La Montagne des Singes est un parc d'une conception originale, basée sur la présentation optimale d'une seule espèce en liberté : le magot, aussi appelé macaque de Barbarie (Macaca sylvanus). Les visiteurs les découvrent au détour d'un chemin, au pied des arbres ou dans les feuillages, tout en faisant une agréable promenade dépaysante et attractive. Cette formule permet un contact direct avec les singes ; les magots n'hésitent pas à s'approcher du public pour venir chercher spontanément dans leur main le pop-corn distribué à l'entrée.
Le parc est constitué d'une forêt offrant sur 24 hectares un espace protégé où vivent plus de 200 singes en totale liberté. Des chemins forestiers balisés et aménagés pour les visites parcourent les grandes étendues réservées aux animaux, zones indispensables pour leur tranquillité et leur repos.
La vocation du parc est avant tout de permettre aux visiteurs d'approcher l'univers des primates par la découverte de magots ayant le même comportement qu'à l'état sauvage. Les nombreuses possibilités d'observation de l'espèce offertes par le site représentent une expérience particulièrement enrichissante pour les adultes et les enfants.
Outre les nombreux panneaux d'information et l'espace vidéo, des "guides-surveillants" se tiennent à la disposition du public dans tout le parc pour répondre aux éventuelles questions.
La Montagne des Singes offrent aux éthologues un site d'étude inestimable. De plus en plus de chercheurs travaillent dans le parc sur des programmes de recherche dont le thème principal est le comportement social d'une espèce évoluée et organisée. Les connaissances, aujourd'hui acquises sur cette espèce, proviennent en grande partie des recherches faites sur les groupes vivant à La Montagne des Singes ou dans de tels parcs.
De bons résultats au niveau de la reproduction ont été obtenus dès les premiers temps. Ainsi, 380 naissances ont eu lieu entre 1969 et 1979. La population croît ainsi à un rythme annuel d'environ 15 %. Ces résultats placent La Montagne des Singes à l'un des premiers rangs mondiaux pour la reproduction des primates en semi-liberté.
Cet accroissement a tout d'abord permis la création d'autres parcs équivalents : La Forêt des Singes à Rocamadour en 1974 et l'Affenberg Salem au lac de Constance (Allemagne) en 1976.
Ce succès contribue également à la sauvegarde de l'espèce. Il est en effet possible d'envisager des réintroductions de groupes bien structurés dans leur habitat d'origine afin de renforcer les populations sauvages.
Une première opération de réintroduction a pu être menée à bien en 1980. Elle a été effectuée en collaboration avec les services marocains de protection de la nature. Quatre groupes socialement bien structurés, totalisant 232 animaux, furent relâchés dans une forêt mixte (chênes et cèdres) du Moyen Atlas. Deux zoologues se joignirent à l'expédition pour étudier le comportement des singes.
En 1986, une seconde opération comprenant 359 animaux eut lieu. Après une exploration minutieuse de leur environnement, les groupes se stabilisèrent chacun sur un territoire d'environ 1,5 km². Pour faciliter la transition de la vie en enclos à la vie en liberté, les singes reçurent, les premiers temps, une aide alimentaire. Ils purent ainsi se familiariser avec les ressources naturelles de leur nouveau territoire. Un an après la mise en liberté, les taux de naissances observés dans les différents groupes étaient plus que satisfaisants, signe d'une adaptation réussie à leur nouvel environnement.
Les populations de magots présents dans les parcs tels que La Montagne des Singes constituent donc une précieuse réserve pour les réintroductions in situ.
A La Montagne des Singes, les magots ne trouvent, selon les saisons, que de 10% à 30% de leur nourriture. Le restant leur est donc fourni. Les aliments distribués peuvent être divisés en deux catégories. Les deux tiers des besoins sont couverts par un aliment complet, présenté sous forme de gros granulés et distribué dans des mangeoires. Les protéines sont apportées par de la levure de brasserie et de la farine de poisson, les glucides par un mélange de différentes céréales ; un composé minéral complémente en vitamines et oligoéléments.
Le tiers restant des besoins est couvert par des produits frais. Des céréales, du blé ou de l'orge sont distribués quotidiennement. Selon la saison, les magots reçoivent également de la salade, des marrons, des pommes et autres fruits et légumes. Un mélange de fromage blanc et de flocons d'avoine est distribué deux fois par semaine.
Du pop-corn est donné gratuitement aux visiteurs à l'entrée du parc. Ces derniers peuvent donc approcher les magots et leur donner à manger. Ce pop-corn constitue une friandise pour les singes et permet surtout d'éviter toute autre nourriture apportée par les visiteurs. Une alimentation équilibrée est ainsi maintenue. Le pop-corn représente environ 5 % de l'alimentation totale.
Les magots de La Montagne des Singes font l'objet d'une surveillance continuelle. Des contrôles et recherches de parasites sont effectués tous les deux mois. Les jeunes, durant leur premier âge, sont suivis quotidiennement. Tous les hivers, la totalité des animaux est attrapée et chaque individu est vacciné contre la rage et vermifugé. Un examen approfondi de tous les singes est ainsi possible.
Les magots sont numérotés par tatouage sur la face interne de la cuisse. Chaque singe possède sa carte d'identité qui est régulièrement remplie au moment des vaccinations. La cartothèque mentionne pour chaque individu sa parenté, son âge, ses mensurations, son poids...
La Montagne des Singes présente actuellement 280 magots répartis en 4 groupes possédant chacun un territoire distinct. Le doyen, une femelle, est âgé de 29 ans. Sept naissances ont eu lieu entre le 24 avril et le 26 juin 2003.
En conclusion, La Montagne des Singes, grâce à son concept tout à fait particulier, permet de sensibiliser le public à une espèce spécifique tout en offrant un terrain d'observations et d'études.