une fois le transfert effectué. Pour le moment, seule la fosse des ours malais a été réaménagée, mais les autres auront aussi droit à ce privilège dans un avenir proche.
Les enclos des hippotragues noirs (Hippotragus niger) et des zèbres de Grant (Equus quagga boehmi) se trouvent en face de l'installation des ours. Les deux grands enclos sont séparés des visiteurs par un fossé en pente douce, comme pour la plupart des herbivores au Zoo du Bois de Vincennes.
Un couple de loups arctiques (Canis lupus arctos) vit dans deux enclos reliés qui se trouvent un peu plus loin à gauche de la même allée. Cette sous-espèce est peu courante en captivité et seuls le Parc Zoologique de Paris et le Zoo de La Flèche en présentent en France.
En suivant le sentier en direction de l'entrée Porte de Charenton, le visiteur longe un vaste enclos où cohabitent des impalas (Aepyceros melampus) et des springboks (Antidorcas marsupialis). Des chèvres naines (Capra hircus hircus) sont présentées juste à côté et permettent aux visiteurs d'avoir un contact direct avec ces animaux. Sur le côté gauche de l'allée, plusieurs espèces de grues occupent de petits enclos. Il s'agit de grues antigones (Grus antigone), de grues couronnées grises (Balearica regulorum gibbericeps) et de grues de paradis (Grus paradisea). Enfin, des wallabys de l'Ile d'Eugène (Macropus eugenii) et des kangourous géants (Macropus giganteus) vivent dans de beaux enclos herbeux agrémentés de buissons et d'arbres.
En reprenant le même sentier en direction de l'installation des ours et en s'intéressant au côté gauche, le visiteur s'approche de l'enclos des rennes (Rangifer tarandus). Celui-ci est séparé des visiteurs par un petit fossé et est planté de quelques arbres. L'enclos suivant, d'une taille importante, accueille trois espèces d'ongulés indiens. Il s'agit de cerfs axis (Axis axis), de nilgauts (Boselaphus tragocamelus) et d'antilopes cervicapres (Antilope cervicapra). En empruntant le premier sentier à gauche, le visiteur trouve l'enclos des onagres de Perse (Equus onager onager).
Le point d'eau des flamants roses est à droite de la même allée. Deux sous-espèces cohabitent dans ce large territoire composé du plan d'eau et de ses berges. Il s'agit de flamants roses (Phoenicopterus ruber roseus) et de flamants rouges (Phoenicopterus ruber ruber). Huit jeunes sont nés au courant des mois de juin et de juillet 2003.
De façon singulière, des calaos terrestres du Sud (Bucorvus leadbeateri) cohabitent avec des marabouts d'Afrique (Leptoptilos crumeniferus) dans un enclos paysagé situé juste en face. Il s'agit de deux espèces d'oiseaux carnassiers.
En tournant à droite après les flamants, le visiteur peut observer quelques zèbres de Grévy (Equus grevyi) dans un vaste enclos. La différence entre cette espèce et le zèbre de Grant est tout à fait notable. Le sol est recouvert d'un substrat de couleur jaune orangé qui se retrouve d'ailleurs dans un certain nombre d'enclos d'herbivores de la Ménagerie du Jardin des Plantes.
En face de l'enclos des zèbres se trouve le bassin des hippopotames amphibies (Hippopotamus amphibius). En raison de la rénovation des bassins des mammifères et oiseaux marins, ces animaux ont été transférés vers d'autres installations. Les phoques gris (Halichoerus grypus) ont ainsi élu domicile dans le bassin des hippopotames. Cette installation est composée d'un bassin et d'une berge bétonnée. Un fond rocheux cache la maison intérieure actuellement en rénovation. En raison de la présence des phoques dans leur bassin, les hippopotames amphibies sont obligés de rester dans l'installation intérieure, qui n'est pas visible du public.
La zone des animaux marins, actuellement en rénovation, était composée de trois bassins où vivaient des otaries à crinières (Otaria byronia), des phoques gris et des manchots de Humboldt (Spheniscus humboldti). Les phoques gris ont été transférées vers l'installation des hippopotames en attendant la fin des travaux. Après avoir vécu dans l'enclos des hippopotames pygmées, les manchots de Humboldt ont réintégré au courant de l'automne 2003 leur bassin dont la rénovation est achevée. A l'origine, un tunnel longeait les bassins et permettait aux visiteurs d'observer les animaux lors de leurs évolutions sous-marines. Pour des raisons de sécurité, celui-ci a été fermé au public il y a déjà plusieurs années.
Les girafes du Niger (Giraffa camelopardalis peralta) ont été de tout temps une des attractions principales du Parc Zoologique de Paris. Depuis son ouverture en 1934, plus de 115 individus de cette sous-espèce rare ont en effet vus le jour au parc. La dernière-née se nomme Lady et a vu le jour le 27 novembre 2003. L'enclos des girafes est un très grand champ herbeux séparé des visiteurs par un fossé. Un deuxième enclos, de plus petite taille, est installé sous le couvert de grands arbres à gauche du premier. Le groupe de girafes du Zoo du Bois de Vincennes se compose de plus d'une dizaine d'individus dont plusieurs jeunes. Très peu d'espaces zoologiques présentent cette sous-espèce dans le monde. Il s'agit pour la plupart de parcs français.
Découvert au début du XXe siècle, l'okapi (Okapia johnstoni) n'apparut dans les zoos européens qu'en 1918 au Zoo d'Anvers (Belgique). Malheureusement, cet individu ne vécut que cinquante jours. Par la suite et jusqu'en 1940, toutes les tentatives d'acclimatation d'okapis se soldèrent par des échecs, hormis Tele, qui arriva à Anvers en 1928 et y vécut 15 ans. Dès 1933, les okapis furent strictement protégés par la loi. L'administration belge ne les céda alors plus qu'à des zoos d'une certaine renommée. Les deux premiers okapis reçus par le Parc Zoologique de Paris lui furent offerts par le Gouvernement de Belgique. Dolo, le mâle, arriva le 2 juin 1948 et la femelle, Irumu le rejoignit le 11 août 1955. Ces derniers vécurent à Vincennes respectivement 33 et 13 ans.
A cette acclimatation en zoo succéda une nouvelle étape : la reproduction. Dans ce domaine, le Parc Zoologique de Paris démontra rapidement ses compétences zootechniques. Si la première naissance d'okapi eut lieu à Anvers en septembre 1954, le petit ne vécut qu'une journée. D'autres naissances eurent lieu, dans différents parcs zoologiques, mais les petits ne survécurent jamais très longtemps. Enfin, le 6 juin 1957, Ebola (du nom de la rivière qui traverse la forêt d'Ituri) vit le jour au Parc Zoologique de Paris où elle vécut jusqu'en 1979. Cette première naissance viable représenta alors un grand succès pour le Muséum National d'Histoire Naturelle et la communauté scientifique internationale. Par la suite, il y eut 36 naissances d'okapis au Parc Zoologique de Paris entre 1957 et 1995. Dans les années 1980, on pouvait admirer entre 5 et 6 okapis sur les plateaux du zoo. La dernière femelle qui vécut au Parc Zoologique de Paris, Astrida, décéda le 27 novembre 1996.
Depuis cette date, le Parc Zoologique de Paris ne présentait plus qu'un mâle nommé Günther et arrivé du Zoo de Francfort (Allemagne) le 27 juin 1995. Enfin, en début de saison 2003, une femelle arriva pour rejoindre Günther. Elle se nomme Lodja et est née le 21 octobre 2001 au Zoo de Rotterdam (Pays-Bas). On peut espérer que ce nouveau couple d'okapis, uniques représentants de cette espèce en France, suivra les traces des mythiques fondateurs et engendrera une belle descendance.
L'installation des okapis du Zoo de Bois de Vincennes, toute proche de celle des girafes, est composée de deux enclos extérieurs et d'une maison réaménagée pour l'arrivée de Lodja. Plusieurs arbres offrent des zones ombragées dans les enclos, qui sont séparés du public par un petit fossé et des barrières en bois.
Deux enclos traditionnels, installés non loin de là, abritaient des guépards (Acinonyx jubatus) et des kangourous roux (Macropus rufus), mais sont aujourd'hui inoccupés. Le dernier guépard, mâle nommé Claudius, a été transféré au Zoo de Lisbonne (Portugal) le 26 novembre 2003.
En continuant sur la même allée, le nocturama se trouve à gauche. Il a été aménagé au milieu des années 1980. Une ambiance sonore et de la végétation synthétique plongent le visiteur au coeur de la nuit. Plusieurs cages vitrées abritent un couple d'ayes-ayes (Daubentania madagascariensis), espèce rare en captivité, des petits microcèbes (Microcebus murinus) et une civette palmiste femelle (Arctogalidia trivirgata), seul représentante de son espèce en Europe. Le Parc Zoologique de Paris est, avec le Zoo de Jersey (Royaume-Uni), le seul espace zoologique européen à réussir la reproduction des ayes-ayes.
En conclusion, le Parc Zoologique de Paris est un zoo urbain historique. Son architecte est tout à fait intéressante et est l'image d'une conception et d'une époque particulière. Sa contribution à la conservation des lémuriens malgaches, les rénovations de certaines installations, la présence de nombreuses espèces peu courantes en captivité sont des points forts de ce zoo.
Cet article a été rédigé suite à ma dernière visite au Parc Zoologique du Paris en octobre 2008 du fait de sa fermeture imminente pour travaux. Je retrace ici mes visites et mes observations à Vincennes ainsi que cette visite d'octobre.
Né à Paris, j'y ai vécu quelques années, mais ce sont d'autres capitales européennes qui ont vu mes premiers pas dans le monde des zoos. Berlin, Vienne, Londres puis Barcelone, entre autres, m'ont laissé des images décisives. Il a fallu attendre avril 1997 et un détour par notre capitale française pour découvrir, enfin, le Parc Zoologique de Paris. Cet établissement zoologique, inauguré le 2 juin 1934, fut créé intégralement selon le modèle développé à Hambourg (Allemagne) dès le début du siècle par Carl Hagenbeck. Encore dans les années 2000, avant sa fermeture le 1er décembre 2008, le zoo restait une illustration parfaite de ce concept scénographique, révolutionnaire à l'époque.
C'est d'ailleurs le petit Zoo de la Coloniale, créé pour l'Exposition Coloniale Internationale de 1931, qui suscita l'engouement des Parisiens et entraîna la création par le Muséum National d'Histoire Naturelle d'un parc plus vaste et cette fois permanent.
Au fil des ans, le Parc Zoologique de Paris s'imposa comme parc zoologique national où avaient lieu les recherches les plus poussées, les naissances les plus rares, les présentations les plus spectaculaires… Cependant, dès les années 1970, l'équipe dirigeante et les médias de l'époque s'inquiétaient de la pérennité de l'établissement si aucune rénovation d'envergure n'était effectuée… Il y a trente ans déjà, le 8 janvier 1978, Le Journal du dimanche titrait "Il faut sauver le Zoo"...
En avril 1997, lors de ma première visite, le Parc Zoologique de Paris avait donc déjà perdu quelque peu son éclat d'antan. Le million de visiteurs ne se pressait déjà plus aux entrées du parc, mais je garde tout de même un souvenir mémorable de cette première découverte. Yen Yen, un des deux grands pandas offerts au Président Georges Pompidou en 1973, était toujours là et je me souviens très bien de lui dans son enclos gazonné, paisiblement endormi dans sa grotte. L'important groupe de girafes, si prolifiques, ainsi que la troupe de babouins de Guinée, furent aussi des observations intéressantes de cette première visite. La rénovation du Grand Rocher venait d'être terminée et j'avais alors emprunté l'ascenseur pour atteindre son sommet ; l'entrée était payante en sus du droit d'entrée général pour le parc. Lors de cette même visite, je ne vis malheureusement pas Siam, le fameux éléphant asiatique mâle reproducteur, qui décéda quelques mois plus tard, en septembre 1997. Il me fallut, d'ailleurs, plusieurs années pour le découvrir enfin, cette fois naturalisé, dans la Grande Galerie de l'Evolution, où il repose depuis 2001.
Un nouveau séjour sur Paris en juillet 2001 me permit de revenir à Vincennes. Ce moment est d'ailleurs fortement marquée par la création du site internet http://www.leszoosdanslemonde.com et c'était une des raisons majeures de ma venue à Paris. J'en avais donc aussi profité pour passer un après-midi au Parc Zoologique de Paris. J'avais observé alors pour la première fois un aye-aye (Daubentonia madagascariensis) dans le petit nocturama, mais c'est Coco, le fameux éléphant de forêt (Loxodonta cyclotis), importé de Sierra Leone en 1963, qui avait surtout animé cette visite. En avril 2002, il fut transféré à La Reserva d'El Castillo de las Guardas dans le sud de l'Espagne, où il décéda quelques mois plus tard. Je ne le revis donc plus en juillet 2002 lors de ma visite suivante. Les travaux avaient déjà débuté pour la fameuse Sifakière, superbe projet, directement lié au peuple malgache et à la conservation de la biodiversité in situ, mais dont la composante ex situ, très fortement diminuée, ne fut finalement terminée qu'en 2006 avec quatre années de retard.
A peine un an plus tard, en juillet 2003, j'étais de retour à Vincennes. Une des six fosses des ursidés, qui ont longtemps fait la fierté du Parc Zoologique de Paris, venait d'être réaménagée et offrait plus d'éléments naturels et d'enrichissements à ces occupants. On peut rappeler que la direction se vantait, d'ailleurs, à une certaine époque de présenter toutes les espèces connues. Lors de ma visite, j'avais encore pu observer quatre espèces : des ours à lunettes, des ours bruns, des ours blancs et des ours malais. La pêche des loutres, nourries en public avec des poissons vivants, était également une activité très intéressante, malheureusement non commentée.
En décembre 2003, une intéressante conférence organisée par la SECAS (Société d'Encouragement pour la Conservation des Animaux Sauvages) m'avait à nouveau attiré vers Paris. Les ours blancs n'étaient déjà plus présents, suite à leur transfert vers Artis, le Zoo d'Amsterdam (Pays-Bas). Le dernier rhinocéros blanc, un mâle nommé Gus, d'ailleurs père du jeune rhinocéros né en 1992 (une première en France !), venait aussi d'être transféré à Thoiry en octobre. Un énième girafon venait de naître quelques jours plus tôt, augmentant encore l'incroyable nombre de telles naissances enregistrées à Vincennes depuis 1934. En vue de la reprise de l'élevage des éléphants asiatiques, un nouveau mâle était attendu dans les prochains mois pour rejoindre Kaveri et Nina, toutes deux en âge de se reproduire. On parlait alors d'un mâle en provenance de Singapour et d'une arrivée au printemps suivant... mais les choses ne se firent pas ainsi. L'installation des manchots venait d'être rénovée avec l'ajout de baies vitrées et la consolidation des rochers. Malgré tout cela, je ressentais, plus que lors de mes visites précédentes, le passage du temps et la détérioration progressive de nombreuses installations... Le plateau des tigres était en particulièrement mauvais état ; des fils électriques avait été installés pour éloigner le tigre encore présent des abords du plateau qui commençaient à s'effondrer et des échafaudages maintenaient en place les rochers d'arrière-plan...
A partir de là, mes visites s'espacèrent un peu. Au courant des mois qui suivirent, des rumeurs de rénovations, partielles, puis intégrales, avec ou sans fermeture complète du zoo, allèrent bon train. Suite à quelques informations un peu plus sérieuses, je me décidai à revenir une dernière fois au Parc Zoologique de Paris fin octobre 2005. Il s'agissait alors dans mon esprit d'une dernière visite historique et j'y avais passé la journée entière pour bien m'imprégner de l'atmosphère des lieux. De nombreuses allées étaient, alors, déjà fermées et de nombreuses installations avaient été désertées... Kaveri et Nina, les deux éléphantes, avaient finalement été transférées au PAL quelques mois plus tôt ; les fauves aussi n'étaient plus sur leurs plateaux et les ours ne croupissaient plus dans leurs fosses. La végétation et les mauvaises herbes reprenaient peu à peu leurs droits et cette visite d'un parc zoologique mourant était si étrange... J'étais monté encore une fois à l'assaut du Grand Rocher, l'ascenseur étant fermé depuis belle lurette. Un rendez-vous avec la directrice de l'époque, Dr Claude-Anne Gauthier, m'avait tout de même redonné confiance et espoir. Elle était alors si optimiste quant à l'avenir du Parc Zoologique du Paris. Elle m'avait d'ailleurs montré avec fierté les nouvelles installations intérieures des propithèques couronnés (Propithecus verreauxi coronatus) et l'ancien enclos des grands pandas réaménagé pour le nouveau groupe d'hurleurs noirs (Alouatta caraya). J'étais reparti confiant et sûr de revenir quelques années plus tard pour découvrir un zoo national complètement rénové et tête de file des parcs zoologiques modernes.
Les choses ne se firent finalement pas si vite... Dr Claude-Anne Gauthier partit vers de nouvelles fonctions ; elle fut remplacée par Christine Morrier, que j'avais rencontrée quelques années plus tôt lorsqu'elle était encore à la tête du Zoo d'Amiens. Les projets de rénovation du Parc Zoologique de Paris s'accumulaient et, finalement, la date du 1er décembre 2008 fut choisie pour la fermeture temporaire de l'établissement en vue d'une rénovation complète et intégrale sur plusieurs années. En raison de l'ouverture récente d'un tronçon de la ligne ferroviaire à grande vitesse est-européenne qui permet maintenant de rejoindre Paris en deux heures à partir de Strasbourg, je revins un week-end dans la capitale pour renouveler ma dernière visite de 2005.
Mi-octobre 2008, par un dimanche ensoleillé, je me retrouvai donc à nouveau devant le porche de la Porte de Paris du Parc Zoologique de Paris. Dernière visite avant fermeture... Peu de choses ont changé en trois ans, sauf le nombre d'espèces qui a encore été réduit. Lodja, la dernière okapi, est partie pour le Zoo de Bristol (Royaume-Uni) en 2007. Le Parc Zoologique de Paris avait enregistré d'énormes succès de reproduction avec cette espèce, et pas moins de 36 naissances ont eu lieu entre 1957 et 1995. Leurs voisines, les girafes du Soudan (Giraffa camelopardalis antiquorum), dont l'identification correcte n'est que très récente, forment toujours un important groupe et je m'attarde dans l'observation des quinze individus restants, dont cinq jeunes de l'année. Ces animaux exceptionnels, ou encore l'important groupe de babouins de Guinée ou les quelques autres animaux restants tels que le couple d'hippopotames, ne suffisent plus à satisfaire la curiosité des badauds, pourtant nombreux en cette fin de semaine lumineuse. Beaucoup ne comprennent pas... Cela est peut-être dû, en partie, au peu d'informations communiquées aux visiteurs, les panneaux les plus fréquents étant sans conteste les "passage interdit" ou "accès interdit"... Ces rappels sont en effet présents partout dans le parc, jusque dans des endroits improbables où il est quasiment physiquement impossible de passer, ou dans des sanitaires défectueux où un simple "hors service", "en réfection"... ou encore "en travaux" aurait simplement suffi. Tout ceci accentue l'effet de malaise lors de ma visite d'octobre 2008 dans un lieu si riche et si chargé d'histoire, aujourd'hui mené jusqu'à l'abandon, où ne croissent plus que les mauvaises herbes et où les ruines sont légion. Même certains panneaux indiquant "il n'y a plus d'animaux dans cet enclos" ne sont plus lisibles tellement le temps passe vite et les années s'accumulent. Mais il faut aujourd'hui se tourner vers l'avenir, porter tous nos espoirs vers le projet naissant, qui fera peut-être à nouveau du Parc Zoologique de Paris un établissement reconnu dans le monde entier. Il faudra pour cela bien sûr ne pas renouveler les erreurs passées, créer des structures modernes et évolutives, trouver les liens nécessaires entre conservations ex et in situ, garder aussi, bien sûr, dans la mesure du possible et par touches historiques, cet aspect si particulier du Parc Zoologique de Paris, qui représente, ou représentait, une image complète d'un moment clé de l'évolution des espaces zoologiques modernes. L'ombre des bêtes sur les rochers, même découverte tardivement, restera graver dans ma mémoire...